La fabrique des lendemains – Rich Larson

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La fabrique des lendemains
est un recueil de vingt-huit nouvelles de science-fiction écrites par l’auteur nigérien Rich Larson. Ce recueil ne connait pas d’équivalent en anglais, les nouvelles ont en effet été sélectionnées et rassemblées par Ellen Herzfeld et Dominique Martel. On retrouve Pierre-Paul Durastanti à la traduction et c’est heureux puisqu’il fait ça très bien. Intéressé.es ? Ce recueil se trouve sur le site de l’éditeur et dans toutes les bonnes librairies au prix de 23.90 euros.

Au sommaire :
Indolore
Circuits
Chute de données
Toutes ces merdes de robot
Carnivores
Une soirée en compagnie de Severyn Grimes
L’Usine à sommeil
Porque el girasol se llama el girasol
Surenchère
Don Juan 2.0
La Brute
Tu peux me surveiller mes affaires ?
Rentrer par tes propres moyens
De viande, de sel et d’étincelles
Six mois d’océan
L’Homme vert s’en vient
En cas de désastre sur la Lune
Il y avait des oliviers
Veille de Contagion à la Maison Noctambule
Innombrables Lueurs Scintillantes
Un rhume de tête
La jouer endo
On le rend viral
J’ai choisi l’astéroïde pour t’enterrer
Corrigé
Si ça se trouve, certaines de ces étoiles ont déjà disparu
La Digue
Faire du manège

Ce recueil contient également une préface signée par Ellen Herzfeld et Dominique Martel ainsi qu’une bibliographie de l’auteur qui reprend son roman et ses (très nombreuses) nouvelles soit 178 au moment de la publication de la fabrique des lendemains. Sauf erreur de ma part, il a dépassé les 200 aujourd’hui.

Un recueil sans équivalent.
La fabrique des lendemains n’existe pas en tant que tel en langue anglaise. Le Bélial a sélectionné vingt-huit textes pour proposer ce recueil dans sa collection Quarante-Deux, vingt-huit textes qui se déroulent dans un futur dans l’ensemble désenchanté et transhumaniste. On y évoque l’immigration, l’impact de différentes technologies sur la vie et l’écologie, les évolutions sociales pas toujours très heureuses et j’en passe. Je reste assez générale à dessein puisque je vais revenir plus bas en détails sur quelques unes de mes nouvelles favorites.

Certains de ces textes, si pas tous, semblent décrire un même monde (le nôtre) à différents moments de son Histoire et dans différents lieux géographiques. J’ai trouvé intéressant de réfléchir sur chaque texte en cherchant les points communs ou les éléments de divergence qui pourraient étayer cette théorie.

Mais ce que je vais surtout retenir de ce recueil, c’est son aspect profondément humain. En cela, Rich Larson m’évoque Ken Liu dans ce qu’il a de meilleur. Toutefois, quand je dis humain, il me faut nuancer puisque certains textes mettent en scène des espèces différentes…

Vu les nombreuses histoires présentes, je ne vais pas m’arrêter sur chacune d’elles. Apophis l’a fait dans sa chronique et l’a très bien fait, ce serait redondant. Je préfère revenir sur celles qui m’ont vraiment touché et vous expliquer pourquoi, espérant ainsi vous convaincre de lire cette merveille.

Mes textes favoris : 
Je dois préciser, avant d’aller plus loin, qu’il n’y a, selon moi, pas un seul texte à jeter dans ce recueil. Il est assez rare que je lise une anthologie ou un recueil d’un.e même auteur.ice sans passer un texte ou l’autre, par ennui ou simplement parce qu’il ne réussit pas à me parler. Ici, ça n’a jamais été le cas. C’est tout de même important de le souligner car ça montre à la fois à la maestria de l’auteur mais aussi la qualité du travail des deux personnes à l’origine de La fabrique des lendemains.

Toutes ces merdes de robot est l’un des premiers textes à apparaître dans la fabrique des lendemains et un des plus réussi, à mon sens. On y suit un robot qui vit sur une île au sein d’une société archaïque composée de robots qui pensent avoir été créés par le soleil et non par les Hommes. D’ailleurs, des Hommes, il ne semble plus y en avoir. Sauf un, coincé sur l’île lui aussi, à qui le robot va demander de l’aide pour réparer une de ses camarades. Ce qui m’a surtout marqué dans ce texte, c’est l’humanité (dans le bon sens du terme) qui se dégage du robot et la façon dont les rôles sont renversés dans l’histoire. Un coup de génie.

Rentrer par tes propres moyens est un texte assez intimiste. On y suit Eliot, un jeune garçon qui va accueillir la conscience numérisée de son grand-père, le temps que sa mère réunisse assez d’argent pour acheter un clone et l’y transférer. Le dénouement de la nouvelle est attendu mais n’en reste pas moins touchant, d’autant que le texte pose des questions intéressantes sur la mort (et sur la vie par extension) ainsi que sur les privilèges de classe.

Innombrables lueurs scintillantes se déroule dans un monde aquatique au sein d’une espèce qui ressemble à des pieuvres. On y suit Quatre Courants Chauds qui a pour projet de creuser dans « le toit » de ce monde, ce qui engendre une certaine panique chez les autres membres de son espèce, panique qui tournera à la violence. J’ai été époustouflée par le world building de cette nouvelle, riche en restant accessible, ainsi que par sa conclusion très poétique. C’est vraiment original comme principe, je ne me rappelle pas avoir lu quelque chose de semblable ailleurs et j’espère que Rich Larson reviendra à cette espèce, à cet univers, un jour ou l’autre (si ce n’est pas déjà fait dans un autre texte en VO !).

Enfin, même si ces deux derniers textes ne sont pas les plus impressionnants en terme de construction ou de concept, j’ai été particulièrement touchée par Corrigé et par Faire du manège. Dans le premier, on rencontre Wyatt, un garçon d’une famille aisée qui a été corrigé, c’est à dire qu’on lui a gommé certains « défauts » ou éléments de sa personnalité qui posaient problème. Visiblement, la correction est quelque chose de banal et d’accepté au sein de cette société et je trouve que ça pose un nombre affolant de questions éthiques. Enfin, dans Faire du manège, Ostap et Alyce sont sur le point de se fiancer quand Alyce perd la vie dans un accident quantique au sein du laboratoire où elle travaillait. Mais est-elle vraiment décédée ? J’ai trouvé ce texte très touchant et plein d’émotion. Il clôt à merveille la fabrique des lendemains !

La conclusion de l’ombre :
La fabrique des lendemains est un recueil de très grande qualité où, selon moi, aucune nouvelle n’est à jeter. On en trouve certaines plus intimistes, d’autres davantage portées sur l’action mais chacune possède un fond solide, un propos fort et des personnages intéressants. Je suis époustouflée par la manière dont Rich Larson gère le format court et j’espère que le Bélial a prévu la publication d’autres recueils du même genre. C’est, à mon sens, un indispensable pour tout qui aime la science-fiction moderne et / ou si vous devez / voulez convaincre quelqu’un que ce genre littéraire a encore de très beaux jours devant lui (au cas où il fallait encore le prouver…) Bref, n’hésitez pas une seconde !

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