Lena Wilder #1 Sauvage – Johan Heliot

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Sauvage est le premier tome du diptyque Lena Wilder écrit par l’auteur français Johan Heliot (dont je vous ai déjà parlé pour sa saga Grand Siècle). Publié chez Lynks Éditions, vous trouverez facilement ce tome urban fantasy young adult partout en librairie au prix de 16.90 euros. Je tiens à remercier l’éditeur pour ce service presse !

Lena Wilder, c’est l’histoire de… Lena Wilder donc, narratrice à la première personne qui a passé sa vie à fuir aux côtés de sa mère. Qui ou quoi? Des hommes mystérieux appelés les Démarcheurs dont elle ne sait pas grand chose. Les deux femmes ne restent jamais plus de six mois au même endroit et Lena en a plus que marre. Sa mère et elle arrivent, au début du roman, dans la petite ville d’Arkhoon où tout va changer radicalement dans leur quotidien. Et pas uniquement à cause du voisinage…

Comme je l’ai précisé, il s’agit d’un roman young adult doublé par un livre type urban fantasy (même si on peut chipoter sur le terme dans ce cas-ci), autant dire de moins en moins mon type de lecture. Si ça n’avait pas été écrit par Johan Heliot, je ne pense pas que j’aurai posé les yeux sur ce roman, pourtant, j’ai été agréablement surprise par cette découverte. Après, très honnêtement, je n’ai trouvé aucune similitude (même pas de style) entre ce livre et les autres que j’ai pu lire de l’auteur, ce qui était assez perturbant en soi. Cela n’enlève rien au côté sympa du roman ! Évidemment, l’amourette entre Lena et Gerry m’a un peu saoulée parce que je la trouve trop rapide et trop peu crédible (comme souvent) mais il n’y a que cet élément, en plus de certaines facilités scénaristiques (dont je ne dresse pas la liste pour éviter de vous spoiler l’intrigue), qui m’a vraiment posé problème. Et en soi, pour ce genre littéraire, il se contente de respecter les codes donc ce sera un point positif pour beaucoup de lecteurs. C’est simplement que moi, en tant que lectrice, je n’apprécie plus spécialement.

Je vais commencer par évoquer l’univers. L’action se passe en Amérique, une Amérique profonde ambiance trou perdu avec une mentalité très en retard sur l’égalité, le racisme, etc. L’ambiance est bien décrite par l’auteur, on s’imagine sans problème notre environnement, on sent presque la poussière se coller sur une mince pellicule de sueur. L’auteur incorpore une mythologie assez novatrice et à la fois classique. Il évoque le mythe du loup-garou à l’ancienne: pas de transformation en véritable loup, plutôt une forme hybride qui prend le pas sur celle humaine, le tout avec des explications scientifiques et de vrais concepts comme l’atavisme. J’ai trouvé ça original et plutôt intéressant, ça sort du garou des romans habituels. Je ne vais pas trop en révéler sur les théories évoquées dans le livre, pour ne pas spoiler, mais ça change.

On sent que l’auteur a pas mal réfléchi sur la question et il en profite pour aborder des thèmes plutôt classiques comme la tolérance, le danger de la haine, de l’extrémisme et du rejet, l’importance du vivre ensemble. Il ne révolutionne pas le genre mais je trouve que, face à notre actualité, ce n’est pas plus mal de rappeler certains principes fondamentaux comme ceux-là.

Le personnage de Lena ressemble à celui de n’importe quelle adolescente avec une touche supplémentaire de maturité puisqu’elle n’a pas le même type de préoccupations que la plupart des filles de son âge. La faute à son manque de sociabilité: pas facile de se faire des copines quand on déménage sans arrêt ! Je ne me suis pas particulièrement attachée à elle, mais je ne l’ai pas détestée non plus. Par contre, pour les garçons et surtout pour Gerry, c’est une autre histoire… Heureusement, même si j’ai trouvé que leur relation allait très (trop) vite, Lena ne devient pas une poupée enamourée qui ne pense qu’à son « mec ». Elle garde le sens des priorités, elle se débrouille sans forcément compter sur lui et c’est plutôt agréable. Les autres personnages ne m’ont pas forcément marqués, ils remplissent leur rôle sans laisser une trace réellement indélébile sur le lecteur. Et cela s’explique quand, une fois à la fin, on se rend compte que tout le livre est raconté par Lena, littéralement. Elle est en train de l’écrire. Du coup, ça « excuse » les passages parfois trop rapides et le manque de profondeur de certains protagonistes. Disons que ça reste cohérent avec le style narratif choisi par l’auteur, qui nous offre une écriture dynamique et prenante.

L’intrigue en elle-même reste assez classique mais on n’attend pas forcément de chaque roman qu’il révolutionne son genre littéraire. J’ai tout de même trouvé dommage que la fin soit si précipitée. J’ai eu un sentiment un peu de bâclé, ça aurait mérité quelques pages supplémentaires et davantage de suspens, parce qu’on s’y attend vraiment.

Pour résumer, si le premier carnet de Lena Wilder ne propose pas de grosses surprises scénaristiques et pousse parfois à grimacer face à la force de l’héroïne (qui n’a que 18 ans…), il reste néanmoins agréable à lire. Les 302 pages se tournent facilement et on se surprend à être embarqué dans l’histoire. Ce roman se lit vite et remplit efficacement son rôle de bon divertissement. Il plaira beaucoup aux lecteurs adeptes du Young Adult et des univers surnaturels, qui ont envie d’une héroïne moins nunuche que la moyenne dans ce genre littéraire. J’ai passé un agréable moment avec Lena Wilder qui est une lecture détente, sans prise de tête, et je suis quand même curieuse de découvrir le second tome.

5 réflexions sur “Lena Wilder #1 Sauvage – Johan Heliot

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  4. Alors ça, ça me surprend de la part de Johan Heliot! Je le connais beaucoup mieux dans le domaine du steampunk et de l’uchronie, et là, juste rien à voir… Clairement, même pour l’auteur, je ne pense pas que j’irai vers ce roman un jour. La YA et moi sommes profondément allergiques. Ceci étant, j’apprécie ta chronique toute en nuances et le fait que tu aies pu sortir de ta zone de confort littéraire.

    • C’est justement pour l’auteur que j’ai voulu lire ce livre car j’aime beaucoup son steampunk (Grand Siècle est un coup de cœur) mais comme toi, je suis fâchée avec le YA donc c’était un test risqué et je le savais dès le départ. Parfois, j’aime prendre des risques ! Je pense que c’est important de pouvoir distinguer de vrais défauts dans un livre et ses propres goûts, je suis contente que ça se ressente dans ma chronique 🙂 Parce que clairement, c’est un bon livre pour ceux qui aiment ce genre littéraire et je n’ai pas détesté ! Simplement, je me rends vraiment compte que j’ai passé un cap dans mes goûts littéraires…

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