Danse avec les lutins – Catherine Dufour

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Danse avec les lutins
est un one-shot fantasy écrit par l’autrice française Catherine Dufour. Publié par l’Atalante, vous trouverez ce roman partout en librairie au prix de 16.90 euros.
Je remercie Emma et les éditions l’Atalante pour ce service presse.

De quoi ça parle ?
Danse avec les lutins est une fresque, de petits morceaux de vie qui racontent comment le peuple ograin a pris de l’ampleur au détriment de la féérie, comment un adolescent en a eu assez de subir la discrimination et a décidé d’agir après avoir été copieusement endoctriné par des personnes mal intentionnées, uniquement motivées par l’appât du gain. Parce qu’une nouvelle guerre, ça génère du profit quand on travaille dans les banques et l’armement…

Une métaphore à grande échelle.
Le roman couvre une large période de temps et commence plus ou moins au moment où Dieu décide d’abandonner la Terre en allant faire un tour plus loin. Sans blague. Une genèse, donc, qui explique de quelle manière différentes espèces de la féérie sont créées et comment elles s’arrangent entre elles. Pas trop mal en réalité, jusqu’à ce que les ograins (nés de l’union ogre / nain donc) se détachent du lot, se reproduisent de plus en plus, gagnent en population et empiètent donc sur le territoire de leurs voisins fééries en utilisant plus de ressource que nécessaire, par exemple.

Ça ne vous rappelle pas quelqu’un, ça ?

En réalité, il serait plus juste de dire que Danse avec les lutins est un ensemble de nouvelles reliées entre elles par un univers commun et une thématique commune, jusqu’à ce qu’on arrive à l’histoire de Figuin qui intervient plus ou moins à la moitié du roman. Sur ce point, la quatrième de couverture m’interpelle puisqu’elle révèle des éléments fondamentaux de l’intrigue ou pas loin… Attention, donc !

À travers un univers typé fantasy par son bestiaire, Catherine Dufour dessine une métaphore intelligente de notre propre Histoire, de notre propre société. Quand on regarde la couverture sans avoir lu le roman, on n’a pas l’impression de s’apprêter à lire un texte aussi sombre quoi que parsemé d’humour un peu absurde qui sert le propos. On y parle de jeunesse perdue, de terrorisme, de discrimination, d’écologie… L’autrice exploite avec intelligence de très nombreux thèmes actuels pour dessiner une fresque glaçante. Faites l’exercice, regardez l’illustration de couverture après votre lecture… Elle prend tout son sens, un sens totalement différent de celui qu’on interprète de prime abord. C’est un détail mais j’adore le soin que Didier Graffet a apporté à ce dessin en réussissant à lui donner une telle profondeur signifiante.

Un peu trop de thèmes ?
C’est bien là le seul vrai souci du roman. Si j’ai aimé le découvrir, si je l’ai trouvé très inspiré et important dans tout ce qu’il aborde, j’ai parfois eu du mal à m’y retrouver entre les ellipses, les sauts temporels, les personnages qui apparaissent et disparaissent sans crier gare pour seulement une page ou deux et qui ont parfois des noms qui se ressemblent. En arrivant à la fin on comprend pour quelle raison le texte se présente de cette manière mais ça le rend tout de même un peu difficile à suivre pour le lecteur qui manque de concentration. Ce n’est pas un ouvrage à lire pour se divertir ou entre deux correspondances de train / bus. Il faut s’y plonger, s’en imprégner, pour vraiment ressentir toute sa profondeur et la force de son propos. Il mérite qu’on l’analyse, qu’on le découpe, qu’on le relise aussi. C’est un texte important, vraiment. Mais je regrette tout de même ce sentiment parfois brouillon que j’ai ressenti, même si c’est justifié dans la diégèse du texte, même si l’idée est bonne, même si, même si.

La conclusion de l’ombre :
Danse avec les lutins est un one-shot de fantasy écrit par l’autrice française Catherine Dufour. Derrière une couverture qui parait de prime abord légère et un folklore féérique bien exploité se cache une puissante métaphore de l’Histoire humaine -de ses erreurs surtout. L’autrice aborde des thèmes modernes et importants : la jeunesse perdue et influençable, le terrorisme, l’endoctrinement, les ravages capitalistes, l’écologie, l’identité historique, proposant ainsi un roman fort et très recommandable. Une réussite de plus au catalogue de l’Atalante !

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19 réflexions sur “Danse avec les lutins – Catherine Dufour

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    • J’avais aussi lu ce roman et ç’avait été une lecture assez étrange pour moi je me souviens. J’ ai lu plusieurs personnes qui ont aussi eu du mal j’ai l’impression qu’avec cette autrice ça passe ou ça casse sans demi mesure 😅

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  7. Je trouve ce titre très intrigant en lisant ton article. Que ce soit sa structure narrative où son aspect métaphorique.
    On a épuisé le budget romans pour cette commande mais je garde quand même le titre de côté pour celle de fin d’année.

  8. « Ça ne vous rappelle pas quelqu’un, ça ? » : des lapins ? Hein ? Quoi ? Comment ça « raté » ? Mince, je ne vois vraiment pas ce que ça pourrait être d’autre…
    Malgré le grand nombre de thèmes, il faut que je le lise celui-là, il a l’air vraiment sympa – enfin, Dufour-sympa quoi.

    • Mais non c’est exactement ça ! Des lapins, peut-être même des lapins adultes 😀 (moment stressant où la référence ne doit pas tomber à l’eau ->)
      Oui si tu aimes les écrits de l’autrice en plus, c’est un texte très recommandable !

    • Oui en lisant ta chronique au moment de mettre les liens je me suis dit ah, tiens, on pense pareil ! Ça m’a un peu rassurée parce qu’en ce moment je sais que j’ai du mal à me concentrer donc j’avais peur que ça vienne de moi, mais visiblement non. Toutefois ça n’enlève rien à l’importance ni à la profondeur du texte je trouve ! Y’a de vraies bonnes idées.

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