BML #26 – août 2020

Bonjour à tous !
Qui dit 1er du mois dit jour de bilan et il y en a des choses à dire sur ce mois d’août, littérairement parlant en tout cas.

Côté romans :

L’Imparfé #1 – Johan Heliot (Gulf Stream – SP)
Sept Redditions – Ada Palmer (Le Bélial – ♥)
Les derniers des branleurs – Vincent Mondiot (Actes Sud Jr – ♥)
Nixi Turner #5 – Fabien Clavel (Chat Noir)
La dernière colonie – John Scalzi (L’Atalante – SP)
L’hypothèse du lézard – Alan Moore & Cindy Canévet (ActuSF)
Zoé – John Scalzi (L’Atalante – SP)
Vaisseau d’Arcane #1 – Adrien Tomas (Mnémos – SP)
Quitter les Monts d’Automne – Émilie Querbalec (Albin Michel Imaginaire – SP)
Bénies soient vos entrailles – Marianne Stern (Chat Noir – SP)
Apprendre, si par bonheur – Becky Chambers (L’Atalante – SP – chronique à venir)

C’est donc 11 romans que j’ai découvert au mois d’août et pour la plupart, ce furent plutôt de bonnes lectures avec des valeurs sûres : Scalzi, Palmer, Mondiot, Tomas, difficile d’être déçue par ces auteurices. Il y a quand même eu quelques titres moins enthousiasmants mais dans l’ensemble, je suis assez contente de ce que j’ai pu lire avec deux coups de coeur dont un inattendu. Ça fait du bien, vu les derniers bilans mensuels !

Côté mangas :

Gewalt (trilogie)
Sun Ken Rock #1
Sayonara Miniskirt #1
GTO Paradise Lost #12

Niveau manga, par contre, le bilan n’est pas terrible. Si je vous prépare un article très enthousiaste sur Sayonara Miniskirt, je garde un sentiment mitigé à propos de Gewalt (sympa mais sans plus). De plus, j’ai détesté ma prise de contact avec Sun Ken Rock. J’attendais totalement autre chose de ce manga encensé par tous. J’ai presque cru à une mauvaise blague collective ^^’ Enfin, ça arrive ! J’ai également continué ma lecture de GTO Paradise Lost et je dois avouer avoir ressenti une certaine lassitude couplée à un désintérêt pour l’histoire. Déjà, les tomes mettent énormément de temps à sortir donc j’ai oublié une bonne partie de l’intrigue. Ensuite, j’ai détesté (mais genre, vraiment détesté) le dernier chapitre qui présente le nouveau prof « Animal Joe ». Ce personnage me donne envie de vomir et je ne vois pas du tout l’intérêt de la scène course poursuite en voiture avec sa maîtresse en chaleur au téléphone (je vous passe les détails pour les plus jeunes et j’en profite pour m’excuser du terme crû « en chaleur » sauf qu’il n’y a vraiment aucune autre expression pour la décrire, on se croyait dans un hentaï presque). C’est beauf, vulgaire, bref ça m’a saoulée. Pourtant je sais que dans un GTO on a toujours une dose de vulgarité mais là, Onizuka craignait dans ses réactions et ce nouveau personnage aussi. Je pense m’arrêter là pour ce titre et j’en suis la première déçue.

Ce qui fait 6 mangas en tout.

Côté « autre »
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J’ai entamé la lecture du nouveau livre de Max Bird ! Il est vraiment très sympa, bourré d’humour et d’informations intéressantes. Je ne sais pas encore si je vais lui consacrer un article une fois à la fin (je lis par petits bouts) mais je le recommande vivement.

Petit bonheur du mois :
Les petits bonheurs du mois est un rendez-vous initié par le blog Aux Petits Bonheurs qui consiste à mettre en avant les moments positifs de la vie. Sauf que j’avoue, ce mois-ci… C’est plutôt compliqué hormis concernant le début des précommandes pour mon nouveau roman : Clément Coudpel contre les spectres de Samain (toujours en cours jusqu’au 10 septembre). C’est une nouvelle aventure littéraire qui commence pour moi et je regrette qu’elle se lance dans une période si compliquée pour le milieu culturel. Toutefois, j’ai été très agréablement surprise du soutien et du suivi de ma communauté de lecteurs que j’en profite pour remercier ici ♥

Et voilà, ce bilan arrive déjà à son terme ! J’espère que votre mois d’août a été agréable et je vous souhaite une belle rentrée 🙂

#PLIB2019 Erreur 404 – Agnès Marot

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Erreur 404
est un one-shot de science-fiction écrit par l’autrice française Agnès Marot. Publié chez Gulf Stream dans la collection Électrogène, vous trouverez ce livre dans toutes les librairies au prix de 18 euros.
Ce roman a été sélectionné pour le PLIB2019. #ISBN9782354885472.

Vous le savez, Agnès Marot est une auteure dont j’apprécie le talent, la sensibilité mais aussi la personnalité. Je vous ai parlé il y a quelques mois de son diptyque De l’autre côté du mur qui avait été un coup de cœur. Si Erreur 404 n’a pas gagné ce qualificatif, il n’en reste pas moins un roman d’une grande richesse.

Dans le même univers que celui du roman I.R.L. (que j’ai lu à sa sortie, donc avant d’avoir mon blog) nous suivons l’histoire de Moon et Orion, un couple qui désire participer au prochain tournoi du jeu Beastie organisé par la firme IRL. Le principe de Beastie est simple: dans un univers de réalité virtuelle, vous élevez une créature que vous contrôlez par la pensée en lui donnant des ordres pour la faire affronter des adversaires. Évidemment, ces créatures ne ressentent pas la douleur et il ne suffit pas d’être le plus puissant, il faut aussi faire preuve d’imagination, de ruse, de sens du spectacle.

L’intrigue tourne autour de plusieurs thématiques. Elle parle déjà de la place de la femme dans le milieu du jeu vidéo. Sachez que je suis moi-même une joueuse, surtout adepte du MMORPG. Contrairement à Moon, je n’ai aucune ambition de passer pro mais en lisant ses mésaventures, j’ai eu du mal à croire que ça se passait vraiment comme ça, dans la réalité. Alors même que j’ai souvent été témoin de sexisme dans des parties, ça parait paradoxal mais l’éclairage offert par Agnès Marot est vraiment révélateur. Pourtant, l’autrice a interrogé des gameuses professionnelles qu’elle cite dans les remerciements et ça m’a laissé sur le cul. Comme quoi, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur le plan de l’évolution des mentalités.
Ce roman est sans conteste engagé dans la cause de l’égalité des sexes, sans pour autant tomber dans des extrêmes ou dans du moralisme. C’est bien traité, bien amené, chapeau.

L’autre grand thème d’Erreur 404, c’est la différence entre virtuel et réalité. Dans cet univers, les deux se mêlent étroitement et aucun doute qu’avec les avancées technologiques de notre société, nous finirons par arriver à une situation semblable. Le développement de l’intrigue et les choix de Moon poussent le lecteur à réfléchir et à remettre en question son propre rapport au virtuel. Et pour une fois, j’ai vraiment apprécié que l’autrice ne nous balance pas une morale du style « l’IRL prime sur tout le reste, gardez les pieds sur terre ». De nos jours, on ne peut plus vraiment se permettre un avis aussi tranché. En cela, ce roman est résolument très moderne, très ouvert d’esprit.

Erreur 404 est un roman hyper référencé. L’auteure est elle-même une geek et cela se ressent tant elle traite son sujet avec bienveillance. Les allusions et les clins d’œil se multiplient, qui ne manqueront pas de ravir les adeptes de pop culture. Il est tellement référencé qu’il est lui-même construit comme la progression d’un jeu-vidéo, que ce soit à travers le découpage des chapitres, leurs titres ou encore par cette fin originale dont je vais taire les détails pour ne pas vous spoiler. Agnès Marot a pensé non seulement son histoire, mais aussi son objet-livre.

Enfin, concernant les personnages, nous en retrouvons certains issus du roman I.R.L. mais rassurez-vous, il n’y a pas forcément besoin de l’avoir lu pour se plonger dans Erreur 404. Il y fait référence, se passe dans la continuité des évènements, mais ceux-ci sont rappelés dans le récit. Évidemment, lire les deux offre un plus grand impact au propos mais ça n’a rien d’obligatoire.
L’héroïne s’appelle Moon ou plutôt, a choisi Moon comme pseudo. C’est une jeune femme qui rêve de devenir pro-gameuse mais qui se heurte aux difficultés du milieu. Elle a souvent échoué dans sa vie et elle le vit très mal. J’ai trouvé ce personnage assez profond et complexe. Elle a son caractère, ses faiblesses mais même si elle m’a parfois agacée, je l’ai comprise et j’ai été touchée par ses dilemmes. Orion, son compagnon, est toujours présent et important dans sa vie. Leur histoire existe dès le début du roman et a son importance dans l’intrigue, sans pour autant devenir trop invasive ou transformer Moon en midinette de romance. Cela peut paraître bête de le préciser mais ça arrive malheureusement trop souvent et je suis contente que l’autrice ne soit pas tombée dans cet écueil. Enfin, on peut sans contester citer Loop, le Beastie, comme troisième personnage principal même s’il est assez compliqué de parler de lui sans révéler des éléments importants de ce roman. Je dirai simplement qu’il est central et représente un axe de réflexion à lui tout seul.

Pour résumer, Erreur 404 est un roman dynamique et divertissant qui aborde avec intelligence des problématiques importantes comme la place de la femme dans certains milieux ou notre rapport au virtuel. Agnès Marot signe ici une nouvelle histoire percutante qui ne vous laissera pas indifférent. Je recommande !

Memorex – Cindy Van Wilder

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Memorex est un roman d’anticipation écrit par Cindy Van Wilder (une auteure belge !) et publié chez Gulf Stream dans la collection Électrogène, il s’agit donc d’un one-shot. Vous pouvez vous procurer ce livre en librairie puisque l’éditeur est bien distribué, au prix de 17 euros.

Je connais Cindy Van Wilder depuis un bon moment maintenant, via Agnès Marot (dont je vous recommande la lecture d’I.R.L dans la même collection). J’ai directement eu envie de découvrir cette auteure sympathique au rire devenu légendaire sur les salons du livre, sans toutefois parvenir à me décider par quel titre commencer. D’autant que, elle et moi, on joue vraiment de malchance. Soit j’ai dépassé mon budget, soit j’ai dû annuler ma venue en salon, soit j’ai dû partir trop vite, bref… Une fois aux Halliénnales, assis quasiment en face d’elle, toutes les conditions étaient réunies pour que je craque enfin ! Et quoi de mieux qu’un one-shot pour découvrir un auteur? Voilà comment Memorex a rejoint ma PAL.

Memorex raconte principalement l’histoire de Réha, une jeune fille dont la mère est morte un an auparavant dans un attentat perpétré contre sa fondation, Breathe. Depuis, tout s’effondre autour d’elle, sa famille se délite, son frère jumeau n’est plus le même, son père s’enferme sur son île privée… Et elle reçoit un mystérieux e-mail, qui lui laisse penser que bien des mystères sont encore à éclaircir autour de cet attentat, dont le coupable n’a toujours pas été arrêté.

Je ne savais pas quoi penser de la 4e de couverture. A priori, ce n’était pas trop mon genre de lecture mais Agnès m’a bien vendu le livre et j’ai été très agréablement surprise par son contenu. Réha est une jeune femme qui évolue dans un milieu social aisé (académie privée, enfance sereine loin des soucis financiers sur Star Island, etc.) mais qui n’en est pas snobe pour autant. Elle est fragile, perturbée, elle souffre sans pour autant s’apitoyer sur son sort, elle s’interroge beaucoup sur ses émotions, les refoule sans vraiment le faire, ce qui la rend très humaine, très attachante, parce qu’on sent sa volonté de s’en sortir, de ne pas sombrer dans la folie après le drame qui l’a frappé, et toute la difficulté que cela implique.

Si j’ai aimé la suivre et découvrir les protagonistes qui gravitent autour d’elle, j’ai toutefois deviné l’intrigue assez vite. J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ça aille si loin pour son frère jumeau, mais on comprend rapidement certains éléments clés de l’histoire (que je ne cite pas pour ne pas vous bouder le plaisir). De plus, j’ai été un peu perturbée par le changement de narration. Avec Réha, on est à la première personne (puisque c’est le personnage principal) mais ses chapitres sont parfois suivis d’autres chapitres, qui servent à présenter son père, oncle Mike, Aïki, des rapports divers et variés… Dans ceux-ci, on passe à la troisième personne et ensuite, on retourne à la première pour les quelques chapitres consacrés à Aïki, ce qui rend le roman un peu inégal. Cela permet, certes, de comprendre les motivations et la psychologie de chacun, mais était-ce vraiment utile à l’histoire en elle-même? Et à celle de Réha? Je m’interroge.

Du coup, en tant que lectrice, ça me sortait de ma lecture, ça m’empêchait d’être à 200% avec Réha. Si j’ai bien conscience que les informations données sont importantes pour comprendre toute l’intrigue, elles en disent justement trop, trop vite, et ça nous permet de deviner les contours d’une intrigue pourtant intéressante, mais gâchée sur certains points à cause de ces chapitres supplémentaires, ce qui m’embête car construit autrement, je pense que Memorex aurait pu être un coup de cœur.

Toutefois, le point fort de ce roman se situe surtout dans les thématiques qu’il aborde. Le côté attentat a un écho avec notre actualité (bien que le contexte idéologique soit différent), les réflexions d’éthique scientifique, dans un monde de plus en plus automatisé, permettent aussi de tirer la sonnette d’alarme et de nous faire prendre conscience de problèmes qui existent déjà aujourd’hui, en 2017, et depuis plusieurs années. C’est quelque chose que j’ai vraiment apprécié, parce que ça fait de Memorex un roman engagé sans toutefois être dirigiste envers son lecteur. Outre ces éléments, on y parle évidemment de la famille, du deuil, du pardon, des apparences qui sont trompeuses… Des thèmes assez courants mais que l’auteure met en scène d’une manière qui a su me toucher. Mention spéciale à Aïki, un personnage surprenant, complexe… Je me demande si une sorte de suite le mettant en scène, pour pousser un peu plus loin l’univers, est envisageable (ou envisagée?). Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup aimé les jumeaux et Holy, qui s’est révélée plus chouette que prévu.

En bref, malgré quelques points négatifs, j’ai passé un bon moment avec Memorex. Je suis sortie de ma zone de confort et j’ai apprécié le voyage dans cet univers. Je le recommande aux lecteurs qui désirent lire un livre intelligent, pas seulement divertissant, un livre qui les poussera à réfléchir un peu sur le monde dans lequel nous vivons, agrémenté par quelques personnages intéressants.