The Promised Neverland #1 -Kaiu Shirai et Posuka Demizu

10
The Promised Neverland est un shônen drame horreur fantastique scénarisé par Kaiu Shirai et dessinée par Posuka Demizu. Publié chez Kazé, la saga compte actuellement deux volumes en français (le 3 est prévu pour la fin du mois) et dix en japonais. La série est toujours en cours. Chaque tome coûte 6.79 euros.

Pour être honnête, je ne savais rien du tout sur ce manga quand je l’ai acheté. Mon libraire me l’a conseillé avec enthousiasme et malgré le fait que la couverture me provoquait quelques réticences, j’ai suivi ses conseils les yeux fermés. Il dort dans ma PAL depuis sa sortie en avril et je l’en ai finalement tiré pour découvrir une histoire qui a eu le mérite de me surprendre.

Dans The Promised Neverland, nous suivons Emma, Norman et Ray, trois orphelins qui vivent à Grace Field House avec leurs petits frères et sœurs. En tout, il y a là-bas une quarantaine d’enfants sous la surveillance d’Isabella, que tout le monde appelle « Maman ». Tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que la petite Connie soit adoptée. À cette occasion, Emma et Norman découvre l’horrible secret de cet établissement et je dois vous avouer que je n’avais RIEN vu venir du tout ! Ça m’a laissée scotchée.

À partir du moment où ces deux enfants sont au courant, ils décident d’essayer de s’échapper et d’emmener les autres avec eux pour ne pas les abandonner à leur sort funeste. Déjà là, on ressent toute la naïveté idéaliste du personnage d’Emma. Heureusement, Ray est là pour compenser. La seconde partie du manga sert donc à réfléchir, préparer un plan, elle est plus lente et peut-être un peu moins passionnante parce qu’elle tire en longueur et contient souvent des répétitions au sujet de l’intelligence et de la ruse dont fait preuve Maman. On retient notre souffle mais trop longtemps pour que la sauce monte vraiment. Puis j’ai été un peu gênée par l’intelligence et la maturité de ces enfants âgés d’à peine onze ans, bien que cela puisse s’expliquer par l’éducation très poussées qu’ils ont reçus.

Le chara-design est particulier, c’est un type de dessin shônen qui ne m’attire pas vraiment en temps normal mais l’intrigue me permet aisément de passer outre, d’autant que Posuka Demizu prend grand soin de ses décors et de son ambiance.

En bref, The Promised Neverland est un shônen prometteur et coup de poing qui mérite d’être découvert. Je suis curieuse de me plonger dans le second tome en espérant qu’il soit plus dynamique.

Lena Wilder #1 Sauvage – Johan Heliot

lena_wilder
Sauvage est le premier tome du diptyque Lena Wilder écrit par l’auteur français Johan Heliot (dont je vous ai déjà parlé pour sa saga Grand Siècle). Publié chez Lynks Éditions, vous trouverez facilement ce tome urban fantasy young adult partout en librairie au prix de 16.90 euros. Je tiens à remercier l’éditeur pour ce service presse !

Lena Wilder, c’est l’histoire de… Lena Wilder donc, narratrice à la première personne qui a passé sa vie à fuir aux côtés de sa mère. Qui ou quoi? Des hommes mystérieux appelés les Démarcheurs dont elle ne sait pas grand chose. Les deux femmes ne restent jamais plus de six mois au même endroit et Lena en a plus que marre. Sa mère et elle arrivent, au début du roman, dans la petite ville d’Arkhoon où tout va changer radicalement dans leur quotidien. Et pas uniquement à cause du voisinage…

Comme je l’ai précisé, il s’agit d’un roman young adult doublé par un livre type urban fantasy (même si on peut chipoter sur le terme dans ce cas-ci), autant dire de moins en moins mon type de lecture. Si ça n’avait pas été écrit par Johan Heliot, je ne pense pas que j’aurai posé les yeux sur ce roman, pourtant, j’ai été agréablement surprise par cette découverte. Après, très honnêtement, je n’ai trouvé aucune similitude (même pas de style) entre ce livre et les autres que j’ai pu lire de l’auteur, ce qui était assez perturbant en soi. Cela n’enlève rien au côté sympa du roman ! Évidemment, l’amourette entre Lena et Gerry m’a un peu saoulée parce que je la trouve trop rapide et trop peu crédible (comme souvent) mais il n’y a que cet élément, en plus de certaines facilités scénaristiques (dont je ne dresse pas la liste pour éviter de vous spoiler l’intrigue), qui m’a vraiment posé problème. Et en soi, pour ce genre littéraire, il se contente de respecter les codes donc ce sera un point positif pour beaucoup de lecteurs. C’est simplement que moi, en tant que lectrice, je n’apprécie plus spécialement.

Je vais commencer par évoquer l’univers. L’action se passe en Amérique, une Amérique profonde ambiance trou perdu avec une mentalité très en retard sur l’égalité, le racisme, etc. L’ambiance est bien décrite par l’auteur, on s’imagine sans problème notre environnement, on sent presque la poussière se coller sur une mince pellicule de sueur. L’auteur incorpore une mythologie assez novatrice et à la fois classique. Il évoque le mythe du loup-garou à l’ancienne: pas de transformation en véritable loup, plutôt une forme hybride qui prend le pas sur celle humaine, le tout avec des explications scientifiques et de vrais concepts comme l’atavisme. J’ai trouvé ça original et plutôt intéressant, ça sort du garou des romans habituels. Je ne vais pas trop en révéler sur les théories évoquées dans le livre, pour ne pas spoiler, mais ça change.

On sent que l’auteur a pas mal réfléchi sur la question et il en profite pour aborder des thèmes plutôt classiques comme la tolérance, le danger de la haine, de l’extrémisme et du rejet, l’importance du vivre ensemble. Il ne révolutionne pas le genre mais je trouve que, face à notre actualité, ce n’est pas plus mal de rappeler certains principes fondamentaux comme ceux-là.

Le personnage de Lena ressemble à celui de n’importe quelle adolescente avec une touche supplémentaire de maturité puisqu’elle n’a pas le même type de préoccupations que la plupart des filles de son âge. La faute à son manque de sociabilité: pas facile de se faire des copines quand on déménage sans arrêt ! Je ne me suis pas particulièrement attachée à elle, mais je ne l’ai pas détestée non plus. Par contre, pour les garçons et surtout pour Gerry, c’est une autre histoire… Heureusement, même si j’ai trouvé que leur relation allait très (trop) vite, Lena ne devient pas une poupée enamourée qui ne pense qu’à son « mec ». Elle garde le sens des priorités, elle se débrouille sans forcément compter sur lui et c’est plutôt agréable. Les autres personnages ne m’ont pas forcément marqués, ils remplissent leur rôle sans laisser une trace réellement indélébile sur le lecteur. Et cela s’explique quand, une fois à la fin, on se rend compte que tout le livre est raconté par Lena, littéralement. Elle est en train de l’écrire. Du coup, ça « excuse » les passages parfois trop rapides et le manque de profondeur de certains protagonistes. Disons que ça reste cohérent avec le style narratif choisi par l’auteur, qui nous offre une écriture dynamique et prenante.

L’intrigue en elle-même reste assez classique mais on n’attend pas forcément de chaque roman qu’il révolutionne son genre littéraire. J’ai tout de même trouvé dommage que la fin soit si précipitée. J’ai eu un sentiment un peu de bâclé, ça aurait mérité quelques pages supplémentaires et davantage de suspens, parce qu’on s’y attend vraiment.

Pour résumer, si le premier carnet de Lena Wilder ne propose pas de grosses surprises scénaristiques et pousse parfois à grimacer face à la force de l’héroïne (qui n’a que 18 ans…), il reste néanmoins agréable à lire. Les 302 pages se tournent facilement et on se surprend à être embarqué dans l’histoire. Ce roman se lit vite et remplit efficacement son rôle de bon divertissement. Il plaira beaucoup aux lecteurs adeptes du Young Adult et des univers surnaturels, qui ont envie d’une héroïne moins nunuche que la moyenne dans ce genre littéraire. J’ai passé un agréable moment avec Lena Wilder qui est une lecture détente, sans prise de tête, et je suis quand même curieuse de découvrir le second tome.

Gleipnir #1 – Sun Takeda

gleipnir-1-kana
Gleipnir est le premier tome d’un seinen écrit et dessiné par Sun Takeda. Publié chez Kana dans la collection Dark Kana, le premier tome est disponible jusque fin d’année au prix découverte de 5.95 euros.

La première chose qui a attiré mon attention sur ce manga, c’est sa couverture. On y voit ce monstre un peu mascotte féroce porter une arme et cette fille blonde qui entre dans son corps. Mon alarme à histoire tordue a bipé et je n’ai pas hésité une seconde avant de l’acheter. J’ai quand même lu la 4e de couverture en passant à la caisse mais elle m’a juste confortée dans mon choix.

Gleipnir raconte l’histoire de Shûichi Kagaya, un lycéen comme les autres qui, du jour au lendemain, se transforme en un monstre assez kawaï (dans le genre glauque, mais non ce n’est pas antinomique voyons) doté de capacités extraordinaires. Et ça ne le réjouit pas vraiment, il a peur de blesser quelqu’un, de commettre des actes regrettables. L’histoire aurait pu se contenter de ça, la lutte d’un garçon contre une sorte de malédiction avec une métaphore bien ficelée sur les tourments de l’adolescence, mais non, elle fait mieux en ajoutant Claire à l’équation. Une suicidaire au courant de l’existence des monstres comme Shûichi et décidée à le faire chanter pour qu’il l’aide à retrouver sa sœur, elle aussi un monstre.

Comme je le pressentais, l’histoire est assez malsaine et réservée à un public averti. L’auteur a une agaçante tendance à zoomer sur la petite culotte de ses personnages féminins mais hormis ce détail crispant (parce que c’est vraiment juste de l’exposition en plus…) il propose une histoire stimulante et sombre. Il développe pour ses personnages une psychologie complexe et prometteuse qui me laisse impatiente de découvrir la suite. Puis cette dernière page quoi… Le tome 2 promet !

Je recommande Gleipnir aux lecteurs de seinen qui aiment les ambiances oppressantes et les chara-designs de caractère. Ce manga vous conviendra aussi si vous appréciez les relations tordues entre deux personnages et cette touche subtile de poésie macabre qui, personnellement, me fait fondre. Gleipnir est sans conteste une série à suivre, je recommande !

L’armée des veilleurs #1 les frontières liquides – Jérôme Nédélec

Frontières_Liquides_C1

Les Frontières Liquides est le titre du premier tome de l’Armée des Veilleurs, un roman à vocation transmédia écrit par l’auteur Jérôme Nédélec. Ce livre est disponible au format papier chez l’éditeur Stéphane Batigne (que je ne connaissais pas du tout) au prix de 24 euros. Je remercie l’auteur pour l’envoi spontané de ce service presse en numérique après que j’ai manifesté mon intérêt sur la chronique d’Albédo (que je vous invite à découvrir, du même coup).

Les Frontières Liquides est un roman compliqué à classer. Au premier abord, nous mettons les pieds dans le genre historique. Placé au 9e siècle, ce roman retrace la bataille de Questembert. Je vous le dis tout de suite, mes compétences historiques sont plutôt développées après le 14e / 15e siècle. Le Moyen-Âge, j’ai les bases comme toute universitaire qui se respecte mais je n’avais jamais entendu parler de cette bataille avant de lire ce roman et je remercie Albédo pour les informations là-dessus.
Toutefois, nous soupçonnons rapidement la présence d’éléments fantastiques (qui se confirment), à travers la présence de cette mystérieuse petite fille et les chapitres qui lui sont consacrés. Le mélange des deux est, à mon sens, réussi et bien maîtrisé. Il frustrera certains puristes mais ravira les amateurs de nouvelles expériences.

Pour le côté historique, il est évident que l’auteur a travaillé son sujet en profondeur. Il maîtrise l’Histoire, les conditions sociales de l’époque, les titres, les connaissances culturelles, les armes, la stratégie militaire, sans pour autant nous abrutir sous une tonne de détails inutiles. Cette recherche donne au roman un côté très réaliste et prenant. Par exemple, l’un des héros s’intéresse à la manière de construire une flèche, quand ils se préparent au siège, et ça nous permet de prendre toute l’importance de ce petit objet. L’aspect guerrier est bien développé, d’ailleurs deux héros sur trois appartiennent à cette caste, et ce n’est pas pour me déplaire.

Quelques mots sur les protagonistes et sur la narration. Celle-ci est divisée en trois points de vue: celui du second de Luern (son prénom m’échappe, étrangement, je crois qu’il n’est pas cité ?), celui d’Hasten (le demi-frère du chef viking) et enfin, celui de la petite fille. Ce choix narratif est intéressant parce qu’il évite le parti pris. Il permet au lecteur de comprendre les motivations des « barbares païens » et d’assister à ce qui se passe du point de vue des chrétiens (qui, franchement, ne valent pas beaucoup mieux ). Ainsi, l’auteur évite tout manichéisme et je l’en félicite.
Via la petite fille, le lecteur obtient une vue d’ensemble et des informations qui ne font qu’engendrer davantage de questions. Cette dernière apporte la touche de fantastique évoquée plus haut et reste très mystérieuse. La fin du roman nous indique que le tome suivant, comme de juste, nous en apprendra davantage, laissant le lecteur à la fois curieux et perplexe.

Si l’alternance de point de vue est l’une des forces de ce roman, je trouve qu’elle apporte également un peu de faiblesse car certaines parties avancent plus rapidement que d’autres, ce qui oblige le chapitre suivant à commencer un peu en arrière, pour expliquer ce qui se déroulait dans le camps concerné au moment de la scène précédente. Si on manque de concentration, cela peut perdre. De plus, certains dialogues sonnaient un peu trop contemporain à mon goût, avec l’utilisation de termes trop récents. C’est un détail et quand on lit les scènes, ça ne choque pas en soi. Je me suis simplement fait la réflexion à quelques reprises et ça me paraît important de le souligner. C’est un peu dommage, vu les efforts réalisés par l’auteur pour utiliser les noms de lieux de l’époque ou encore certaines expressions. Je pense que ça contribuera, pour certains, à rendre le roman plus accessible. J’insiste sur le fait que ça ne m’a pas gâché ma lecture, loin de là! Mais ce détail pourrait gêner certains puristes.

Comme je vous le disais plus haut, le narrateur change à chaque point de vue mais l’auteur a opté pour une narration à la première personne. Je ne vois pas cela souvent et ça a été une bonne surprise car un tel choix esthétique renforce l’empathie provoquée par les protagonistes et l’implication du lecteur dans les différents camps qui composent cette histoire. Outre les héros, plusieurs personnages sont très intéressants et plus particulièrement ceux du moine et du guérisseur. Je ne doute pas qu’ils auront leur rôle à jouer dans la suite des évènements, ce qui me réjouis.

En bref, Les Frontières Liquides fut une excellente découverte. Je n’attendais rien de ce livre, ne connaissant pas l’auteure, et j’ai été agréablement surprise par sa qualité littéraire tout autant qu’historique. Jérôme Nédélec maîtrise chaque pan de son histoire historico-fantastico-militaire. Il nous propose ici le premier tome d’une trilogie prometteuse qui mérite d’être suivie avec attention. Je vous le recommande !

Le dernier apprenti sorcier #1 les rivières de Londres – Ben Aaronovitch

01

Le dernier apprenti sorcier est une saga qui compte pour l’instant 6 tomes (j’ignore si elle est terminée) publiés en français chez J’ai Lu. L’auteur, Ben Aaronovitch, est un londonien pur souche et ça se sent ! Vous pouvez vous procurer le premier tome en format poche au prix de 7.60 euros.

Spontanément, cette saga se classe dans la veine urban fantasy typiquement britannique. Nous suivons Peter, un jeune policier qui va être rapidement confronté à des manifestations surnaturelles pendant une patrouille. En rencontrant l’inspecteur Nightingale, il va être intégré à une brigade de police un peu particulière et signer pour devenir l’apprenti sorcier. Le dernier, donc, comme nous l’indique le titre. Dans ce tome plus précisément, deux grandes affaires vont occuper notre héros: des meurtres particulièrement violents et inexplicables dans Londres et un conflit entre Mama Tamise et Père Tamise.

La mythologie construite par l’auteur m’a surprise. Elle est inspirée et ne ressemble à rien de ce que j’ai lu jusqu’ici. Elle contient, évidemment, des créatures connues (on évoque un couple de vampire à un moment du récit) mais elles n’ont rien de commun avec les codes habituels du genre. Dans ce tome, l’auteur se concentre sur les fantômes et sur les esprits des rivières, démontrant une grande originalité dans le traitement de son sujet. C’est, selon moi, le principal attrait de cette saga, en plus de son personnage principal, Peter. Il est très agréable, pour moi qui aime lire des romans teintés d’humour britannique, de retrouver cette touche « british » à chaque page. Les réflexions du héros sont souvent drôles, le flegme anglais est omniprésent. C’est dépaysant mais plaisant, rafraichissant !

D’ailleurs, si on doutait encore de la nationalité de l’auteur, impossible de ne pas comprendre qu’il est un londonien pur souche. La géographie, les rues, les quartiers, la société londonienne dans son ensemble, sont très détaillés et peut-être même un peu trop, par moment. J’ai trouvé que ça avait tendance à alourdir un peu le texte, bien que ça ne manque pas d’intérêt en soi. Je pense que c’est un point à l’appréciation de chacun. Autre petit détail gênant: la longueur des chapitres. Ils font parfois une cinquantaine de pages, ce qui est dérangeant quand on doit lire en plusieurs petits bouts…

Malgré ces détails « négatifs », j’ai passé un bon moment avec ce premier tome. Je lui trouve énormément de qualités et j’ai été bluffée par le traitement de la magie proposé par Ben Aaronovitch. L’auteur incorpore énormément de références, non seulement à la culture populaire mais également à la littérature scientifique. Le personnage de Peter permet d’aborder la magie sous un nouvel angle et on ressent tout le soin qu’a mis Ben Aaronovitch à créer son univers. Il nous propose, en prime, une intrigue prenante qui s’appuie sur la littérature anglaise plus classique tout en mélangeant des éléments très modernes.

Autre avantage: ce tome peut très bien se conclure sur lui-même. Certes, Peter commence tout juste sa formation mais l’intrigue se résout à la fin du livre. On dispose de tous les éléments de réponse et on peut passer à autre chose si on le souhaite. Pour une série qui compte déjà six tomes, c’est un atout non négligeable !

En bref, je vous recommande cette saga si vous appréciez l’humour britannique et si vous avez envie de découvrir un univers magique inspiré, original, qui sort du lot. J’ai trouvé la qualité de la traduction plutôt bonne et le personnage principal attachant. Le dernier apprenti magicien a un sacré potentiel et mérite qu’on lui laisse sa chance !

Dévore-moi ! #1 l’Imaginarium – Tiffany Schneuwly

Dévore-moi-FACE-pour-site

Le premier tome de la saga « Dévore-moi ! », intitulé l’Imaginarium, est un roman écrit par Tiffany Schneuwly et illustré par Sarah Bertagna. Il est publié chez Livr’s Éditions au prix de 18 euros dans la collection Fantastique. Je tiens à remercier la maison d’édition pour ce Service Presse !

Je n’étais pas du tout le public cible pour ce roman et je termine ma lecture en étant agréablement surprise. Je l’ai lu dimanche matin en deux heures et demi, d’une seule traite, alors que je comptais seulement commencer les premiers chapitres pour me mettre dans le bain. Il faut dire que l’histoire est assez accrocheuse.

Le roman s’ouvre sur un prologue intriguant où on rencontre pour la première fois le général Côme, alias le mec à qui tu as envie de retourner une paire de baffes tellement il est suffisant et désagréable. En même temps, il peut se le permettre, ce n’est pas franchement le stéréotype du mec égocentrique sans raison, juste à cause de son rang. C’est un militaire, qui a sa vision du monde et qui veut à tout prix protéger l’Imaginarium. Et ce prix passe par la vie d’innocents qui essaient de proposer une solution. A quoi? Et bien on le découvre au fil de l’histoire, donc je ne vais pas vous spoiler. Après ce prologue qui donne le ton (un bon ton, j’avoue que j’étais emballée), nous rencontrons le personnage de Maddie, dans notre monde humain à nous, qui entre au Collège. Je précise que le roman se situe en Suisse (enfin ce n’est pas précisé mais j’ai déduis), donc le système scolaire s’y rattache et là-bas, c’est à 16 ans qu’on entre au collège. Nous sommes catapultés dans la vie d’une adolescente comme n’importe quelle autre, un peu introvertie. Elle vit avec sa mère suite au divorce de ses parents, ne voit presque pas son père qui travaille beaucoup et est très proche de Thaïs, sa petite sœur adoptive.

C’est le premier bon point que j’ai relevé dans ce livre. Il est réaliste, il nous peint une famille avec ses problèmes mais qui essaie de s’en sortir. On n’est pas dans le délire de la relation hyper conflictuelle entre une mère et sa fille, au contraire. Elles sont proches, soudées, elles se soutiennent et essaient de se comprendre. Peut-être parce que je suis moi aussi une enfant de parents divorcés, je me suis assez facilement retrouvée dans Maddie, dans ses ressentis, même si elle a été victime de quelque chose que je n’ai jamais eu à vivre (heureusement !) je ne vous en dis pas plus pour ne pas spoiler mais ce genre de sujet est rarement abordé avec autant de justesse. Au fil du roman, l’intrigue se dessine avec l’apparition d’un élément fantastique grâce au personnage de Caleb, puis les révélations s’enchaînent.

C’est là que le bât blesse un peu. J’ai trouvé certaines scènes forcées. Elles tombaient dans les écueils habituels de ce genre littéraire et c’est dommage parce que tout partait assez bien. Je comprends qu’il faut, à un moment donné, que Maddie apprenne la vérité sur Caleb mais cette solution ne me parait pas crédible. Sur la fin, tout s’enchaîne d’une manière assez bancale. J’ai du mal à comprendre pourquoi l’oncle de Caleb accepte aussi facilement de retourner à Imaginarium, malgré ce qu’il y risque. C’est un peu trop manichéen et plein de bons sentiments, le thème du repentir est intéressant mais là, c’est un peu trop gros et rapide, comme si tout devait absolument rentrer dans un seul tome. Pourquoi ne pas avoir rallongé ce roman (qui est finalement assez court) pour développer davantage les évènements finaux? J’imagine mal qu’on jette à la poubelle toute une éducation en claquant des doigts, sans même que l’héroïne ait à insister beaucoup. J’ai été assez déçue par ça même si, quand on y réfléchit, ce sont des éléments acceptés tacitement au sein de ce type de littérature. Moi, ça me dérange, mais objectivement, ça entre dans le respect des codes littéraires.

En outre, ce point négatif ne gâche pas la qualité de l’ouvrage. L’auteure a un style simple et accessible. Elle a fait très attention aux descriptions et aux verbes de dialogue, sans que ça casse le rythme du livre. Les quelques chapitres du point de vue de Caleb sont hésitants mais ceux de Maddie et les scènes dans Imaginarium sont bien maîtrisées. L’univers créé autour de cette saga est riche et intéressant, il change de ce qu’on peut trouver habituellement en mélangeant plusieurs bestiaires. J’ai beaucoup aimé la mythologie créatrice autour d’Imaginarium et j’ai eu envie d’en apprendre davantage à son sujet. Même si je ne suis pas le public cible et que certaines choses m’ont dérangées, je suis curieuse de découvrir le tome 2 ! C’est donc que les auteurs ont réussi leur coup.

Pour résumer, je recommande Dévore-moi ! à un public majoritairement adolescent ou pour les lecteurs qui aiment le Young Adult fantastique. Il possède de nombreuses qualités comme un univers riche et une héroïne bien construite, crédible. Le style d’écriture est simple et agréable, il nous entraine dans l’aventure et nous pousse à lire ce roman d’une seule traite. S’il n’est pas parfait, il vaut vraiment le détour et j’ai été très heureuse d’enfin découvrir la plume de Tiffany Schneuwly entre ces lignes, qui est une personne humainement adorable. Je vous recommande de vous pencher sur cette auteure suisse qui a, je trouve, quelque chose à offrir 🙂

Notre-Dame des Loups – Adrien Tomas

C1-notre-dame-des-loups

Notre-Dame des Loups est un one-shot de type western horrifique écrit par l’auteur français Adrien Tomas et publié d’abord chez Mnémos en 2014, avant d’être réédité en poche chez Hélios, un peu plus tard. C’est cette version que je possède et qui m’a été offerte pour mon anniversaire ! Vous la trouverez au prix de 8.90 euros.

Il est 23h. Après une longue journée pénible et fatigante, je me dis que je vais aller me coucher tôt, lire quelques pages de ma lecture en cours et probablement m’endormir dessus. 1h30 du matin, je referme ce bijou, je n’ai plus envie de dormir tellement je suis surexcitée par le contenu du livre, par cette action qui n’en finit jamais, par cette ambiance sombre dans l’ouest américain, avec ses personnages typiques et pourtant, si particuliers.

Je crois qu’on peut parler de coup de cœur, et j’en suis la première surprise, parce que ce n’est pas forcément le type de lecture vers lequel je me tourne d’habitude et que je n’ai pas forcément d’affection pour les ambiances western, grand ouest, etc. Et pourtant !

Ce n’est pas mon premier roman d’Adrien Tomas. J’avais déjà lu la Geste du Sixième Royaume il y a deux ans et j’avais aussi beaucoup aimé. C’est un auteur qui sait sortir des sentiers battus en proposant des histoires extraordinaires alors qu’il part d’un pitch ordinaire. Parce que, au fond, Notre-Dame des Loups, ce n’est « que » l’histoire d’un groupe de Veneurs qui traque les lycanthropes du Nouveau Monde et plus précisément, leur reine. C’est simple, on peut même dire que c’est du déjà-vu.
Sauf que non, pas à la sauce Adrien Tomas.

La première force de ce roman, c’est son style narratif. Chaque chapitre, qui sont plus ou moins longs d’ailleurs, représente un personnage qui raconte un morceau d’histoire. On apprend un peu son passé, on avance avec lui dans la traque, et on change ensuite pour une raison x ou y. Pour le premier, ça m’a tellement scotchée que j’en suis restée la bouche ouverte. Je n’ai plus l’habitude, surtout dans un roman écrit à la première personne, et déjà rien que là, je savais que j’allais adorer l’aventure.

D’ailleurs, même si c’est écrit à la première personne, le style s’adapte à la psychologie de chaque personnage. C’est immersif et pas du tout perturbant comme on pourrait le craindre, car au début de chaque partie (ce terme convient mieux que « chapitre » je trouve) on nous indique dans quelle tête on se trouve.

L’univers du roman est simple et efficace. Les personnages n’ont, en soi, rien d’extraordinaire. Pas de grande destinée, de prédisposition particulière (sauf peut-être pour l’Allemand). Ce sont des écorchés de la vie, qui respectent des règles extrêmement strictes et qui veillent sur l’humanité, qu’ils regardent d’un œil désabusé. Pour autant, ils ne se prennent pas pour des héros. Jonas le dit très bien, ils le font parce que personne d’autre ne le fera, c’est tout, mais ils ne cherchent ni la gloire, ni la reconnaissance.

Paradoxalement, même si le roman se déroule en extérieur, dans les vastes plaines de l’ouest, je l’ai ressenti comme un huit-clos sur cette Vènerie, ce qui nous permet de plonger dans la psychologie des personnages, sans pour autant sacrifier à l’action. Un excellent mélange de western, de fantastique, d’horreur, de suspens et d’action, parfaitement équilibré, dynamique à souhait, au point que les pages s’enchaînent sans qu’on les voit passer. Et la fin, cette confession écrite par la Dame, qui retourne toutes nos certitudes… Brillant, vraiment. Au départ, je n’étais pas convaincue mais en lisant la toute dernière page, j’ai compris. Bon sang, que c’était intelligent !

Je recommande chaudement ce roman, que vous soyez fan de fantastique ou non. C’est un livre qui mérite d’être lu car il prend des risques, transgresse intelligemment les codes et s’en sert parfois, juste assez pour égarer le lecteur dans ses certitudes. Difficile de prévoir la fin: c’est sombre, sale, dur et violent et je n’arrive pas à trouver un véritable point négatif car j’ai vraiment été transportée dans cette aventure. C’est un coup de cœur !

Le carrousel éternel (I. Dollhouse) – Anya Allyn

Dollhouse

Dollhouse est le premier tome de la saga du Carrousel Éternel écrit par Anya Allyn, qui est également l’auteure de l’excellent Lake Ephemeral. Vous pourrez retrouver ses écrits traduits aux éditions du Chat Noir au prix de 19.90 euros le tome, dans la collection Cheshire.

Dans une petite ville tranquille d’Australie, une adolescente (Aïsha) disparaît en pleine randonnée. Cassie, sa meilleure amie, aidée par Ethan (le petit ami de la disparue) et Lacey (une autre amie), décident de partir à sa recherche. Hélas pour eux, ils se retrouvent rapidement enfermés dans les sous-sols d’un mystérieux manoir, piégés dans un cauchemar surréaliste, où ils semblent condamnés à devoir se comporter comme des jouets pour le bon plaisir du Bienfaiteur.

La première chose qu’on remarque sur ce roman, c’est sa couverture, signée par la très talentueuse Mina M qui collabore souvent avec les éditions du Chat Noir. Son style gothique, sombre, dépeint à merveille l’intérieur du roman et donne un bon aperçu sur son contenu. D’ailleurs, chaque chapitre est surmonté de l’illustration du carrousel (sublime !) ainsi que d’un poème inédit (seuls un ou deux sont des citations) qui vous feront froid dans le dos. Une fois qu’on s’est emparé de l’objet pour le regarder d’un peu plus près, c’est la quatrième de couverture qui frappe. Comment ne pas craquer à la mention d’un cauchemar éveillé, d’un manoir abandonné, des jouets, de poupées? Tout cela promettait une aventure très glauque…

Et je n’ai pas été déçue !

Ce roman est sombre, oppressant, terrifiant, malsain, sans jamais tomber dans le gore ou les effusions de sang style massacre de masse qu’on détaille et qu’on expose en grandes pompes. On y retrouve l’aspect de pression psychologique exercée sur les personnages, le fantastique se distille par petites gouttes au point qu’on continue de douter de son existence, jusqu’à la toute fin du roman. L’intrigue se dévoile en même temps que l’univers, et nous attire, nous enveloppe, nous tient en haleine au point qu’on soit incapable de lâcher le livre. J’ai lu les deux tiers en une matinée, c’est dire !

On retrouve un univers qui a quelques échos avec Lake Ephemeral et qui achève de définir ce qu’est « un roman à la Anya Allyn »: un fantastique subtil, une plume poétique, une (més)aventure construite sur un jeu mental. C’est une fenêtre ouverte sur les émotions des personnages et surtout, de son héroïne puisque le roman est écrit à la première personne, du point de vue de Cassie. Nous suivons des adolescents d’une quinzaine d’années, qui se retrouvent catapultés dans un monde terrifiant. Je vous avoue que, aux premiers abords, j’ai tout de suite pensé à certains épisodes d’Esprits Criminels (quoi, on a les références qu’on peut !). Au départ, j’étais persuadée que c’était une sorte de thriller, qu’ils étaient coincés dans le jeu malsain d’un psychopathe, quelque chose dans ce goût-là, et que ça allait être assez banal… Tu parles ! Franchement, on ne s’attend pas du tout aux évènements, au déroulement de l’histoire. On va de surprise en surprise. On se demande qui est derrière ces enlèvements, ce qu’il fait à ces filles, pour quelle raison, on échafaude des théories, on s’attend au pire… Et finalement, ce qu’on croit être le pire n’est rien à côté de ce qui se passe réellement dans le livre.

J’en ai eu des frissons, et je ne suis pas facilement impressionnable. J’ai été conquise, tout simplement. Et j’attends la suite avec beaucoup d’impatience !

Je recommande très chaudement cette lecture qui est un coup de cœur, et l’univers d’Anya Allyn plus largement. C’est une auteure dotée d’un grand talent et on peut remercier les éditions du Chat Noir d’avoir pensé à la traduire. Par contre, si vous avez peur des poupées, des clowns ou même du noir, accrochez-vous, parce que vous allez en faire des cauchemars !

Moi, Lucifer – Glen Duncan

moi_lucifer

Moi, Lucifer de Glen Duncan est un roman de type fantastique publié en collection poche chez Folio SF au prix de 8.20 euros et ce, depuis 2011. L’ouvrage n’est donc pas si récent que cela et est une traduction, puisque l’auteur est anglais.

Laure-Anne m’a prêté ce roman en même temps que Rue Farfadet et Après le Déluge. Il trainait dans ma PAL depuis le mois de mars, sans trop savoir pourquoi je ne m’étais pas encore ruée dessus. Après tout, un roman avec Lucifer en personnage principal… Sincèrement, comment ne pas aimer? Je l’ai finalement tiré de ma PAL pour lui rendre quand on se verra fin de semaine. Je venais de terminer un roman franchement mauvais et il me semblait être le remède idéal à mon amertume.

Erreur.

Comprenez-moi bien: Moi, Lucifer n’est pas un mauvais livre. C’est un livre spécial, particulier, qui a des qualités mais où on retrouve surtout les faiblesses d’un premier roman. Lucifer en personne nous raconte son histoire, en parallèle avec celle de l’auteur qu’il possède (auteur qui a quasiment le même nom que celui qui a écrit ce roman, au fait… Subtilité bonjour.) Cette réécriture biblique est vraiment intéressante à découvrir, la manière dont Lucifer est dépeint également (enfin, dont il se dépeint lui-même). Malheureusement, le style familier à la première personne du singulier gâche un peu l’effet global. Ou plutôt, il rend parfois le roman franchement lourd à lire.

Parce que Lucifer digresse. Il digresse beaucoup. D’un paragraphe à l’autre, il passe des époques entières et c’est parfois difficile de suivre son cheminement de pensées. Même s’il propose des réflexions intéressantes, intelligentes, même s’il y a un certain nombre de questions philosophiques dans cet ouvrage, c’est assez pénible d’arriver au bout. En fait, le début est très bon, le milieu est franchement moyen si pas bof (j’ai du me retenir pour ne pas sauter des pages) et la fin, à savoir les dix dernières pages, rattrape le tout. C’est un roman très inégal mais pas dénué d’intérêt, et c’est la raison pour laquelle je vous en parle.

Soyons honnête, donner la parole à un personnage tel que Lucifer est une entreprise audacieuse. Pour réécrire les mythes bibliques avec talent, il faut les connaître et on sent que l’auteur les a étudiés en profondeur. Le choix de son style narratif ne m’a pas plu mais il plaira à d’autres, parce qu’il n’est pas mauvais en soi: c’est une question d’affinité. Oui, il y a très clairement des maladresses dans Moi, Lucifer. L’auteur en fait trop. Il a de bonnes idées qui ont été mal encadrées, mal exploitées. Mais ça reste une découverte à faire, parce que ce n’est pas un roman comme les autres qui se contente de remâcher tout ce qui a déjà été écrit sur le sujet. Moi, Lucifer est un bel éclair créatif, pas exploité pleinement mais tout de même assez remarquable pour être souligné et découvert.

Je vous conseille ce roman. Mais lisez-le avec l’esprit clair, ne vous attendez pas à beaucoup d’action, à de la guerre ou du gore à foison. Ne vous attendez pas à regarder le Mal Absolu dans les yeux, à fricoter avec l’interdit, à ouvrir la bouche en un « O » à la fois outré et excité, tenté, en contemplant les actions du diable en personne qui, en fait, reste d’un classicisme décevant. Au final, ce qu’on en retire, c’est que Lucifer est aussi humain que n’importe qui derrière ses phrases grandiloquentes et je crois que c’est principalement ça qui m’a dérangée. Je ne supporte pas l’anthropocentrisme, et ce roman est en plein dedans. C’est une tranche de vie, fantastique uniquement à cause de la présence d’anges et d’anges déchus, mais ça reste une tranche de vie quand même, une tranche de vie sale, parfois inutilement vulgaire. Bref, pas ma tasse de thé.

Si ce n’est pas un coup de cœur (du tout), ça reste un livre à lire, ne fut-ce que pour découvrir un mode narratif sous exploité et pour prendre conscience qu’une bonne idée, ça ne suffit pas pour écrire un bon livre. Je n’ai jamais rien lu de Glen Duncan jusqu’ici, apparemment il a appris de ses erreurs dans ses autres romans et c’est génial de constater son évolution. Je le répète, Moi, Lucifer n’est pas mauvais ! Il ne me convient juste pas à moi en tant que lectrice. Toutefois, le lire en tant que jeune auteur vous permettra, peut-être (je l’espère), une réflexion sur vous-même afin de ne pas tomber dans les mêmes pièges que Glen Duncan.

Le Club des punks contre l’apocalypse zombie – Karim Berrouka

le-club-des-punks-contre-l-apocalypse-zombie-775774

Le club des punks contre l’apocalypse zombie est un roman d’anticipation fantastique (je classe comme je peux mais c’est compliqué, avouons-le..) écrit par Karim Berrouka et publié chez ActuSF au prix de 18 euros. Il s’agit d’un one-shot et ça fait du bien, de temps en temps, de lire une histoire close sur elle-même.

Je vais être honnête: de moi-même, je n’aurais pas acheté ce livre. Je ne suis pas une grande fan des histoires de zombies, c’est même un type d’univers que je fuis comme la peste parce que le délire survival / tragédie hollywoodienne à deux balles ne me plait pas du tout. Et que je n’aime pas le zombie en tant que créature, je la trouve particulièrement sans intérêt. Du coup, quand Marianne me l’a chaudement recommandé, j’ai hésité. C’est qu’elle a bon goût, je le sais, mais quand même… J’ai souris en lisant le titre, j’ai trouvé la couverture sobre et assez canon. Ensuite, j’ai lu la quatrième de couverture, en ressentant un bon feeling. Et enfin, j’ai discuté avec l’auteur qui a bien su vendre son bouquin. Je me suis dis, qui ne tente rien n’a rien et seuls les imbéciles ne changent pas d’avis !

Je possède ce roman depuis Livre Paris, j’ai mis le temps pour me lancer dans sa lecture mais je ne regrette absolument pas la découverte de cet univers. Je soupçonne l’auteur d’avoir consommé de la drogue en le rédigeant, et pas qu’un seul type d’ailleurs… Cette œuvre est juste totalement barrée. Nous suivons un groupe de punks au lendemain d’une apocalypse zombie, comme nous renseigne déjà le titre. Ils suivent tous l’idéologie du mouvement (no future, anarchie, etc.), ils se droguent, ils boivent, ils se laissent vivre dans un entrepôt et forment un groupe, le Collectif du 25. Assez rapidement, ils découvrent que la musique punk a un effet sur les zombies et ils en profitent pour tenter une sortie, au terme de laquelle ils vont être séparés et vivre chacun une aventure… Totalement improbable et hallucinante. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler l’histoire, mais c’est tellement impensable que ça en devient carrément comique. D’autant que ça tiendrait presque la route, son délire… Mettez de côté tout ce que vous croyez savoir, votre esprit cartésien et le reste. Buvez un verre ou fumez quelque chose avant de vous lancer, ça vous aidera !

En lisant le club des punks contre l’apocalypse zombie, vous allez rencontrer des personnages uniques, des anti-héros tout ce qu’il y a de plus anti. Le style de l’auteur s’adapte à merveille à la mentalité de chacun. Il use de termes argotiques à foison et de références marquées à la culture punk qui apportent de la cohérence au récit, un fond de réalité. Personnellement, je ne connaissais pas les trois quart des groupes / auteurs cités et j’ai quand même dû aller vérifier sur Internet la signification précise du mot keupon (ouais je sais je suis un peu longue à la détente quand même) mais ça rend le récit encore plus immersif quand on parvient à passer outre (à rentrer dedans quoi) et à se positionner par rapport à l’histoire. Notez que la construction du récit est particulière et peut perturber. On revient souvent en arrière à l’aide de flashbacks et d’histoires racontées par les différents protagonistes. C’est toujours bien indiqué, mais ça peut brouiller les repères temporels du récit. Personnellement, je l’ai ressenti un peu comme un effet de défonce. On sait qu’il se passe un truc, à un moment, on sait plus ou moins quand, et au moment où on le lit, on se demande si les pages du club des punks contre l’apocalypse zombie ne sont pas recouvertes d’une substance illicite par transmission cutanée ! Un effet de style plutôt réussi, donc, du moins à mes yeux.

En clair, ce roman est juste brillant. On ne peut pas réduire ce récit à un bouquin délirant pendant lequel on rigole bien, avec des personnages qui sortent de l’ordinaire. J’ai décelé une forme d’engagement à travers ce texte, une critique de la société d’hyper-consommation qui devrait être remplacée par une idéologie du vivre ensemble et du respect mutuel. Ainsi qu’une ode à la musique, évidemment. A mes yeux, le club des punks contre l’apocalypse zombie a plusieurs niveaux de lecture. On peut choisir d’y trouver un simple divertissement mais on peut aussi réfléchir sur le message qu’il tente de transmettre malgré l’ambiance extrême et hallucinante du récit. C’est un roman vraiment bien pensé, travaillé, proposé par un auteur bourré de talent.

Pour conclure, je vous recommande chaudement ce roman, que vous aimiez ou non les ambiances post-apocalyptiques. Sa lecture a beaucoup à apporter et est d’une très grande qualité littéraire. J’ai été ravie de découvrir cet incroyable auteur et cet univers improbable. Une chose est sûre, vais me pencher sur les autres œuvres de Karim Berrouka !

D’autres avis : CelindanaeLhotsesharLa bibliothèque d’AelinelYuyineLe chien critiqueL’ours inculteBoudicca – vous ?