#PLIB2020 Les Lames Vives #1 Obédience – Ariel Holzl

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Obédience
est le premier tome du diptyque des Lames Vives écrit par l’auteur français Ariel Holzl. Publié chez Mnémos sous le label Naos, vous trouverez ce roman au prix de 18 euros.
Je remercie Estelle et les éditions Mnémos pour ce service presse !

Les Lames Vives raconte l’histoire de six personnages différents dont les destins vont se croiser dans une fantasy orientale clairement dystopique, qui tourne autour de la thématique des luttes (au sens large du terme). Le lecteur découvre donc Gryff, Minah, Ellinore, Nazeem, Saabr et ???. Non, je n’ai pas oublié le dernier prénom, il n’a juste pas d’identité pendant la plus grande partie du livre.

Avant de vous évoquer plus en détail les personnages, je me dois d’esquisser l’univers où Ariel Holzl nous invite à évoluer. Dans un passé pas trop lointain, une révolte a eu lieu qui a permis aux anciens esclaves Muedins de devenir les maîtres. C’est ainsi que nait la république d’Obédience où les Haa’thi n’ont même pas le droit d’être des citoyens. Au passage, Obédience n’a de république que le nom… Je ne connais pas très bien l’histoire orientale mais ça m’a surtout évoquée la traite des Noirs, dans la manière dont on refusait à ce peuple les droits les plus élémentaires tout en les utilisant comme ouvriers ou domestiques. Les Haa’thi sont fondamentalement nécessaires à la société mais totalement écrasés par le joug des Muedins, en guise de revanche pour leur propre condition d’esclave par le passé. Concrètement, tout un peuple paie donc la folie tyrannique de quelques uns. Je m’explique: auparavant, certains Haa’thi possédaient un don d’Empathie. Ce don permet de contrôler les émotions et de lier à soi des personnes sous la contrainte. Vous sentez venir les abus? Bah vous n’avez encore rien vu.

Au sein de cette république, le gouvernement effectue des expériences et améliore certaines personnes pour créer une élite soldatesque. Il y a les Lames, considérées comme des chiens obéissants, des marionnettes mortelles et il y a les Magnites qui appartiennent à l’élite de la société. Les lames sont infectées au vif-argent et ont une espérance de vie d’une dizaine d’années, pour celles qui survivent à l’entrainement. Pour les Magnites, c’est un peu différent : ils possèdent des nanites en grande quantité qu’ils contrôlent à leur guise. Ici donc, pas de magie stricto sensu mais bien une forme de technologie avancée et plutôt bien inspirée. Comme le dit très bien l’auteur dans une interview donnée à ActuSF: la magie, c’est simplement la science qu’on n’a pas encore expliqué. Je paraphrase.

Dans ce tome, Ariel Holzl se concentre plus particulièrement sur les Lames. Via les personnages de Gryff et Saabr, on en apprend beaucoup sur leurs mœurs, leur entrainement, leur réputation monstrueuse… Tout ce qui touche aux Lames et à Obédience de manière générale m’a laissée avec un sentiment assez sordide. Cet univers est terrible et plus on le découvre, plus on se rend compte que l’auteur a encore des horreurs en réserve. Globalement, je l’ai trouvé plutôt dur et ça m’a plu. Si vous vous attendez à retrouver quelque chose de semblable aux Sœurs Carmines, abandonnez tout de suite vos prétentions. Ariel Holzl nous montre avec brio qu’il peut se distinguer dans plus d’un genre littéraire.

Au début du roman, Gryff « meurt » lors du sac d’un village ordonné par la République. Il demande une faveur à Saabr : celle de ne pas le laisser dans l’incinérateur et de plutôt jeter son corps dans l’océan. Celle-ci accepte et Gryff est retrouvé, agonisant, par Minah et Nazeem. Ces derniers sont des Haa’thi renégats qui vivent sur une cité flottante, dérivant elle-même sur ce fameux océan noir et pollué. Même si ce n’est pas clairement dit, on sent qu’il y a eu une catastrophe écologique à un moment donné et ça permet d’esquisser un futur possible pour notre propre monde. Ces gens, qui vivent dans la cité flottante nommée Pha’Rodia, sont considérés comme des hors-la-loi par la république et ils détestent les Lames. Ils auraient dû achever Gryff sauf que… Minah recherche désespérément sa sœur jumelle depuis des années. Cette dernier, prénommée Norah, a été enlevée par la République lors du sac de leur village et Minah refuse de croire à sa mort. Elle affirme qu’elle la sent en vie et cela justifie toute une expédition pour la capitale, afin de la retrouver. Je ne vous gâche rien, c’est vraiment le début du roman.

Vous me direz, Gryff est une Lame, c’est l’ennemi, il ne va jamais accepter de leur filer un coup de main. De fait… Mais Minah est une Empathe, une des dernières, et elle va le lier à lui, corrompant ses sentiments et son libre arbitre. Elle ne comptait pas aller aussi loin mais elle déclenche chez lui un simulacre de passion amoureuse, qui fait qu’il lui obéit en tout et avec plaisir. Oui c’est malsain. Et comme Minah n’a rien d’une garce, elle s’en veut – quoi qu’un peu tard. Pour rajouter du piment à tout ça, Nazeem est évidemment jaloux de Gryff et de sa relation avec Minah. Lui-même s’apprêtait à la demander en mariage quand ils l’ont trouvé dans l’eau et Minah n’a aucune idée des sentiments de celui qu’elle considère comme son meilleur ami. Vous sentez venir les problèmes ? Vous n’imaginez même pas encore à quel point.

Parallèlement à ce plan très foireux, le lecteur évolue aussi dans la capitale via Saabr qui va être affectée à la protection d’Ellinore pour le festival solaire. Les chapitres du point de vue de Saabr dépeignent un personnage sociopathe, brutal, que je trouve vraiment très réussi et qui m’a plu du début à la fin. Ma préférée, largement. Grâce à Ellinore, on en apprend davantage sur les Magnites et sur la façon dont les Haa’this sont considérés. Cela permet également de donner une autre dimension à l’intrigue puisqu’il y aurait un traitre parmi les Magnites, qui aiderait les Haa’this à échapper à la République (je ne vous dévoile pas en quoi, là ce serait du spoil). Ellinore et trois autres Magnites sont chargés d’enquêter là-dessus.

On ne va pas se mentir, l’intrigue est assez classique dans l’ensemble. Si elle ne révolutionne pas le genre, elle se suit avec plaisir. D’autant plus avec sa narration type chorale plutôt bien maîtrisée par l’auteur. Sans parler du monde imaginé par Ariel Holzl, complexe, référencé et original. Je ne suis pas du tout adepte de la dystopie, pourtant j’ai aimé l’ambiance dépeinte par l’auteur. Il ne se contente pas de présenter des monstres et des victimes. Tout le monde a sa part d’ombre et sa part de lumière. J’apprécie particulièrement l’absence de manichéisme dans un roman estampillé young-adult tout comme l’absence de romance-en-cinq-secondes-chrono (à base de oh tu es si belle / beau, j’ai envie de toi et je vais abandonner tous mes principes… Si vous voyez ce que je veux dire). Les relations entre les personnages sont très ambiguës et pas toujours (rarement… ok, jamais) saines, comme c’est souvent le cas dans la réalité. Ce roman se distingue par un fort aspect crédible qui m’a vraiment séduite… Hormis pour tout ce qui touche à Minah. Je n’ai vraiment pas accroché à ce personnage mais c’est un goût tout personnel. Elle représente typiquement la fille pénible qui fait tout de travers et ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez. Héroïne standard quoi. Nazeem la talonne de près dans le genre casse-pied pitoyable. On a envie de les secouer tous les deux (quand je dis secouer, j’ai plutôt envie d’envoyer Monsieur Nyx en fait) mais s’ils prenaient les bonnes décisions… Disons que le roman deviendrai un peu plat.

J’ai beau ne pas avoir aimé certains des personnages, Ariel Holzl m’a fait ressentir des émotions et je me suis investie dans ma lecture, ce qui ne m’arrive plus si souvent (hélas). Je prenais parti, j’avais envie de connaître la suite, de découvrir où il nous emmenait. Si certains éléments paraissent évidents au lecteur (depuis le départ je la sentais pas, cette Aubéline !), il n’en tourne pas moins les pages avec avidité pour arriver au cliffhanger final et au lot habituel des malédictions envers l’auteur à base de : « elle est où la suite ?! » (et donc, elle est où la suite?)

Pour résumer, ce premier tome des Lames Vives est pour moi une réussite. S’il n’a rien en commun avec les Sœurs Carmines sur un plan de l’univers, on retrouve tout de même le talent d’Ariel Holzl, sa plume mordante et ses personnages riches, des qualités parfaitement reconnaissables entre toutes. Obédience pose les bases d’un univers de fantasy orientale inspiré et on n’a qu’une envie : lire la suite. À découvrir sans une hésitation !

14 réflexions sur “#PLIB2020 Les Lames Vives #1 Obédience – Ariel Holzl

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  5. Quand je me serai un peu calmée niveau sagas en cours, je tenterai la bestiole – là tout de suite c’est juste pas possible, LOL.. J’apprécie beaucoup Holzl même si comme tu dis, on est sur quelque chose de différent des Sœurs Carmine (et tant mieux finalement !).
    Ton analyse a encore plus éveillé mon intérêt pour ce premier tome, alors merci 🙂

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  8. Top ça me donne encore plus envie de le découvrir. J’avais peur de l’univers dystopique, car comme toi ce n’est pas quelque chose que j’apprécie souvent en young adult, mais ça à l’air d’être bien construit donc ça devrait le faire !

    • En tout cas selon moi c’est effectivement un univers bien construit qui ne souffre pas de ce qui me dérange habituellement dans le young adult. On sent une réflexion de l’auteur, y’a quand même un aspect travaillé dans les relations entre les personnages, rien de manichéen puis cette technologie qui flirte avec la magie… Bref ça vaut le coup 🙂

  9. Une lecture qui accroche ça vaut toujours le coup, surtout que j’ai souvent le même soucis où je ne me sens pas emportée par l’histoire.
    En plus je suis en train de lire les Sœurs Carmines et j’accroche totalement au style de l’auteur donc j’ai hâte de pouvoir lire cette nouvelle sortie !!

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