Love in 56k – Clémence Godefroy

Les miracles arrivent !

Souvenez-vous, en janvier, j’étais sur une sale série d’abandons et il ne me restait plus que trois romans dans ma PàL. J’ai décidé de sortir celui-ci en pensant très sincèrement qu’il allait rejoindre la pile de ceux que j’allais donner à S.A. William pour garnir sa bibliothèque parce que… Well… une romance ? Dans mon état ? Même écrite par une autrice que j’apprécie, je ne pariais pas un euro dessus.

Et pourtant !

J’ai dévoré ce bouquin en une demi-journée. Je l’ai commencé le matin au réveil, j’ai lu la moitié, j’ai sorti Loki, j’ai petit-déjeuner puis j’ai terminé dans la foulée en ressentant une sincère envie de savoir comment ça allait se terminer, comment Erica allait gérer ses dilemmes, quel serait le message final. Pourtant, on est sur de la tranche de vie lycéenne voire sur une romance donc on ne peut pas dire que ça soit particulièrement dramatique ou bourré d’action. N’empêche… La magie a opéré. Et je dis merci, merci à l’autrice d’avoir écrit ce livre qui est finalement arrivé entre mes mains au moment où j’en avais le plus besoin.

De quoi ça parle ?
L’histoire se déroule durant l’année scolaire 1997 – 1998. Erica est en année junior au lycée et est décidée à ce que tout se passe bien. Elle a de bonnes notes, elle passe d’excellents moments avec ses deux meilleures amies… Et a même un crush sur Scott Peterson bien qu’elle soit trop timide pour lui parler !

N’empêche, le lycée, ce n’est pas facile. Heureusement, Erica aime lire et elle découvre une nouvelle série : les Sorciers de Bellwood dont elle dévore les deux premiers volumes. Dur dur d’attendre la suite prévue pour fin décembre ! C’est là qu’elle découvre les joies d’un Internet encore balbutiant : forums de discussion et surtout, sites de fanfiction…

Littérature de l’imaginaire et fanfiction.
Erica, fan de littérature, se passionne pour les Sorciers de Bellwood et découvre le monde des forums, de la fanfiction, à une époque où Internet se coupe encore quand on décroche le téléphone. Je me suis immédiatement attachée à cette protagoniste parce que je me suis reconnue en elle. J’ai connu Internet quand la chose était déjà stabilisée mais je devais négocier des heures d’accès à l’ordinateur, je passais mon temps à réfléchir à ce que j’allais écrire sur mon skyblog, à ce que j’allais poster sur le forum One Piece où j’échangeais avec les fans… C’était important pour moi, central dans ma vie car j’avais trouvé un endroit où on comprenait que j’aime les mangas et où on ne me jugeait pas pour ça. Erica m’a ramenée en arrière, je me suis identifiée à elle, reconnue en elle et ça m’a fait du bien. Je la comprenais, tout simplement, et c’est rare de trouver une protagoniste qui résonne autant en moi.

De plus, il est évident que les Sorciers de Bellwood est une sorte de pastiche de Harry Potter. Les clins d’œil sont nombreux et justement, d’une part j’ai apprécié que l’autrice invente sa propre saga et d’autre part, même si J. K. Rowling m’a énormément déçue en tant que personne, je ne peux pas nier l’influence et l’importance que cette saga a eu sur moi, sur ma construction en tant que personne au sens large et en tant que lectrice. La nostalgie est le sentiment qui a dominé toute ma lecture de Love in 56k, une nostalgie agréable, comme un cocon douillet.

Ce roman prouve à lui seul qu’il est important d’écrire sur ce qu’on connait, de mettre toujours un peu de soi dans ses romans car c’est ce qui donne les meilleurs textes. La prof de littérature d’Erica le rappelle d’ailleurs et c’est une opinion que je partage. Love in 56K est un excellent exemple pour le prouver.

Une romance ?
Je n’aime pas les romances en général pour tout un tas de raisons. Ici, pourtant, je trouve que la façon dont l’autrice en parle est saine et mignonne. Elle ne banalise pas des comportements problématiques, elle pointe du doigt les éventuels dangers, ce qui cloche, et montre des adolescentes qui ne laissent rien passer, qui se respectent malgré leur crush. C’est le genre de vision positive que j’ai envie de croiser plus souvent dans les romans. C’est sans doute aussi pour cela que je n’ai pas été gênée par cette romance, sans compter qu’elle ne domine pas l’histoire. L’intrigue et le propos sont surtout centrés sur Erica et son crush sur Scott n’est qu’une partie de sa vie, il ne prend pas toute la place dans ses priorités. On trouve un très bon équilibre dans la narration.

La conclusion de l’ombre :
Love in 56k est une tranche de vie lycéenne qui a su me toucher non seulement par son personnage principal en qui je me suis beaucoup reconnue mais aussi par la nostalgie qu’elle a fait naître chez moi. J’ai adoré découvrir une héroïne qui partage mes centres d’intérêt et la manière dont Clémence Godefroy en parle montre bien que c’est aussi son cas. Ce roman est traversé par une intelligence et une sensibilité que je n’aurais pas soupçonné au moment de l’ouvrir. Ça a été une excellente surprise et je vous le recommande très chaudement ! D’autant qu’il est actuellement en promotion au prix de 10 euros, ce serait dommage de manquer le coche.

Autres avis : pas chez les blogpotes.

Informations éditoriales :
Love in 56K par Clémence Godefroy. Éditeur : le Chat Noir. Illustration de couverture par Cécile Guillot. Prix : 10 euros, profitez de la promo !!

Thornhill – Pam Smy

Après pas moins de six abandons, le miracle a finalement eu lieu avec Thornhill de Pam Smy, un roman gothique et graphique dévoré en une soirée pour lequel je déborde d’enthousiasme.

De quoi ça parle ?
Thornhill se divise en deux parties qui s’alternent si bien qu’on voyage entre les époques. La première se déroule en 1987 et est écrite sous forme de journal intime, celui de Mary qui est orpheline et habite à Thornhill (qui est donc un orphelinat pour jeunes filles). Mary est atteinte de mutisme sélectif et est plutôt solitaire : elle préfère lire et fabriquer des poupées plutôt que de passer du temps avec les autres filles. Il faut dire que celles-ci ne sont pas tendres avec elle, l’une d’elle en particulier, qui va lui mener la vie dure, la harceler, la pousser aux dernières extrémités. Chaque entrée est assez courte, parfois un paragraphe, parfois une page, si bien que le tout est très dynamique.

La seconde se déroule en 2017 et est entièrement illustrée, sans dialogue. On y suit une fille qui s’appelle Ella, comme on peut le lire sur ses cartons de déménagement. On comprend qu’elle a perdu sa mère et vit avec son père, elle vient d’emménager juste à côté de Thornhill qui est à l’abandon et aperçoit par sa fenêtre l’ombre d’une fille, ce qui semble l’intriguer. Elle va donc se rendre à Thornhill, malgré les interdictions, et découvrir de mystérieuses poupées qu’elle va apprendre à restaurer.

Un très bel objet.
Les éditions Rouergue n’ont pas lésiné sur l’objet livre en tant que tel. Pavé de 544 pages, couverture hardback, le tout entièrement noir, même les pages, on ne peut que regretter deux choses : l’absence d’un signet en tissu qui aurait apporté un petit cacher supplémentaire et le fait que les pages du journal de Mary ne soient pas justifiées. J’imagine que c’est pour donner l’effet écriture mais ça m’a un peu crispé. Le prix, quant à lui, reste parfaitement raisonnable et abordable surtout vu l’objet : 20,40 euros seulement alors que la moitié des pages sont des illustrations, certes en noir et blanc mais ce n’est pas négligeable.

Une maîtrise narrative époustouflante.
N’ayons pas peur des mots ! Que ce soit la première ou la seconde partie, Pam Smy se révèle très douée pour distiller des émotions et prendre au piège son lecteur. Les passages du journal intime sont douloureux, glaçants. Ce n’est pas un procédé narratif que j’affectionne en général mais il fonctionne très bien ici, il est cohérent avec la personnalité de Mary et a l’avantage de ne pas se perdre en digression. Ça va droit au but. Mais ce qui m’a le plus impressionnée, ce sont les dessins qui illustrent 2017. Cette époque est narrée sans le moindre mot (si on excepte les extraits de journaux ou les mots écrits par le papa d’Ella qui travaille beaucoup), pourtant on n’en a pas besoin pour ressentir les émotions d’Ella ou comprendre les raisons qui la poussent à se rendre à Thornhill. Je trouve qu’il faut énormément de talent et de travail pour parvenir à instiller autant de vie dans du dessin et j’ai été impressionnée par le rendu final.

La conclusion de l’ombre :
Thornhill est un roman gothique à la frontière des supports, à la fois roman et graphique, écrit et illustré par la même personne. C’est une histoire assez sombre et cruelle avec une pointe de fantastique, qui parle avant tout de solitude, de différence et d’amitié. Impossible de rester de marbre face aux tourments de Mary et d’Ella. Pam Smy nous offre une belle leçon et rappelle, s’il y avait besoin, que non, le gothique n’est pas mort.

D’autres avis : Sur mes brizéesLes tribulations de Miss Chatterton – vous ?

Informations éditoriales :
Thornhill, écrit et illustré par Pam Smy. Traduction par Julia Kerninon. Illustration de couverture : Pam Smy. Éditeur : Rouergue. Prix au format papier : 20,40 euros.

La vie tumultueuse de Mary W. – Samantha Silva

M’offrir un livre, même lorsqu’on me connait très bien, c’est toujours délicat. M’offrir un roman de littérature blanche, c’est presque insensé. Pourtant, quand mon amie d’enfance m’a offert cet ouvrage pour Noël en me disant qu’elle avait pensé à moi en le lisant et qui ça me plairait sans doute, j’ai décidé de mettre mes préjugés de côté pour partir à la rencontre de Mary Wollstonecraft, mère de Mary Shelley et, croyez le ou non, sa vie ne se résume pas à avoir enfantée l’une des mères fondatrices de la science-fiction. Que nenni !

Qui est Mary W ?
Il s’agit d’une femme de lettres au sens large, d’une philosophe plus précisément qui a beaucoup réfléchi et écrit sur la condition des femmes. On lui doit, entre autre, un ouvrage paru en 1792 intitulé Défense des droits de la femme et qui est l’un des tout premiers essais féministes jamais publié. Elle a également publié plusieurs romans, un récit de voyage ainsi que des livres pour enfants car elle a une certaine expérience dans la pédagogie. Elle a même ouvert une école pour filles afin de leur apprendre à penser par elle-même ! Une grande dame donc dont je n’avais, à ma grande honte, jamais entendu parler…

Une vie tumultueuse…
Cette biographie romancée comporte une double narration. La première prend place dans le « présent », en 1797, alors que Mary accouche de sa deuxième petite fille, un accouchement qui ne se passera pas très bien et suite auquel elle décèdera dix jours plus tard à cause d’une fièvre puerpérale. C’est Miss B. qui raconte ces passages, la sage-femme appelée à son chevet pour l’aider. La seconde narration est celle de Mary elle-même, qui raconte sa propre histoire à son « petit oiseau » comme elle surnomme sa fille qui n’a pas encore de prénom à ce moment-là. Elle remonte à son enfance avec un père alcoolique et violent, raconte les rencontres qui changèrent sa vie, décrit ces gens qui ont eu sur elle une bonne (ou une mauvaise) influence, ses débuts dans l’écriture… Le tout de façon assez linéaire mais passionnante à découvrir.  Je vous tais volontairement la majorité des évènements de son existence, afin de vous laisser les découvrir par vous-même.

Car oui, son histoire ne manque pas de richesse, de drames ordinaires, de morceaux d’Histoire avec un grand h et surtout d’une profonde sensibilité qui fait développer à Mary des réflexions féministes et émancipatrices. Elle désire que les femmes puissent être l’égale des hommes, disposer d’une éducation semblable, de libertés tout comme eux et trouve que le mariage n’est rien de plus qu’une prison sans pour autant bannir l’amour de sa vie. À mesure que j’avançais, j’ai compris en quoi ce livre avait inspiré mon amie. Il parle des prémices du féminisme européen, met en avant l’histoire d’une femme oubliée par la postérité (faisant écho à l’excellent essai de Titiou Lecoq déjà évoqué sur le blog) une femme sensible avec ses doutes, ses échecs, ses faiblesses mais aussi une résilience qui force l’admiration.

La vie tumultueuse de Mary W est un livre touchant qui rappelle que derrière de grandes dames se cachent des dames plus grandes encore.

D’autres avis : pas encore dans mon blogo-cercle.

Informations éditoriales :
La vie tumultueuse de Mary W de Samantha Silva, traduit de l’américain par Charlène Busalli. Éditeur : les Presses de la Cité. Illustration de couverture par … Prix : 21 euros en grand format.

Thomas le Rimeur – Ellen Kushner

Voilà bien des mois que ce roman patiente dans ma PàL et que je le gardais pour une urgence, un besoin de lire quelque chose de très bon avec certitude. Pas de chance, la magie n’a pas opéré même si, en fait, ce texte est plutôt bon dans son genre. Il ne correspond malheureusement plus à ce que j’aime lire et le nom / le talent de l’autrice n’y aura rien changé – au contraire de ce que j’espérais.

Thomas le Rimeur est la réécriture d’une ancienne ballade écossaise qui raconte comment le barde Thomas s’est retrouvé enlevé par la Reine des Elfes et a passé sept années dans son royaume avant de revenir parmi les mortels. Ellen Kushner se réapproprie l’histoire en la divisant en quatre parties, chacune racontée par un personnage différent : d’abord Gavin, le paysan qui offre son hospitalité au barde. On apprend ainsi à connaître Thomas par le prisme de son regard et de ses considérations très terre à terre. La dynamique qui s’installe entre Gavin, sa femme Meg et Thomas est vraiment plaisante car on voit se former une famille de substitution. Thomas fait des aller-et-venues entre cette campagne profonde et les grandes villes, il revient chez ces gens simples pour se ressourcer et j’ai vraiment apprécié toute cette mise en place habile qui dure quand même une centaine de pages. Il faut tout ce temps pour voir apparaître la fameuse Reine des Elfes…

C’est l’occasion pour la narration de changer et de passer du point de vue de Thomas qui va décrire par le menu les merveilles du monde elfique (ce qui est profondément… ennuyeux en fait parce que Thomas est un homme que je trouve désagréable et pour lequel je n’ai aucune empathie). L’histoire le quitte quand il revient dans le monde des humains et que ses pas le mènent naturellement chez Gavin sauf que cette fois, c’est Meg qui raconte, témoin féminin pour avoir un autre point de vue sur la relation entre Thomas et Elspeth, interrompue brutalement par son « enlèvement » sept ans plus tôt. Thomas revient changé et le monde a continué à tourner sans lui… Il doit donc réapprendre les bases et surtout, le mensonge car la Reine des Elfes lui a offert un dernier cadeau : celui de voir l’avenir et de ne pas pouvoir mentir quand on lui pose une question. Cela ne facilite pas la vie… C’est ensuite Elspeth qui clôture le bal pour conter les derniers jours du Rimeur.

Ce qui me marquera le plus dans ce roman, c’est la musicalité du texte et le jeu avec la langue. Je ne peux que saluer bien bas le travail de la traductrice, Béatrice Vierne, qui a dû s’arracher les cheveux pour réussir à rendre dans notre langue ce style incroyable. Non seulement les textes composés par Thomas sont très beaux mais le niveau / le style de langage s’adapte aussi au personnage qui parle puisque la narration est toujours à la première personne, ce qui contribue à les rendre vivaces, crédibles.

Malheureusement, si le texte commençait très bien avec Gavin comme narrateur, il est devenu lassant en passant à Thomas (j’ai fini par lire sa partie en diagonale) avant de redevenir intéressant avec Meg pour redevenir lassant avec Elspeth… En effet, le personnage de Thomas a une aura particulière : beau parleur, doué pour les rimes et les mots, on ne sait pas exactement quand il affabule ou quand il dit la vérité. J’aurais aimé que le doute persiste au lieu d’avoir le détail de son voyage chez les Elfes car être plongée dans sa psyché n’était pas vraiment plaisant. Il y a quelques années, sa personnalité m’aurait probablement séduite mais plus aujourd’hui.

Pourtant, j’ai quand même eu envie d’aller au bout. Sans doute parce qu’Ellen Kushner est une de mes autrices favorites. Malheureusement, Thomas le Rimeur n’a pas l’envergure des Trémontaines et j’en suis la première navrée. Si vous aimez le merveilleux et la mythologie celtique, je vous encourage toutefois à vous tourner vers ce roman parce qu’il a tout pour vous plaire.

La conclusion de l’ombre :
Thomas le Rimeur est la réécriture d’une légende écossaise qui raconte comment le barde Thomas a succombé aux charmes de la Reine des Elfes et a ensuite passé sept ans dans son pays. Divisé en quatre parties, le roman montre différents points de vue, dont celui de Thomas ce qui gache malheureusement l’aura du personnage. Si la langue et la musicalité du texte sont d’une exceptionnelle qualité, je n’ai pas réussi à l’apprécier sur un plan personnel car ce n’est simplement plus ce qui me parle et j’en suis la première attristée. Quoi qu’il en soit, ce texte se destine aux lecteur·ices·x qui aiment les légendes celtiques et qui cherchent une plume enchanteresse.

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D’autres romans de l’autrice sur le blog : À la pointe de l’épéeLe privilège de l’épée – …

Informations éditoriales :
Thomas le Rimeur par Ellen Kushner. Traduction par Béatrice Vierne. Éditeur : ActuSF / Helios au format poche. Illustration de couverture : Zariel. Prix : 9.90 euros.

Nightwork – Vincent Mondiot

« Abdel et moi, on n’était pas des mauvaises personnes. Je voulais que vous le sachiez. Parce que l’histoire que je vais raconter, la vraie histoire de mon frère et moi, elle, elle va vous faire penser le contraire. »

Voilà quelques années déjà que je suis le travail de Vincent Mondiot chez ses différents éditeurs et à travers plusieurs genres littéraires. Je l’ai lu en SF, en fantasy et en blanche et définitivement, c’est dans cette dernière que l’auteur brille le plus pour moi. Il possède un talent fou pour écrire les tranches de vie adolescente, un talent déjà démontré dans l’excellent Les derniers des branleurs qui avait été un gros coup de coeur. Si Nightwork n’a rien de comparable en terme d’ambiance ou d’enjeux, il a résonné d’une manière particulièrement puissante en moi et m’a plus d’une fois suscité de très fortes émotions.

Il faut dire que Patrick, le narrateur, ne laisse pas indifférent. J’ai rapidement ressenti beaucoup d’empathie à son égard. Il écrit son histoire alors qu’il a une vingtaine d’années et raconte ce qui lui est arrivé l’hiver de ses quatorze ans. Il commence par dresser un tableau de sa vie : son quotidien avec sa mère au chômage qui souffre de dépression et est violente avec lui, la manière dont ses camarades du collège le malmènent, comment il se réfugie dans les jeux-vidéos avec sa meilleure amie Mégane, elle aussi une souffre-douleur à l’école mais également sa relation privilégiée avec son frère, Abdel. Son demi-frère en réalité même si aucun des deux ne connait leur père. Abdel a passé six mois en prison et le moment où il ressort est qualifié par Patrick « d’élément déclencheur » car c’est ce qui précipitera les évènements suivants, ceux qui font dire à Patrick qu’ils ne sont pas des gens biens.

« En écrivant tout ça, ces centaines de pages manuscrites que peut-être personne ne lira jamais, j’ai réalisé que n’importe lequel des « personnages secondaires » de mon histoire pourrait raconter sa version des faits, dans laquelle je serais moi-même un personnage secondaire. (…) Tous ces gens ont vécu des choses, eux aussi, des choses dont je n’ai même pas idée et tout ce que je peux faire ici, c’est l’accepter. Je ne pourrai jamais comprendre que ce que moi j’ai vécu et toute ma vie, je devrais me contenter de moi-même. Je ne suis le héros d’aucune histoire. Je suis simplement le pauvre type qui raconte celle-ci. »

Cette plongée dans la psyché de cet adolescent est aussi une occasion pour l’auteur de jouer avec les codes de base du récit littéraire en les incluant dans sa diégèse. Plus d’une fois, Patrick, qui aime le cours de français, se rappelle d’un cours sur la construction d’un récit et essaie de s’y tenir d’une manière presque scolaire pour organiser ses pensées décousues. La narration possède un ton assez familier qui ne plaira pas à tout le monde mais qui sonne très juste et participe à créer l’empathie qu’on ne peut manquer de ressentir pour ce pauvre gamin à qui la vie n’octroie aucun cadeau. L’ensemble du texte est cohérent, propre sur un plan formel mais surtout, violent sur un plan émotionnel. J’ai quelques fois eu les larmes aux yeux, j’ai tourné les pages sans avoir une seule seconde envie de reposer le livre parce que même si je devinais certains éléments à venir, j’espérais me tromper. Le roman contient quelques surprises scénaristiques mais me restera surtout en mémoire pour les vives émotions qu’il a su susciter en moi, des émotions différentes de Les derniers des branleurs, différentes sans être moins fortes ou intenses.

« Mais déjà à l’époque, je savais qu’on n’avait jamais ce qu’on voulait dans la vie. C’est presque une règle immuable. Il suffit de désirer quelque chose pour que ça nous échappe. »

Nightwork est un roman touchant, qui parle de harcèlement scolaire, de maltraitance sur mineur, de dépression. C’est un roman qui parle de l’importance qu’a l’imaginaire pour réussir à affronter un quotidien difficile et d’à quel point les jeux-vidéos peuvent être salvateurs. C’est un roman sur la famille, celle du sang et celle qu’on se construit, sur l’amitié aussi et sur la part sombre qui existe en chacun de nous. C’est un roman qui dérange parce qu’il est cru, sans concession, qu’il montre un adolescent dans toute sa complexité et dans toute sa franchise tout en dépeignait une société qui a échoué à le protéger. Ce n’était pas un texte facile à lire sur un plan émotionnel parce qu’il est désenchanté, tristement réaliste mais bon sang, comme je suis heureuse de l’avoir acheté et lu d’une traite. Je vous en recommande plus que chaudement la lecture.

D’autres romans de Vincent Mondiot sur le blog : Les derniers des branleursColonie Kitej – AfterwaveLes Mondes-MiroirsL’Ombre des arches

Informations éditoriales :
Nightwork de Vincent Mondiot. Éditeur : Actes Sud Junior. Illustration de couverture : … Prix : 14.50 euros au format papier.

Une rivière furieuse – Erica Waters

De quoi ça parle ?
Quelque part dans une petite ville américaine, Rochelle disparait. Sa sœur, Natasha, décide de mener l’enquête car elle juge que la police ne s’occupe pas bien de l’affaire. En désespoir de cause, Natasha va voir Della, une sorcière, espérant recevoir son aide. Mais Della a ses propres problèmes à gérer : sa mère, devenue un monstre aquatique, est probablement derrière cette série de disparition dont Rochelle n’est qu’une des victimes…

Natasha et sa sœur Rochelle sont des enfants adoptées par une famille blanche et riche. Natasha souffre d’accès colériques et est en pleine tourmente vu ce qui arrive à son aînée. Elle est persuadée que Jake Carr, le petit ami de Rochelle et accessoirement star locale du country est responsable de sa disparition. En creusant, elle va découvrir de nombreux secrets sur sa sœur qui vont mettre à mal ses certitudes. La suivre dans sa tourmente et dans l’évolution de l’intrigue est passionnant car elle fait de mauvais choix ou du moins des choix discutables pour parvenir à découvrir la vérité. On entrevoit déjà que le roman porte bien son titre car au-delà du sens strict qui devient évident dans le dernier tiers du roman, l’aspect fureur avec tout ce que ça implique est très bien incarné en Natasha.

Della, de son côté, doit s’occuper seule de sa mère car son père est présenté comme faible, alcoolique et démissionnaire face à l’état de sa femme. Elle appartient à une famille de sorciers qui vit pauvrement de petites potions préparées à la demande de personnes qui souhaitent de venger d’un conjoint infidèle et est contrainte d’enfermer sa mère dans une prison désaffectée pour que celle-ci n’agresse personne quand, la nuit, elle se transforme en sirène monstrueuse. Le poids sur ses épaules est énorme tout comme la culpabilité et la solitude. On ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine empathie à son encontre malgré son caractère plutôt rude.

Une narration efficace.
Le roman est écrit à la première personne et composé de deux narrations qui s’alternent : celle de Natasha et celle de Della. Cela permet au lecteur d’être au plus près des émotions de ces deux adolescentes en crise qui doivent gérer des problèmes d’adultes. Pour moi, la grande force du roman se situe justement dans ce choix narratif commun au genre young adult et dans les personnages dépeints. Les deux filles ont leur personnalité propre et le style d’Erica Waters le retranscrit bien, s’adaptant à l’une comme à l’autre sans jamais les confondre. C’est le plus gros point fort du roman à mes yeux d’autant que l’intrigue en elle-même reste assez classique (ce qui ne signifie pas qu’elle soit inintéressante pour autant).

Du féminisme et de la romance.
L’originalité se trouve aussi dans le ton résolument féministe du roman et dans cette romance entre les deux héroïnes qui change dans le genre young adult ou même de manière générale. J’ai assez peu l’occasion de lire un roman de l’imaginaire où l’héroïne est lesbienne assumée, encore moins où ce thème ne devient pas du coup le centre de l’intrigue. Cela ne signifie pas qu’il n’en existe pas, juste qu’ils ne doivent pas être très bien mis en avant sans quoi je n’aurais pas autant de difficultés à trouver un autre titre du même genre dans ma mémoire… Je suis une fervente partisane de l’inclusion par la banalisation, un peu comme dans les romans de John Scalzi ou d’Ellen Kushner car même si la lutte importe, c’est en normalisant ces relations qu’on cessera, je pense, de les stigmatiser inutilement. Qu’on partage ou non mon avis, c’était à mes yeux la grande force d’Une rivière furieuse même si, à mon goût, cette romance sort un peu de nulle part et que j’ai eu du mal à y croire. Mais bon, j’ai régulièrement ce sentiment dans les romances donc c’est plutôt que cet aspect d’une intrigue m’intéresse / me convainc assez peu de manière générale.

Ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable toutefois j’ai eu envie d’en parler pour son parti-pris très girl power et pour la dernière page qui m’a marquée par son discours assez désabusé sur les hommes et la nature humaine de manière générale. Certain·es le lui reprocheront peut-être mais comme je suis assez proche de cet état d’esprit, j’ai surtout été heureuse de lire un texte qui assume jusqu’au bout et tranche dans le vif.

La conclusion de l’ombre :
Une rivière furieuse est un one-shot fantastico-horrifique mettant en scène deux adolescentes qui se débattent avec des problèmes d’adultes en plus de soucis magiques. C’est un bon divertissement qui plaira au lectorat young adult en quête d’inclusivité (ce qui est mon cas pour au moins la deuxième partie de l’intitulé) et d’un one-shot à suspens efficace. Si l’intrigue ne révolutionne pas le genre, je retiendrais ce roman surtout pour son propos militant féministe et son ton désabusé sur la question de l’égalité qui a le mérite d’être, à mon sens, assumé et bien trop réel encore de nos jours.

D’autres avis : Lullastories – vous ?

Informations éditoriales :
Une rivière furieuse par Erica Waters. Traduction : Cécile Guillot. Éditeur : le Chat Noir. Illustration de couverture : Mina M. Prix au format papier : 19.90 euros.

À l’ombre du Japon #53 { Le tome 0 de Toilet-bound Hanako-kun, ce bijou caché }

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J’ai commencé il y a quelques mois à suivre le manga Toilet-Bound Hanako-Kun grâce à la chronique de l’Apprenti Otaku et si j’accrochais bien au départ notamment grâce au magnifique chara-design et au principe qui me laissait espérer une sorte d’ambiance un peu « Black Butler des débuts », les deux derniers tomes m’ont moins plu pour diverses raisons dont notamment le personnage de Néné qui est superficielle et problématique dans ses réflexions ainsi que le rapport au corps de manière générale entretenu dans le manga. Je n’avais pas tiqué dessus au début mais avec le recul, je me rends compte que c’est présent assez tôt et que je me suis laissée aveugler par la beauté du dessin. Je me désespère face à ma propre superficialité parfois…

Je pensais franchement à arrêter et je regrettais d’avoir acquis ce tome 0 une fois le tome 7 lu (j’avais acheté les deux ensemble). Mais bon, puisqu’il était là, autant le lire ! Et je dois dire que ce fut une sacrée bonne surprise.

Ce tome 0 est un peu particulier car il propose les trois chapitres d’origine du manga qu’Aidalro a ensuite modifié pour donner ceux qu’on connait. Il s’agit donc d’une histoire non pas dans le canon de l’œuvre mais plutôt à sa genèse et je dois dire qu’elle est bien plus réussie que la série en elle-même. Cela pose quand même certaines questions comme l’injonction aux séries longues dans le milieu du manga où le one-shot n’est vraiment pas la norme. Dommage parce que ça aurait mieux fonctionné ici -encore une fois selon moi.

De quoi ça parle ?
Néné Yashiro se rend dans les toilettes à la recherche de mademoiselle Hanako, le fantôme qui a la réputation d’exaucer un vœu. Elle souhaite que son ex petit-ami meurt pour l’avoir trompée et laissée tomber. Hors, elle rencontre non pas une femme mais… un garçon qui serait le troisième Hanako ! Commence alors une histoire courte autour de ce souhait formulé par Néné qui changera ensuite d’avis avant la réalisation, ce qui forcera Hanako à lui en accorder un autre. Évidemment, la situation tourne mal…

Quand tout fonctionne mieux au format court…
J’ai trouvé le rythme bien meilleur sur cette histoire courte en trois chapitres qui propose une intrigue claire en esquissant un univers certes plus riche mais dans lequel on ne ressent pas le besoin d’obtenir toutes les réponses. De plus, le personnage de Néné s’avère davantage intéressant car même si elle se comporte aussi de façon superficielle (son plus gros grief vis à vis de son ex c’est surtout qu’il a qualifié ses jambes de navet, une insulte qui revient souvent dans le manga mais dont je ne comprends pas trop la portée vu la forme d’un navet… bref) elle en prend conscience et finit par évoluer. Les rapports entre Hanako et elle n’en sont que plus savoureux car elle peut rapidement se concentrer sur ce qui importe.

De même, le personnage de Hanako est très réussi car il dégage une forme de mélancolie et affirme un désir de rédemption malgré la noirceur affichée de son âme. Dans le manga classique, cet aspect est également présent (quoi que pas trop pour la rédemption, plutôt pour la noirceur de son âme) mais distillé sur beaucoup plus de chapitres si bien que ça traine en longueur quand on ne peut pas enchainer les tomes.

Le ton diffère également un peu, surtout pour la fin. Si la série principale tombe souvent dans le comique (le comique LOURD) avec quelques moments plus sombres, c’est ici un ton désenchanté et désillusionné qui prédomine et lui donne une certaine puissance bien plus satisfaisante que toutes les histoires développées dans la série principale. J’adhère à 100% !

Comme quoi, imaginer un univers original, c’est bien. L’exploiter correctement, avec parcimonie, c’est mieux. En tant qu’autrice, je sais à quel point on a envie de tout partager avec son lectorat pour montrer qu’on a pensé à tout mais c’est rarement bien exécuté. Mieux vaut taire des éléments que d’assommer son public avec ou de le perdre dans une multitude de sous-intrigues au mieux vaguement divertissantes.

Si j’ai donc un conseil à donner c’est plutôt d’acheter ce tome 0 et de faire l’impasse sur le reste de la série car ce volume unique possède, à mon goût, bien plus de qualités.

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My Dear Living Dead

Ce tome 0 est aussi l’occasion pour Pika de publier un court one-shot d’Aidalro qui met en scène Cult et Lily, un duo de nécromanciens d’une quinzaine d’années qui vivent dans un monde où des morts-vivants attaquent des villes sous l’impulsion d’une entité Mère qu’ils doivent donc tuer pour se débarrasser des envahisseurs. Ils travaillent pour l’Église qui a la main mise sur eux comme sur tous les enfants porteurs d’une marque les désignant comme détenteurs de capacités spéciales.

En peu de pages, le monde posé dégage déjà une atmosphère rude. Comme précédemment, Aidalro maîtrise beaucoup mieux la manière de contextualiser son histoire et ne cherche pas à répondre inutilement à toutes les questions qui pourraient venir à son lectorat alors même que ce background ne manque pas d’intérêt.

Le centre de l’intrigue est cet amour que se vouent Cult et Lily qui en devient presque obscène au cœur de toute cette noirceur et leur histoire tournera d’ailleurs mal quand la marque de Lily commencera à s’estomper, signe qu’il est temps pour elle de quitter le service actif et donc de se séparer de Cult. Le dénouement a été une véritable surprise par son horreur et sa dureté. J’aime quand les mangakas assument jusqu’au bout !

La conclusion de l’ombre :
Finalement, ce tome 0 s’est révélé être une pépite cachée et inattendue. L’histoire d’origine de Toilet-Bound Hanako-Kun me parle davantage par son aspect plus sérieux et désenchanté ainsi que son rythme bien mieux maîtrisé. Quant au one-shot intégré dans ce volume, sa qualité rappelle que le format court devrait être plus souvent la norme dans les mangas. Je recommande très chaudement ce volume !

D’autres avis : l’Apprenti Otaku – vous ?

Informations éditoriales :
Toilet-Bound Hanako-Kun par Aidalro (texte et dessin). Éditeur : Pika. Traduction : Benjamin Moro. Prix : 7.50 euros.

Le poids de la maille – Lancelot Sablon

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Mon premier contact avec Lancelot Sablon s’est fait via sa nouvelle dans l’anthologie Nouvelles du Front qui est, à mes yeux et avec celle d’A.D. Martel, la meilleure du recueil. J’ignorais tout de sa présence aux Imaginales et n’ai pas hésité un instant à aller à sa rencontre une fois que je l’appris, ce qui m’a permis d’atteindre mon objectif initial. Souvenez-vous, j’avais la volonté de découvrir de nouvelles structures et de nouvelles plumes….

Par la même occasion, je découvris une structure dont je ne savais rien : les éditions Loutre de Béryl. Il s’agit d’une maison d’édition à compte d’éditeur qui se targe de mêler Histoire, Mythologie et Imaginaire (les trois avec une majuscule !). Elle a été fondée par Lancelot Sablon et Cédric Bessaies. D’ailleurs pour le moment, ce sont les seuls auteurs édités par la structure, ce qui place Loutre de Béryl sur un format un peu à cheval entre l’édition traditionnelle et l’auto-édition. Le principal étant la qualité du travail éditoriale qui est bien présente, en tout cas pour le Poids de la maille.

Ce qui m’a séduite dans la démarche expliquée par Lancelot c’est qu’il ne s’agit pas « seulement » de romans historiques avec de l’imaginaire dedans. Ceux-ci sont documentés, des références sont disponibles à la fin pour pousser plus loin. On retrouve une note d’intention, une analyse chapitre par chapitre des écarts historiques afin que le lectorat puisse savoir précisément à quoi se fier. Il y a donc une volonté pédagogique marquée qui, forcément, me parle beaucoup. Je n’ai pas hésité une seconde à me lancer dans cette aventure et je ne la regrette pas le moins du monde. Si cette idéologie vous parle, je vous encourage à visiter leur site Internet et consulter leur catalogue. C’est une petite structure qui publie peu de titres par an mais s’ils sont tous à la hauteur du Poids de la maille, il deviendra vite nécessaire de les surveiller avec attention.

De quoi parle ce roman ?
Il s’agit d’une réécriture de la saga de Harald Sigurdarson connu pour être « le dernier des vikings », une saga écrite à l’origine par Snorri Sturlson à la fin du 12e siècle / au début du 13e. L’histoire de Harald, quant à elle, se déroule deux siècles avant la naissance de Snorri. Le livre s’ouvre donc logiquement sur un avertissement qui rappelle que ce roman, comme celui de Snorri, ne sont pas des documents historiques à proprement parler car l’auteur scandinave s’est lui-même basé sur des rumeurs, des vieilles histoires, et a rempli les trous comme il a pu. Lancelot Sablon, de son côté, a rajouté toute une dimension imaginaire sur laquelle je vais revenir.

Mais qui est Harald Sigurdarson ?
Et bien c’est le fils bâtard d’un seigneur norvégien qui va s’illustrer au combat et voyager à travers les différents empires de l’époque pour se faire un nom. Il s’agit donc bien d’un roman avant tout guerrier. La rencontre avec Harald se déroule à l’aube de ses quinze ans tandis qu’il lève une petite armée pour soutenir son demi-frère -qui deviendra Saint Olaf- dans sa reconquête du trône de Norvège. Malheureusement, la bataille ne se déroulera pas comme prévu et Olaf y perd la vie. Harald en réchappe après s’être illustré malgré la situation et se retrouve en Suède chez d’anciens alliés, le temps de se remettre de ses graves blessures. Là-bas, il rencontre Eilif, un jeune de son âge qui a lui aussi participé à la bataille et a vu de ses yeux ce dont il était capable. De cette admiration sans borne naîtra une amitié sincère qui poussera Eilif à suivre Harald jusqu’au bout du monde.

L’ironie dans tout cela c’est que la bataille où il vit son demi-frère trépasser traumatisa Harald si bien qu’il refusa de se battre, d’embrasser cette voie guerrière que la Valkyrie (on va revenir sur ce personnage) lui prédisait. Prophétie autoréalisatrice ou non, Harald n’aura toutefois pas le choix que d’embrasser la voie des armes pour grandir et survivre. Tout au long du texte, l’auteur accorde une place de choix à la fois à l’évolution psychologique de son personnage mais aussi aux arts de la guerre, trouvant un équilibre assez maîtrisé entre les deux.

Mêler Histoire et imaginaire.
L’auteur revendique une volonté d’aller à l’encontre des stéréotypes sur l’époque et sur le peuple scandinave. Ainsi, il démonte tout un tas d’idées reçues à leur sujet et se montre transparent sur les arrangements qu’il prend avec la « réalité historique ».

De plus, il fournit un lexique en début de roman qui explique les différents termes norrois utilisés dans le texte, lexique qu’on retrouve également sur le marque page de l’ouvrage, ce qui est très pratique à consulter durant la lecture. On peut également consulter une carte qui montre l’ampleur des voyages effectués par Harald, une chronologie des monarchies successives au sein du roman et un petit précis de prononciation pour savoir comment lire les lettres que nous, francophones, ne connaissons pas. Le lecteur est donc bien accompagné pour sa découverte de l’épopée, sans pour autant crouler sur une tonne d’informations car ces différents éléments se répartissent sur quatre ou cinq pages maximum.

La démarche historique est bien présente. Qu’en est-il de l’aspect imaginaire ?

Lancelot Sablon rajoute, comme je l’ai dit, une dimension mythologique et par extension surnaturelle à son récit par la présence de la déesse Hildr, une Valkyrie fascinée par Harald. La narration s’alterne entre les deux, Hildr a des chapitres écrits à la première personne au présent et en italique là où Harald dispose d’une narration plus conventionnelle. Cette période de l’Histoire marque l’avènement du christianisme dans le Nord et donc la chute des dieux anciens. Hildr s’en inquiète et voit son monde se déliter petit à petit alors que les peuples humains préfèrent le Dieu Unique. Elle sent sa fin proche et se raccroche à Harald pour ne pas disparaître seule. Elle montre donc une attitude assez humaine malgré son aspect cadavérique et son statut de divinité.

Outre Hildr, d’autres divinités du panthéon nordique feront brièvement leur apparition pour se disputer Harald comme des chiens autour d’un morceau de viande saignante. L’auteur a opté pour une vision assez désacralisée des dieux qui se comportent finalement comme n’importe quel mortel à l’ego trop grand. Le surnaturel tient donc une place importante dans l’histoire de Harald, d’abord par le personnage d’Hildr puis dans les derniers chapitres suite à une rencontre qui changera le cours des choses…

La conclusion de l’ombre :
Avec le Poids de la maille, Lancelot Sablon propose une réécriture historico-fantastique de la vie de Harald Sigurdarson, personnage historique scandinave ayant vécu au 11e siècle de notre ère. Dans une démarche qui se veut historiquement fiable, l’auteur accompagne sa fiction de nombreuses sources et divers lexiques afin de crédibiliser son œuvre tout en se montrant transparent sur les éléments de fiction ajoutés par lui. L’ensemble donne une aventure guerrière rondement menée qui mélange Histoire et Imaginaire et laisse une belle place au développement psychologique des protagonistes. Une réussite enthousiasmante à découvrir d’urgence !

D’autres avis : pas encore mais j’espère que cela sera vite réparé.

Informations éditoriales :
Le poids de la maille par Lancelot Sablon. Éditeur : Loutre de Béryl. Illustration de couverture : Adrien Ramos. Prix au format papier : 17 euros. Prix au format numérique : 3.99 euros.

À l’ombre du Japon #49 { Look Back, un manga sur le manga… mais pas que. }

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Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai décidé d’acheter ce manga. Est-ce la chronique de l’Apprenti Otaku ? Est-ce ma libraire qui m’a dit que ouais, c’était bien (notez la puissance de son argumentation :D) ? Est-ce tout simplement le résumé qui a provoqué un écho en moi ? Un peu de tout ça ? Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de passer outre ma mauvaise expérience avec Fire Punch pour laisser une chance au mangaka et j’ai bien fait.

Petite remarque personnelle avant d’aller plus loin : je ne comprends pas trop l’intérêt de l’autocollant rond et moche qui clame « par l’auteur de Chainsaw Man » car sauf erreur de ma part, Look Back n’a rien en commun que ce soit au niveau thématique ou de style avec le titre précité. Du coup, cela pourrait induire les acheteurs en erreur (ils s’attendraient à quelque chose de semblable et seraient déçus) ou au contraire, les repousser (ils s’attendraient à un titre d’un tel type alors que pas du tout et passeraient donc à côté). Honnêtement, si je n’avais rien lu sur le manga avant, je ne l’aurais pas acheté rien qu’à cause de ça. Les gens vraiment fans de l’auteur n’auront pas besoin de cette précision pour savoir que c’est la même personne… Le but est peut-être de vendre un maximum en profitant du succès commercial de la série précitée vu qu’il s’agit d’un one-shot toutefois je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure démarche pour promouvoir ce titre car il risque d’y avoir une avalanche de retours négatifs de la part des personnes dont ce n’est tout simplement pas le style de manga. Enfin, c’est mon avis.

De quoi ça parle ?
Look Back
c’est tout simplement l’histoire de deux adolescentes qui vont nouer une amitié autour de leur passion pour le dessin. D’un côté, il y a Fujino, une jeune fille qui écrit des mangas en quatre cases dans le journal de son école primaire et que tout le monde dit talentueuse, autant en dessin qu’en sport ou à l’école. De l’autre, il y a Kyômoto, qui suit une scolarité à domicile car elle serait malade. Elle aussi aime dessiner et va aussi publier dans le journal de l’école. Sauf que Kyômoto a un talent fou pour les décors et qu’à côté de ses dessins, ceux de Fujino paraissent tout juste moyens…

Fujino va alors passer par différentes phases : elle va vouloir battre Kyômoto en se donnant à fond pour progresser, puis abandonner quand elle n’y parviendra pas. Si son professeur n’avait pas insisté pour qu’elle aille déposer son diplôme à Kyômoto, l’histoire se serait arrêtée là…

Une amitié artistique.
Ce manga est donc le récit d’une amitié entre deux adolescentes qui vont travailler pour réaliser leur rêve. Et puis… du drame ordinaire qui va tout remettre en perspective.

C’est une histoire qui résonne particulièrement en moi car moi aussi, avant, j’avais une amitié un peu comme celle-là qui s’est terminée (mais pas de façon aussi définitive ni sanglante que la leur, heureusement) et qui m’a beaucoup marqué au point que je ne sois plus capable de me remettre à créer sans elle. Pour cette raison, ce titre a su directement me toucher et il est donc possible que mon avis soit totalement biaisé. D’un autre côté, tout avis est forcément subjectif…

Un manga qui parle de manga.
Look Back travaille finement les émotions des protagonistes et joue avec son support de manga qui parle de manga. Après qu’un malade à la hache ait tué son amie, Fujino réécrit dans son esprit la scène du moment où Kyômoto se fait assassiner par hasard en venant la sauver et en modifiant l’histoire de leur amitié car elle se sent responsable de sa mort. Elle considère en effet que si elles n’étaient pas devenues amies, Kyômoto ne serait pas sortie de chez elle, dans ce monde si dangereux… De plus, au début du manga, l’auteur adapte son style pour dessiner d’un côté comme Fujino, de l’autre comme Kyômoto, en plus de sa propre patte graphique. C’est un peu comme un auteur qui écrit sur un personnage écrivain qui a lui-même un texte dans la diégèse du roman. J’ai beaucoup apprécié le procédé.

D’autant qu’il est maîtrisé et que même si je ne suis pas sensible au type de dessin de Tatsuki Fujimoto, on ne peut pas lui retirer sa maîtrise sur la représentation des émotions. On sent le poids de la douleur, de la culpabilité illogique et pourtant bien réelle. On sent la perte. Pourtant, le dessin reste sobre et c’est là tout le talent de Tatsuki Fujimoto qui parvient à exprimer tellement d’émotions sans tomber dans l’excès sur l’expressivité de ses personnages. C’est presque pudique, à l’image de la façon qu’ont les japonais d’exprimer leur souffrance. Bizarrement, alors que je suis totalement passée à côté de My Broken Mariko que je trouvais terriblement superficiel -je compare car le sujet s’en rapproche un peu avec l’aspect manga en moins, j’ai été très touchée par cette histoire plus que les mots ne me permettent de le dire.

La conclusion de l’ombre :
Je ne peux décemment pas qualifier Look Back de coup de cœur, je vais plutôt parler de coup au cœur en partie à cause de mon histoire personnelle mais également des qualités du mangaka, des qualités que je n’avais pas perçues lors de mon expérience avec Fire Punch. Je suis ravie d’avoir découvert ce titre qui a en plus le bon goût d’être un one-shot !

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Vertèbres – Morgane Caussarieu

10
Vertèbres
est un roman fantastico-horrifique écrit par l’autrice française Morgane Caussarieu. Publié au Diable Vauvert, vous trouverez ce texte au prix de 17 euros partout en librairie.

De quoi ça parle ?
En 1997, dans une station balnéaire des Landes, Jonathan, dix ans, est enlevé par une femme dans une camionnette. Il réapparait une semaine plus tard et n’est plus tout à fait le même…

Le problème de la narration « journal intime » (selon moi).
Le roman possède une double narration. Celle du point de vue de Sasha, dix ans (enfin, neuf ans et demi), qui écrit dans son journal intime Diddl et celle de Marylou, la mère de Jonathan. Je vais m’arrêter sur chacune d’elles en commençant par Sasha puisque cela va me permettre de partager une petite réflexion sur la forme du récit.

L’utilisation du journal intime est quelque chose qu’on retrouve régulièrement en littérature, que ce soit blanche ou de l’imaginaire. L’auteur.ice se projette dans son personnage et se met dans sa peau pour confier à un journal, au format papier ou numérique, tout ce qu’il vit, pense, ressent de manière générale, comme cela a pu nous arriver à tous.te un jour dans notre vie. Le problème que j’ai avec cette façon d’écrire, c’est qu’elle demande une sacrée suspension de l’incrédulité de la part du lecteur.ice ou une certaine maestria de la part de l’auteur.ice pour être crédible.

En effet, il est probable qu’un jour dans votre enfance ou dans votre vie, vous ayez tenu un journal intime. Cela a été mon cas et quand je lis ces journaux fictifs, je n’ai jamais le sentiment de lire un véritable journal intime. J’ai conscience qu’il s’agit d’un trucage littéraire pour se montrer original, le souci c’est que quitte à opter pour une narration hors du commun, autant pousser le concept jusqu’au bout comme le font certains éditeurs, en incluant des ratures, des fautes d’orthographe, en acceptant que tout ne soit pas dit ou pas clair, etc. au lieu de se cantonner à la langue littéraire telle qu’on l’attend dans un livre, bien proprette, avec un certain vocabulaire et des phrases qui n’ont pas de sens comme d’écrire dans le journal qu’on s’arrête prendre une pause pipi… De plus, trouver des dialogues au sein d’un journal intime n’a pas de sens (personne n’a une aussi bonne mémoire…), pas plus que des descriptions précises qui donnent le sentiment d’être dans un roman. On oublie trop souvent qu’un journal intime n’a, en théorie, pas pour vocation d’être lu par quelqu’un. C’est quelque chose de personnel, ce qui implique qu’il ne doit pas forcément contenir des explications ou des justifications.

Ici, l’autrice fait comme si Diddl était une entité vivante à laquelle Sasha se confie, la petite fille l’interpelle d’ailleurs plusieurs fois. Cela pourrait être une justification au format, sauf que non. Personne ne raconte une histoire de manière littéraire à qui que ce soit, à l’oral ou à l’écrit. On résume toujours. Du coup, le trucage tombe à l’eau puisqu’on pourrait tout aussi bien avoir une narration à la première personne au sens classique du terme, comme on le voit régulièrement en littérature young-adult (mais pas que).

Malheureusement, Vertèbres n’a pas fait exception à mon sentiment par rapport à ce type de narration. Je n’ai cru à aucun moment être en train de lire le journal d’une petite fille de dix ans, encore moins neuf ans et demi. Déjà à cause du souci expliqué plus haut mais également à cause du langage qui fait faussement naïf. Aucun enfant de dix ans ne s’exprime de cette manière, n’a autant de vocabulaire, n’inclut autant de références, sans faute de langage ou même d’orthographe, et la plupart des enfants n’ont pas la maturité émotionnelle pour exprimer tout ce que partage Sasha. Et je ne parle pas du fait qu’elle se genre au masculin en affirmant ne pas vouloir être une petite fille. Au contraire, je suis persuadée qu’il y a des enfants qui n’ont pas envie de se conformer à leur genre de naissance, sans tout l’aspect théorique que nous, adultes, mettons derrière cela, et qui se comportent donc comme leur cœur le leur dicte. C’est un aspect que j’ai beaucoup apprécié dans ce personnage car on en voit assez peu finalement, surtout traité de manière frontale. On ressent vraiment son cri du cœur, son désespoir, du fait d’être dans un corps de fille, avec tout ce que ça implique comme normes sociales.

L’émotion est donc là mais c’est tout le contours qui me gêne. Si Sasha avait été un/e adolescent/e, je ne dis pas, mais là… À mon goût (et c’est tout personnel) cette partie du récit aurait été plus efficace avec une narration classique à la troisième personne (où l’autrice aurait pu jouer sur les pronoms pour embrouiller le.a lecteur.ice) ou mieux, avec une narration à la deuxième personne, comme c’est le cas pour Marylou.

Je précise que ça ne m’a pas empêché de m’y plonger mais j’ai profité de l’occasion pour écrire un peu sur le sujet.

Écrire en « tu », une prise de risque qui paie.
Je me suis régalée des chapitres consacrés à Marylou, la mère de Jonathan. Non seulement le personnage ne manquait pas d’intérêt mais en prime, je suis une fervente partisane de la narration en « tu », qu’on retrouve malheureusement assez peu au sein de la littérature, pour une raison qui m’échappe complètement. Selon moi, c’est une façon efficace et différente de mettre un personnage face à ses contradictions, de dévoiler ses secrets sans que cela ne paraisse artificiel (comme dans une narration en « je ») ou trop descriptif (comme dans une narration classique à la troisième personne) mais aussi de rythmer le récit. En général, une narration en « tu » implique des phrases courtes, percutantes, ça en devient musical à la lecture et honnêtement, j’adore.

Parce que Marylou n’est pas qu’une mère éplorée. On découvre petit à petit le portrait d’une femme laissée seule avec sa maternité, qui a reconstruit sa vie autour de son enfant dont elle ne voulait pas vraiment au départ, qui l’a couvé, sans réussir à couper le cordon, qui a été jusqu’à certaines extrémités pour ne pas le laisser s’en aller. C’est une bonne mère, Marylou, enfin, elle essaie et ça la mène à perpétrer des actes qui en terrifieront plus d’un.e. C’est glaçant et fascinant. Dans ces parties, j’ai retrouvé la touche dérangeante sans être gratuite qui m’a fait aimer les romans de Morgane Caussarieu quand j’ai commencé à lire l’autrice il y a maintenant quelques années. J’espère qu’elle se prêtera de nouveau à l’exercice de cette narration dans ses prochains textes.

Un roman à ne pas mettre entre toutes les mains.
Il me semble nécessaire de le préciser car on y parle d’enlèvement, de maltraitance, d’abus divers (et sexuels) sur des enfants, de maltraitance animale assez sanglante… On n’est pas au stade d’un Je suis ton ombre mais on s’en rapproche et il vaut mieux le savoir avant de se lancer dans la lecture de Vertèbres. J’ai lu des chroniques chez des blogpotes qui ont été chamboulés, qui ont lu ce livre à un mauvais moment pour eux et ce serait quand même dommage de passer à côté à cause de ça.

Parce qu’outre ces éléments qui paraissent de prime abord négatifs, Vertèbres est aussi (et surtout ?) un roman qui transpire la nostalgie des années 1990 avec de très nombreuses références (vous vous souvenez des Minikeums ? Et du minitel ?) bienvenues. On y retrouve des éléments classiques du mythe loup-garou et on repart sur un texte horrifique qui rappelle un peu (sur le principe de base quoi) la série Stranger Things dans son ambiance aussi rétro que sanglante. Pourtant, l’aspect fantastique sert surtout, à mon sens, de métaphore sur la fin de l’enfance et l’entrée dans la puberté, avec tout ce que cela comporte de cauchemardesque.

C’est aussi une histoire d’amitiés, l’amitié qui unit trois enfants laissés pour compte, rejetés parce qu’ils sont différents, pas nés dans la bonne famille, qui ne vivent pas au bon endroit. Une amitié qui parvient à passer outre l’horreur qu’inspire la condition de Jonathan mais ne résiste pourtant pas à tous les affronts.

Enfin, c’est une histoire de monstres dans tout ce que ce terme a de pluriel. Monstres, humains ou non, sont légions comme toujours dans les romans de cette autrice.

Et ça fonctionne. Même si je n’ai pas accroché à la façon de raconter la partie de Sasha, l’histoire est rythmée correctement et jouit d’une richesse thématique surprenante. Je l’ai d’ailleurs lu d’une traite, on ne sent pas les pages se tourner et bien qu’on devine comment ça va s’achever si on connait un peu l’autrice et qu’on a l’habitude de ce genre littéraire, ce n’est à aucun moment ennuyeux ou mal fichu.

Je n’irais toutefois pas jusqu’à dire, comme l’indique l’éditeur sur la quatrième de couverture, que Morgane Caussarieu signe ici son roman le plus ambitieux. Pas à mon goût, en tout cas (et c’est tout personnel comme remarque). Mais elle signe un bon texte qui mérite d’être lu à condition que les TW dont j’ai parlé ne vous posent pas de problèmes.

La conclusion de l’ombre : 
Vertèbres est un roman fantastico-horrifique qui traite du mythe du loup-garou dans les années 1990. Un petit garçon de dix ans disparait pendant une semaine et revient profondément changé. L’autrice choisit de raconter l’histoire du point de vue de Sasha, dix ans également et meilleure amie de Jonathan (la victime) ainsi que de Marylou, la mère de Jonathan. L’alternance des points de vue et des narrations (un journal intime et une narration en « tu ») offre une certaine profondeur au récit crade et malsain, comme Morgane Caussarieu les écrit si bien. Ce n’est pas un texte à mettre entre toutes les mains toutefois je suis ravie d’avoir eu l’occasion de le lire d’une traite.

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