Voilà des années que je vois cette BD chez Kazabulles en me demandant pourquoi tout le monde en fait tout un pataquès. Je ne saurais pas trop expliquer pour quelle raison, justement début de cette année, j’ai décidé de me lancer à la découverte de ce titre. L’envie d’explorer d’autres formats, d’autres genres d’histoire, et j’ai bien fait parce que les sept tomes lus jusqu’à maintenant ont été de vrais régals !
De quoi ça parle ?
Antoine, Emile et Pierrot sont amis d’enfance. Aujourd’hui, ils sont septuagénaires et ont toute une vie derrière eux mais aussi devant ! Certains ont fondé une famille, d’autres fait le tour du monde ou encore se sont battus pour les causes sociales. Entre passé et présent, la BD raconte des morceaux de leur vie, des petits drames du quotidien, des histoires un peu dingues, et aborde avec juste ce qu’il faut d’humour la folie de notre époque.
Je ne connaissais pas encore le travail de Lupano même si j’ai vu plusieurs de ses BDs sur les réseaux ou dans les rayons, encensées et mises en avant. Je comprends pour qui vu l’intelligence du scénario des Vieux Fourneaux et la façon dont il parvient avec habileté à mêler engagement politique avec humour tout en créant des personnages attachants. Dans le premier tome, Antoine vient de perdre son épouse et apprend que celle-ci l’a trompé il y a des années avec leur patron. Il décide donc de partir en Toscane, armé d’un fusil, pour venger son honneur en tuant Garan-Servier. C’est l’occasion d’un road trip où Emile, Pierrot et la petite fille d’Antoine, Sophie, enceinte jusqu’aux yeux, essaient de l’arrêter. Comme quoi, il n’y a pas d’âge pour les crimes passionnels !
Une BD drôle et engagée.
Ce voyage sera l’occasion d’évoquer le passé, les engagements syndicalistes d’Antoine mais aussi de s’interroger sur la raison qui pousse une jeune femme enceinte à revenir s’installer dans le fin fond de la campagne pour reprendre le théâtre itinérant de sa grand-mère, quittant le confort de la ville et un travail prometteur, le tout sans l’ombre d’un père à l’horizon.
Ce tome propose une histoire complète, comme chacun des suivants, avec un fil conducteur qui permet d’éclaircir certains mystères antérieurs. On peut donc s’arrêter quand on veut, ce qui est appréciable mais pourquoi aurait-on envie de s’arrêter, vu la qualité de l’histoire ? Grande question.
Dans les volumes suivants, on évoque la désertification des campagnes en terme d’emploi, le capitalisme, les engagements anarchistes, la façon dont on considère la vieillesse, les personnes âgées mais aussi les femmes enceintes, la manière dont tout le monde a toujours un avis sur tout, les engagements écologiques, etc. Je reste assez générale à dessein car à tous ces éléments se mêlent aussi des aventures du passé qui reviennent dans le présent, pour notre plus grand bonheur !
Pour ne rien gâcher, le dessin de Paul Cauuet est soigné, j’ai tout de suite accroché à sa manière de caractériser les trois comparses et de donner vie au cadre de l’histoire.
L’adaptation en film
Je n’ai rien contre le cinéma français mais force est de constater que ces dernières années, il ne brille pas toujours par sa finesse ou sa qualité. Quand j’ai appris qu’il y avait eu une adaptation cinématographique de la BD, j’ai hésité à la regarder mais mon libraire m’a assuré qu’elle valait le coup. Je lui ai donc fait confiance et je rejoins son avis : c’est une pépite ! Le premier film reprend les deux premiers tomes et parvient à l’adapter à l’écran en restant fidèle au matériel d’origine tout en s’octroyant quelques libertés dues au format qui ne gâchent rien. J’ai passé un excellent moment devant ce film que je vous recommande avec enthousiasme.
La conclusion de l’ombre :
J’ai eu un énorme coup de cœur pour cette série de BD, toujours en cours, qui a su me faire sourire dans une période où ce n’était pas gagné. Je me sens proche des personnages et j’adore découvrir les éléments parfois farfelus de leur existence. C’est touchant, sincère, drôle aussi, bref un indispensable.