Voilà un moment que j’hésitais à lancer ce format d’article, surtout que les abandons s’enchaînent cette année. Je n’ai pas toujours envie d’évoquer tous les textes que j’abandonne et ce pour diverses raisons mais les cas présentés ici sont particuliers. Déjà, il s’agit de service presse alors si on prend le temps de me les envoyer -sous divers formats- je peux bien prendre le temps d’écrire un mot à leur sujet. Surtout quand, objectivement, ce sont de bons livres dont le seul tord est de ne pas correspondre à mes goûts de lecture.
Je me propose donc d’aborder chaque texte séparément puis de tirer un constat général. Après chaque court retour, je vous référencerais d’autres chroniques qui offre un regard différent du mien sur ces romans, afin de vous permettre d’accéder à davantage d’avis.

L’histoire se déroule en 1938 au sein d’une uchronie où le point de divergence se situe après la Première Guerre Mondiale, notamment dans les vainqueurs qui redessinent le paysage politique. On a d’un côté la Grande-Bretagne et de l’autre la Russie qui, comme de juste, continuent de se méfier l’un de l’autre. Ce n’est pas la seule chose qui a changé car côté anglais, on a découvert Summerland à savoir l’endroit où on se rend après la mort. Il est donc possible désormais de discuter avec des gens décédés et toute la société s’est construite autour d’un système de ticket à avoir au moment de son décès pour ne pas se perdre. Le concept est très pointu et intéressant. Hélas, passé la découverte initiale, ça devient vite ennuyeux à mon goût.
C’est la chronique d’Apophis qui avait attiré mon attention sur ce roman et donné envie d’essayer, ce qui est assez paradoxal puisque les éléments qui m’ont finalement poussé à abandonner ont tous été détaillés dans son retour très complet. Ce qui, pour lui, étaient des qualités ont, pour moi, été source d’ennui ce qui rappelle aussi qu’il peut être intéressant et même important de parler d’une lecture décevante puisque cela pourrait donner envie à d’autres personnes de lire le livre en question. Ce qui nous déplait peut séduire d’autres lecteurs et vice versa.
Histoire d’être un peu plus claire : je suis intellectuellement capable de reconnaître la qualité de l’univers qui a été construit ainsi que son ambition mais je ne suis pas parvenue à m’intéresser aux personnages qui ont plus une fonction qu’une âme, ce qui est un gros handicap pour moi qui ne peut pas me contenter d’une bonne idée, surtout pas sur un format long. De plus, l’intrigue type espionnage dans les années 30 n’est pas ce que je préfère, même au sein d’une uchronie, sans que je puisse vraiment donner une raison recevable à ça autre que : les goûts et les couleurs. La mise en scène du sexisme propre à l’époque sert à le dénoncer mais ça ne suffit pas pour relever mon intérêt.
Il paraît que le livre s’épanouit dans son dernier tiers sauf que je suis assez lassée de devoir me taper deux tiers d’un livre ennuyeux pour enfin arriver à quelque chose d’excitant. Ce n’est pas le type de construction narrative qui me convient, j’ai donc décidé de ne pas poursuivre la découverte.
D’autres avis : Le culte d’Apophis – Au pays des cave trolls – Les lectures du Maki – L’Épaule d’Orion – Le Dragon Galactique – Gromovar – vous ?

Unity est un roman cyber-punk / thriller / post-apo / sûrement d’autres genres que j’oublie. L’humanité vit en partie sous l’océan, dans des cités bulles qui sont sous le contrôle d’une puissance totalitaire. Pourquoi vivre sous l’eau ? Parce que sur la terre, c’est bien foireux et il ne reste pas grand chose hormis du désert -ce qui n’empêche pas les gens d’essayer d’y survivre. Dans ce contexte, on rencontre Danaë, une femme pas comme les autres qui s’avère rapidement être plus qu’une humaine : elle porte en elle une sorte de conscience collective dont on ne savait pas grand chose au moment où j’ai arrêté ma lecture.
Encore un roman repéré chez Apophis (décidément on n’est plus sur la même longueur d’onde en ce moment) que j’ai reçu un peu par hasard en demandant les sorties de la rentrée littéraire chez AMI (j’entendais par là Marguerite Imbert et Émilie Querbalec). Comme il a été envoyé avec les autres fichiers, j’y ai quand même jeté un œil et ce qui m’a perdue ici, c’est l’absence de contexte clair. Il y a bien trop d’informations, données trop vites et trop mélangées. J’ai eu le sentiment que l’autrice avait une check-list de thèmes et de concepts qu’elle voulait absolument aborder et qu’elle avait peur d’en oublier si elle ne s’y mettait pas directement. On se retrouve balancé au milieu de l’intrigue sans avoir les bases de l’univers ce qui implique un vocabulaire spécifique qui ne renvoie à rien pour la lectrice novice en SF que je suis, ce que j’ai un temps mis de côté pour essayer de me plonger dans l’intrigue sauf que celle-ci prend la forme d’une sorte de course poursuite. Quelqu’un veut tuer le personnage principal, qui elle veut s’enfuir d’une cité sous-marine pour ne pas mourir, c’est un trope qui m’ennuie au plus haut point parce que c’est rare de croiser un·e auteur·ice qui maîtrise la tension narrative.
Pour ne rien arranger, je n’ai pas accroché au personnage de Danaë, je trouvais Alexeï plus intéressant mais cela n’a pas suffit pour me donner envie de continuer à tourner les pages. Enfin, l’ambiance « régime totalitaire et complot global » me hérisse depuis quelques mois, je ne le gère plus bien du tout. Sans doute l’écho avec notre réalité, notre quotidien. J’ai envie d’un autre genre de lecture.
D’autres avis : Le culte d’Apophis – Les lectures du Maki – Outrelivres – Le nocher des livres – Gromovar – vous ?

Yorick est un mercenaire qui a quitté Ymir, sa planète natale, bien des années plus tôt en jurant de ne plus jamais y remettre les pieds. Le problème, c’est que son employeur se moque pas mal de ses états d’âme et le détourne durant sa stase pour l’envoyer chasser le grendel -un genre de monstre cybernétique. À cette traque va se mêler des échos du passé de Yorick et notamment le retour de son frère, qui lui a arraché la mâchoire bien des années plus tôt.
J’ai déjà parlé plus d’une fois de Rich Larson sur le blog, que ce soit pour l’excellent recueil La fabrique des lendemains ou pour ses nouvelles parues dans le Bifrost. De mémoire, je n’avais pas encore été déçue par l’auteur et il fallait bien que ça arrive un jour. C’est juste dommage que ce soit avec son premier roman…
J’ai décidé d’arrêter ma lecture à la moitié pour plusieurs choses : déjà, à nouveau, l’ambiance. On est sur une planète inhospitalière, on évolue dans des bas-fonds crasseux, il y a une méga entreprise hyper totalitaire, c’est très sombre, oppressant, ça ne correspond pas du tout à ce que j’ai envie / besoin de lire pour le moment.
Pourtant, j’ai persévéré parce que je connaissais déjà le travail de l’auteur et que j’avais confiance. Je me disais qu’il méritait bien que je m’accroche un peu, que je lui laisse le bénéfice du doute. Hélas, j’ai rapidement eu l’impression que l’histoire racontée aurait pu aisément tenir dans une novella et que le roman souffrait de longueurs, de digressions, sans parler des flashbacks nébuleux mélangés à des trips de drogue qui n’aident pas à s’accrocher malgré la brièveté de ses chapitres parfois longs de deux ou trois pages seulement. Ce dernier point a été relevé comme négatif par d’autres mais c’est quelque chose que j’ai apprécié et qui m’a d’ailleurs poussé à aller aussi loin dans ma lecture.
Autre élément en faveur du roman : le personnage de Yorick et la mise en scène de ses pulsions autodestructrices. C’est quelque chose qui m’accroche bien en général sauf qu’ici, ça manquait d’âme par moment, de sentiments, de densité, comme si l’auteur n’arrivait pas bien à jongler entre son univers, son intrigue et son protagoniste au point de me perdre en route car mon intérêt pour Yorick n’a pas suffit à éclipser mon malaise face à l’univers. Même s’il a des qualités indéniables, ce ne sont pas celles qui m’attirent dans un roman, encore moins en ce moment. Je tournais les pages sans réelle envie d’en savoir plus, ce qui a conduit à mon abandon un peu après la moitié du livre.
D’autres avis : Le nocher des livres – l’Épaule d’Orion – Le Dragon Galactique – Anudar – Au pays des cave trolls – vous ?
Quelles conclusions en tirer ?
Depuis quelques mois, il semble évident que je ne suis plus du tout attirée par les romans étouffants, crasseux, qui mettent en scène des régimes tyranniques et la misère humaine. Peut-être (sans doute) que ça a un rapport avec l’actualité, peut-être que mes goûts évoluent simplement, mais je recherche tout autre chose dans mes lectures. Le souci, c’est que je ne sais pas quoi précisément donc je navigue en aveugle, au petit bonheur la chance.
Je suis aussi de plus en plus attirée par le format court. Ces romans ne sont pourtant pas très épais, ils font entre 350 et 450 pages ce qui est dans la norme et même dans la norme basse mais j’ai remarqué que j’éprouvais davantage d’indulgence envers une nouvelle ou une novella qui m’ennuie qu’un roman. J’ai besoin d’un certain type de construction narrative pour m’accrocher sur le long terme et surtout, de m’intéresser aux personnages. J’ai besoin qu’ils aient une âme, pas juste qu’ils servent une intrigue ou jouent les pantins dans un monde-super-bien-construit-pour-nous-en-mettre-plein-la-vue.
Je ne suis pourtant pas mécontente d’avoir essayé de les lire car même si j’ai abandonné en cours de route, l’expérience m’a appris des choses sur moi-même et permis d’affiner davantage mes critères de sélection d’un livre. Une chance que ça ait chaque fois été avec des services presses numériques (à l’exception d’Ymir qui, avec l’accord du Bélial, sera offert à la bibliothèque de mon village afin d’en faire profiter le plus grand nombre), si bien que ça n’a rien coûté à personne hormis un mail et un peu de temps.
Et vous, est-ce que vous avez abandonné un livre récemment ?