La Forêt des araignées tristes – Colin Heine

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La Forêt des araignées tristes est un one-shot écrit par l’auteur français Colin Heine. Prévu chez ActuSF pour février 2019, vous trouverez ce premier roman au prix de 19 euros dans la collection Trois Souhaits.
Je remercie Samantha et les Éditions ActuSF pour ce service presse.

Avant d’aller plus loin dans cette chronique, je pense sincèrement être passée à côté du roman.  Je préfère prévenir d’entrée de jeu. Je ne compte pas démolir le premier roman de Colin Heine mais il y a des éléments qui ne m’ont pas plu. Le fait que je m’attendais à un tout autre texte (rien que par son titre) n’aide pas. Je trouve toutefois que la Forêt des araignées tristes a certaines qualités qui séduiront les amateurs, d’où ma chronique.

Nous évoluons dans un monde post apocalyptique recouvert par la vape. La vape, c’est un brouillard qui enveloppe le monde sur une grande partie de sa surface. Une catastrophe a eu lieu, dont on nous parle dans l’introduction, puis l’homme est parvenu à se relever, à se reconstruire. Plusieurs cités émergent et coexistent. L’action principale se passe à Gale, dans ce que j’identifie comme un équivalent de la France.
Quand je dis post apocalyptique, il faut garder à l’esprit que la société reconstruite tient davantage du steampunk belle époque. L’action aurait d’ailleurs sans problème pu se dérouler au 19e siècle.

À travers des points de vue multiples, nous suivons tantôt Bastien (un paléontologue) tantôt Ernest (un explorateur), tantôt Agathe (la vieille servante acariâtre de Bastien) et tantôt… Beaucoup de personnages, en fait. Une rebelle allemande qui arrive à la moitié du roman sans qu’on sache trop d’où elle sort, un fleuriste assassin qui est de loin le personnage le plus intéressant (mon côté cruelle, tout ça), un détective aux buts douteux, et j’en oublie. C’est probablement le premier reproche que j’adresse au roman: la multiplication des points de vue est bien trop nombreuse à mon goût. Si les personnages sont majoritairement bien caractérisés (et c’est déjà bien, vous me direz) tous ne sont pas utiles, loin de là. Certains chapitres rallongeaient inutilement le texte en créant des longueurs plutôt gênantes à la lecture.

C’est le second souci de la Forêt des araignées tristes : les longueurs. Déjà, chaque chapitre est assez volumineux (du moins j’en ai eu le sentiment sur la version numérique) mais en plus, certains sont carrément redondants. Par exemple, Bastien vit toute une mésaventure. Il rentre chez lui, la raconte à Agathe et Ernest, mais sans ellipse. Bastien réexplique donc mot pour mot tout ce que le lecteur a lu juste avant. Pour quelle raison? S’assurer que le lecteur a tout compris? C’est dommage parce que ce sentiment d’être prise par la main m’a vraiment gênée. La tentation de passer des pages était forte et, très honnêtement, si ça n’avait pas été un service presse, j’y aurai cédé. C’est dommage, parce qu’une révision sur ce point aurait rendu ce roman et son intrigue bien plus dynamique.

Ce texte a tout de même certaines qualités. Outre la caractérisation des personnages, je trouve que l’univers inventé par Colin Heine est bien fichu et regorge de métaphores autant sociales qu’écologiques. C’est sans conteste un texte engagé, imagé et inspiré. Dommage, finalement, que l’intrigue ne le serve pas mieux. En lisant la quatrième de couverture en plus du titre, on ne s’attend pas à une enquête aussi classique. On ne s’attend même pas vraiment au contenu, d’autant que Bastien n’est même pas tellement le personnage principal. Pas plus que d’autres. Moi, j’imaginais une exploration dans les Vaineterres avec un Bastien obligé d’embarquer sur une expédition d’Ernest pour échapper à ses poursuivants et découvrant des étendues sauvages peuplées d’araignées géantes avec qui il parviendrait à communiquer, quelque chose dans ce goût-là.  On en est assez loin. Peut-être que ma déception vient de là. Mais en même temps, sur le papier, ça aurait dû y ressembler si on se fie au package du roman.

D’ailleurs, si je dis que je suis totalement passée à côté du texte, c’est aussi en partie parce que je cherche toujours la signification du titre. Il y a bien des araignées géantes présentes à certains moments mais j’ai eu le sentiment qu’elles restaient au second plan et je n’ai absolument pas compris ce qu’essayait de dire le chapitre final. Je ne sais pas si c’est lié à ma panne de lecture (ça ne me surprendrait pas), si je suis lente à la détente (ça arrive !) ou si c’est une volonté esthétique que je n’ai pas saisie / à laquelle je ne suis pas sensible… Toutefois, je referme ce roman avec les sourcils froncés, sans trop savoir ce que j’en pense précisément. Je crois qu’on peut résumer en disant que ce texte n’était pas fait pour moi. Ce qui n’en fait pas un mauvais livre pour autant, qu’on se le dise !

En bref, La Forêt des araignées tristes souffre de certaines longueurs et manque parfois de clarté dans son exposition. Toutefois, Colin Heine signe un premier roman assez convainquant sur son univers et ses personnages, doublé d’un texte socialement et écologiquement engagé. Un auteur avec un potentiel certain mais qui ne m’a pas convaincue ici.

35 réflexions sur “La Forêt des araignées tristes – Colin Heine

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  2. Je suis d’accord avec toi, l’univers est clairement basé sur un mélange de steampunk et de Belle Époque 😉 J’ai d’ailleurs aimé sa mise en place et découvrir son fonctionnement. Tout comme toi, le titre m’appelait davantage à explorer les Vaineterres ; j’en ressors un peu déçue.

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  7. Aïe décidemment celui-ci n’a pas beaucoup de succès :-s. Il est vrai que la joliesse du titre me laissait complètement penser à un autre genre d’histoire que celle que tu résumes. Néanmoins, je pense que je vais quand même le tenter.

    • C’est toujours mieux de se faire un avis par soi-même parce que les goûts et les couleurs sont propres à chacun. Moi j’ai été déçue car j’en attendais autre chose mais si j’avais été prévenue de base je l’aurai vécu autrement je pense !

  8. Ta chronique me laisse mitigée: le titre et la couverture m’avaient fait hésiter et plutôt rebutée! Même si elle est très jolie => les araignées etc, merci bien!^^ Du coup, je me dis que finalement il pourrait me plaire, excepté le coté redondant de certains passages qui lui ne me donne clairement pas envie…à voir! Je ne pense pas me le procurer en neuf mais si je le trouve d’occasion je me laisserai peut-être tentée!

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  10. Une superbe couverture et un titre vraiment qui laisse songeur et qui donne envie de s’intéresser au contenu. Ta chronique et l’avis de Celinedanaé qui vont dans le même sens me disent que je devrais passer mon tour.
    Merci pour ce retour de lecture !

    • C’est vrai que la couverture est magnifique, dommage qu’elle ne corresponde pas au contenu réel du roman :/ Elle en donne une idée qui est plutôt fausse même si ironiquement, c’est bien tiré d’une scène du livre…

  11. J’étais assez intriguée par ce livre, mais je m’attendais plutôt à un livre un peu poétique, avec des araignées dotées de sentiments, toussa… (bon, le résumé n’évoque pas du tout cet aspect, c’est vrai, mais ce sont les impressions que le titre éveillent en moi). Du coup… bon, je vais continuer sur ma PAL actuelle, je verrai éventuellement si j’ai l’occasion de tomber dessus^^

  12. Merci pour cette chronique.
    J’avoue que le titre est exactement le genre de titres qui m’intrigue et me pousserait à acheter le livre. Si ça n’a pas vraiment de rapport avec le contenu, il y a effectivement un gros risque d’être déçu.

    • C’est vraiment ce que j’ai ressenti oui ! Comme toi, ce titre m’attirait et était porteur de promesses non tenues. Après, en lui-même, le livre n’est pas mauvais… C’est juste qu’il ne colle pas à son emballage.

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