Pax Automata – Ariel Holzl

Pax Automata est le nouveau roman de l’auteur français Ariel Holzl dont je vous ai déjà plus d’une fois parlé sur le blog. Celui-ci sort officiellement le 19 octobre presque dans le plus grand secret puisque j’ai l’impression que personne n’en parle nulle part à l’heure où j’écris ces lignes (soit dix jours avant la date) Cela pose tout de même question vu la taille de la maison d’édition et la notoriété de l’auteur qui n’est plus à présenter… Vite, réparons cette injustice !

Un objet livre soigné et très abordable.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble opportun de souligner un élément par rapport à l’objet en lui-même. Comme toujours à l’école des loisirs, la couverture est soignée et j’ai apprécié les éléments métallisés type brillant sur toutes les surfaces normalement réfléchissantes. L’intérieur comporte aussi des illustrations, parfois dans le texte, parfois entre deux chapitres. On y trouve en vrac des dessins mais aussi des articles de journaux ou des publicités internes à la diégèse qui permettent à l’auteur d’évoquer un élément utile de l’univers sans alourdir sa narration par des explications. C’est un procédé dont certain·es devraient s’inspirer…

Et tout ceci, on le trouve en librairie au prix de 17 euros seulement. À l’heure où tous les éditeurs, surtout les plus gros, augmentent dramatiquement leurs tarifs en raison de la crise du papier -même pour des romans qui ne sont pas des traductions- ça laisse un peu d’espoir et ça montre surtout qu’il est possible de fonctionner de cette manière sans pénaliser le lecteur. C’est d’autant plus important quand on s’adresse à un public jeunesse / adolescent. Du coup, bravo et merci l’école des loisirs.

Entrons à présent dans le vif du sujet…

De quoi ça parle ?
Philémon de Fernay est élève à Saint-Cyr où il apprend à devenir pilote pour l’armée. Lors de l’inauguration de l’exposition universelle, il va avoir un grave accident d’aéronef au cours duquel il découvrira le corps d’un enfant automate qui ressemble à s’y méprendre à un humain… ce que personne n’a jamais vu et ce qui est contraire à la Pax Automata. L’Empire serait-il en danger ?

Un univers d’inspiration steampunk soigné.
Attention, précision : je parle de steampunk mais la source d’énergie exploitée n’est pas celle de la vapeur, il s’agit plutôt d’un minerai de cobalt si j’ai bonne mémoire. Ainsi, je devrais sans doute parler de cobaltpunk pour que le Grand Serpent ne me foudroie pas sur place pour une erreur taxonomique mais j’ai bien conscience que le terme « steampunk » est plus évocateur dans l’imaginaire collectif. Donc… Voilà.

Il n’est plus à prouver qu’Ariel Holzl est un créateur d’univers. Son esprit semble fourmiller d’idées originales qu’il couche sur papier avec un souci du détail qu’on ne peut qu’apprécier. Il part ici dans un Paris du 19e siècle uchronique puisque nous sommes en 1889 sous le règne de l’Empereur Napoléon III qui a gagné la bataille de Sedan. Une technologie s’est développée qui permet l’existence d’automates mais bien loin de ce à quoi nous sommes habitués puisque ceux-ci sont cantonnés aux tâches basiques et fonctionnent avec des cartes trouées qui, selon leur assemblage, permet d’ordonner telle ou telle tâche simple comme nettoyer, faire le café, plier le linge, etc. Ces automates ont interdiction formelle de ressembler à un être humain, le doute ne doit pas être permis et c’est bien pour ça que la découverte de Philémon pose un si grand problème…

La Pax Automata comporte donc trois lois : il est interdit d’utiliser des automates durant les conflits armés, il est interdit de construire un automate qui ressemble à un humain et tout automate doit disposer de papiers officiels d’identification, sans quoi il sera immédiatement détruit. Si le lecteur aguerri en science-fiction relèvera le même nombre de lois que celles d’Asimov, il notera aussi une certaine différence entre les deux concepts surtout au niveau de la ressemblance avec les humains. Dans cet univers, les automates ne sont que des objets, du moins… à première vue car l’existence du garçon automate, qui semble doté d’une technologie bien plus avancée, pose question. Ne disposerait-il pas, par hasard, d’une forme de conscience ? Je ne peux m’empêcher d’y voir un habile parallèle avec notre société ainsi qu’une réflexion très anthropocentrée : est-ce qu’on ne peut prêter ou imaginer une conscience à quelque chose si ce quelque chose n’a pas une apparence humaine ?

Outre tous les éléments déjà évoqués, Ariel Holzl réécrit une partie de l’Histoire française comme anglaise, invente un nouveau sport, adapte des moyens de transports, repense les grands travaux de Paris… Bref, il met un soin tout particulier à rendre son univers crédible et cela fonctionne très bien.

Un bon divertissement mais…
Pax Automata « fait le job ». On sent que l’auteur accumule déjà une certaine expérience. Les personnages sont sympathiques à défaut d’être inoubliables ou marquants, l’intrigue est simple, presque linéaire mais ne manque pas de rythme, on a tous les ingrédients pour passer un bon moment de lecture, pour se divertir.

Le souci c’est qu’Ariel Holzl a habitué son lectorat (moi, en fait, on va arrêter de faire croire que je porte la parole de tout le monde) a davantage et il m’a manqué ici la petite touche de folie sombre qu’on retrouve dans les Sœurs Carmines ou, plus récemment, dans La princesse sans visage et même d’une certaine façon dans Fingus Malister. J’ai conscience que le public n’est pas le même et qu’un auteur ne peut pas toujours écrire « la même chose » mais c’est, sur un plan personnel, ce que je préfère chez lui et la raison pour laquelle j’achète tous ses romans sans même lire le résumé. Je ressors donc avec un goût de trop peu bien que rien ne soit à jeter dans ce texte, ni les idées ni la fin ouverte qui permettrait éventuellement de revenir au sein de cet univers si le cœur en dit à l’auteur. Suspens !

La conclusion de l’ombre :
Pax Automata est un roman a priori tome unique mais dont la fin est ouverte, d’inspiration steampunk. Il prend place à Paris, à la toute fin du 19e siècle et propose de suivre le jeune Philémon qui cherchera à venir en aide à un enfant automate dont l’existence même contrevient à toutes les lois de l’Empire. L’univers créé est soigné et crédible, les personnages sympathiques et l’intrigue efficace. C’est un chouette divertissement parfaitement recommandable, surtout pour son public cible.

Mes autres chroniques des œuvres de l’auteur : Les Sœurs Carmines (1 – 2 – 3), Fingus Mallister (1 – 2BpocalypseLes Lames VivesTemps morts – Les Royaumes Immobiles (1 – …)

D’autres avis : Les blablas de TachanSometimes a book – vous ?

S4F3 : 20e lecture.
Informations éditoriales :
Pax Automata par Ariel Holzl. Éditeur : l’école des loisirs. Illustration de couverture : Léonard Dupond. Prix : 17 euros au format papier.

Les royaumes immobiles #1 la princesse sans visage – Ariel Holzl

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Ariel Holzl est un auteur que je suis depuis sa première publication chez Mnémos bien que j’ai mis du temps à me lancer, repoussée par l’accueil critique hallucinant du premier tome des Sœurs Carmines. Cherchez ma logique… Je l’ai donc connu avec sa première saga qui a su m’enchanter et hormis pour l’exception Bpocalypse, ses romans suivants avaient tous un goût de trop peu. Des idées prometteuses pas suffisamment développées, sans doute pour des contraintes de temps, de place, ce qui rejoint un peu le débat maintes fois abordés des conditions de travail des auteur·ices profesionnel·les qui doivent faire certains choix pour vivre.

Avec ce premier tome d’une nouvelle saga (normalement en deux tomes) intitulée les Royaumes Immobiles, Ariel Holzl signe un retour en grâce sur les chapeaux de roue dans un univers qui lui convient parfaitement, tout en nuances de noir.

De quoi ça parle ? 
Pour empêcher le chaos de se répandre dans les royaumes immobiles, il faut quatre monarques : un·e par saison. Depuis trop longtemps maintenant, le roi de l’automne est mort et il devient urgent de le remplacer. Les trois reines feys restantes organisent donc le Sacre. Chaque royaume peut proposer deux candidates et une septième s’invite à la fête presque malgré elle…

Ivy est la dernière descendante -batarde- du Roi Gris, le dernier à avoir porté la Couronne de l’Automne. Elle vivait recluse jusqu’à ce qu’un certain Robin Goodfellow ne vienne la tirer de sa retraite pour la propulser au cœur d’une compétition mortelle. Pour ne rien arranger, Ivy est également porteuse d’une malédiction. Elle est une Belle à Mourir, tout qui contemple son visage sombre dans la folie qui conduit au meurtre ou au suicide. Elle doit donc se cacher sous un masque pour l’éviter, ce qui lui complique beaucoup la vie.

Une réussite sur tous les plans.
Commençons d’abord par l’évidence, à savoir la couverture. Je m’y attarde généralement peu mais j’ai rarement vu une illustration représenter aussi bien une protagoniste. Le souci du détail est impressionnant et le relief sur le masque ainsi que sur le titre rend plus que bien. Très beau boulot éditorial ! Autant sur le visuel que sur l’intérieur qui reste simple mais soigné, avec du papier issu de ressources responsables. Ça commence bien !

J’ai toujours eu une faiblesse pour les feys et tout ce qui tourne autour. Pas pour rien que ma première trilogie se déroulait en Faëry… Ariel Holzl se réapproprie ce folklore en créant un univers comme il sait si bien le faire, s’attachant aux détails et aux références. Croiser Puck dés les premières pages était déjà délicieux mais découvrir les trois autres reines (dont une certaine Titania…), leurs royaumes, les coutumes et la société cruelle des feys à travers les yeux presque trop innocents d’Ivy a été un enchantement (presque du Bel Art !).

Niveau société et coutume, on reste sur du « classique » avec des royaumes dont les souveraines sont pourtant… élues, certes par leurs consœurs mais tout de même ! Ces royaumes sont alimentés par le Glimmer, une énergie magique qui viendrait de l’Ailleurs, le monde des Rêveurs (donc des humains.) Au contraire d’eux, les feys n’ont pas d’âmes et sont nés, selon certains, de ce fameux Glimmer. Sa maîtrise et sa manipulation donne naissance au Bas Art (la magie qui agit sur le concret, le physique) et le Bel Art (la magie de l’esprit, utilisée uniquement par les sidhes). S’en suit évidemment son lot de discrimination puisque les sidhes dominent toutes les autres races que l’on rattache habituellement au « petit peuple ». On apprend au fur et à mesure que tout le monde ne se satisfait pas de son sort… Et on rappelle que l’Histoire est écrite par les vainqueurs.

Avec une maîtrise que je ne lui avais plus vu depuis les Sœurs Carmines, l’auteur distille petit à petit les éléments de son univers en trompant son lectorat et le manipulant à loisir pour l’envoyer sur de fausses pistes, ménageant efficacement son suspens jusqu’à la toute dernière phrase. Les chapitres courts, dynamiques et haletants laissent la part belle à des descriptions efficaces sans pour autant occulter l’héroïne. La narration à la troisième personne au présent inscrit dans le récit un effet d’immédiateté accrocheur qui empêche de reposer l’ouvrage une fois celui-ci ouvert. Car même si Ivy paraît bien fade en comparaison de ceux qui l’entourent (un peu comme une Merryvère, deviendra-t-elle une Tristabelle ?) la prétendante au trône évolue de manière cohérente et intéressante. Aucun élément n’est laissé sur le bas côté, que ce soit son enfance livrée à elle-même ou cette terrible malédiction qui lui refuse toute intimité tant le risque est grand, des secrets familiaux qui se révèlent petit à petit ou des actes qu’elle est amenée à commettre malgré le dégoût qu’ils lui inspirent, Ivy s’impose toute en nuances et rappelle que l’enfer est pavé de bonnes intentions…

De plus, suivre Ivy permet de découvrir l’univers de manière naturelle au sein de la fiction puisqu’elle a vécu recluse pendant la majeure partie de sa vie. Elle connait certains éléments de son monde grâce à sa bibliothèque mais il en manque une large partie, à laquelle elle se confronte à mesure que les épreuves avancent. L’idée est classique et fonctionne.

Si Ivy est la protagoniste principale, la galerie de personnages imaginée par Ariel Holzl est tout simplement saisissante et haute en couleur. Sa réinterprétation de Puck mérite le qualificatif de savoureux et tous les protagonistes croisés par Ivy disposent d’une véritable personnalité, d’une consistance solide et souvent terrible. Mention spéciale à la princesse Séline… Un exemple parmi d’autres du talent de l’auteur pour créer des protagonistes frissonnants. En cela, il exploite merveilleusement l’absence d’humanité de ses personnages, proposant des monstres au visage parfois -mais rarement- sympathique. Notez que par moment, il faudra s’accrocher pour goûter à la cruauté des feys qui chavirera probablement les cœurs sensibles.

Le mien va très bien, rassurez-vous. J’en redemande !

La conclusion de l’ombre :
Ariel Holzl place la barre (très) haut avec le premier tome de cette nouvelle duologie publiée chez Slalom. Il invite son lectorat à le suivre au royaume des Feys où il se réapproprie cette mythologie à sa sauce saupoudrée d’une bien délicieuse cruauté. On retrouve l’auteur au sommet de son art après plusieurs sorties plus faibles en terme d’exploitation d’univers et cela me réjouit. Ma seule frustration vient du fait que l’attente d’un an me paraîtra une éternité ! Mais ça ne rendra le tome 2 que meilleur, j’en suis persuadée.

Mes autres chroniques des œuvres de l’auteur : Les Sœurs Carmines (123), Fingus Mallister (12) Bpocalypse, Les Lames Vives, Temps morts.

D’autres avis : pas encore mais cela ne devrait plus tarder.

Informations éditoriales :
Les royaumes immobiles, tome 1 : la princesse sans visage par Ariel Holzl. Éditeur : Slalom. Illustration de couverture : Germain Barthélémy. Prix : 16.95 euros.

Temps mort – Ariel Holzl

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Temps mort
est un roman one-shot d’urban fantasy destiné à un public 13+ écrit par l’auteur français Ariel Holzl. Publié par Slalom, vous trouverez ce texte partout en librairie au prix de 15.95 euros.

De quoi ça parle ?
Léo, dix-sept ans, arrive à Paris après la mort de ses parents pour être pris en charge par son oncle Théobald. L’homme vit claquemuré dans un étrange manoir et semble lié à un univers alternatif, le Périmonde, sorte de négatif de la ville de Paris. Léo s’y retrouve embarqué pour essayer de sauver la seule famille qu’il lui reste.

De l’urban fantasy classique à la sauce Ariel Holzl.
Soyons clairs : Ariel Holzl ne réinvente pas ici le genre de l’urban fantasy. Vous me direz, on ne le lui demande pas et vous avez totalement raison ! Ce que je veux dire par là, c’est qu’on retrouvera des éléments classiques de ce genre littéraire comme un monde alternatif (le Périmonde), des créatures issues du bestiaire des ombres (spectres, vampires, liches, goules), un adolescent précipité dans ce monde où il aura la chance d’avoir quelqu’un pour le guider (c’est pratique ces gens altruistes (ou pas) !), des puissants qui semblent porter une attention injustifiée à cet adolescent susmentionné, bref vous voyez le tableau. Toutefois, Temps Mort possède cette « patte holzlienne » qui lui permet de se distinguer.

Ce que j’entends par là c’est que j’ai retrouvé dans ce roman ce que j’aime chez l’auteur : cette ambiance grand-guignolesque à l’esthétique résolument 19e siècle, cet excentrisme assumé qui me donne presque l’impression de lire un manga, que ce soit par la façon dont les personnages se présentent ou la manière dont ils s’affrontent. Ce n’est certes pas sa production la plus inspirée en terme de création d’univers mais le roman reste plaisant.

Quelques éléments de contexte :
Il existe un Paris alternatif appelé Périmonde, qui est une version en négatif de la capitale française. Une cinquantaine d’individus immortels y (sur)vivent, des individus appelés les ichorides parce qu’ils dévorent l’ichore (l’âme, l’essence) des personnes qui meurent dans le Paris d’En-Haut. Ces ichorides sont répartis en quatre maisons : Léthé pour les liches qui façonnent les os, Cocyte pour les goules qui façonnent la chair, Achéron pour les vampires qui corrompent le sang et enfin Styx pour les spectres liés à l’âme. Chaque maison est dirigée par un dynaste, généralement l’ichoride le plus ancien et / ou le plus puissant. Mourir dans le Périmonde n’est pas très grave car à chaque fin de cycle, le Glas sonne et le Périmonde est en quelque sorte réinitialisé, ce qui permet aux personnes décédées de revenir comme avant, si toutefois personne n’a volé leur précieux ichor. Il existe bien entendu des lois pour empêcher cela mais c’est bien l’une des seules règles de cet univers où la quasi absence de trépas définitif rend les habitants plutôt extrêmes dans leurs interactions sociales (c’est la façon polie de dire que ce sont de grands tarés meurtriers.)

Sur le papier, l’univers est prometteur mais voilà : au contraire des Sœurs Carmines où Ariel Holzl a pu développer de petits détails amusants et évocateurs ainsi que des personnages iconiques sur trois tomes, il signe ici un one-shot où les idées sont présentes, tout comme le potentiel, mais où il n’y a décidément pas assez de pages pour m’empêcher de rester sur ma faim. Car si Léo (sur lequel je vais revenir) est très réussi, tout/es celles et ceux qui gravitent autour sont à peine esquissé/es au point de devenir des éléments de décor alors que, damned, rien que les Dynastes ont un potentiel de malade ! Et je ne dis pas ça parce que j’ai -évidemment- (quoi, t’es surpris/e, really ?) craqué sur le personnage de Monsieur.

Bref, c’est justement parce que les idées me plaisent que je ressors frustrée de ma lecture : j’en voudrais davantage.

Léo, protagoniste principal et narrateur.
Il existe des centaines, peut-être des milliers de roman qui sont racontés par leur protagoniste principal a posteriori, sous forme d’un journal très (trop ?) détaillé où, finalement, ce personnage devient romancier même s’il s’en défend à grands cris. Ariel Holzl fait le même choix ici avec un récit à la première personne, du point de vue de Léo. Là où l’auteur se montre original, c’est qu’il justifie l’existence de ce texte, de ce journal, d’une manière qui me semble assez solide par rapport aux standards habituels.

En effet, Léo souffre de la maladie de Huntington. En quelques mots, il s’agit d’une maladie neurodégénérative qui affecte les fonctions motrices, cognitives et émotionnelles. Ce n’est pas la première fois que je la croise dans la fiction (comment oublier Numéro 13 ?) et l’auteur la représente assez bien ici, avec les conséquences que cela a sur la vie de Léo. C’est d’ailleurs pour cela que l’adolescent écrit de manière détaillée son premier contact avec le Périmonde. Il s’adresse à son lui du futur, sans savoir si un traitement sera entre temps trouvé, s’il va oublier ce qui lui est arrivé ou non. Il écrit « au cas où » il oublierait et devrait se rappeler de tout ce qui concerne ce Paris alternatif, pour différentes raisons que vous découvrirez au fil du roman.

La conclusion de l’ombre :
Temps mort est un récit très holzlien avec tout ce que ce qualificatif comporte de compliments. Une urban fantasy certes classique mais à l’esthétique grand-guignolesque assumée qui la transforme en chouette moment de lecture en compagnie de Léo. Pourtant, je reste sur ma faim car ce texte fourmille d’excellentes idées qui ne sont pas suffisamment exploitées. Je me demande si l’auteur y reviendra un jour ou non. Quoi qu’il en soit, je continuerai à suivre ses publications.

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#S4F3s7 : 11e lecture

Bpocalypse – Ariel Holzl

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Bpocalypse
est un one-shot young adult post-apocalyptique écrit par l’auteur français Ariel Holzl. Publié à l’école des loisirs dans sa collection Médium+, vous trouverez ce roman partout en librairie au prix de 17 euros.

Je vous ai déjà régulièrement parlé de cet auteur puisque j’ai lu tous ses romans publiés jusqu’ici et chaque découverte a été un enchantement. Vous pouvez retrouver mes différentes chroniques sous le tag « ariel holzl » !

De quoi ça parle ?
Il y a huit ans, l’apocalypse a eu lieu. L’histoire prend place à Concordia, aux États-Unis, et suit Sam, une adolescente de quinze ans qui se rend au lycée plutôt bien équipée : batte, talismans, couteau… Il n’en faut pas moins pour affronter cette ville post-apocalyptique, ses quartiers dangereux et ses créatures mutantes.
L’intrigue commence quand la quarantaine est levée sur l’ancien parc public, permettant à ceux qui s’y étaient retrouvés coincés d’en sortir et de rejoindre la population. Problème : ils ont muté et entre leurs dents pointues, leurs yeux rouges et leur peau pâle, personne n’a envie de se lier d’amitié avec les jumeaux originaires du parc qui débarquent au lycée… Au contraire ! Les moqueries sont légions mais ceux qui les ennuient subissent tous des accidents plus ou moins violents. Sam décide d’enquêter pour faire la lumière sur ces histoires.

Un univers post-apocalyptique extrêmement riche.
Vous le savez peut être si vous suivez le blog avec attention mais je lis assez peu de post-apo parce que ce genre littéraire ne me séduit pas du tout. On y retrouve régulièrement le même genre de codes et d’esthétique qui me hérissent parce que ce n’est pas ce que je recherche en littérature. Si ce roman n’avait pas été écrit par Ariel Holzl, je ne l’aurais certainement pas acheté. Et j’ai eu raison de me fier à la magie des mots de cet auteur talentueux… qui en arrivait à me faire oublier mon aversion pour ce genre littéraire.

Magie des mots donc au service d’une originalité remarquable. Ariel Holzl ne se contente pas d’écrire dans l’univers post-apocalyptique : il le réinvente. Une météorite est tombée sur le monde, certains fragments ont frappé Concordia, ce qui a donné lieu à plusieurs phénomènes. Déjà, les animaux ont muté, parfois par des croisements, parfois autrement, ce qui donne un bestiaire très riche. Ensuite, des phénomènes étranges se sont produits : certains quartiers ont été totalement gelés, certains habitants sont devenus des zombies, d’autres ont subi des mutations différentes à l’instar de ceux du parc. Quant aux morts, certains ont été enfermés dans le réseau électrique, provoquant l’apparition d’une nouvelle profession, celle d’élecromancien (électricité + nécromancien !). Comme l’argent n’a plus la moindre valeur, on paie avec des CD et des DVD, du coup le vidéoclub est devenu une banque et nécessite la protection de miliciens privés. D’autres métiers ont émergé, avec des buts bien précis : délimiter les zones dangereuses, récolter des plantes, effectuer des recherches ésotériques sur les différents phénomènes induis par l’apocalypse… Bref, j’avais davantage le sentiment d’être dans un autre monde plutôt que dans un après le nôtre et ça m’a vraiment bien plu.

Comme toujours, Ariel Holzl prend soin des détails et rend son univers vivant, tangible. Je n’ai eu aucun mal à m’y plonger ni à me sentir intéressée par toutes les merveilles qu’il renferme. Si on ne devait retenir qu’une seule qualité à cet auteur (qui en a de très nombreuses au demeurant) c’est vraiment celle de son imagination foisonnante.

Samsara, une ado en colère.
Même si le roman est écrit à la troisième personne, la narration reste toujours focalisée sur Samsara, une adolescente d’origine indienne qui a vu son père (un policier) mourir sous ses yeux durant l’apocalypse, justement dévoré par une araignée géante sortie du parc dont on lève la quarantaine au début du roman… Son rêve est de rejoindre la milice pour « casser du mutant » mais cela exige de réussir certaines épreuves difficiles avec un certain niveau de résultats. Comme de juste, Sam est pleine de colère même si elle essaie de la contrôler. Elle vit seule avec sa mère dans un immeuble hanté par un fantôme qui gère leur électricité et se rend à l’école en vélo. Là-bas, elle retrouve ses deux meilleurs amis : Yvette et Danny. Danny est le fils du chef des électromanciens. Quant à Yvette, elle vient d’un quartier sorti de quarantaine quelques années plus tôt seulement, un genre de bayou qui m’a donné un peu une impression de s’inspirer de la Louisiane tant par son climat que par son folklore.

En tant qu’héroïne, j’ai trouvé Sam très intéressante à suivre car elle ressemble vraiment à une ado, avec ce que ça implique de positif comme de négatif. Elle est bornée, butée, par moment égoïste même si elle se rend compte de ses erreurs et de ses égarements. Je l’ai aussi trouvée très résiliente face aux situations qu’elle a pu vivre et la violence qu’elle porte en elle ne manque pas d’intérêt non plus car elle va longtemps marcher sur le fil. J’ai adoré la suivre même si je n’ai pas toujours été en phase avec ses réflexions et ses choix. Je n’ai eu aucun souci à m’intéresser à elle, à ses états d’âme, ce qui est la marque, je trouve, d’un bon personnage. De plus, elle a un petit côté brute de décoffrage avec une pointe d’humour noir qui fait mouche chez moi.

Sam n’est pas la seule à avoir un réel intérêt : ses deux meilleurs amis sont également consistants et dotés d’une vraie personnalité, en plus d’une galerie de personnages secondaires assez haut en couleur. C’est une autre qualité qu’on retrouve systématiquement dans les romans d’Ariel Holzl, ce soin apporté à ses protagonistes.

Des messages forts : diversité et tolérance
La diversité et la tolérance sont les principaux messages présents au cœur du roman sans que ça ne soit abordé frontalement. Je trouve que c’est la manière la plus efficace de l’amener, d’ailleurs, car ça renforce le propos. Samsara est d’origine indienne et pas très féminine. Yvette semble venir d’une famille afro-américaine et sort avec une de leurs camarades de classe. Quant à Danny, il est le seul à offrir son amitié aux jumeaux et à accepter d’avoir une ouverture d’esprit suffisante pour les comprendre. Une partie de l’intrigue tourne d’ailleurs autour de l’intolérance que ressent la population envers les mutants, une intolérance de groupe, d’office, pour tout un ensemble d’individus pourtant très différents les uns des autres. On se rend compte que beaucoup de morts et de souffrance auraient pu être évités si seulement les gens avaient accepté de regarder plus loin que le bout de leur nez…

Nous sommes donc sur des thèmes résolument modernes quoi que classiques, mais si bien abordés que ça ne laisse pas indifférent.

La conclusion de l’ombre :
Bpocalypse est un roman post-apocalyptique qui porte la patte littéraire si reconnaissable de son auteur : bourré d’originalité, d’humour (noir), avec des personnages solides et de beaux messages sur la tolérance. Le tout avec une intrigue dynamique, addictive, qui fait que les pages se tournent sans qu’on s’en rende compte. Moi qui ne suis pas très fan de ce genre littéraire, j’ai adoré ce one-shot dévoré en moins de deux jours et je vous le recommande très chaudement. Tout comme le reste de la bibliographie de l’auteur, d’ailleurs.

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Fingus Malister, crâne bavard, grimoire et magie noire

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Crâne bavard, grimoire et magie noire
est le second volet des aventures de Fingus Malister écrit par l’auteur français Ariel Holzl. Publié par Rageot, vous trouverez ce volume partout en librairie au prix de 12.5 euros.

De quoi ça parle ?
Fingus Malister est un apprenti seigneur maléfique qui aimerait bien développer ses pouvoirs. Pour cela, son grand-père (un crâne doté d’une moustache et d’un monocle) lui conseille de dérober le M.É.C.H.A.N.T (Manuel Élémentaire de Conjuration Hautement Avancée et de Nécromancie Ténébreuse) au Roi de l’Automne. Une nouvelle aventure attend donc Fingus et son amie Polly la sorcière.

Souvenez-vous, je vous ai déjà évoqué le premier opus : Fingus Malister, Feux follets, mandragore et cadavre frais. Je profite de l’occasion pour préciser que si ce tome est bien une suite, il peut, selon moi, se lire sans avoir découvert le précédent. Raison, je suppose, pour laquelle l’éditeur n’a pas précisé de tomaison dans le titre (mais celle-ci apparait bien sur la tranche du roman).

Un roman jeunesse ?
Qu’est-ce qu’un roman jeunesse ? Voilà une question que je me pose régulièrement. Stricto sensu, il s’agit d’une littérature à destination d’un public plus jeune et qui s’y adapte donc, par sa forme et son contenu. Ainsi, littérature jeunesse rimerait avec simplicité? Enfantin ? C’est une idée qu’on retrouve régulièrement et de plus en plus d’auteurs récents s’attachent à montrer qu’il n’en est rien. Ariel Holzl est de ceux-là.

Car le contenu de Fingus Malister, s’il est présenté avec une certaine candeur (mais une candeur malsaine un peu comme Dolorine à l’école) n’en reste pas moins plutôt sombre. On y a un Roi de l’Automne dont la traine est faite de peau humaine et qui écrit sur des feuilles mortes avec du sang, le crâne d’un grand-père seigneur maléfique qui pousse Fingus à sacrifier un être humain (enfin, il essaie) pour réussir à voler un grimoire, Fingus qui cherche à ramener toute sa famille à la vie en utilisant un rituel de nécromancie, une ville corrompue par la magie noire, des escargots qui bavent une substance qui pétrifie les gens et une ambiance globalement sombre peuplée de créatures atypiques et d’inventions farfelues. Ariel Holzl maîtrise l’aspect ludique de son univers, qui saura séduire de jeunes lecteurs, mais s’adresse également de manière détournée à son lectorat adulte en proposant, comme pour le premier opus, une double grille de lecture. C’est quelque chose que j’ai vraiment apprécié.

Alors oui, son style d’écriture se révèle plus accessible dans ce texte. Non pas qu’il soit compliqué en règle générale mais on sent que les phrases sont tournées pour être comprises par de jeunes lecteurs. Le style s’adapte à son héros, finalement, qui n’a que douze ans. Cela n’en reste pas moins un régal à lire, surtout entre deux textes plus ardus. Une bulle d’air bienvenue dont l’ambiance et les thèmes collent parfaitement à la période.

Un goût de trop peu.
Mais… parce qu’il y a un mais… Une fois arrivée à la dernière page, j’ai eu un goût de trop peu. L’épilogue proposé par l’auteur laisse entendre qu’il n’y aura plus d’autres volumes des aventures de Fingus et la manière dont il résume tout ce qui lui est arrivé après la présente aventure montre qu’il y avait encore beaucoup de matière à exploiter. Et même, la décision finale du héros de passer dans le miroir laisse entendre, espérer même, d’autres aventures qui ne paraissent pourtant pas annoncées. J’en ai conçu une grande frustration, surtout due au fait que j’aimais vraiment bien ce jeune garçon apprenti seigneur maléfique et l’univers qui gravite autour de lui. Peut-être le retrouvera-t-on dans une œuvre adulte ? Le mystère reste entier et l’espoir tenace. Ariel, si tu passes par ici, entends ma prière !

La conclusion de l’ombre : 
Fingus Malister est un diptyque jeunesse sympathique et plein d’originalité à l’ambiance sombre mais un sombre amusant. Ce tome reprend les ingrédients du précédent avec le même effet. On y retrouve l’imagination fertile de l’auteur, son humour noir ici à un niveau plus enfantin… Quoi que ! Fidèle à lui-même, Ariel Holzl propose deux grilles de lecture, ce qui permettra de ravir autant les jeunes lecteurs que les plus âgés. Cette saga, tout comme la bibliographie de l’auteur de manière générale, est parfaitement recommandable, surtout en cette période d’Halloween. Un régal.

D’autres avis : quelques uns sur Babelio, rien encore dans notre cercle !

#PLIB2020 Les Lames Vives #1 Obédience – Ariel Holzl

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Obédience
est le premier tome du diptyque des Lames Vives écrit par l’auteur français Ariel Holzl. Publié chez Mnémos sous le label Naos, vous trouverez ce roman au prix de 18 euros.
Je remercie Estelle et les éditions Mnémos pour ce service presse !

Les Lames Vives raconte l’histoire de six personnages différents dont les destins vont se croiser dans une fantasy orientale clairement dystopique, qui tourne autour de la thématique des luttes (au sens large du terme). Le lecteur découvre donc Gryff, Minah, Ellinore, Nazeem, Saabr et ???. Non, je n’ai pas oublié le dernier prénom, il n’a juste pas d’identité pendant la plus grande partie du livre.

Avant de vous évoquer plus en détail les personnages, je me dois d’esquisser l’univers où Ariel Holzl nous invite à évoluer. Dans un passé pas trop lointain, une révolte a eu lieu qui a permis aux anciens esclaves Muedins de devenir les maîtres. C’est ainsi que nait la république d’Obédience où les Haa’thi n’ont même pas le droit d’être des citoyens. Au passage, Obédience n’a de république que le nom… Je ne connais pas très bien l’histoire orientale mais ça m’a surtout évoquée la traite des Noirs, dans la manière dont on refusait à ce peuple les droits les plus élémentaires tout en les utilisant comme ouvriers ou domestiques. Les Haa’thi sont fondamentalement nécessaires à la société mais totalement écrasés par le joug des Muedins, en guise de revanche pour leur propre condition d’esclave par le passé. Concrètement, tout un peuple paie donc la folie tyrannique de quelques uns. Je m’explique: auparavant, certains Haa’thi possédaient un don d’Empathie. Ce don permet de contrôler les émotions et de lier à soi des personnes sous la contrainte. Vous sentez venir les abus? Bah vous n’avez encore rien vu.

Au sein de cette république, le gouvernement effectue des expériences et améliore certaines personnes pour créer une élite soldatesque. Il y a les Lames, considérées comme des chiens obéissants, des marionnettes mortelles et il y a les Magnites qui appartiennent à l’élite de la société. Les lames sont infectées au vif-argent et ont une espérance de vie d’une dizaine d’années, pour celles qui survivent à l’entrainement. Pour les Magnites, c’est un peu différent : ils possèdent des nanites en grande quantité qu’ils contrôlent à leur guise. Ici donc, pas de magie stricto sensu mais bien une forme de technologie avancée et plutôt bien inspirée. Comme le dit très bien l’auteur dans une interview donnée à ActuSF: la magie, c’est simplement la science qu’on n’a pas encore expliqué. Je paraphrase.

Dans ce tome, Ariel Holzl se concentre plus particulièrement sur les Lames. Via les personnages de Gryff et Saabr, on en apprend beaucoup sur leurs mœurs, leur entrainement, leur réputation monstrueuse… Tout ce qui touche aux Lames et à Obédience de manière générale m’a laissée avec un sentiment assez sordide. Cet univers est terrible et plus on le découvre, plus on se rend compte que l’auteur a encore des horreurs en réserve. Globalement, je l’ai trouvé plutôt dur et ça m’a plu. Si vous vous attendez à retrouver quelque chose de semblable aux Sœurs Carmines, abandonnez tout de suite vos prétentions. Ariel Holzl nous montre avec brio qu’il peut se distinguer dans plus d’un genre littéraire.

Au début du roman, Gryff « meurt » lors du sac d’un village ordonné par la République. Il demande une faveur à Saabr : celle de ne pas le laisser dans l’incinérateur et de plutôt jeter son corps dans l’océan. Celle-ci accepte et Gryff est retrouvé, agonisant, par Minah et Nazeem. Ces derniers sont des Haa’thi renégats qui vivent sur une cité flottante, dérivant elle-même sur ce fameux océan noir et pollué. Même si ce n’est pas clairement dit, on sent qu’il y a eu une catastrophe écologique à un moment donné et ça permet d’esquisser un futur possible pour notre propre monde. Ces gens, qui vivent dans la cité flottante nommée Pha’Rodia, sont considérés comme des hors-la-loi par la république et ils détestent les Lames. Ils auraient dû achever Gryff sauf que… Minah recherche désespérément sa sœur jumelle depuis des années. Cette dernier, prénommée Norah, a été enlevée par la République lors du sac de leur village et Minah refuse de croire à sa mort. Elle affirme qu’elle la sent en vie et cela justifie toute une expédition pour la capitale, afin de la retrouver. Je ne vous gâche rien, c’est vraiment le début du roman.

Vous me direz, Gryff est une Lame, c’est l’ennemi, il ne va jamais accepter de leur filer un coup de main. De fait… Mais Minah est une Empathe, une des dernières, et elle va le lier à lui, corrompant ses sentiments et son libre arbitre. Elle ne comptait pas aller aussi loin mais elle déclenche chez lui un simulacre de passion amoureuse, qui fait qu’il lui obéit en tout et avec plaisir. Oui c’est malsain. Et comme Minah n’a rien d’une garce, elle s’en veut – quoi qu’un peu tard. Pour rajouter du piment à tout ça, Nazeem est évidemment jaloux de Gryff et de sa relation avec Minah. Lui-même s’apprêtait à la demander en mariage quand ils l’ont trouvé dans l’eau et Minah n’a aucune idée des sentiments de celui qu’elle considère comme son meilleur ami. Vous sentez venir les problèmes ? Vous n’imaginez même pas encore à quel point.

Parallèlement à ce plan très foireux, le lecteur évolue aussi dans la capitale via Saabr qui va être affectée à la protection d’Ellinore pour le festival solaire. Les chapitres du point de vue de Saabr dépeignent un personnage sociopathe, brutal, que je trouve vraiment très réussi et qui m’a plu du début à la fin. Ma préférée, largement. Grâce à Ellinore, on en apprend davantage sur les Magnites et sur la façon dont les Haa’this sont considérés. Cela permet également de donner une autre dimension à l’intrigue puisqu’il y aurait un traitre parmi les Magnites, qui aiderait les Haa’this à échapper à la République (je ne vous dévoile pas en quoi, là ce serait du spoil). Ellinore et trois autres Magnites sont chargés d’enquêter là-dessus.

On ne va pas se mentir, l’intrigue est assez classique dans l’ensemble. Si elle ne révolutionne pas le genre, elle se suit avec plaisir. D’autant plus avec sa narration type chorale plutôt bien maîtrisée par l’auteur. Sans parler du monde imaginé par Ariel Holzl, complexe, référencé et original. Je ne suis pas du tout adepte de la dystopie, pourtant j’ai aimé l’ambiance dépeinte par l’auteur. Il ne se contente pas de présenter des monstres et des victimes. Tout le monde a sa part d’ombre et sa part de lumière. J’apprécie particulièrement l’absence de manichéisme dans un roman estampillé young-adult tout comme l’absence de romance-en-cinq-secondes-chrono (à base de oh tu es si belle / beau, j’ai envie de toi et je vais abandonner tous mes principes… Si vous voyez ce que je veux dire). Les relations entre les personnages sont très ambiguës et pas toujours (rarement… ok, jamais) saines, comme c’est souvent le cas dans la réalité. Ce roman se distingue par un fort aspect crédible qui m’a vraiment séduite… Hormis pour tout ce qui touche à Minah. Je n’ai vraiment pas accroché à ce personnage mais c’est un goût tout personnel. Elle représente typiquement la fille pénible qui fait tout de travers et ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez. Héroïne standard quoi. Nazeem la talonne de près dans le genre casse-pied pitoyable. On a envie de les secouer tous les deux (quand je dis secouer, j’ai plutôt envie d’envoyer Monsieur Nyx en fait) mais s’ils prenaient les bonnes décisions… Disons que le roman deviendrai un peu plat.

J’ai beau ne pas avoir aimé certains des personnages, Ariel Holzl m’a fait ressentir des émotions et je me suis investie dans ma lecture, ce qui ne m’arrive plus si souvent (hélas). Je prenais parti, j’avais envie de connaître la suite, de découvrir où il nous emmenait. Si certains éléments paraissent évidents au lecteur (depuis le départ je la sentais pas, cette Aubéline !), il n’en tourne pas moins les pages avec avidité pour arriver au cliffhanger final et au lot habituel des malédictions envers l’auteur à base de : « elle est où la suite ?! » (et donc, elle est où la suite?)

Pour résumer, ce premier tome des Lames Vives est pour moi une réussite. S’il n’a rien en commun avec les Sœurs Carmines sur un plan de l’univers, on retrouve tout de même le talent d’Ariel Holzl, sa plume mordante et ses personnages riches, des qualités parfaitement reconnaissables entre toutes. Obédience pose les bases d’un univers de fantasy orientale inspiré et on n’a qu’une envie : lire la suite. À découvrir sans une hésitation !

Fingus Malister, Feux follets, mandragore et cadavre frais – Ariel Holzl

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Fingus Malister, Feux follets, mandragores et cadavre frais
est le premier tome d’une saga jeunesse écrite par l’auteur français Ariel Holzl. À paraître chez Rageot pour le 2 octobre, vous trouverez ce roman au prix de 12.5 euros dans toutes les bonnes librairies !
Je remercie les Éditions Rageot et NetGalley pour ce service presse.
Ceci est ma vingtième lecture dans le cadre du challenge S4F3s5 organisé par l’ami Lutin !

Fingus Malister est un seigneur maléfique en herbe qui désire entrer à l’académie de magie pour étudier la nécromancie. Pour ça, il doit éblouir le jury et quoi de mieux qu’une potion capable de ramener les morts à la vie? Le problème, c’est qu’il a besoin d’ingrédients spécifiques et de l’aide de Polly, sa seule ami, afin d’affronter les obstacles qui se dresseront sur sa route.

J’ai lu ce texte d’une traite dans le train pour un salon, ça m’a pris un peu moins de deux heures. On reconnait immédiatement la plume efficace d’Ariel Holzl avec son humour noir d’une rare finesse et ses jeux de mots ravageurs. Difficile de reposer ce roman quand on le commence alors méfiez-vous !

Dans le village de Bedlam, les Malister n’ont pas bonne réputation. D’ailleurs, une foule en colère a brûlé leur château quand Fingus était encore un bébé, si bien qu’il a été élevé par une femme un peu folle décédée trois ans auparavant. Depuis, il se débrouille tout seul dans une vieille maison avec un kraken qui ravage sa cave. Fingus n’a que douze ans et il subit l’exclusion de la part de ses concitoyens, hormis la famille de Polly qui l’accueille toujours à bras ouverts. Je n’ai pas pu m’empêcher de compatir même si Fingus n’a pas vraiment bon caractère. Quand on y pense, sa situation est horrible ! J’apprécie beaucoup le fait qu’il y ait plusieurs niveaux de lecture, autant pour les plus jeunes qui ne tiqueront pas forcément sur tout que pour les lecteurs plus vieux. Une belle réussite et des questionnements intéressants qui se posent sur l’hérédité, le harcèlement, le rejet de l’inconnu.

Ariel Holzl propose une nouvelle galerie de personnages intrigants comme Polly, l’amie sorcière de Fingus, n’aime pas utiliser sa magie et rechigne toujours à s’exécuter, ce qui lui vaut les moqueries du jeune Malister. Il est assez cruel avec elle, difficile de savoir s’il l’apprécie vraiment ou si elle n’est pour lui qu’un sous-fifre, comme expliqué dans son manuel. Pour un futur seigneur du mal, on ne peut pas dire que Fingus soit bien équipé : un vieux libre à moitié brûlé, le crâne de son défunt grand-père à qui il parle tout le temps et un chapeau sans fond.

Parviendra-t-il à rassembler tous les ingrédients nécessaires à la préparation de sa potion ? C’est le fil conducteur du récit qui consiste en une quête assez classique et à sa résolution. Ça reste un roman jeunesse, après tout. Le dernier chapitre indique clairement une suite à venir et c’est appréciable car plusieurs questions restent en suspend et le retournement de situation final s’est révélé inattendu. J’aurai quand même aimé que ça soit annoncé de façon claire dans le titre, je sais que c’est le genre de surprise qui déplait à certains lecteurs.

Pour résumer, Fingus Malister est certes un roman jeunesse mais qui séduira les petits comme les grands grâce à ses différents niveaux de lecture. Avec le style qu’on lui connait, Ariel Holzl propose l’histoire d’un seigneur du mal en herbe qui a peut-être un bon fond… Ou peut-être pas. Ce texte dynamique, drôle et intelligent se lit d’une traite et on a qu’une hâte: découvrir la suite ! Une grande réussite que je recommande chaudement.

Les Sœurs Carmines #3 Dolorine à l’école – Ariel Holzl

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Dolorine à l’école
est le troisième (et dernier?) tome de la saga des Sœurs Carmines écrite par l’auteur français Ariel Holzl. Publiée chez Mnémos, chaque tome coûte 17 euros.
Je remercie les éditions Mnémos pour ce service presse !
Cette lecture entre dans le cadre du challenge S4F3 organisé par Albédo.

Souvenez-vous, je vous ai déjà parlé des Sœurs Carmines en chroniquant le tome 1 et le tome 2. J’avais été emballée par le concept sur le premier et avait été enchantée par les aventures de Tristabelle dans le deuxième. Ce troisième tome nous permet de suivre Dolorine, la petite sœur Carmine âgée d’une dizaine d’année seulement, qui va entrer au pensionnat de Mme Boggartine. En arrivant sur place, Dolorine se rend compte que plusieurs choses ne vont pas. Déjà, les élèves sont anormalement gentils avec elle. Ensuite, les fantômes ont tous disparu, du jamais vu ! La fillette décide alors de mener l’enquête et ça n’ira pas sans mal.

Ce qu’on craint naturellement avec une héroïne aussi jeune, c’est de tomber sur un texte trop enfantin ou trop immature. Ce n’est pas le cas du tout ! Dolorine est d’une touchante naïveté qui se mêle à son éducation « grisaillaise » pour offrir au lecteur des réflexions aussi amusantes qu’incongrues. Là où le premier tome restait introductif avec une sœur un peu plus fade comparée aux autres et où le second offrait une Tristabelle brillante et détestable, ce troisième continue sur sa lancée pour dépayser son lecteur.

Le récit à la troisième personne est parsemé des pages du journal de Dolorine pour une plus grande immersion dans le personnage mais aussi, nouveauté, du journal de son institutrice et d’un exposé réalisé par ses camarades de classe qui se montrera capital pour la suite. J’ai vraiment apprécié les choix narratifs de l’auteur à ce niveau et les dessins qui parsèment le livre. Ce sont parfois des bonhommes assez simplistes et à d’autres moments, des croquis plus aboutis qui apportent véritablement quelque chose au livre. Les pages du journal de Dolorine comportent des taches et des ratures pour donner cet aspect vieillot à ces parties. Les moments de narration, quant à eux, contiennent parfois des mots barrés et corrigés comme d’une façon manuscrite, probablement par Dolorine elle-même, ce que j’ai trouvé amusant et enrichissant.

Outre ces éléments esthétiques et ces choix de l’auteur, l’intrigue qui se développe aborde des thèmes intéressants, comme celui de la mort et des conséquences d’une lutte contre elle. Cela reste classique mais la manière dont Ariel Holzl met cela en place m’a captivée au point de lire ce tome presque d’une traite. On en apprend également davantage sur la dernière des filles Carmine, ce qui pose finalement plus de questions qu’autre chose. Je doute en fait que ce tome soit le dernier car l’auteur se ménage pas mal d’éléments pour continuer sa saga en laissant des questions en suspend. Puis n’oublions pas bébé Dram !

Pour le reste, l’univers se maintient à la hauteur des deux tomes précédents en s’enrichissant toujours un peu plus. On retrouve avec plaisir cette ambiance de merveilleux noir où le progrès technologique commence à menacer les habitudes un peu plus magiques des habitants de Grisaille. Le dénouement de cette malheureuse affaire était vraiment épique, l’auteur n’a peur de rien et ne manque pas d’imagination ! Je me demande s’il envisage des produits dérivés, d’ailleurs. J’adorerai avoir un Monsieur Nyx.

Pour résumer, ce troisième tome des Sœurs Carmines est à la hauteur de sa saga. Contrairement à ce que je craignais, suivre Dolorine n’empêche pas le lecteur plus âgé de s’immerger, que du contraire. Chaque tome a un ton différent, relié par un univers de merveilleux noir avec quelques tendances au steampunk plus que prometteuses. Ariel Holzl signe un nouveau roman réussi et en tant que lecteur, on a qu’une question à lui poser: À quand la suite?

Les Sœurs Carmines #2 Belle de Gris – Ariel Holzl

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Belle de Gris
est le second tome de la saga des Sœurs Carmines écrite par Ariel Holzl et publiée chez Mnémos, dans la collection Naos. Chaque tome est disponible au prix de 17 euros.
Je remercie les éditions Mnémos pour ce service presse !
Ce livre entre dans le cadre du challenge s4f3 organisé par Albédo !

J’avais beaucoup aimé le premier tome des Sœurs Carmines. Ç’avait été une bonne surprise autant sur la forme que sur l’univers. Si j’avais trouvé le personnage de Merryvère un peu fade en comparaison de Tristabelle et Dolorine, ça ne m’avait pas empêchée d’accrocher. Comme j’avais adoré l’esquisse des deux autres sœurs, je me réjouissais de découvrir ce tome 2, centré sur Tristabelle, et je ne suis pas déçue du voyage !

Nous retournons à Grisaille, une ville imaginaire à l’ambiance très inspirée de Tim Burton dans le genre merveilleux macabre. L’éditeur qualifie cette saga de fantasy urbaine moderne et décalée, je n’aurai pas mieux dit moi-même ! Dans ce tome, Tristabelle se prépare pour le grand bal donné par la Reine dans le but de se trouver une nouvelle dame de compagnie (souvenez-vous de ce qui est arrivé à la dernière dans le tome 1… Oupsie.). Un rôle qu’elle trouve parfait pour elle évi-de-mment et rien ne pourra l’empêcher d’obtenir une invitation. Quand je dis rien, ça comprend le vol, les mauvaises fréquentations, la manipulation, l’adhésion à un culte ou encore du travail manuel. Et « rien » comprend aussi la série de morts violentes qui semble frapper tous ceux qu’elle fréquente. Suspecte principale dans l’enquête menée par la police de Grisaille, Tristabelle n’a pas fini d’en voir…

Contrairement au Complot des corbeaux, ce roman est écrit à la première personne. Le lecteur est plongé dans la tête de Tristabelle, qui s’adresse directement à eux comme une entité qui habiterait son esprit. Une sorte d’habitude, pour elle, tout-est-normal. Tristabelle est un personnage terriblement égoïste. Une femme dangereuse, sociopathe et scandaleuse dans chacune de ses réflexions. Elle est horrible… Et merveilleuse à suivre ! Quel plaisir de côtoyer un personnage qui sort du lot, sans aucune morale, c’est tellement subversif qu’on ne peut qu’adhérer. J’apprécie beaucoup la façon dont l’auteur créé une culture propre à son univers qui fait voler en éclat notre notion d’humanité, au point de renverser complètement les codes moraux. C’est ce type de livre que je recherche en général et je ne pensais pas le trouver dans une saga dite « jeunesse ». À de nombreux moments, j’ai souris et même ris de bon cœur tant cette anti-héroïne est très inspirée. L’auteur n’a pas de limite, il parvient à nous plonger dans la psyché spéciale de ce personnage hors du commun avec un réel talent. J’ai adoré chaque page de ce roman principalement grâce à ça. Sans doute Tristabelle serait-elle ravie (mais pas surprise) d’apprendre qu’elle porte la totalité du récit sur ses épaules.

Toutefois, Tristabelle n’est pas la seule qu’on suit. C’est le cas pendant la première partie du roman mais elle « chasse » parfois le lecteur de ses pensées pour préserver certains de ses secrets (et les rouages de l’intrigue) ce que j’ai trouvé plutôt brillant comme procédé narratif pour ne pas tout révéler en une seule fois. Ariel Holzl contourne habilement les restrictions d’un roman à la première personne ! Du coup, il alterne avec des chapitres sur Merry qui permettent de compléter certains éléments de l’intrigue. Si ça peut donner l’impression de sortir du récit, finalement, tout s’imbrique plutôt bien. J’ai deviné l’intrigue moins rapidement que dans le Complot des Corbeaux, du moins pour une partie. Et je ne m’attendais certainement pas aux évènements finaux ! Je ne vais pas trop en dire mais j’ai trouvé ça osé et ça a fonctionné avec moi.

Par contre, je reprocherai deux choses à ce livre : j’ai trouvé la fin plutôt rapide, un peu comme dans le premier. J’aurai préféré que l’auteur prenne davantage son temps, surtout sur la partie liée au masque (je n’en dis pas plus) qui parait un peu sortie de nulle part. Ensuite, Dolorine est quasiment absente du roman et c’est plutôt dommage. J’aurai aimé découvrir d’autres pages de son journal intime, pour apporter davantage de relief à ce récit. Ça n’empêche pas le livre d’être très bon, je vous rassure ! Je donne simplement mon avis personnel. Puis il reste (au moins?) un tome alors je veux croire que la plupart des réponses aux questions restantes s’y trouveront.

Pour résumer, ce second tome des Sœurs Carmines est une réussite qui surpasse même la qualité du premier. Le personnage de Tristabelle est absolument extraordinaire, j’ai beaucoup aimé la fin et toute la poésie qui se dégage finalement du récit, sur lequel je ne vais pas m’attarder pour ne pas spoiler mais Ariel Holzl a été vraiment bien inspiré là-dessus. Un coup de cœur pour moi, je me réjouis de découvrir le tome 3 ♥ Je recommande chaudement cette saga !

Les Sœurs Carmines #1 le complot des corbeaux – Ariel Holzl

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Le premier tome des Soeurs Carmines, intitulé « le complot des corbeaux » est écrit par l’auteur français Ariel Holzl et publié aux Éditions Mnémos au prix de 17 euros par tome.
Je remercie chaleureusement les Éditions Mnémos pour ce service presse.
Ce livre rentre dans le challenge S4F3 proposé par Albédo.

J’entends parler de ce roman sur la blogosphère depuis un bon moment et comme souvent quand un livre créé le buzz, j’ai peur de me lancer et d’être déçue. J’ai donc retardé au maximum ma lecture mais j’ai finalement craqué aux Imaginales en le demandant avec d’autres SPs. J’ai quand même eu besoin d’un bon mois pour me lancer dans l’aventure et je dois avouer que j’ai été très agréablement surprise !

Les sœurs Carmines sont au nombre de trois: Merryvère, Tristabelle et Dolorine. Nous suivons la première, Merry, qui est voleuse de profession même si elle manque un peu de chance dans l’exercice du crime. Le roman s’ouvre sur Merry et Tristabelle en train de profaner une tombe pour récupérer un doigt, qui servira de clé pour ouvrir un coffre… Autant dire que son contenu n’a pas fini de causer des soucis aux sœurs Carmines ! L’action se passe à Grisaille, une ville pas franchement accueillante que se partagent plusieurs maisons. Certaines sont spécialisées dans la nécromancie, d’autres ne comptent que des vampires, l’ambiance macabre et morbide est au rendez-vous, mais l’auteur ne donne pas dans l’oppressant ou le lourd, non. C’est un monde tout en nuance de brume et de noir, riche en couleurs sombres.

La première chose qui m’a séduite, c’est donc l’univers. Dès le début du livre, on ressent une ambiance très Tim Burton, annoncée sur la page de lancement du livre. Un macabre merveilleux absolument délicieux à découvrir et qui prête souvent à sourire, dans le bon sens du terme. En cela, la plume de l’auteur sert admirablement son ambiance: Ariel Holzl maîtrise son vocabulaire et offre une musicalité unique à son texte.

Si j’ai d’abord eu du mal à m’attacher à Merry et Tristabelle, j’ai immédiatement été séduite par Dolorine. J’ai adoré découvrir les chapitres de son journal, sa poupée m’intrigue et ses capacités également. Elle ajoute une plus-value non négligeable au livre, là où je trouve Merry un peu fade (surtout en comparaison des deux autres en fait, pas en elle-même) et Tristabelle détestable. Pour autant, plus j’avançais dans le livre et plus je souriais de ses réflexions carrément égocentriques et déplacées. La magie opère !

Même si les rouages de l’intrigue se devinent assez facilement, le roman reste passionnant et dynamique. On ne s’ennuie pas une seule seconde et les pages s’enchaînent très vite, au point que j’ai lu ce tome en deux jours seulement (et je bosse en journée, imaginez !). Je me réjouis vraiment de découvrir la suite des aventures des trois sœurs, surtout que la fin a eu le mérite de me laisser « sur le cul » et sur ma faim. Un cliffhanger aussi frustrant que bien placé, comme de juste dans le premier volume d’une série.

En bref, j’ai adoré ce premier tome des Sœurs Carmines que je recommande au plus grand nombre. Ce roman, à destination d’un large public, propose une fantasy urbaine influencée par l’esthétique de Tim Burton, avec des personnages qui marquent les esprits et ne manquent pas de relief. Un lancement addictif, à consommer sans modération !