Ceux qui restent est une bande-dessinée scénarisée par l’auteur espagnol Josep Busquet et dessinée par l’illustrateur catalan Alex Xöul. Publiée par Delcourt, vous trouverez cette BD partout en librairie au prix de 19.99 euros. Un tout grand merci à Light & Smell grâce à qui j’ai découvert ce titre !
Qu’arrive-t-il aux parents des enfants qui partent sauver d’autres mondes imaginaires ? Voilà la question que se pose Josep Busquet et qu’il met en scène dans son histoire à travers le drame vécu par la famille Hawkins. Un matin, quand les parents de Ben se réveillent, ils constatent sa disparition et mettent tout en œuvre pour le retrouver. Ils reçoivent le soutien de la police, des voisins, des médias. Puis le temps passe… L’actualité se tourne vers d’autres drames plus frais. Et soudain, Ben réapparait en racontant des histoires fabuleuses de dragons, de châteaux, de princesses à sauver…
Il semble évident pour les adultes que Ben a subi un traumatisme qu’il dissimule derrière ces histoires incroyables. Vraiment ? Quand il disparait pour la seconde fois, l’attitude des gens change et les Hawkins sont approchés par un groupe de parents qui vivent la même situation qu’eux et se rassemblent pour s’entraider.
Ceux qui restent a été une vraie claque pour moi. Qui, dans son enfance, n’a jamais attendu une lettre de Poudlard ou scruté le fond d’une vieille armoire en espérant poser un pied dans un monde aussi extraordinaire que celui de Narnia ? J’ai grandi avec cet imaginaire et, personnellement, j’étais de ces enfants qui rêvent de grandes aventures. Pourtant, je ne m’étais pas un instant posé la question des conséquences que ces grandes histoires peuvent avoir sur les personnes qui restent en arrière.
La façon dont Josep Busquet l’aborde dans son scénario est brillante et crédible. Il traite finement l’aspect psychologique non seulement des parents mais aussi des policiers, des médias, des voisins, en montrant ce que l’humain peut faire de meilleur comme de pire. Il ne tombe pas pour autant dans l’excès. Les parents de Ben ont leurs failles, comme Ben après eux. Il n’y a pas d’idéalisation, juste la vérité nue, crue, qui laisse un semblant d’amertume quand on referme cette bande-dessinée. Mais ça n’a rien de négatif, au contraire. Je trouve que ça renforce davantage l’idée de départ et que le scénariste va vraiment jusqu’au bout de son concept, sans concession.
Qui dit BD dit d’ailleurs dessin. Je trouve que le style graphique d’Alex Xöul correspond très bien à l’histoire (même s’il ne me plait pas plus que ça sur un plan personnel) avec son réalisme dans les traits et ses couleurs fanées, sobres, qui montrent finalement la grisaille de notre monde en comparaison avec ceux où se rendent ces enfants, même si on n’y va jamais en tant que lecteur. Un excellent travail !
Ceux qui restent fait partie, selon moi, des œuvres qui marquent et qui ouvrent la voie à de nombreuses interrogations. L’idée de départ est originale, son exploitation très réussie. C’est le genre de bande-dessinée que j’ai envie de lire davantage, qui est vraiment remarquable à tous les niveaux.
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