BML #24 – juin 2020

Bonjour à tous !
J’espère que vous allez bien et que votre mois de juin a été riche en lectures agréables. Nous nous retrouvons (déjà !) pour le bilan mensuel et vous allez le voir, il y a eu quelques abandons, quelques déceptions, mais pas que car même dans l’ombre, on garde le moral 😀

Côté romans :

Les brigades fantômes – John Scalzi (SP – l’Atalante)
Thunder #1 – David S. Khara (SP – ActuSF)
Les secrets du premier coffre – Fabien Cerutti (SP – Mnémos)
La guerre des trois rois – Jean-Laurent Del Socorro (ActuSF Graphic)
Yardam – Aurélie Wellenstein (Scrineo)
Les anges oubliés – Graham Masterton (Livr’S – lecture en cours)

J’ai terminé seulement six romans et j’en ai abandonné deux. D’abord Rocaille dont j’attendais beaucoup hélas le texte m’a rapidement lassée avec sa romance inutile et son protagoniste principal qui n’est pas vraiment celui qu’on croit -et que je n’ai pas apprécié. Ensuite j’ai tenté le Tour Décrou au Chat Noir (comme quoi vous voyez y’a aussi des Chat Noir auxquels je n’accroche pas :P) mais là c’est le style d’écriture et le choix narratif qui n’a pas su me convaincre, j’ai préféré le mettre de côté pour le reprendre à un moment plus propice. Le truc c’est que ces deux textes, surtout Rocaille, m’ont pris pas mal de temps parce que je repoussais sans arrêt le moment de les abandonner. Pour ne rien arranger, les autres romans lus (à l’exception des valeurs sûres : Fabien Cerutti et Jean-Laurent Del Socorro) ne m’ont pas plus emballée que ça. C’était sympa, divertissant, pas transcendant du coup j’ai eu un goût de trop peu sur mon mois. Même le Scalzi, je l’ai trouvé en-dessous des qualités habituelles de l’auteur donc je suis restée sur ma faim. Espérons que la tendance s’améliorera avec le mois de juillet !

Côté mangas :

Chobits #2 (Pika)
Otaku Otaku #4 -> #7 (Kana)
Noragami #12 -> #18 (Pika)
Beastars #6 (Ki-oon)
Assistant Assassin #1 (Omaké)
Anonyme ! #1 (Soleil)

Heureusement les mangas ont bien rattrapé les déceptions littéraires. J’ai continué avec plaisir la saga Noragami à laquelle je suis accro. Je vous en ai d’ailleurs parlé dans un article spécial d’À l’ombre du Japon, tout comme Otaku Otaku qui a eu droit à son focus. Enfin, j’ai testé une nouvelle formule thématique en chroniquant deux mangas qui usent du même archétype en donnant pourtant un résultat totalement différent. Il reste également Chobits que j’ai pris plaisir à découvrir (je dois écrire dessus d’ailleurs) ainsi que Beastars dont je continue la découverte, en papier cette fois ! Un article à ce sujet viendra bientôt une fois que j’aurais pu récupérer les tomes suivants.

Petit bonheur du mois :
Les petits bonheurs du mois est un rendez-vous initié par le blog Aux Petits Bonheurs qui consiste à mettre en avant les moments positifs de la vie. Ce mois-ci a été un peu compliqué, pas très heureux dans l’ensemble (rien de dramatique rassurez-vous 😉 ) mais en creusant j’ai réussi à trouver quelques éléments positifs. Déjà, j’ai pu retourner à l’éducation canine avec Loki ce qui nous fait beaucoup de bien à tous les deux. Ensuite, le challenge S4F3 a commencé et c’est probablement mon défi littéraire préféré de tous les temps ♥

Et voilà, ce bilan se termine déjà. J’espère que vous passerez de bonnes vacances d’été et un beau mois de juillet ! 😀

À l’ombre du Japon #14 { Assistant Assassin #1 et Anonyme #1 – les tueurs ont la cote ! }

Bonjour à tous !
Nouvel article thématique aujourd’hui en lien avec le manga mais un peu différent des craquages ou des retours en vrac. Pourquoi ? Le hasard a voulu que parmi les sorties du déconfinement se trouvent deux titres qui utilisent l’archétype de l’assassin d’une manière totalement différente au point de donner deux mangas à l’ambiance et au fond à la limite opposés. Interpellée par cette curiosité, j’ai eu envie de vous les évoquer ensemble…

13
Assistant Assassin – Hiromasa Okujima – [ Omaké manga ]

Asakura Shin.Ichi (jeu de mots en japonais qui donne Assassin en surnom, notez bien) est assistant d’un célèbre mangaka. Passionné, il tente de percer sans y parvenir vu su humour douteux et doit vivre de ce boulot aussi précaire que stressant. Pour joindre les deux bouts, il devient chasseur de primes en utilisant une application sur Internet…

14
Anonyme ! – Chikara Kimizuko (scénario) & Yen Hioka (dessin) – [Soleil manga ]

À treize ans, Takashi a tué son professeur au Collège. Il avait d’excellentes raisons. L’ennui, c’est qu’il a gardé le silence pour protéger quelqu’un et il en paie les conséquences. Après un passage en maison de redressement, Takashi essaie de reprendre sa vie normale dans une nouvelle ville sauf que quelqu’un semble déterminé à l’en empêcher.

De bonnes raisons pour tuer ?
Dans Assistant Assassin, le héros est un peu paumé avec des rêves plein la tête. Il manque de personnalité, n’arrive pas à affronter son patron qui l’exploite sans la moindre honte. Cela permet d’entrevoir les difficultés du monde du manga avec, je pense, une large partie autobiographique pour le scénariste.

Pourtant, quand Shin enfile son costume pour devenir le mouton rouge, il change du tout au tout. Difficile de savoir s’il prend plaisir à tuer, en tout cas on sent une certaine philosophie autour des moutons qui se révoltent contre les loups doublée d’une nécessité : celle de vivre, de payer son loyer. Personne ne connait les détails de sa double vie à l’exception d’un personnage qu’il rencontre en tant que tueur et qui reviendra à la toute fin du premier tome. On sent que, par la suite, cette notion d’identité secrète sera exploitée mais ce premier tome sert surtout à poser les bases du concept.

Ce concept fonctionne assez bien mais reste, dans l’ensemble, plutôt comique dans son traitement. Avec ce premier tome, j’ai eu du mal à me positionner sur le ton du manga qui s’inscrit finalement dans la grande tradition japonaise de l’exagération.

Le cas de Anonyme est radicalement différent. Du haut de ses treize ans, Takashi est un collégien comme tous les autres avec des amis qu’il adore, préoccupé par ses activités extrascolaires. En assistant à une certaine scène, il va tuer quelqu’un tout en gardant le silence sur ses motivations, par respect pour la victime. Ce silence va détruire non seulement sa vie mais également celle de sa famille.

Là où Assistant Assassin se focalise sur l’aspect gore et punitif du boulot de Shin, Anonyme propose une approche bien plus psychologique et crédible. Le lecteur voit la manière dont la mère de Takashi subit vandalisme et discrimination, dont sa sœur doit mettre sa vie en pause parce qu’elle est devenue une paria par défaut. Le lecteur connait les raisons de Takashi et ne peut que compatir. L’aspect brillant de ce premier volume tient justement à ce sentiment d’intense compassion mêlé d’injustice que les deux mangakas parviennent à nous faire ressentir. Le maître mot ici est et restera subtilité. Tout n’est pas blanc ni noir, au contraire…

Bien assassiner en manga, une question de visuel.
Dans un manga, l’ambiance passe forcément beaucoup par le visuel mais c’est encore plus vrai quand on aborde des thèmes aussi sombres que celui-là. Les mangakas concernés par ces deux titres proposent des traits vraiment différents l’un de l’autre qui transmettent chacun un message.

Dans Assistant Assassin, le coup de crayon est plus adulte, plus marqué avec davantage d’ombrages, d’expressions extrêmes, de sang qui gicle, de personnages un peu moches comme on en croise dans la vie de tous les jours. On sent l’aspect violent assumé chez Hiromasa Okujima, une violence atténuée par le personnage de Shin qui reste, dans les grandes lignes, un looser pas très effrayant aux yeux du lecteur qui suit l’histoire de son point de vue.
Au contraire, Yen Hioka opte dans Anonyme pour un dessin presque shônen très axé sur les visages et les émotions des personnages. Sa violence se porte à un niveau plus psychologique et a, selon moi, davantage de force grâce à cela. Même la scène du meurtre reste soft : on voit le mouvement initié par la batte mais assez peu d’hémoglobine. Yen Hioka est dans la suggestion, ce qui fonctionne davantage sur ma propre sensibilité.

Avec ou sans humour, deux tueurs réussis.
J’avoue être toujours attirée et intriguée par un personnage principal assassin puisque j’aime voir comment les auteurs les mettent en scène. Cette curiosité est à double tranchant puisque j’en deviens très exigeante sur le traitement psychologique, comme dans The Killer Inside dont je vous ai parlé et qui est pour moi un gros échec. Ici, ces deux titres réussissent l’exploit de combler mes attentes alors qu’ils n’ont finalement que l’archétype de leur antihéros en commun. Voilà la preuve qu’on peut écrire de nombreux scénarii en partant d’un même concept de base et s’en tirer plus que honorablement.

La conclusion de l’ombre :
Si ce n’était pas clair, je recommande avec enthousiasme la lecture d’Assistant Assassin et Anonyme ! qui proposent un premier tome solide et prometteur. Je pense que sur la durée, Anonyme me séduira davantage toutefois je vais continuer les deux par curiosité.

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)