Pax Automata – Ariel Holzl

Pax Automata est le nouveau roman de l’auteur français Ariel Holzl dont je vous ai déjà plus d’une fois parlé sur le blog. Celui-ci sort officiellement le 19 octobre presque dans le plus grand secret puisque j’ai l’impression que personne n’en parle nulle part à l’heure où j’écris ces lignes (soit dix jours avant la date) Cela pose tout de même question vu la taille de la maison d’édition et la notoriété de l’auteur qui n’est plus à présenter… Vite, réparons cette injustice !

Un objet livre soigné et très abordable.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble opportun de souligner un élément par rapport à l’objet en lui-même. Comme toujours à l’école des loisirs, la couverture est soignée et j’ai apprécié les éléments métallisés type brillant sur toutes les surfaces normalement réfléchissantes. L’intérieur comporte aussi des illustrations, parfois dans le texte, parfois entre deux chapitres. On y trouve en vrac des dessins mais aussi des articles de journaux ou des publicités internes à la diégèse qui permettent à l’auteur d’évoquer un élément utile de l’univers sans alourdir sa narration par des explications. C’est un procédé dont certain·es devraient s’inspirer…

Et tout ceci, on le trouve en librairie au prix de 17 euros seulement. À l’heure où tous les éditeurs, surtout les plus gros, augmentent dramatiquement leurs tarifs en raison de la crise du papier -même pour des romans qui ne sont pas des traductions- ça laisse un peu d’espoir et ça montre surtout qu’il est possible de fonctionner de cette manière sans pénaliser le lecteur. C’est d’autant plus important quand on s’adresse à un public jeunesse / adolescent. Du coup, bravo et merci l’école des loisirs.

Entrons à présent dans le vif du sujet…

De quoi ça parle ?
Philémon de Fernay est élève à Saint-Cyr où il apprend à devenir pilote pour l’armée. Lors de l’inauguration de l’exposition universelle, il va avoir un grave accident d’aéronef au cours duquel il découvrira le corps d’un enfant automate qui ressemble à s’y méprendre à un humain… ce que personne n’a jamais vu et ce qui est contraire à la Pax Automata. L’Empire serait-il en danger ?

Un univers d’inspiration steampunk soigné.
Attention, précision : je parle de steampunk mais la source d’énergie exploitée n’est pas celle de la vapeur, il s’agit plutôt d’un minerai de cobalt si j’ai bonne mémoire. Ainsi, je devrais sans doute parler de cobaltpunk pour que le Grand Serpent ne me foudroie pas sur place pour une erreur taxonomique mais j’ai bien conscience que le terme « steampunk » est plus évocateur dans l’imaginaire collectif. Donc… Voilà.

Il n’est plus à prouver qu’Ariel Holzl est un créateur d’univers. Son esprit semble fourmiller d’idées originales qu’il couche sur papier avec un souci du détail qu’on ne peut qu’apprécier. Il part ici dans un Paris du 19e siècle uchronique puisque nous sommes en 1889 sous le règne de l’Empereur Napoléon III qui a gagné la bataille de Sedan. Une technologie s’est développée qui permet l’existence d’automates mais bien loin de ce à quoi nous sommes habitués puisque ceux-ci sont cantonnés aux tâches basiques et fonctionnent avec des cartes trouées qui, selon leur assemblage, permet d’ordonner telle ou telle tâche simple comme nettoyer, faire le café, plier le linge, etc. Ces automates ont interdiction formelle de ressembler à un être humain, le doute ne doit pas être permis et c’est bien pour ça que la découverte de Philémon pose un si grand problème…

La Pax Automata comporte donc trois lois : il est interdit d’utiliser des automates durant les conflits armés, il est interdit de construire un automate qui ressemble à un humain et tout automate doit disposer de papiers officiels d’identification, sans quoi il sera immédiatement détruit. Si le lecteur aguerri en science-fiction relèvera le même nombre de lois que celles d’Asimov, il notera aussi une certaine différence entre les deux concepts surtout au niveau de la ressemblance avec les humains. Dans cet univers, les automates ne sont que des objets, du moins… à première vue car l’existence du garçon automate, qui semble doté d’une technologie bien plus avancée, pose question. Ne disposerait-il pas, par hasard, d’une forme de conscience ? Je ne peux m’empêcher d’y voir un habile parallèle avec notre société ainsi qu’une réflexion très anthropocentrée : est-ce qu’on ne peut prêter ou imaginer une conscience à quelque chose si ce quelque chose n’a pas une apparence humaine ?

Outre tous les éléments déjà évoqués, Ariel Holzl réécrit une partie de l’Histoire française comme anglaise, invente un nouveau sport, adapte des moyens de transports, repense les grands travaux de Paris… Bref, il met un soin tout particulier à rendre son univers crédible et cela fonctionne très bien.

Un bon divertissement mais…
Pax Automata « fait le job ». On sent que l’auteur accumule déjà une certaine expérience. Les personnages sont sympathiques à défaut d’être inoubliables ou marquants, l’intrigue est simple, presque linéaire mais ne manque pas de rythme, on a tous les ingrédients pour passer un bon moment de lecture, pour se divertir.

Le souci c’est qu’Ariel Holzl a habitué son lectorat (moi, en fait, on va arrêter de faire croire que je porte la parole de tout le monde) a davantage et il m’a manqué ici la petite touche de folie sombre qu’on retrouve dans les Sœurs Carmines ou, plus récemment, dans La princesse sans visage et même d’une certaine façon dans Fingus Malister. J’ai conscience que le public n’est pas le même et qu’un auteur ne peut pas toujours écrire « la même chose » mais c’est, sur un plan personnel, ce que je préfère chez lui et la raison pour laquelle j’achète tous ses romans sans même lire le résumé. Je ressors donc avec un goût de trop peu bien que rien ne soit à jeter dans ce texte, ni les idées ni la fin ouverte qui permettrait éventuellement de revenir au sein de cet univers si le cœur en dit à l’auteur. Suspens !

La conclusion de l’ombre :
Pax Automata est un roman a priori tome unique mais dont la fin est ouverte, d’inspiration steampunk. Il prend place à Paris, à la toute fin du 19e siècle et propose de suivre le jeune Philémon qui cherchera à venir en aide à un enfant automate dont l’existence même contrevient à toutes les lois de l’Empire. L’univers créé est soigné et crédible, les personnages sympathiques et l’intrigue efficace. C’est un chouette divertissement parfaitement recommandable, surtout pour son public cible.

Mes autres chroniques des œuvres de l’auteur : Les Sœurs Carmines (1 – 2 – 3), Fingus Mallister (1 – 2BpocalypseLes Lames VivesTemps morts – Les Royaumes Immobiles (1 – …)

D’autres avis : Les blablas de TachanSometimes a book – vous ?

S4F3 : 20e lecture.
Informations éditoriales :
Pax Automata par Ariel Holzl. Éditeur : l’école des loisirs. Illustration de couverture : Léonard Dupond. Prix : 17 euros au format papier.
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9 réflexions sur “Pax Automata – Ariel Holzl

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    • On est d’accord 😅 et encore j’ai eu l’info parce qu’une amie blogueuse fait une review des sorties et je crois qu’elle a vu l’annonce sur genre la Fnac. Et comme il était en avant première sur un salon j’ai pu l’acheter mais sans ça, j’étais pas au courant. La couverture a été partagée par l’auteur seulement hier… Après je gère pas la comm de l’école des loisirs mais je trouve ça dommage pour un auteur de sa trempe :/

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