Rouge est un one-shot fantastique écrit par l’autrice française Pascaline Nolot. Publié par Gulfstream dans sa collection Électrogène, vous trouverez ce roman partout en librairie au prix de 17 euros.
Je remercie FungiLumini du blog Livraisons Littéraires pour m’avoir prêté ce roman. Allez lire sa chronique, elle m’a mis l’eau à la bouche ! Ce roman a été repoussé suite à la crise du COVID-19, il devait à l’origine sortir en avril. N’hésitez pas à lui faire un bon accueil et à vous montrer curieux pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli 🙂
De quoi ça parle?
Dans une époque moyenâgeuse indéterminée, Rouge vit dans le petit village maudit de Malombre. Pour être exacte, elle y survit, rejetée et malmenée par les autres habitants pour sa face défigurée et son ascendance prétendument maléfique. Si Rouge n’a pas péri au berceau, c’est parce qu’elle est une fille et que la Grand-Mère réclame toutes celles du village qui commencent à saigner. Qu’arrive-t-il à ces Bannies? Rouge va le découvrir car son tour arrive…
Une réécriture sombre de conte.. mais pas que.
Ce qui saute aux yeux en premier lieu quand on entame la lecture de ce roman, c’est sa parenté avec l’histoire du Petit Chaperon Rouge notamment au niveau des figures représentées : le Chasseur (on pense d’abord à Blanche Neige d’ailleurs mais j’ai vérifié, il y en a un aussi dans une réécriture plus tardive du Petit Chaperon Rouge), les loups, la Grand-Mère, le village qui s’oppose à la forêt. Pourtant, ce sont bien là les seuls points communs tant Pascaline Nolot se réapproprie l’histoire avec brio au point de modifier en profondeur les rôles de chaque protagoniste. Je ne peux m’étendre davantage sur le sujet sans divulgâcher le contenu du roman toutefois en dehors des noms, finalement… L’histoire d’origine n’a plus grand chose en commun avec celles de Perrault ou des frères Grimm bien qu’on retrouve l’idée d’une marche en forêt tendant vers un but : aller voir la Grand-Mère en lui apportant un panier avec des victuailles. Comme quoi, avec un concept vu et revu depuis des siècles (littéralement !) on peut toujours innover.
L’originalité et la réappropriation de ce conte connu par l’autrice est un des éléments que j’ai le plus aimé parce qu’il permet de sortir le lecteur de ses certitudes. Il ne s’agit pas bêtement de moderniser une histoire vue et revue avec des thématiques modernes, non ! Pascaline Nolot joue avec nous en nous empêchant de nous fier à ce qu’on croit connaître. J’adore !
Rouge : une héroïne attachante.
Le personnage de Rouge est la seconde grande force de ce roman. La jeune fille survit à Malombre et subit des traitements assez horribles de la part des villageois. Sa mère lui a donné naissance alors qu’elle sombrait dans la folie, une folie induite par le démon avec qui elle aurait forniqué, toute entière obsédée par son désir de maternité (enfin, c’est ce qu’on dit au village). Selon les Malombreux, cela explique sa face rouge. Ils la pensent même contagieuse : si on la touche, on risque d’attraper son mal. Depuis la vieille nourrice qui l’a prise en charge jusqu’à ses quatre ans (et est décédée ensuite, la faute à Rouge ?), Rouge n’a plus eu le moindre contact humain. Personne n’a de considération pour elle à l’exception du Père François qui essaie de tempérer un peu les ardeurs de ses ouailles en délimitant les périodes où ils ont le droit d’être agressifs avec Rouge et de Liénor, son meilleur ami qui manque un peu de courage pour la défendre sans pour autant cesser de la fréquenter.
Rouge possède une psychologie soignée, nuancée, la rendant ainsi très crédible dans son rôle de victime harcelée sans pour autant tomber dans le larmoyant lourd. La jeune fille garde la tête haute, encaisse, souffre mais ne s’apitoie jamais. Un bel exemple ! J’ai vraiment adoré la suivre jusqu’au bout de son histoire.
Entre passé et présent, une narration alternée.
L’autrice opte pour une narration en alternance entre le présent de Rouge et les différents éléments de son passé, notamment ce qui concerne sa mère. Ainsi, le lecteur apprend petit à petit de quelle manière Rouge a véritablement été conçue, comment sa mère a pu accoucher, comment les villageois ont interagis avec elle, etc. L’idée est bonne mais j’ai souvent trouvé ces passages redondants à mesure que j’avançais puisque les informations revenaient souvent. Parfois pour révéler un mensonge mais la majorité du temps, non. En se plongeant dans la psyché d’autres protagonistes, Pascaline Nolot se répète un peu trop sur les éléments de son histoire et c’est le seul vrai point noir de ce roman selon moi. Heureusement, il a bien d’autres qualités ! Notamment la plume de l’autrice qui se plie à l’ambiance ancienne de Malombre avec des tournures de phrase qui offrent une belle musicalité au texte.
Un drame ordinaire pour des thématiques modernes.
Pascaline Nolot met en scène un drame ordinaire (vous comprendrez en lisant) qui prend des proportions gigantesques à cause de l’avidité / stupidité (choisissez votre mot favori) humaine. Elle traite ainsi plusieurs thématiques hélas trop actuelles : le harcèlement, le culte des apparences, le fanatisme religieux mais aussi le sexisme ordinaire dans tout ce qu’il a de plus répugnant. Pour exemple (ceci est un divulgâchage donc surlignez pour lire 😉 ) je pense surtout au Père François qui excuse son comportement obscène en affirmant que le Diable a pris possession de son corps et que grâce à sa foi, il a réussi à ne pas devenir fou au contraire de la pauvre femme dont il abuse, viol qui donnera finalement naissance à Rouge. Les chapitres de son point de vue sont admirablement maîtrisés et provoquent un choc rehaussé d’indignation à mesure qu’on avance.
La conclusion de l’ombre :
Pascaline Nolot signe ici la réécriture d’un conte sombre et dérangeant qui met en avant des thématiques tristement actuelles telles que le harcèlement, le culte des apparences mais aussi la femme en tant qu’être-objet. L’autrice se réapproprie des archétypes connus en y apportant une véritable originalité. Si on peut déplorer quelques longueurs sur les parties du roman consacrées au passé de l’héroïne, cela n’empêche pas de dévorer ce page-turner en quelques heures à peine. Un texte tout à fait recommandable qui n’épargnera pas les sentiments du lecteur.
D’autres avis : FungiLumini, les Dream-Dream d’une bouquineuse, l’ourse bibliophile.
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J’ai trop envie de le lire luiiiiiiiiiiiiii
Kin
Je le recommande ! 😀
J’ai hâte de le recevoir celui-là.
J’espère qu’il te plaira !
J’ai hâte de pouvoir me le procurer, je pense que je pourrais vraiment bien l’apprécier !
J’espère que ce sera le cas 😊
Je l’ai acheté à la FLB. L’édition est superbe avec cette tranche rouge. C’est le premier qui a attiré mon attention en arrivant. Plus qu’à le sortir de ma grande PAL.
Oui le travail éditorial réalisé sur le livre objet est vraiment de qualité ! Ça rend très bien 🙂 J’espère que tu aimeras ^-^
Trop contente que tu l’ai apprécié aussi ! Tu terminés bien ton #pif2020 😉 (par contre, j’ai lu ton article sur l’application WordPress GSM et le passage spoileur en blanc ne l’est pas du tout xD)
Oui ! :3 Aaaaargh mince je vais vérifier sur l’ordi tout de suite si ça s’est mis correctement 😱