Montres Enchantées (anthologie, première partie)

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Montres Enchantées
est une anthologie de nouvelles issues du genre steampunk et ayant pour thème le temps. Publié aux Éditions du Chat Noir, vous pourrez la trouver uniquement au format papier au prix de 19.9 euros.
Lecture dans le cadre du Projet Maki !

De quoi ça parle ?
L’anthologie a pour thématique le temps qui passe et ses effets sur les gens. Clairement inscrite dans l’esthétique du steampunk, elle propose de découvrir 17 nouvelles d’auteurs et autrices francophones.
Par facilité et afin de ne pas proposer un article trop long, j’ai divisé la lecture de cette anthologie en deux parties. Dans cet article, je vais vous parler des huit premières nouvelles à côté desquelles je vais noter la date de ma lecture (pour valider le challenge 😉 ).

22/3 : Et depuis, je compte les heures – Geoffrey Legrand
Dans un Londres du 19e siècle, Laëtitia Burrows rentre de trois mois d’étude à l’étranger quand elle se fait agresser en sortant de la gare. Sauvée par Henry Mullane, le contrôleur du train, elle se rapproche de lui jusqu’à découvrir son secret : suite à une blessure de guerre, son cœur est mécanique et il doit le remonter à l’aide d’une montre au risque qu’il ne s’arrête. Et Henry compte bien se venger du responsable de son état, qui est aussi celui de la mort de ses camarades.
Geoffrey Legrand traite une thématique assez classique (la vengeance) d’une manière efficace. Ses protagonistes fonctionnent bien ensemble, on n’a aucun mal à s’y attacher malgré la taille du texte. On sent venir les rouages narratifs mais on se laisse volontiers porter par le style d’écriture efficace.

22/3 : Comment meurent les fantômes – Sophie Dabat ♥
Dans un monde futuriste qui a régressé dans une ambiance steampunk victorienne, Doris utilise la montre de sa grand-mère pour voyager dans le passé et fuir un quotidien solitaire. Elle revit des évènements heureux de sa vie d’avant, au risque de s’y perdre définitivement…
Sophie Dabat traite ici avec brio de la fuite du réel, de l’addiction et de la tentation : celle de fuir une réalité trop difficile. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour le personnage de Doris et j’ai trouvé cette nouvelle très poétique, surtout grâce à sa fin. Un gros coup de cœur !

23/3 : Le toquant – Clémence Godefroy ♥
Cette nouvelle précède le roman Eros Automaton de la même autrice, que j’avais lu il y a quelques années (avant d’avoir le blog) et dont je conserve un très bon souvenir. Dans le Toquant, nous suivons Lucien qui passe son diplôme de soignant à l’institut d’automatie. Il y présente Léonie, son projet et une automate pour lequel il ressent des inclinaisons coupables. Comme dans son roman, Clémence Godefroy évoque la question d’âme et de conscience chez les automates et le tabou qui entoure leur relation avec les humains. Ça a été un vrai plaisir de replonger dans cet univers, ça m’a donné envie de relire le roman. J’attends avec impatience tout autre projet qui se déroulera dans le même monde ! On me souffle d’ailleurs dans l’oreillette que c’est en cours 😀 Joie !

23/3 : Allergène – Hélène Duc
Dans un 19e siècle technologiquement très avancé grâce au voyage dans le temps de Wells (oui, celui-là), Will est allergique au temps sous toutes ses représentations. Dans le genre pas de bol.. Ne lui montrez pas une horloge, ça pourrait le tuer. J’ai accroché avec enthousiasme à ce postulat de départ mais malheureusement, l’autrice en fait trop à mon goût. Son univers est référencé à outrance avec toutes les figures fameuses de l’époque. On croise même Sherlock Holmes… C’est le genre de choses qui a le don de me refroidir. De plus, la nouvelle ne comporte pas de dialogue. Elle est très descriptive, dans l’exposition. Ce n’est pas du tout un choix narratif qui me plait donc je suis malheureusement passée à côté. Dommage !

24/3 : Tourbillon aux Trois Ponts d’or – Fabien Clavel
Les inspecteurs Fredouille et Ragon enquêtent sur un meurtre surprenant en chambre close où la victime a reçu un carreau d’arbalète dans le front. Fabien Clavel exploite intelligemment la thématique du voyage dans le temps et propose deux personnages forts, intelligents, auxquels on s’attache aisément. Il donne même dans la diversité puisque Ragon est un homme obèse ! Ça peut paraître surprenant, mon besoin de le préciser, mais je me suis rendue compte que ça n’arrive pas très souvent dans les livres que je lis. Fabien Clavel fait preuve d’une belle maîtrise sur tous les plans et offre une nouvelle vraiment bien fichue qu’on dévore avec plaisir.

24/3 : The Pink Tea Time Club – Cécile Guillot
Lottie se promène dans Hyde Park avec sa sœur et son chien (Pink Princess, sans déconner.) quand celui-ci se fait avaler par un monstre tentaculaire. Folle de rage, Lottie décide de venger Pink Princess après avoir rencontré Mr Rabbit, un magicien horloger qui veille normalement sur les portails afin qu’aucun monstre n’en sorte. Cette nouvelle est la première aventure du Pink Tea Time Club, une sorte de recueil d’aventures édité par Cécile aux éditions du Chat Noir et qui est désormais en rupture si je ne dis pas de bêtise. C’est un bon texte mais j’ai eu envie de coller trois baffes par seconde à l’héroïne. Lottie est plutôt du genre superficielle, capricieuse… En réalité, elle est un parfait stéréotype féminin de shônen et cette nouvelle aurait très bien pu être adaptée en manga tant tout y est japonisant. Et oui, même si ça se passe à Londres ! J’ai besoin de citer Black Butler ? Le plus amusant, c’est que l’autrice n’a pas du tout ce type d’influence donc l’esthétique que j’y vois est née d’un parfait accident. Comme quoi… J’ai tout de même passé un bon moment à projeter cette petite histoire en format animé.

25/3 : Je reviendrai – Laurent Pendarias
Angela vient d’un monde dystopique où les montres ont une conscience et dominent les humains. Ceux-ci finissent par se révolter, ce qui contraint les montres à inventer une machine à voyager dans le temps pour éliminer Emmanuel Kant, l’auteur d’idées séditieuses. Angela va alors tenter de le sauver pour sauver l’humanité… Et oui, à ce stade, on a tous pensé à la même chose : Terminator ! Sauf que dans cette nouvelle, Laurent Pendarias prend la peine de réfléchir sur les paradoxes temporels et de les exploiter avec une certaine intelligence. De plus, la résolution se fait sur le dialogue au lieu de la baston. Ça change ! Malgré l’inspiration évidente, j’ai bien aimé lire ce texte.

25/3 : Le club des érudits hallucinés – Marie Lucie-Bougon
Souvenez-vous, je vous ai évoqué ce roman l’année dernière. Et bien cette nouvelle, c’est sa genèse ! Eulalia est l’andréïde, celle décrite dans l’Ève du Futur. Mais si, ce fameux roman précurseur de la science-fiction écrit par Villiers de l’Isle-Adam (okey je fais la maligne, je l’ai découvert après la lecture du roman de Marie-Lucie ->). Sa réalité n’a pourtant rien avoir avec la fiction… J’ai adoré redécouvrir ce texte qui pose les bases solides d’un univers steampunk extraordinaire. J’en profite pour vous recommander le très bon roman qui en découle.

La conclusion (partielle) de l’ombre :
Il est vraiment amusant et intéressant de découvrir cette anthologie six ans après sa publication. On peut ainsi compter le nombre de nouvelles qui sont devenues des romans et des romans d’une très bonne qualité, qui plus est, au sein de la collection Black Steam du Chat Noir. Si je n’ai pas accroché à tous les textes pour des questions de goût, ça n’empêche pas ceux-ci d’être remarquables. On sent un travail de sélection rigoureux qui en vient à me convaincre de lire davantage ce type d’ouvrage alors que je suis plutôt frileuse en règle générale. Bravo au Chat Noir ! On se retrouve bientôt pour la seconde partie de cette chronique 🙂

9 réflexions sur “Montres Enchantées (anthologie, première partie)

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  4. Je voulais confirmer que la nouvelle de F. Clavel vient bien de « Feuillets de cuivre » et qu’il a repris le personnage de Ragon dans une nouvelle, inédite cette fois, de « Bal masqué ».
    Je n’ai pas encore lu cette anthologie, mais ton avis donne envie, merci beaucoup !

  5. C’est un recueil que j’avais beaucoup aimé, j’avais juste été déçue que les nouvelles de Fabien Clavel et Cécile étaient des « reprises », je les avais déjà lues dans leurs romans (mais bon, les romans sont sortis après, c’est moi qui aurait du lire Montres enchantées avant 😀 ). Dans ce que tu n’as pas encore lu, il te reste 3 nouvelles qui ont été des coups de coeur pour moi ! Bonne continuation 🙂

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