Une mélodie pour les fantômes – Erica Waters

Il y a quelques mois, j’avais lu le premier roman d’Erica Waters intitulé Une rivière furieuse et également publié par les éditions du Chat Noir. J’avais beaucoup apprécié la narration que je jugeais efficace, la représentation lesbienne ainsi que le féminisme assez revendicateur mais d’une manière que je trouvais intelligente. Je m’attendais donc à retrouver une recette semblable ici et si ça n’a pas été entièrement le cas, on peut dire que l’imagination d’Erica Waters me convient décidément bien.

De quoi ça parle ?
Shady Grove a perdu son père il y a quelques années. Musicien, il lui a transmis sa passion pour le bluegrass et lui a appris à jouer du violon. Lui-même possédait un instrument assez spécial, une relique familiale capable de conjurer les esprits. Hélas, le violon a fini au fond du lac quand son père est décédé dans un accident de voiture…

Depuis, la mère de Shady s’est remariée avec Jim et les tensions entre Jesse (le frère de Shady) et leur beau-père ne font qu’empirer. Alors quand on retrouve Jim le crâne défoncé au marteau, la police n’attend pas très longtemps pour arrêter Jesse. Shady va devoir retrouver le violon paternel pour tenter d’innocenter son frère…

Deuil et secrets de famille.
Le deuil est le thème central de ce roman puisqu’on le retrouve tout au long de l’intrigue, que ce soit celui que Shady Grove doit faire de son père ou d’autres dont je ne vais pas parler pour éviter de divulgâcher des morceaux d’intrigue. On constate que chaque personne réagit à sa façon face à la mort et que ça n’a pas toujours du sens, ce qui ne signifie pas que ce n’est pas légitime.

Je trouve que la thématique du deuil est vraiment bien abordée, en tout cas elle m’a parlé et a eu des échos avec mes propres expériences en la matière. Je me suis donc immédiatement attachée à Shady et suivi son histoire avec intérêt. C’est plutôt rare je trouve qu’une autrice réussisse à aborder avec une telle justesse des thèmes aussi difficiles que celui-là.

L’autre grand thème de ce roman, c’est le secret ou plus précisément, les secrets de famille qui pourrissent parfois sur plusieurs générations quand on refuse de communiquer, quand le ressentiment prend une trop grande place au point qu’on en vient à se penser maudit. S’il y a une leçon à tirer de ce roman, c’est bien que les secrets ont la force qu’on leur donne et qu’en parler, c’est déjà les affaiblir, reprendre le contrôle. À méditer…

Musique et sentiments.
La musique tient également une place importante dans le roman et pas uniquement à cause de l’instrument qui permet d’appeler les fantômes. Shady joue du bluegrass dans un groupe avec Sarah, sa meilleure amie dont elle est amoureuse et Orlando, son meilleur ami. Quand ils participent à une scène ouverte, elle découvre Cedar et sa sœur Rose et tombe sous le charme de leur musique. Elle aimerait tous les rassembler au sein d’un groupe mais les vieilles jalousies et les anciennes relations ne vont pas lui faciliter la tâche.

Outre les drames qui passent dans la vie de Shady, Une mélodie pour les fantômes n’oublie pas que sa protagoniste est une adolescente et qu’elle ressent des émotions très fortes, d’amour comme d’amitié, que l’autrice traite avec justesse et sans les laisser prendre toute la place au sein du roman. C’est en général quelque chose que je reproche aux textes classés en young-adult et que je n’ai pas retrouvé ici, ce dont je me réjouis. De plus, Erica Waters donne dans la représentation lesbienne et bisexuelle, ce qui n’est pas si courant que cela je trouve. C’est aussi ce qui m’avait plu dans son précédent roman.

La conclusion de l’ombre :
Une mélodie pour les fantômes est un thriller fantastique qui a tout pour lui. En exploitant avec brio les thèmes du deuil et des secrets de famille, Erica Waters propose une protagoniste principale crédible et touchante qu’on suit au sein d’un page-turner très efficace. L’ambiance étouffante et moite de la Floride se marie étonnamment bien avec les fantômes qui hantent Shady Grove, le tout sur fond de bluegrass. J’ai dévoré ce roman en un week-end et je le recommande donc avec enthousiasme.

D’autres avis : pas chez les blogpotes.

Informations éditoriales :
Une mélodie pour les fantômes d’Erica Waters. Traduction : Cécile Guillot. Éditeur : éditions du Chat Noir. Illustration de couverture : Mina M. Prix : 19.90 euros au format papier.

9 réflexions sur “Une mélodie pour les fantômes – Erica Waters

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