Quelques mots sur le projet :
Peach Momoko est le pseudonyme d’une illustratrice japonaise qui travaille aujourd’hui en exclusivité pour Marvel. Elle est surtout connue pour ses couvertures (pour lesquelles elle a même reçu un prix) mais il lui arrive aussi d’écrire et dessiner ses propres histoires. Ici, d’ailleurs, Marvel lui a donné carte blanche.
Le concept de Demon Days est de mélanger l’univers Marvel avec les mythes japonais, non pas en transposant tels quels les personnages comme ç’avait pu être fait dans, au hasard, l’art de la guerre selon Deadpool (excellent titre au demeurant) mais en écrivant une histoire originale et en y incorporant des personnages que l’on reconnait grâce à leur nom ou à leur chara-design.
Le but est ainsi de rendre l’histoire accessible à n’importe quel lectorat, qu’on y connaisse ou non quelque chose à l’univers Marvel mais aussi, je pense, d’offrir une transition entre deux médias à savoir le manga et le comics qui ne répondent pas aux mêmes codes. Il n’y a pas non plus besoin de suivre plusieurs séries différentes pour comprendre le contenu de celle-ci, ce qui est un plus non négligeable à mes yeux. Évidemment, un fan de Marvel savourera les clins d’œil mais il est parfaitement possible de comprendre l’aventure sans cela (sur le papier, on reviendra plus bas sur cet aspect). On est sur du one-shot en terme de tome et d’univers quoi qu’une suite possible risque de voir le jour si j’en juge par le point d’interrogation à côté du mot « fin ».
Quelques mots sur l’objet :
L’album Demon Days contient les cinq épisodes initiaux de la série ainsi que divers bonus, notamment deux histoires courtes, l’une intitulée King is Back et l’autre sur Elektra, qui a la particularité de ne comporter aucun dialogue. L’ouvrage est également pourvu d’un bestiaire sur les onis et les yokais et d’une galerie de couvertures alternatives. Pour le prix de 26 euros, je trouve que Panini ne se moque pas du client. L’ouvrage, en terme de qualité graphique et de quantité de contenu, vaut la dépense.
Deux éléments m’ont attirée vers Demon Days. Le premier, c’est le style graphique de l’autrice qui utilise l’aquarelle d’une très belle façon. J’ai été charmée par son trait, par les couleurs utilisées et par la personnalité qui s’en dégage inévitablement. Le second, c’est évidemment cette promesse de plonger dans les légendes japonaises, qui a été tenue. Et il y en a un troisième : la recommandation enthousiaste de mon libraire.
Hélas… Quelques mots sur le contenu :
L’intrigue en elle-même est prévisible et beaucoup trop rapide dans son exécution. Le premier chapitre est une sorte de flashback ou d’histoire parallèle dans un Japon féodal, on ne sait pas très bien jusqu’à ce que Mariko se réveille de ce rêve étrange qui conduira sa grand-mère à lui révéler qu’elle l’a trouvé un jour dans la montagne et que sa mère était une oni. Mariko va donc partir en quête de son passé pour essayer de se comprendre. C’est un début classique qui a tendance à me lasser mais j’aurais pu passer outre si l’exécution avait été à la hauteur. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Pour une histoire aussi courte, il y a trop de personnages qui sont là juste pour les clins d’œil à l’univers Marvel et n’ont pas grand intérêt car on apprend à peine à les connaître qu’ils disparaissent déjà, soit mort soit continuer leur vie. La volonté était, au départ, de proposer un titre dont tout le monde pourrait jouir sans connaissances préalables (j’imagine ?) mais le fait est qu’un fan de l’univers Marvel aura bien plus de facilité à apprécier Demon Days grâce aux liens qu’il pourra créer entre les personnages croisés et ceux qu’il connait d’autres comics, grâce à leur background, notamment. Il y a probablement, d’ailleurs, un second niveau de lecture qui m’a totalement échappé à cause de cela vu à quel point ce titre semble encensé de partout…
Le nœud central de l’intrigue, à savoir Mariko et son mystérieux passé, aurait pu être réussi si l’antagoniste disposait d’un peu plus de nuance et d’épaisseur. Malheureusement, difficile de s’y attacher ou de ressentir la moindre empathie pour elle. Aucun personnage ne dispose d’une réelle personnalité, d’ailleurs, pas même Mariko, parce que Peach Momoko ne prend pas son temps pour nous les présenter et nous les faire aimer. Il y a sans doute derrière tout cela des impératifs éditoriaux qui ont fait que mais je trouve ça vraiment dommage parce qu’on distingue clairement les contours d’une œuvre qui aurait pu être bien meilleure… Ce qui me cause une gigantesque frustration.
Finalement, Demon Days est intéressant pour son expérience et ce qu’il représente : la rencontre entre deux cultures, deux univers, ainsi que pour l’aspect graphique qui montre une vraie personnalité. Tout le reste est, au mieux, anecdotique.
D’autres avis : pas dans mon blogo-cercle !