À l’ombre du Japon #47 : { Shangri-La Frontier & Goodnight World, deux manières d’aborder le jeu-vidéo en manga }

Ohayô minasan !

L’histoire est longue entre le manga et le jeu-vidéo. On ne compte plus les adaptations au format papier ou animé (No Game No Life, Sword Art Online, la Gameuse et son chat, Je suis un assassin et je surpasse le héros, Overlord, etc etc etc.) avec des univers qui ne font parfois qu’évoquer le jeu-vidéo ou qui se déroulent dans un univers aux codes semblables à ceux d’un jeu, avec un système de point de vie, de compétence, de classe et autre.

Étant passionnée de manga ET de jeu-vidéo, j’ai découvert un certain nombre de ces séries et j’ai rarement été au bout, vite lassée par des concepts qui tournent en rond. Pourtant, rarement un premier tome m’aura autant enthousiasmé que pour les deux séries dont il est ici question. Et, comme vous allez le voir, la manière de présenter le jeu-vidéo diffère assez fort d’une à l’autre…

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Dans Shangri-La Frontier, on rencontre Sunraku, un jeune homme passionné par le jeu-vidéo et plus spécifiquement par les jeux très mauvais qu’on appelle les bouses : ceux qui sont truffés de bugs ou que tout le monde déteste parce qu’ils ont été mal codés, que les quêtes sont impossibles, bref vous voyez le genre… Sunraku aime le défi que ça représente. Au début du manga, pourtant, il décide de faire une pause dans les bouses et de se mettre à un MMORPG très en vue, Shangri-La Frontier…

L’avantage dans ce titre, c’est que Sunraku commence le jeu au début. Il est donc très facile pour un novice de comprendre en quoi il consiste ainsi que les différents systèmes d’évolution, de quête, les secrets du jeu… Parce qu’on suit tout en même temps que le protagoniste principal. L’immersion est totale et plutôt réussie car Sunraku a un esprit d’analyse qui permet d’éviter les inutiles scènes d’exposition et de découvrir ces éléments au fur et à mesure de l’aventure, quand il s’y confronte en tant que joueur. C’est assez rare dans ce type de manga.

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Si on suit un nouveau joueur dans Shangri-La Frontier, c’est tout le contraire dans Goodnight World ! Taichirô est un hikikomori -bien que le terme ne soit pas utilisé dans le manga, il en a toutes les caractéristiques. Ce jeune homme est enfermé dans sa chambre toute la journée à jouer à Planet avec les trois autres membres de sa guilde. Il y joue depuis plusieurs années au point de développer une véritable vie sociale au sein du jeu. Dans ce titre, les scènes IRL s’alternent avec les scènes virtuelles et le lecteur comprend rapidement que Taichirô déteste sa famille, probablement en raison d’un drame dont il porte la responsabilité (du moins c’est ce qu’il sous-entend).

Une intention qui diffère…
Si dans Shangri-La Frontier, l’intention première semble être de proposer un divertissement d’aventure en mettant en avant des gamers qui cherchent à progresser dans un jeu et à en découvrir ses secrets. La majorité de l’action se passe à l’intérieur du jeu si bien qu’il en deviendrait presque un prétexte pour développer un univers de fantasy un peu fun. Avec Goodnight World, on part sur totalement autre chose puisque l’auteur semble plutôt questionner le rapport au réel dans nos relations familiales et amicales sans pour autant tomber dans le binaire. La quatrième de couverture l’annonce d’ailleurs bien : un manga d’action complexe qui questionne sur les univers virtuels. Retenons les termes complexe et questionne, pas juge… Ce titre se veut incontestablement davantage ancré dans le réel.

…mais une technologie semblable.
La technologie de réalité virtuelle évolue chaque jour et j’ai déjà eu l’occasion de tester certains dispositifs plutôt… perturbants dans l’ensemble. Que ce soit dans Shangri-La Frontier ou dans Goodnight World, les joueurs utilisent de simples lunettes posées sur leurs yeux qui permettent d’entrer dans le jeu de manière littérale. Tout s’y déroule alors comme dans la réalité. Dans le premier cas, il s’agit plutôt d’une astuce de mise en scène pour ne pas se prendre trop la tête. Dans le second, par contre, ces lunettes ont une véritable importance puisqu’un problème dans le jeu va faire dysfonctionner une paire et provoquer des blessures chez l’un des personnages de la guilde. De plus, elles symbolisent véritablement le passage d’un monde à l’autre, c’est un objet clé dans les difficultés sociales rencontrées par Taichirô qui se dépêchera toujours de les remettre pour échapper aux soucis du quotidien auxquels il est confronté.

La conclusion de l’ombre : 
Malgré leur thématique centrale commune, Shangri-La Frontier et Goodnight World sont des mangas totalement différents adressés à deux publics différents. Le premier ravira les fans d’univers fantasy et de jeu-vidéo en mode hardcore gaming en plus de faire rêver à la perspective de pouvoir, un jour, accéder à un tel jeu. L’accent est clairement mis sur la découverte du monde et l’aventure. Le second séduira les personnes en recherche d’un titre plus axé sur des thématiques psycho-sociales et sur la manière dont le jeu peut (ou non) influencer la sociabilité. Les deux n’en sont pas moins prometteurs et je me réjouis de lire la suite pour savoir si mon sentiment se confirme ou non !

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)

Informations éditoriales :
Shangri-La Frontier. Scénariste : Katarina. Dessin : Ryosuke Fuji. Éditeur v.f. : Glénat
Statut : en cours, nombre de tomes inconnu.
Goodnight World . Dessin et scénario : Okabe Uru. Éditeur v.f. : Akata
Statut : en cours de publication, série finie en 5 tomes.

{ À l’ombre du Japon #40 ; je (re)découvre Card Captor Sakura ! }

Ohayo mina !

Il y a quelques mois, j’ai eu envie de lire le manga Card Captor Sakura en version papier. Durant mon enfance, je regardais la version animée sur Club RTL et j’étais absolument fan. Je faisais de l’équitation à l’époque et on jouait avec les cravaches en imaginant qu’il s’agissait du sceptre de Clow, qu’on capturait des cartes… Vous voyez l’idée ! C’est le premier manga que j’ai profondément adoré, profondément aimé et beaucoup de beaux souvenirs d’amitié y sont reliés. Je me suis donc lancée dans cette aventure avec une pointe d’anxiété : et si je gâchais mes souvenirs ? C’est toujours délicat, de revenir à une œuvre qui nous a tellement marqué dans notre enfance, je trouve. Faisons le point !

Un peu d’histoire…
Card Captor Sakura est un manga qui a été prépublié entre 1996 (j’avais 3 ans !) et 2000 dans le magazine Nakayoshi (spécialisé en shojo). Il est issu du collectif CLAMP qui est un groupe de quatre mangakas féminines spécialisées dans le shojo même si elles se sont essayés, plus tard, à d’autres genres. Ce collectif est assez connu par chez nous grâce à Pika qui a récupéré les droits de leurs œuvres, comme Tsubasa Reservoir Chronicle, Magic Knight Rayeheart, xxxHOLIC ou encore Chobits, dont je vous ai parlé la semaine dernière.

Le manga raconte l’histoire de Sakura Kinomoto qui est dans sa dernière année de primaire quand elle ouvre par accident le livre de Clow, libérant des cartes magiques aux dangereux pouvoirs. Aidée par Kélo, le gardien du livre, elle va devoir toutes les rassembler !

Comme je vous aime bien, je vous mets le générique de l’animé en version remasterisée ET en français pour les nostalgiques. C’est cadeau.

Un shôjo magical girl plutôt classique.
Les premiers volumes sont assez répétitifs et se concentrent sur la recherche des cartes échappées, dans un enchainement de chapitres qui ont tous cet objectif. En plus, l’aspect pratique, c’est que les cartes sont toutes restées dans l’environnement immédiat de Sakura et se manifestent pile là où elle se trouve. Alala, ces coïncidences bienheureuses ! C’est un schéma narratif qui peut devenir lassant à la longue, surtout qu’il y a une petite vingtaine de cartes à récupérer et que, comme on est dans un shôjo gentillet, Sakura parvient toujours à s’en tirer grâce à la pureté de son cœur, la force de ses sentiments et / ou une astuce glissée l’air de rien par Kélo. Au bout du 6e volume plus ou moins, l’histoire prend un autre tournant avec l’arrivée d’un nouveau personnage mystérieux qui semble en vouloir à Sakura qui, de son côté, développe ses propres pouvoirs magiques. Ce personnage mystérieux semble lié au grand magicien Clow puisqu’il dégage une énergie semblable ! Que de mystères…

Je ne vais pas vous mentir : je pense que sans ma nostalgie, je n’aurais pas forcément poussé le titre jusqu’au bout. C’est joliment dessiné, très positif, ça déborde de beaux sentiments mais parfois, c’est un peu trop guimauve et évident à mon goût. Si vous cherchez quelque chose de beau qui donne le sourire, c’est parfait mais en tant qu’adulte blasée, ma suspension d’incrédulité en a pris un certain coup. De plus, les nœuds de l’intrigue sont assez grossiers. Le mystère que les autrices tentent de tisser ne tiennent jamais bien longtemps tant les réponses paraissent évidentes, en tout cas aux yeux d’un.e lecteur.ice confirmé.e. Toutefois, pour son public cible, je pense que le titre fait le job, comme on dit.

La question des relations trop tendancieuses dans Card Captor Sakura.
!! Attention, ça me semble évident mais cette partie contient des éléments d’intrigue, impossible de faire autrement pour accompagner ma réflexion !!
Quand on discute de cette œuvre, il y a deux écoles : les nostalgiques comme moi qui ont un souvenir d’enfance de l’animé et donc beaucoup de tendresse pour le titre, et les gens qui ont découvert l’histoire une fois adulte ou en tout cas ado, qui ont donc vu ce qu’en tant qu’enfant, on ne comprend pas. C’est déjà une réflexion que je m’étais faite vis à vis d’un autre titre du collectif CLAMP, à savoir Chobits. Est-ce que l’ambiguïté dans les relations (amoureuses) est quelque chose qu’on retrouve dans tous les manga de ces autrices ? Si quelqu’un a lu les autres, qu’iel n’hésite pas à me donner son avis !

Qu’est-ce que j’entends par « relations tendancieuses » ? Prenons l’exemple le plus connu : le professeur principal de la classe de Sakura entretient une relation que je juge anormale avec une de ses élèves (pour rappel, elles sont en primaire…). On voit que la fille en question est clairement amoureuse de lui (jusque là pourquoi pas, ça arrive de crusher sur un prof, même à son âge) sauf que lui a des gestes et des attitudes qui laissent entendre une certaine affection entre eux. Mais jusqu’où va-t-elle, cette affection ? Est-ce qu’il la voit plutôt comme sa fille ou comme une partenaire potentielle ? Ce n’est jamais très clair même si on le remarque parfois troublé par un regard appuyé de cette élève (c’est encore plus flagrant dans l’animé…) et cette ambiguïté est clairement le gros souci du manga parce que ça sous-entend qu’une relation de ce type est acceptable. Ou alors, il y a une subtilité que je ne saisis pas…

Autre exemple : la mère de Sakura s’est mariée avec son professeur alors qu’elle était encore au lycée, et Sakura elle-même a des sentiments envers le meilleur ami de son frère, qui est lycéen (on comprend plus tard qu’elle confondait l’amour romantique et l’amour au sens plus familial du terme, ça je veux bien surtout chez une aussi jeune fille). La manière dont les sentiments sont abordés dans ce manga me laisse assez perplexe parce qu’on a d’un côté des ambiguïtés aberrantes et de l’autre, une certaine modernité si on considère que le titre a vingt ans.

Parce que oui, heureusement, il y a aussi de belles choses au niveau émotionnel. Tomoyo, par exemple, la meilleure amie de Sakura, tient tellement à elle que j’ai l’impression qu’elle l’aime au sens romantique du terme. Plusieurs éléments le sous-entendent tout au long du titre et je trouve ça hyper positif de représenter l’homosexualité féminine dans un manga à destination d’un jeune public féminin, justement. C’est important. Seulement voilà, Tomoyo sait que Sakura l’adore, l’aime, mais comme une amie, rien de plus, donc elle s’efface totalement à son profit et dit à plusieurs reprises que quand on aime vraiment quelqu’un, voir cette personne heureuse suffit. Alors oui… et non. S’effacer, d’accord, mais je pense qu’il y a des limites pour que la relation reste saine. De plus, Tomoyo passe son temps à suivre Sakura dans toutes ses interventions magiques, à la filmer, lui confectionne des costumes pour qu’elle soit jolie devant la caméra… Elle est soit officiellement la meilleure amie du monde, soit une stalkeuse obsessionnelle. Une obsession génétique puisque la mère de Tomoyo se comportait de la même façon avec la mère de Sakura.

Autre exemple de relation à caractère homosexuel, cette fois entre le frère de Sakura (Toya) et son meilleur ami (Yukito). À nouveau, ce qualificatif n’est jamais posé mais on comprend qu’il y a davantage entre eux que de l’amour amical à mesure qu’on avance dans l’histoire. Ce que je trouve très bien aussi, d’autant qu’on est presque sur une relation saine ici. Je dis presque parce que Yukito abrite quand même Yué dans son corps et n’existe pas vraiment en dehors de cette incarnation, il n’a d’ailleurs pas les souvenirs de Yué alors que l’inverse n’est pas vraie. M’enfin, Toya (le frère de Sakura) est tout à fait au courant et semble s’en accommoder sans soucis.

Finalement, le seul amour relativement sain dans ce manga, c’est celui entre Sakura et Shaolan qui se développe dans les deux derniers chapitres du manga (après une avalaaaaanche de quiproquo divers et variés) et j’admets que c’est plutôt mignon. Le souci c’est qu’à aucun moment je n’avais l’impression d’être face à une fille de primaire, que ce soit dans ses interactions sociales ou dans sa manière de se battre, d’affronter les épreuves. Pour moi, elle était au minimum à la fin du collège, rien qu’en me basant sur ses réflexions parfois trop matures sur les sentiments et le fait que le couple, l’amour, semble avoir une telle importance. Personnellement, en primaire, je me préoccupais surtout de jouer avec mes copines dans la cour de récré mais je suis peut-être une exception ?

Et donc, recommandable ou pas ?
Je pense qu’il est très intéressant de lire Card Captor Sakura comme un classique du genre magical girl et donc en le replaçant dans son contexte. Après tout, le manga a plus de vingt ans et bien des choses ont changé depuis, que ce soit dans nos sociétés ou même au Japon. Je me demande d’ailleurs ce que donne la suite, intitulée Clear Card, commencée bien plus récemment. Je compte la lire pour effectuer un comparatif. Toutefois, cela n’excuse pas l’ambiguïté de certaines relations décrites dans le manga, surtout celle avec le professeur.
Le manga fait partie de ces titres fondateurs d’un genre et importants dans l’histoire de ce média, donc culturellement parlant, c’est déjà un bel apport.
Il faut également garder à l’esprit qu’il s’agit d’un shôjo destiné à des enfants / préadolescentes avant tout. Cela implique que l’intrigue reste assez prévisible et dégouline de bons sentiments. Si vous aimez ce qui est guimauve, alors ce titre est fait pour vous mais si vous cherchez quelque chose de plus nuancé, de moins gentillet, mieux vaut passer son tour. Toutefois, le lire aujourd’hui avec un regard d’adulte a été une expérience très intéressante car ça m’a obligé à remettre en question mes souvenirs et à y poser un œil bien plus critique qu’autrefois. Ça reste une œuvre qui transpire la bonté et transmet de jolies valeurs qu’on devrait inculquer aux plus jeunes.

À l’ombre du Japon #39 { J’ai terminé de lire Chobits ! }

Ohayo mina !

Au début du mois de juillet, Pika achevait de ressortir les huit tomes du manga Chobits, titre phare du collectif Clamp et du catalogue de l’éditeur, digne manière de fêter les vingt ans de la série. Vingt ans déjà ! Comment ce titre a-t-il vieilli ? Que peut-on en dire aujourd’hui ? Ce billet a pour ambition de proposer une réponse à ces questions.

FLASHBACK !
Avant d’aller plus loin, je pense pertinent d’évoquer mon propre rapport à ce manga. Lorsque j’avais une dizaine d’années -je ne me souviens plus combien exactement- l’animé Chobits était diffusé sur MCM entre One Piece et GTO. J’avais commencé à regarder, envoûtée par les belles robes de Chii, avant de ressentir un malaise au bout de quelques épisodes. Un malaise que je ne m’expliquais pas. Peut-être était-ce lié aux sous-entendus sexuels qui traversent le manga ? À ces questionnements plus profonds sur des questions d’intelligence artificielle et d’émotions qu’on trouve tout au long de la série et pour lesquels je n’avais pas encore les clés de compréhension ? Toujours est-il que je changeais de chaîne à chaque fois que le manga commençait et que je n’en gardais donc pas un super souvenir, l’étiquetant à destination de personnes un peu perverses.

Pourquoi je vous raconte ça ? Tout simplement parce qu’en lisant le manga dans sa version papier et avec mon regard, mon recul et ma maturité (enfin euh…) d’aujourd’hui, j’en ai une opinion totalement différente.

De quoi ça parle, Chobits ?
En quelques mots, l’histoire raconte comment Hideki Motosuwa trouve un jour un pc humanoïde dans une poubelle près de chez lui. Hideki, c’est typiquement le gars campagnard sur les bords, pas très au courant des avancées technologiques ni très porté dessus, qui débarque à la capitale pour suivre des études et semble tomber tout droit dans un autre monde Le choisir comme narrateur permet d’expliquer les bases de l’univers. Hideki, donc, trouve ce pc humanoïde qui ressemble à une jeune fille (toute nue enroulée dans des bandelettes) et décide de la ramener chez lui pour voir s’il peut en faire quelque chose. La réparer, hein, ne pensez pas mal ! (hum)

Par chance, le PC s’allume mais semble vierge de tout programme hormis un logiciel d’apprentissage, ainsi que de toute capacité langagière. Elle doit donc TOUT réapprendre de zéro. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais de mystérieuses photos font leur apparition, désignant Chii comme une / la légendaire chobits, ce qui va éveiller les mauvaises intentions de certain.es.

L’intrigue en elle-même n’a rien d’original et le dénouement final est dans l’ensemble attendu. Pourtant, Chobits reste très intéressant pour ses thématiques.

Chobits et les questions technologico-psychologiques :
Plus notre technologie évolue, plus il devient nécessaire de s’interroger sur des points moraux : quel est notre rapport aux ordinateurs ? Aux intelligences artificielles ? Qu’est-ce que le développement de ces technologies nous apporte ? Et si, un jour, notre ordinateur commençait à développer des sentiments ? Ces émotions seraient-elles moins valides parce qu’issues d’un programme ? Est-ce que deux ordinateurs peuvent tomber amoureux au sens où nous l’entendons ? Tout cela appartient au registre de la science-fiction mais aussi de l’humain. Aucune réponse n’est franchement donnée dans Chobits, le titre invite plutôt à une prise de conscience et à une réflexion. Pourtant, selon moi, sa plus grande richesse se situe ailleurs, dans la manière dont est abordée l’image de la femme.

Si vous vous intéressez un peu au Japon, vous savez que les relations hommes / femmes ne sont pas comparables à ce qu’on connait en occident. La pression sociale est énorme, pourtant, paradoxalement, c’est très difficile pour de nombreux japonais d’approcher une femme. Je n’ai pas de chiffres à avancer, il s’agit seulement d’une réalité sociale bien connue. Ainsi, l’existence de pc humanoïdes comme dans Chobits montre ce que serait une société où il est possible de s’acheter un.e compagnon.ne  de vie, à programmer comme on le souhaite. Comment une femme humaine pourrait-elle rivaliser avec cela ? On peut aussi retourner la question dans l’autre sens et demander comment un homme humain pourrait être à la hauteur d’un pc programmé pour coller à 100% aux envies de sa partenaire. Dans le manga, c’est mis en scène à travers une amie de Hideki qui était amoureuse d’un homme, homme qui avait épousé précédemment son pc. Un pc qui lui ressemblait physiquement. Quand elle l’a appris, sa confiance en elle et en leur amour naissant a été profondément ébranlée, ce qu’on peut comprendre.

À ce stade, je souhaite vous partager une réflexion toute personnelle liée à la fin du manga. Attention, le paragraphe suivant contiendra des révélations ! Je vous invite à cesser votre lecture ici pour éviter que je vous divulgâche des choses si vous comptez lire le manga.

Une ode à l’amour platonique ?
On réduit, comme souvent, le support humanoïde des pc à une fonction sexuelle. C’est bassement humain mais compréhensible puisque beaucoup de gens y auraient pensé. Pourtant, ce que je trouve beau dans Chobits, c’est que la fin (bien qu’attendue et sans surprise) propose un twist intéressant sur ce point quand Hideki apprend qu’il lui sera impossible d’avoir des relations sexuelles avec Chii puisque son bouton de redémarrage se trouve dans son intimité. Ainsi, s’il y a pénétration, elle va se reboot et tout perdre : nom, souvenirs, identité dans son ensemble, et ne sera donc plus Chii. Hideki clame que cela lui importe peu et la dernière case du manga le montre marié avec Chii, tous les deux visiblement très heureux.

Certain.es pourraient y voir une pudibonderie toute nippone pour le sexe mais je ne suis pas d’accord. Avec ce choix scénaristique, le collectif libère plutôt la femme de son rôle d’objet de plaisir auquel on la réduit trop souvent tout en rappelant que l’acte sexuel n’est pas forcément ce qui importe dans un couple, qu’on peut aimer sans l’aspect physique, entretenir une belle relation, ressentir du bonheur, sans écarter les cuisses. C’est un très beau message d’une modernité sidérante pour un manga datant de plus de vingt ans ! Évidemment, chacun.e interprète cela comme iel le sent mais c’est ainsi que moi, je l’ai compris. Je précise également que chacun.e a le droit d’attendre ce qu’iel veut du couple, avec ou non une proximité physique, pour peu que son/sa partenaire soit d’accord avec ça. Je ne porte pas non plus de jugements sur les personnes pour qui l’acte sexuel a de l’importance. Je me réjouis simplement de lire une œuvre où ce n’est pas le cas.

Mais… ?
Parce qu’il y a quand même un mais. Chii est un ordinateur, doté d’une intelligence artificielle. Aucun problème pour moi qu’elle puisse ressentir des émotions, même si celles ci viennent d’un programme. Je ne les trouve pas moins valides que les émotions humaines. Par contre, Chii devant tout réapprendre de zéro, ayant été « reboot » jusqu’à oublier les bases du langage et des codes sociaux, elle me fait davantage penser à un enfant (si pas un bébé) qu’à une femme envers qui on peut éprouver un désir physique ou même de l’amour. Sa candeur charme probablement beaucoup de gens (hommes ou femmes) mais quand même…

Sur cette base, (attention, je divulgâche !) quand Hideki lui dit « je t’aime » et déclare qu’elle est la personne la plus importante dans son cœur, j’aurais presque préféré ne pas voir de bagues à leur doigt dans la dernière case puisqu’on sort alors du cadre d’un amour fraternel ou même paternel, ce qui peut interroger sur l’aspect sain de toute ça. Il reste une certaine ambiguïté au sujet de laquelle je ne sais pas trop quoi penser. Toutefois, l’acte sexuel ayant été retiré de l’équation et le manga touchant à un type de relation auquel on peut plus difficilement appliquer les codes moraux de notre société, je me contente de le souligner sans pour autant porter un jugement de valeurs. Mais je pense que ça peut déranger certain.es alors je trouve important d’en parler.

La conclusion de l’ombre :
Pour toutes ces raisons, je ne regrette pas de m’être plongée dans la version papier de ce manga qui m’avait laissé, plus jeune, une si mauvaise impression car même si le tome huit est (trop) court et semble un peu rapide comparé au reste de la série, il n’empêche que les questions posées par le collectif CLAMP ainsi que la fin sont très intéressant.es à lire. Chobits est donc un manga en huit tomes à découvrir et sur lequel réfléchir longuement !

À l’ombre du Japon #37 { Pourquoi Im – Great Priest Imhotep est-il mon shônen préféré ? }

Bonjour à toutes et à tous !

En mai 2019, je publiais sur le blog un article qui présentait les deux premiers volumes de la série Im afin de vous partager mon enthousiasme. Je m’étais dit que j’allais écrire un article plus dense une fois que j’aurais lu les 11 tomes mais je ne l’ai jamais fait… Du coup, comme j’ai décidé qu’en 2021, j’allais me poser pour relire plusieurs sagas phares dans mon cœur, je fais d’une pierre deux coups !

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Im
est la première (et pour le moment la seule, en tout cas à ma connaissance et traduite en français) série de la mangaka Morishita Makoto qui s’est fait remarquée en arrivant deuxième à un concours manga organisé par Square Enix. Elle a travaillé sur Im entre 2015 et 2018 même si elle explique dans la postface du dernier tome qu’elle a dessiné plusieurs premiers jets sur lui à partir de 2013. C’est en visitant une exposition sur l’Égypte Antique qu’elle a eu envie de raconter une histoire sur ce prêtre légendaire et on peut dire qu’elle a été bien inspiré.

Mais de quoi ça parle ?
Hinome est issue d’une famille un peu bizarre qui a mauvaise réputation. Du coup, tout le monde l’évite et la dit maudite. À raison puisque qu’à chaque fois qu’elle tente de prononcer un mot, du feu sort de sa bouche ! Alors qu’elle rentre du lycée, elle tombe sur un drôle de gusse en cavale dans les rues qui s’invite chez elle en déclarant qu’il est le grand prêtre Imhotep, celui de l’Égypte antique, maintenu en sommeil pendant 3 000 ans par les dieux à cause d’un crime terrible qu’il aurait commis… Il a été réveillé pour combattre les magaïs, ces démons issus des Enfers, et il va commencer avec celui qui possède la pauvre Hinome !

Comme je vous ai déjà présenté le manga (voir ici) je ne vais pas revenir sur les concepts de base ou les personnages mais plutôt l’aborder par ses thématiques et surtout la plus importante d’entre elle : l’amitié.

Le shônen & la notion d’amitié.
Dans le genre du shônen, l’amitié est une valeur mise en avant et au centre de tout. Il suffit de regarder les titres les plus vendus dans cette catégorie éditoriale pour s’en assurer. Une amitié profonde lie les membres de Fairy Tail comme l’équipage Mugiwara. C’est son amitié pour Rukia qui pousse Ichigo à se rendre au Seireitei pour la sauver de son exécution tout comme c’est l’amitié que Naruto porte à Sasuke qui est un des grands moteurs de l’intrigue du manga du même nom. Les exemples sont légions et je trouve qu’Im matérialise cela encore mieux puisque c’est l’amitié qui se retrouve au centre de toutes les relations et de toute l’intrigue du manga, du début à la fin. C’est elle qui a poussé Im à devenir un criminel il y a 3 000 ans, c’est elle aussi qui donne à Hinome la force de défendre le grand prêtre quand il le faut, elle encore qui permet aux enfants du corbeau d’avancer et de surpasser leurs traumatismes. L’amitié est mise en scène sous toutes ses formes et l’autrice montre toute la puissance qui peut en émaner tout comme les extrémités auxquelles elle peut pousser.

Deux extraits marquants :
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Dans le premier tome, Hinome explique qu’elle rejette tout le monde pour éviter qu’iels soient blessé.es à cause de ses pouvoirs incontrôlables, ce qui ne l’empêche pas de souffrir d’une profonde solitude. Son rêve est d’ailleurs d’avoir dans sa vie une personne avec qui partager son déjeuner. C’est touchant et on comprend qu’Im se retrouve en elle puisqu’il y a 3 000 ans, le prince Djéser l’a lui aussi sorti de la profonde solitude inhérente à sa fonction de grand juge des enfers.

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C’est ce que montre l’extrait ci-dessus dans l’un des flashbacks qui détaille le fameux crime dont Imhotep est accusé. Cette scène se déroule après qu’Im ait sauvé la vie d’un enfant alors même que les prêtres et la famille royale sont en conflit, si bien que les premiers ne veulent pas aider le peuple dont la famille royale est responsable, afin de rappeler à tous et toutes leur importance. Ouais, c’est pas joli… Toujours est-il que Djéser est un prince un peu particulier, qui trouve que ces petites gué-guerres ne mènent à rien et qui aimeraient changer les choses. Un idéaliste quoi. Quand Im décide de sauver ce garçon, Djéser voit quelque chose en lui qui le pousse à vouloir devenir son ami, avec les conséquences que vous découvrirez en lisant ce manga.

Je suis personnellement bien plus sensible aux questions d’amitié que d’amour. Pour moi, l’amitié est fondamental dans la vie et j’aspire à des relations peut-être trop idéalisée, justement influencée par tous ces shônens avec lesquels j’ai grandi. Je n’ai aucun regret par rapport à cela mais ça explique que ce manga résonne autant en moi et que j’ai toujours les larmes aux yeux en lisant les dernières planches qui comptent parmi les plus belles conclusions d’histoire que j’ai pu lire dans ma vie.

Ma seule grande interrogation c’est : pourquoi Morishita Makoto n’a-t-elle plus publié depuis ? Dans la postface, elle explique qu’elle est reconnaissante d’avoir pu aller au bout de son œuvre même si elle n’a jamais pu faire la couverture du magazine où elle la publiait et qu’elle n’a pas eu le succès escompté. D’ailleurs, elle espérait une adaptation en animé qui, sauf erreur de ma part, n’a jamais eu lieu et c’est un très grand mystère pour moi quand je vois ce qu’on peut adapter… À mes yeux, Im est clairement un manga qui mériterait un plus grand rayonnement et qui fait partie de ces œuvres injustement délaissées alors que tout y est très bon, du chara-design au découpage de l’action, avec un rythme d’intrigue constant et bien mené, une galerie de personnages plutôt variée et tous.tes doté.es d’une vraie personnalité… Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?

Brève réflexion sur l’interculturalité entre l’Égypte et le Japon
Je me souviens de m’être dit que j’avais vu beaucoup de mangas sur le thème de l’Égypte antique et ça m’avait intrigué. Je l’ai même écrit il n’y a pas si longtemps dans une autre chronique manga. Pourtant, en effectuant quelques recherches, les seuls mangas vraiment basés sur cette période sont Reine d’Égypte et Im, tous les deux chez Ki-oon et tous les deux excellents dans leur genre. On notera aussi Cléopâtre chez Nobi-Nobi mais je ne l’ai pas lu donc je ne me permets pas d’en parler. Je pense que mon erreur vient du fait que les deux titres sont arrivés sur le marché du manga plus ou moins en même temps et que je les ai connu à quelques mois d’intervalle mais aussi que, d’une manière plus générale, j’ai grandi en étant baignée dans la mythologie égyptienne avec des œuvres comme Papyrus ou encore les films de la Momie. À l’instar du Japon, la mythologie égyptienne est polythéiste et très riche, elle déborde de mythes, de légendes, de dieux avec des figures semblables (y’a des serpents partout ! #Apophisme4ever) et c’est peut-être la raison pour laquelle il n’y a pas davantage de mangas inspirés par cette culture ? Les japonais ne la trouve probablement pas aussi originale et inspirante que nous, européen.nes ? Si vous avez des idées ou des théories à ce sujet, n’hésitez pas à les partager.

(Édit 20/06/2021: On me rappelle dans les commentaires qu’il y a également le manga Yu Gi Oh qui est très inspiré de l’Égypte antique, comment ai-je pu l’oublier ?! J’ai énormément regardé l’animé et lu les deux ou trois premiers tomes du manga. Le fameux « c’est l’heure du dudududu-el restera à jamais dans les mémoires… Merci Nana Coubo pour avoir réparé cet oubli.)

Quoi qu’il en soit, j’espère que ma petite présentation vous aura donné envie de jeter un œil à ce manga si cher à mon cœur et surtout, que ce sera pour vous une belle découverte ! 

À l’ombre du Japon #35 { Blue Flag #8 ; Tokyo Revengers #11 ; Chobits #6 }

Ohayo minasan !
On se retrouve pour un nouvel épisode d’À l’ombre du Japon et je vous le dis tout de suite, ça ne va pas être tout rose. Vous le savez, je n’aime pas spécialement évoquer les romans / mangas que je n’ai pas aimé parce que je préfère me concentrer sur le positif. Le souci, c’est que j’ai parlé des séries concernées sur le blog en des termes élogieux et que les tomes concernés par le présent article (à l’exception de Chobits) ont provoqué un revirement sur les avis en question. Je me sens donc obligée de nuancer ce que j’ai pu écrire précédemment et c’est à travers ce billet que je vais m’y coller.

Attention, cela me semble logique mais je tiens à préciser que, comme j’évoque des suites, les avis qui suivent contiendront des éléments d’intrigue. Si vous poursuivez votre lecture, c’est à vos risques et périls !

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J’ai été assez élogieuse sur chacun des tomes de cette série qui parle d’homosexualité, de la façon dont on se découvre à l’adolescence, bref des thèmes qui m’intéressent et me tiennent à cœur. Je vous avais présenté le premier tome puis j’avais attendu d’avoir lu la totalité de la série pour vous proposer un article récapitulatif même si j’avais eu envie de parler du tome 7, qui ne faisait vraiment pas l’unanimité. Je me sentais comme un devoir de défendre cette série que j’aimais tellement. Bref, j’attendais beaucoup de la conclusion de la série et malheureusement, ça a été un échec pour moi.

Pour bien comprendre mon propos, vous devez savoir que le tome 8 se divise en deux parties sur la temporalité. La première reste au lycée et va régler les intrigues lancées durant les sept tomes antérieurs. La seconde, dans le dernier chapitre, se déroule quelques années plus tard à travers les yeux d’un personnage qu’on n’identifie pas tout de suite.

Concernant la première partie, plus j’avançais dans la lecture du tome et plus je trouvais les échanges entre les personnages assez artificiels. Que ce soit la manière dont Tôma et Futaba règlent leur différent, la façon dont Taichi s’y prend pour enfin parler en face à face à Tôma, rien ne sonne juste selon moi du coup j’ai eu l’impression d’une pseudo happy end forcée. Cela m’a profondément déçue même si, en y regardant bien, les prémices de cela se dessinaient déjà dans la mise en scène du tome 7. J’ai conscience que ce sentiment reste très personnel, j’ai lu des articles plutôt élogieux sur ces points donc c’est peut-être lié à ma propre sensibilité, à mon propre vécu. La sauce n’a tout simplement pas pris.

Concernant la deuxième partie, je dois avouer que deux choses m’ont posé problème. Déjà, le traitement de Masumi m’a vraiment heurtée. Durant tout le manga, elle est amoureuse de Futaba, ce qui sous-entend une attirance pour les femmes et permettait d’évoquer l’homosexualité féminine en plus de la masculine. Je regrettais un peu que ça soit secondaire dans l’intrigue tout en ayant conscience qu’on ne peut pas parler de tout au premier plan. Arrive alors ce chapitre final où on la retrouve… mariée avec un homme qui me donne surtout l’impression d’être un bouche trou, comme si Masumi était « revenue à la raison » (et je mets de gros guillemets). Je sais que, dans la vie, ce sont des choses qui arrivent aussi, que l’attirance sexuelle ou amoureuse n’est pas purement binaire et qu’on ne doit pas l’y réduire. Ce sont des choses auxquelles je crois fermement. Toutefois, la façon dont c’est présenté ne donne pas une très bonne image du personnage en plus d’aller à l’encontre de ce que souhaitait raconter le titre. Ou de ce que je pensais qu’il souhaitait raconter. Qu’elle choisisse cette voie ne me pose pas de soucis mais cela doit être amené, le lecteur a besoin de davantage d’informations pour comprendre son évolution et la rupture temporelle ne le permet pas. Cela semble donc véritablement arriver de nulle part. Sans compter le choix final de mettre en couple Tôma et Taichi qui n’est pas du tout préparé durant l’intrigue ou alors, mis en scène d’une façon trop subtile pour que je l’ai compris avant que ça arrive. Finalement, les sept premiers tomes de Blue Flag se concentrent presque sur des détails et il manque une énorme partie pour comprendre le chapitre final.

Je me rends compte que c’est ça, mon plus gros souci. Il se passe plusieurs années après les évènements principaux de Blue Flag et le dernier chapitre mais j’ai presque l’impression de ne pas avoir lu l’histoire qui amène à cela. Si le mangaka avait pris le temps de mieux préparer sa fin, peut-être que mon sentiment aurait été différent mais peut-être ne le lui a-t-on pas permis ? Je l’ignore. En tout cas, je suis très triste de ne pas avoir adhéré à la fin de cette série qui était un coup de cœur jusque là et qui m’avait fait ressentir beaucoup d’émotions positives.

D’autres avis : Les voyages de LyLes blablas de Tachan – vous ?

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À l’instar de Blue Flag, j’ai déjà parlé à plusieurs reprises de ce manga sur le blog. D’abord en vantant son premier tome prometteur puis en accrochant bien au concept sur plusieurs tomes avant d’être déçue par l’une ou l’autre transition que je trouvais trop longue ou peu intéressante. J’attendais qu’un arc s’achève pour vous proposer un article plus complet sauf que ça n’arrive toujours pas vraiment là où j’en suis. Le tome 10 relevait clairement le niveau mais le 11 dont il est ici question m’a laissé un sentiment de lassitude.

Je me rends compte que je ne suis plus du tout intéressée par cette histoire. Et c’est triste parce qu’il y a plein de bonnes idées, malheureusement l’auteur s’éloigne du noyau dur posé au début et qui avait su me séduire (avec Mickey, Draken, Takemichi) au point que des personnages emblématiques sont totalement absents pour être remplacés par d’autres, qui manquent de profondeur.

Je pense donc arrêter la série. Ce qui a contribué à ma décision c’est d’apprendre que la saga comptait déjà une vingtaine de tomes au Japon et qu’on était loin de la fin. Si je trouve déjà des longueurs maintenant, je n’ose pas imaginer par la suite. Peut-être que le mangaka va se remettre sur les rails, hélas j’ai décidé de ne plus m’acharner sur des séries qui ne sont pas de qualité constante et Tokyo Revengers avait déjà eu droit à sa seconde chance sur des tomes précédents. Il y a trop de titres à lire pour que je puisse me le permettre. Dommage !

D’autres avis : Les blablas de Tachan – vous ?

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Après ces deux lectures mitigées, j’avais presque peur de me lancer dans la lecture de Chobits en me demandant si j’allais aussi être déçue par cette série -ce que j’aurais encore plus mal vécu. Ne dit on pas « jamais deux sans trois » ? Heureusement, CLAMP se confirme comme une valeur sûre dans le milieu du manga !

Ce tome met davantage l’accent sur la relation entre les humains puisque le Patron a enfin l’occasion de s’expliquer avec Yumi sur sa relation passée avec un ordinateur. En effet, pour rappel, Yumi a travaillé à la pâtisserie avant Chii et est tombée amoureuse de son gérant, avant d’apprendre que ce dernier avait épousé son PC et que le PC en question portait le même prénom qu’elle. L’explication sortie de son contexte parait effarante mais dans le prisme du manga, on comprend que le sujet est abordé pour offrir une forme de réflexion sur l’amour mais aussi sur la conscience et sur ce qu’on peut qualifier de « vivant ».

C’est aussi l’occasion de revenir un peu sur Minoru et son propre pc qu’il a construit à l’image de sa défunte sœur. Il l’a donc programmée pour être comme elle mais certains actes du PC posent question et laissent planer un doute sur la conscience développée par ces machines. La tension narrative reste à son comble et on se demande vraiment comment tout cela va se terminer.

Moderne et passionnant, voilà un manga que je ne regrette pas d’avoir découvert dans sa version papier. Il reste deux tomes avant la fin et je me réjouis de les lire pour vous proposer ensuite un article plus complet !

D’autres avis : pas que je sache !

Et voilà c’est déjà terminé ! J’espère que mes avis négatifs n’ont pas été trop désagréables à lire et que vous comprenez pour quelle raison je me sentais comme un devoir de rectifier ce que j’avais pu dire précédemment au sujet de ces séries. On se retrouve bientôt pour un épisode un peu plus positif !

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)

À l’ombre du Japon #34 { Comme sur un nuage #2 ; Nos temps contraires #3 }

Ohayô minasan !

Nouvel article manga consacré cette fois-ci à deux nouveautés chez l’éditeur Akata dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler sur le blog. J’aime beaucoup leur engagement à promouvoir la diversité et ces deux séries sont des réussites pour moi, si bien que j’attends toujours le tome suivant avec impatience. Allons un peu plus dans le détail…

10
On retrouve deux grandes parties au sein de ce volume. La première concerne l’amitié qui lie Sanada et Ayumi depuis l’école primaire. Noshiro comprend que la jeune fille voue à Sanada des sentiments qui semblent amoureux et essaie de les rapprocher, alors même qu’il sait que Sanada préfère les hommes ! Cela donnera lieu à des questionnements sur la nature de l’amour, sur le fait d’aimer ses amis et la différence entre amour et amitié. Est-ce vraiment si éloigné ? On sent beaucoup de maladresse dans le personnage de Noshiro qui essaie de bien faire, se démenant pour que tout le monde soit heureux. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions…

La seconde partie est consacrée à l’arrivée d’un nouveau protagoniste qui m’a vraiment gonflé : Makoto Morinaga. Il est également au lycée mais semble plus jeune d’un an ou deux que Noshiro, Sanada et Ayumi. Il est tombé amoureux de Noshiro en trois secondes à tout péter après que ce dernier ait performé lors d’une course relais. Depuis, il ne l’a plus lâché. Suite à un qui pro quo, Makoto est persuadé que Noshiro est homosexuel et donc qu’il a toutes ses chances avec lui ! Le flou va durer longtemps et c’est finalement Sanada qui va devoir régler la situation en mettant un peu de plomb dans la tête de ces deux andouilles.

Si j’ai retrouvé la bienveillance et l’intelligence dans le traitement des thématiques autour de la sexualité, ce nouveau personnage ne m’a pas vraiment convaincue et même plutôt refroidie. Comme la série s’achève au prochain tome, je vais tout de même l’acheter pour découvrir le dénouement mais je me demande un peu ce que ça va donner, vu la direction prise à la fin…

D’autres avis : Les blablas de Tachan – vous ?

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Encore un tome bourré d’émotions et de retournements de situation ! Comme le laisse penser la couverture, ce volume va davantage parler de Caesar et de Louis, du couple qu’ils forment, de comment ils en sont arrivés là et des conséquences que ça a sur leurs vies. Les deux néotènes souffrent et ne se comprennent décidément pas, ce qui va mener à des situations très problématiques, autant pour eux que pour Tara et Arata, leurs amis d’enfance.

Mais outre ces éléments, Gin Toriko va cette fois-ci évoquer un nouveau thème en lien avec la maladie de Daphnée, à savoir la pédophilie. On met ici en scène une déviance où la victime est manipulée puis punie par le système au contraire de son agresseur, ce qui révolte Tara et souligne un peu plus les disparités présentes dans cette société qu’on pourrait presque croire idéale au premier abord. La présence plus forte du personnage de Louis permet de le rappeler puisque, cynique et désenchanté, il met le doigt sur l’aspect plus sombre de cette vie dont il est déjà fatigué.

J’ai ressenti beaucoup d’émotions lors de ma lecture et un criant sentiment d’injustice mêlé à une bonne dose de frustration. C’est, finalement, la marque d’un bon manga puisque je me suis impliquée émotionnellement avec les personnages. Je suis très curieuse de découvrir la suite !

D’autres avis : Les blablas de Tachan – vous ?

Et voilà, c’est déjà terminé pour aujourd’hui ! J’espère que je vous ai donné envie de découvrir / continuer ces deux séries ou, en tout cas, de vous pencher sur le catalogue de l’éditeur. On se retrouve très bientôt pour parler d’autres suites.

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)

À l’ombre du Japon #31 { Anonyme ! #3 ; Les carnets de l’apothicaire #1 ; Blue Period #1 }

Ohayô minasan !

Comme souvent dans les parutions mangas, il y a eu beaucoup de nouveautés récemment et le hasard éditorial a fait que plusieurs qui m’intéressent sont tombées quasiment en même temps. J’ai donc acheté une suite et tenté deux premiers tomes. Hélas, parmi ces trois titres, il n’y en a qu’un pour m’enthousiasmer vraiment… Revenons dessus.

3
Je vous ai déjà évoqué le manga Anonyme ! avec une certaine dose d’enthousiasme pour l’histoire de ce lycée qui a assassiné son prof pour une raison mystérieuse (qu’on apprend assez vite mais je la garde sous silence) ce qui a bien entendu détruit sa propre vie et celle de sa famille. Le souci avec les histoires de ce genre c’est que, à mon sens, elles doivent être courtes pour conserver leur intérêt, leur dynamisme. Si le dessin est toujours bien maîtrisé avec un travail soigné sur les expressions du visage et le non verbal, l’intrigue en elle-même souffre de longueurs fatales et de retournements de situation vraiment peu subtils qui font que j’ai roulé des yeux et soupiré plus d’une fois. L’arrivée d’un personnage à la fin du tome 2 qui s’incruste beaucoup trop dans le 3 n’arrange rien, avec des réflexions vraiment limites que je ne vais pas retranscrire ici pour ne rien divulgâcher. Ce personnage, d’ailleurs, supposé être l’antagoniste de l’histoire, n’a aucun charisme ni crédibilité. Du coup, ses actions tombent à plat. Dommage parce qu’il y avait un énorme potentiel ! Mais les éléments de ce volume sont trop. Trop attendus, trop gros, trop tout. Si le tome 4 s’avère être le dernier, j’y jetterai probablement un œil mais je doute que ça soit le cas. Je vais donc probablement m’arrêter ici pour cette série… Dommage.

D’autres avis sur ce tome : pas encore à ma connaissance.

5
Blue Period est un manga artistique qui traite de peinture. On y suit Yatora, un lycéen en première qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie et n’a pas vraiment de passion, ce qui ne l’empêche pas d’étudier et d’obtenir de bons résultats tout en entretenant une vie sociale. Un jour, il voit une peinture au club d’art qui va bouleverser sa vie et lui donner envie de s’investir en cours artistiques. C’est le début d’un grand changement pour lui car désormais, Yatora sait qu’il souhaite intégrer une université pour étudier la peinture. Comme ses parents n’ont pas trop les moyens, il n’a pas le choix et va devoir décrocher une bourse à l’université des arts de Tokyo, la seule dont le cursus est financièrement accessible sans pour autant sacrifier à la qualité de sa réputation.

J’ai énormément entendu parler de ce manga sur la blogosphère et lu des retours assez enthousiastes à son sujet. Pour beaucoup, ça a été un coup de cœur ou en tout cas, une bonne découverte qui répondait totalement à leurs attentes. Peut-être que cette hype a joué sur mes espérances et que j’en attendais de trop… Toujours est-il que la magie n’a pas du tout opéré sur moi.

Une fois ma lecture entamée, j’ai rencontré plusieurs soucis. Déjà, le personnage principal m’a semblé très antipathique. J’avais un souci avec son attitude, avec la façon dont il réfléchit, dont il s’adresse aux autres, ça a été une réaction de rejet presque épidermique. Pourtant, objectivement, il n’est pas immonde. C’est un lycée bosseur qui trouve le temps de sortir avec ses amis, a priori il est plutôt dans la norme mais je l’ai trouvé très condescendant et agaçant, bref je n’ai pas réussi à me prendre d’affection pour lui et donc d’intérêt pour son histoire.

S’il n’y avait eu que ça, encore… Hélas, j’ai également eu le sentiment de lire un tome extrêmement long, beaucoup trop long même pour un tome 1. Il s’y passe plein de choses et paradoxalement, pas tant que ça avec énormément de digression sur l’univers de la peinture si bien qu’on est pas loin du tuto pendant une bonne moitié du titre. Pour moi, l’équilibre n’est pas encore optimal entre l’intrigue, les personnages et les informations autour du monde de la peinture. Je me suis régulièrement ennuyée et j’ai résisté à la tentation de passer des pages pour être sûre de ne rien louper. Sans succès, hélas. Enfin, je dois mentionner l’existence d’un personnage transgenre qui n’est vraiment pas bien exploité ni traité, je trouve, au point que pendant la moitié du manga je me demandais s’il n’y avait pas tout simplement eu une faute dans le pronom utilisé. C’est dommage parce qu’il y avait de la matière pour faire bien mieux et j’ai un peu le sentiment que l’auteur a voulu donner dans la représentation mais sans assumer. D’ailleurs, je dis transgenre mais j’utilise peut-être un mauvais terme car tout ce qu’on sait de ce garçon, c’est qu’il aime s’habiller et se comporter comme une fille. Iel n’est d’ailleurs pas le seul personnage dans ce cas puisque tous semblent inconsistants en dehors du prisme de Yatora. Comme je suis plutôt une lectrice sensible aux protagonistes, j’ai vraiment ressenti un gros regret sur cet aspect. La balance aurait du s’inverser avec moins de tuto et plus d’humain puisque ce premier volume est quand même assez épais, il aurait pu se le permettre. Cela ne signifie pas que le manga est mauvais, juste qu’il ne me convient pas en tant que lectrice.

Je vais donc arrêter ici ma découverte de cette série. Par contre, je vous mets des liens vers d’autres blogs qui ont un avis totalement différent du mien, pour vous permettre de faire efficacement le tour de la question.

D’autres avis : Songe d’une nuit d’étéLa pomme qui rougitL’apprenti OtakuLes voyages de LyLes mots passantsLes blablas de Tachan – vous ?

4
J’ai gardé le meilleur pour la fin ! J’avais un peu peur de découvrir les carnets de l’apothicaire, sans trop pouvoir expliquer pourquoi. Je crois que j’ai tellement pris l’habitude d’être déçue que j’ose à peine encore m’enthousiasmer à la découverte de nouveaux mangas, ces derniers temps. Je sais, ça fait très fille blasée mais bon ! Pourtant, j’aimais bien le chara-design montré sur la couverture et l’histoire semblait assez prometteuse : intrigues et poisons au cœur du palais impérial, forcément… Ça commençait bien !

Et de fait j’ai tout de suite accroché au personnage de Mao Mao qui est une fille passionnée par son art d’apothicaire au point de mener des expériences sur son propre corps. Il n’y a que cela qui l’intéresse, elle reste même de marbre face au beau gosse de l’histoire, j’en aurais pleuré de bonheur. Du coup, je n’ai eu aucun mal à m’intéresser à l’intrigue : plusieurs bébés impériaux meurent les uns à la suite des autres sans qu’on ne sache pourquoi, au point de croire que le palais est maudit. Mao Mao comprend rapidement ce qui arrive parce qu’elle a connu un problème similaire dans son ancienne vie du quartier des plaisirs. Elle prévient donc les mères en restant anonyme, trahissant sa capacité à lire et écrire… Hélas (enfin à voir sur le long terme si c’est hélas ou heureusement !) elle est démasquée et prise au service de la favorite de l’empereur dont le bébé survit. La voilà donc qui se retrouve sur le devant de la scène, en quelque sorte… Avec tout ce que ça implique.

Ce premier volume pose non seulement l’univers et son personnage principal mais propose aussi un début d’intrigue accrocheur. Les informations sont mises en scène avec cohérence, rien ne parait artificiel. Tout est fait pour immerger le lecteur et cela a totalement fonctionné avec moi. J’espère ne pas m’emballer trop vite mais j’ai vraiment hâte de lire la suite !

Notez que les carnets de l’apothicaire est l’adaptation en manga d’un roman du même nom et la lecture de ce premier tome me donne vraiment envie de lire ce texte sous ce format ! J’espère que Ki-oon nous en donnera l’occasion également.

D’autres avis : L’apprenti OtakuLes voyages de LyLa pomme qui rougitles blablas de Tachan – vous ?

Et voilà c’est déjà terminé pour cette fois ! J’espère que ça vous a plu, n’hésitez pas à me donner votre avis sur ces tomes ou ces séries si vous avez eu l’occasion de les lire 🙂

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)

À l’ombre du Japon #30 { Beastars #14 ; Sayonara miniskirt #2 ; derrière le ciel gris #2 }

Ohayô minasan !

Nous voici déjà de retour pour un nouvel épisode d’à l’ombre du Japon qui va évoquer des suites et quelles suites ! Du très bon voir de l’excellent pour les titres concernés mais ce n’est pas une très grande surprise quand on voit Beastars dans le lot, n’est-ce pas ? Pourtant, un titre a moins réussi à me convaincre malgré un excellent premier tome et de lourdes attentes à son sujet…

9
Commençons par le tome 14 du manga de Paru Itagaki, publié chez Ki-oon qui signe ENFIN le retour de Haru sur le devant de la scène. Même si les tomes précédents ne manquaient ni d’enjeux ni d’intérêt, je regrettais que la relation entre Legoshi et elle soit mise de côté. Comme si Paru Itagaki avait entendu ma prière, voilà qu’elle consacre une bonne partie de ce volume à développer un nouveau prisme de leur relation qui colle des frissons, surtout la scène dans la boucherie (les lecteurs comprendront, je ne veux pas divulgâcher pour les autres parce que franchement… waw). Mais ce n’est pas tout puisque ce volume permet également la rencontre de Legoshi avec le Beastars actuel, Yahya, qui est assez terrifiant puisqu’il inverse les rôles habituellement dévolus aux herbis et aux carnis rien qu’à sa manière de faire pousser des carottes…

Une fois de plus, la mangaka démontre son talent pour enrichir son univers en proposant un tome sans temps morts qui n’oublie aucun élément en route. Cette maîtrise narrative est bluffante et le manga multiplie les scènes clés, les scènes chocs, pour devenir un vrai petit bijou à la hauteur des volumes précédents. Je n’ai qu’une hâte : lire le tome 15 !

D’autres avis : Les blablas de Tachan – vous ?

10
Souvenez-vous, j’avais consacré un article entier au premier tome de Sayonara Miniskirt et cet article datait déjà du mois de septembre 2020. J’y parlais de la manière dont la femme se définit au 21e siècle, du rapport au corps et la façon dont la société le considère, la pression qui s’exerce sur les femmes, sur leur être, leur paraître, ainsi que le harcèlement et le commerce de rêve / fantasme du monde des idols. Je trouvais la mise en place très réussie et inspirée, j’avais donc grand hâte de découvrir la suite. Je n’ai pas été déçue !

Déjà, le volume s’ouvre sur un rappel bienvenu des personnages et un résumé de l’intrigue (tout comme Beastars d’ailleurs) ce qui permet d’entamer la lecture avec les idées claires. À la fin du premier tome, Nina avait accepté de monter en voiture avec Hikaru, montrant ainsi sa confiance en lui alors même que des soupçons pesaient quant au fait qu’il soit son harceleur. Ce tome va davantage se concentrer sur le personnage de Miku Nagasu dont j’ai déjà pu parler précédemment en ces termes : Ce personnage est ambigu et m’inspire un profond sentiment de pitié car très clairement, Miku incarne la construction sociale dans laquelle beaucoup de filles / de femmes sont enfermées. Cette réflexion se révèle d’autant plus vraie ici que Miku se positionne comme une petite garce jalouse de la relation naissante entre Nina et Hikaru. Si bien que quand des preuves d’un harcèlement envers elle sont révélées, on a du mal à y croire et on songe directement à une espèce de plan machiavélique de sa part. Aoi Makino a bien joué son coup ici car les rebondissements s’enchaînent, les questions se multiplient, l’intérêt est maintenu sur l’intrigue puisque rien n’est réellement résolu ici. Tout fonctionne au point de vouloir enchaîner directement sur le troisième tome.

La seule chose qui m’effraie un peu c’est la toute fin du tome car j’ai peur qu’on tombe dans le drama lycéen classique et que la problématique de départ, si importante et parlante, soit éclipsée par cela. Néanmoins, je dois dire que ces éléments sont amenés correctement et l’évolution du personnage de Nina reste très cohérente. C’est un plaisir !

D’autres avis : Les voyages de LyLes blablas de Tachan – vous ?

12
J’avais parlé du premier tome au mois de mars 2020 lors de sa sortie et ç’avait été un gros coup de cœur. Quasiment une année s’est écoulée depuis ma lecture et j’avoue que le concept n’était plus très frais dans mon esprit. À nouveau, je dois déplorer l’absence d’un rappel en début de tome… Ce serait vraiment bien que tous les éditeurs systématisent sa présence. Toutefois, j’avais ma chronique sous la main alors ce n’était qu’un moindre mal. Je me suis lancée dans cette suite en espérant retrouver les qualités du premier volume et si ça a été le cas pour l’ambiance et pour le chara-design, je dois malheureusement avouer que l’intrigue piétine, tourne en rond et que mon intérêt n’a pas du tout été maintenu.

C’est le souci quand on se lance dans une histoire comme celle-là où tout tourne autour du meurtre et de qui va tuer qui, d’autant plus quand il y a une date limite pour agir avant de se condamner soi-même. En effet, si Kumorizora n’exécute pas sa cible en faisant passer ça pour un suicide dans les plus bref délais, il perdra ses pouvoirs, comme ce fut le cas pour Aozora (la cible en question) avant lui et deviendra donc probablement une cible à son tour. Un troisième protagoniste commence d’ailleurs à le contrôler au bout d’un moment, pendant que Kumizora est occupé à essayer de rendre à Aozora le goût à la vie, afin que sa mort ait un intérêt pour lui. Le principe de base reste assez malsain, le chara-design reste maîtrisé sur les émotions mais on s’ennuie, sincèrement. Les retournements de situation n’ont pas de réel impact parce qu’ils sont trop gros et ça tire trop en longueur. Ç’aurait pu être un magnifique one-shot, dommage ! À moins que la série se termine sur le tome suivant, je ne pense pas poursuivre ma découverte.

D’autres avis : pas encore à ma connaissance.

Et voilà c’est déjà terminé pour cette fois ! J’espère que ça vous a plu, n’hésitez pas à me donner votre avis sur ces tomes ou ces séries si vous avez eu l’occasion de les lire 🙂

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)

À l’ombre du Japon #29 { Chobits #5 ; Reborn ! #1 ; Tokyo Revengers #10 }

Ohayô minasan !
Nous voici déjà de retour avec un épisode consacré aux trois premiers mangas lus en 2021 ! Et c’était plutôt pas mal comme cuvée…

3
Je n’ai pas encore évoqué Chobits sur le blog en format tome par tome. Je vous en ai parlé au détour d’un article ou l’autre, notamment dans les mangas que je vous conseillais de mettre sous le sapin en 2020 maiiiis voilà, j’ai envie de vous écrire quelques mots sur ce cinquième tome qui sert un peu de transition, apporte de nouveaux éléments et surtout, amorce une thématique qu’on connait bien quand on évoque des robots à apparence humaine : peuvent-ils remplacer l’humain en tant que personne genrée et donc, par extension, membre d’un couple ?

C’est quelque chose dont le tome 4 parlait déjà avec un retour sur le passé du patron de la boulangerie où Chii travaille. La fin du tome 5 le rappelle et remet le lecteur en face de ces questions compliquées qu’on a tendance à un peu oublier au contact de Chii et Hideki. De plus, depuis le tome précédent, Chii a été enlevée par un informaticien obsédé par les légendaires Chobits. Il est persuadé que Chii en est un et va tout mettre en œuvre pour percer ses secrets. Ainsi formulé, on oublie d’autant plus aisément que Chii est, en théorie, un simple ordinateur… C’est d’autant plus vrai que Hideki se morfond d’inquiétude à l’idée qu’on lui fasse le moindre mal, là où son ami Shinbo va justement incarner la « voix de la raison » pour lui rappeler que dans le pire des cas, il suffira d’effacer sa mémoire, car Chii n’est qu’un programme.

Mais l’est-elle vraiment ? Les quelques passages avec la mystérieuse autrice du livre pour enfant (dont je tais à dessein l’identité pour ne pas trop vous divulgâcher des éléments importants) qui semble raconter les éléments de la vie de Chii et Hideki laissent à penser que non et que le créateur de Chii poursuivait justement un certain but en la créant. Personnellement, j’imagine qu’il cherchait à prouver que les programmes peuvent développer des émotions mais je me trompe peut-être ? À voir.  Bref, cette intrigue ainsi les réactions des différents personnages permettent de construire un fond réflexif assez solide tout en donnant la parole à chaque point de vue sans pour autant oublier l’intérêt de l’histoire en elle-même. Un beau boulot et je n’ai qu’une hâte : lire le tome 6 !

D’autres avis sur ce tome : pas encore mais cela ne saurait tarder !

4
Lilysatis (aka Aurélie Mendonça) m’a offert le premier tome de Reborn ! lors d’un concours et j’étais très curieuse de découvrir ce manga qui compte tellement à ses yeux qu’elle en a tatoué l’un des personnages sur sa peau. Je dois dire que la lecture de ce premier tome m’a décontenancée… Et je vais tenter de vous expliquer pour quelle raison.

Déjà, le pitch de base n’est pas (si) banal : Tsunayoshi Sawada est un raté autant sur un plan scolaire que sportif. Sa mère décide donc d’engager un prof particulier, Reborn, qui est… un bébé en costume (?!) mais aussi le plus puissant tueur à gage de la mafia italienne. Il travaille d’ailleurs pour la famille Vongola dont le chef l’a envoyé au Japon pour former Tsuna à prendre sa suite puisque tous les autres candidats sont morts et qu’il est le dernier avec du sang Vongola dans les veines. Ma première réaction à la lecture du résumé a été de sourire et de penser : mais what the fuck ?!

On sent directement qu’il ne faut pas attendre de ce titre quelque chose de sérieux et juste se laisser porter par le délire. Il se passe d’ailleurs plein de choses pendant ce premier tome, presque… trop de choses si on veut être honnête. Les gags s’enchainent au point de devenir prévisibles et un peu lourds, des personnages arrivent trop rapidement, ça part dans tous les sens et dans tous les excès avec le concept de balle de la dernière volonté. En deux mots, il s’agit d’une technologie propre à la famille Vongola qui fait que quand on tire dans une partie du corps avec, on obtient un pouvoir spécifique et si elle « tue » elle ramène sa victime à la vie avec une énergie supérieure qui la pousse à accomplir sa dernière volonté. Au bout de cinq minutes, la personne redevient totalement normale. Par contre si on tire sur quelqu’un qui n’a pas de regret et donc de dernière volonté, la balle sert juste à le / la tuer…

Les idées sont présentes, hélas c’est un peu trop brouillon à mon goût et si j’ai souri une fois ou deux, j’ai quand même trouvé ce tome assez long, lourd, sans réussir à comprendre où le mangaka voulait aller. Je me suis alors renseignée, perplexe, pour comprendre ce qu’Aurélie trouvait de si extraordinaire à ce manga et je suis tombée sur un article qui expliquait qu’au tome 8 (la série en compte 42) le manga prend un tournant radical, gagne en sérieux, se complexifie, etc. Je pense donc continuer à découvrir cette série pour juger par moi-même mais plutôt en l’empruntant dans une bibliothèque. Après, honnêtement, si je n’avais du me fier qu’à ce premier tome sans savoir à quel point cette série comptait aux yeux d’une autrice que j’apprécie, j’aurais cessé l’aventure aussi sec. Comme quoi, parfois, cela vaut peut-être la peine d’aller un peu plus loin… Suite au prochain épisode donc !

D’autres avis sur ce tome : SunreadAsia4Ever2 – vous ?

5
Je vous ai parlé du tome 9 sur le blog à la fin du mois de novembre en partageant une réflexion au sujet des suites qui mettent trop longtemps à sortir (à mon goût) et font que mon intérêt a tendance à décliner, sauf pour de rares titres. Cela commençait à être le cas avec Tokyo Revengers mais le dixième opus a prouvé que, quand un mangaka s’en donne la peine, même plusieurs mois entre deux tomes ne constituent pas un réel problème pour stimuler l’intérêt des lecteurs. Je trouve que ce volume rend un nouveau souffle à la série et gagne encore en violence avec des enjeux qui se précisent et des décisions à prendre qui ne sont pas évidentes sur un plan moral. Une fois de plus, Takemichi a du retourner dans le passé afin d’empêcher un affrontement entre le Toman et le Black Dragon dont l’issue risque de changer totalement la personnalité de Hakkai, avec les conséquences que l’on sait sur le futur. Mais cette fois, il ne devra pas trouver seul des solutions puisqu’il va avouer toute la vérité à quelqu’un…

Même si je n’ai eu aucun mal à me replonger dans l’histoire, je regrette toujours que l’éditeur (ou le mangaka ?) n’ajoute pas un récapitulatif des personnages et des tomes précédents au début de cette série alors que ça se fait régulièrement ailleurs (et même chez Glénat de mémoire). Son absence pose un vrai problème à mon sens pour des tomes un peu plus « faibles » ou « de transition » comme l’était, par exemple, le 9.

D’autres avis sur ce tome : pas encore mais cela ne saurait tarder !

Et voilà c’est déjà terminé ! Il faut dire qu’il n’y a pas toujours énormément à écrire au sujet des suites et c’est bien pour ça que je rassemble plusieurs tomes en un seul article. N’hésitez pas à me donner vos propres impressions dans les commentaires 🙂

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)

À l’ombre du Japon #28 { Black Butler : arc music-hall, coup de théâtre & flashback }

Ohayô minasan !
Comme vous le savez peut-être si vous suivez le blog avec assiduité, j’ai décidé de relire le manga Black Butler en 2020 et ce pour plusieurs raisons. Déjà, au premier confinement, je suis tombée à court de manga… Ensuite, l’arc actuellement en cours de publication me laissait perplexe et je voulais relire toute la série en possédant les informations qu’il contient pour voir si ça sortait vraiment de nulle part ou pas. Ainsi, je vous ai d’abord parlé des trois premiers tomes avant de m’arrêter sur le Prince Sôma et sur l’arc Noah’s Ark Circus pour continuer sur les meurtres au Manoir ainsi que sur le fameux Book of Atlantis. À partir de ce moment-là, j’ai cessé de regrouper les arcs par deux pour consacrer un article complet par arc puisque les suivants se révèlèrent plus dense. Je vous ai donc parlé du Weston College puis de Sieglinde Sarivan.

Cet article sera donc dédié à ce que je vais appeler « l’arc music-hall » qui introduit l’arc narratif en cours de publication puisque sa semi résolution va se conclure sur un coup de théâtre, un retournement de situation totalement inattendu qui, quand je l’ai lu pour la première fois, m’a franchement laissée à deux doigts de balancer le manga à l’autre bout de la pièce alors qu’on parle de ma saga favorite là… Vu où nous en sommes, il est évident que cet article contiendra des éléments d’intrigue. Vous êtes donc prévenus si vous choisissez de le lire !

Le retour des P4 et l’arrivée des idoles.
Souvenez-vous, dans l’arc du Weston College, j’ai évoqué quatre préfets pour chaque maison existante au sein de l’institution. Ces préfets ont été renvoyés à la fin de l’arc concerné puisqu’ils avaient commis un crime odieux, même s’ils avaient ce qu’on peut appeler de bonnes raisons / des circonstances atténuantes. On les retrouve ici en idoles, impossible d’utiliser un autre mot que celui-là puisque Yana Toboso s’amuse à transposer dans l’Angleterre victorienne ce concept japonais très contemporain. Les P4 deviennent un groupe de chanteurs et performeurs, les Stars Four, qui attirent en masse le public au sein du music-hall.

L’existence de cet endroit inquiète la Reine puisque les gens s’y rendent sans distinction de classe sociale, qu’on y sert gratuitement de la nourriture à tous et que sa fréquentation semble créer une addiction. C’est donc assez naturellement que le Noble du Mal (Ciel, pour ceux qui ne suivent pas) est dépêché sur place pour enquêter, d’autant plus qu’Elisabeth (la fiancée de Ciel) semble également tombée dans les filets de cette organisation.

Commence alors une enquête qui permet à la fois de découvrir les premiers balbutiements de la transfusion sanguine tout en montrant à quel point on peut facilement manipuler une foule quand on a la bonne méthode. Je me réjouis de voir ce que donnera l’adaptation animée, s’il y en a une, parce que les chansons risquent d’être géniales ! Bref, on se rend rapidement compte que ce music-hall n’est pas clair, sans pour autant se douter d’à quel point tout cela va loin…

Malgré l’aspect idole un peu comique et quelques scènes franchement drôles, cet arc marque selon moi un tournant au sein du manga puisqu’il est plus sombre et plus violent que les tomes précédents et ce, de manière plus franche. Déjà par les nombreux cadavres qui le parsèment mais aussi par ce qui arrive à Aghni et le retour fracassant de quelqu’un d’inattendu à la toute fin du 26e tome, ce qui donne lieu à un long flashback qui durera un tome entier (le 27e).

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Le passé de Ciel.

On apprend en effet que Ciel avait un frère jumeau qu’il a vu mourir de ses yeux et qui, pourtant, se tient devant lui. On comprend alors que le Ciel, qu’on suit depuis le début du manga, est un imposteur, une « pale copie » comme il se qualifie lui-même. Le lecteur est ainsi plongé dans une réécriture de l’histoire des Phantomhive puisque tous les acquis, toutes les certitudes, volent soudainement en éclat. Et à ma première lecture, je dois dire que j’étais assez contrariée de ce choix scénaristique qui sortait littéralement de nulle part. Sauf que quand on relit la saga avec cette information, on se rend compte que tout s’emboîte bien (selon moi en tout cas) et on peut même justifier le fait que personne n’a jamais évoqué l’autre jumeau par une pudeur toute britannique face au deuil de Ciel (qui n’est pas Ciel donc mais se faisait passer pour lui ! Ce qui explique aussi que Sebastian ne l’appelle jamais par son prénom, puisqu’il ne peut pas mentir… Bien vu non ?). C’est toujours un brin gros mais disons que ça passe.

Ce tome flashback met donc en scène les jumeaux, Vincent et Rachel Phantomhive (leurs parents), leur si belle vie de famille jusqu’au 14 décembre soit le 10e anniversaire des jumeaux, où tout le monde est massacré et les deux enfants enlevés par une secte satanique qui va « souiller leur âme » (je reprends leurs mots, on comprend par quelques cases pudiquement esquissées ce que ça signifie dans les faits et j’ai vraiment apprécié que Yana Toboso ne tombe pas dans le voyeurisme malsain puisque ces horreurs ont encore plus de poids sans être montrées directement) pour les sacrifier et tenter d’invoquer un Diable.
Et la boucle est bouclée.

C’est d’ailleurs l’occasion de voir précisément comment Ciel et Sébastian ont passé leur pacte, en quels termes et d’être un brin, peut-être, interloqués par le sang froid de ce garçon d’une dizaine d’années à peine qui réussit habilement à négocier avec un tel être. Mais bon, on connait l’intelligence de Ciel, sa ruse et on peut trouver quelques justifications pour étouffer toute crédulité. D’autant que si on arrive à presque trente tomes de lus, on ne s’arrête pas à si peu. On sait que Ciel est intelligent et qu’il a été forgé dans les épreuves.

Voilà donc où nous en sommes sur l’arc en cours de publication : deux « comtes » de Phantomhive, un légitime et l’autre qui a pris sa place pendant deux ans, qui vont s’affronter probablement et révéler les derniers secrets qui entourent cette famille ainsi que, on l’espère, l’origine du drame qui les a frappé dont on ne connait toujours pas l’instigateur. Je vais reprendre tranquillement ma lecture de la série avec les tomes 28 et 29 et attendre que l’arc se termine pour vous en reparler à l’avenir sur le blog.

Dix ans de Black Butler.
C’est dans le tome 25 que Yana Toboso dessine un chapitre spécial autour de Halloween pour fêter les 10 ans du manga. Dix ans ! Incroyable non ? Et je pense que j’ai commencé ma lecture peu de temps après la sortie du tout premier tome… Black Butler est indubitablement la série à laquelle j’accroche le plus sur le long terme et qui gardera toujours une place spéciale dans mon cœur. Je suis contente d’avoir pris le temps de vous en parler à travers une série d’articles sur le blog et j’espère que cela vous a plu même si j’ai conscience que parler d’une série en cours en évoquant des éléments d’intrigue peut poser des problèmes à celles et ceux qui ont pour projet de la lire. Mais bon, j’avais quand même très envie de vous faire partager ma passion pour ce titre et c’est à présent chose faite !

Mata itsu ka, ja ogenki de !
( À bientôt et prenez soin de vous !)