La survie de Molly Southbourne – Tade Thompson

12
La survie de Molly Southbourne
est une novella écrite par l’auteur anglais Tade Thompson. Publiée au Bélial dans la collection Une Heure Lumière, vous trouverez ce texte au prix de 9.90 euros partout en librairie.

Je vous ai déjà parlé du premier volet : Les meurtres de Molly Southbourne qui avait été un gros coup de coeur pour moi. Malheureusement, cela n’a pas été le cas avec cette suite bien qu’elle ait été agréable à découvrir. Je pense que je suis, en réalité, passée à côté. Les raisons ne sont pas totalement imputables au texte puisque je traverse un passage à vide littéraire. Ce que je vais dire est donc à prendre avec des pincettes même si je m’efforce de prendre le recul nécessaire pour vous parler de ce texte.

D’ailleurs, comme il s’agit d’une suite, cette chronique contiendra quelques éléments révélateurs liés notamment au premier volume. Je vous conseille donc d’arrêter votre lecture ici si vous ne souhaitez pas que je vous divulgâche l’histoire.

Je précise aussi que j’ai eu beaucoup de difficultés à écrire ce retour parce que je ne parviens pas à structurer ma pensée d’une manière satisfaisante. Je m’excuse donc pour la longueur (plus courte que d’habitude) et l’absence de profondeur dans mon analyse. En fait, comme la Survie est un tome de transition, on peut considérer ma chronique comme une chronique de transition également. Sur ce…

De quoi ça parle?
Après l’incendie de sa maison qui clôture le premier tome, molly devient Molly et essaie de comprendre qui lui en veut, pourquoi certains lui tirent dessus quand d’autres cherchent à l’aider. Alors elle fuit, Molly. Elle fuit…

Une novella qui porte bien son titre.
Au contraire des Meurtres qui revenait en arrière pour raconter l’histoire de Molly, la suite est ancrée dans le présent et parle bien d’une fuite perpétuelle. D’abord molly qui fuit le fantôme de Molly, qui fuit ses démons puis qui tente d’échapper à ceux qui cherchent à la tuer ou pire, à l’utiliser. Les pages se dévorent rapidement, l’action s’enchaîne sans temps morts. J’ai ressenti une forme de tournis à mesure que j’avançais pour découvrir la clé de quelques mystères là où d’autres restent scellés. Mais c’est normal, il reste encore un texte au moins qui lui fait suite.

Un univers qui se développe.
Hormis les règles imposées par ses parents et un indice ou deux laissés dans le premier volume, le lecteur reste assez ignorant de l’univers dans lequel évolue Molly ainsi que des raisons de sa mutation. La Survie permet d’éclaircir une partie de ces questionnements à base de programme secret russe qui date de la guerre froide. Si on peut déplorer le manque de surprise (vu le prénom de la mère, je dois avouer que je m’en doutais un peu) il est par contre plaisant de découvrir que Molly n’est pas la seule à souffrir d’une semblable mutation. Le lecteur rencontre ainsi Tamara en même temps que la protagoniste et découvre que non, les clones ne sont pas tous assoiffés de sang. Le contenu de cette novella balaie tout ce qui avait été posé dans les Meurtres et fragilise les fondations sur lesquelles le lecteur pensait se trouver, lui rappelant que rien n’est, au final, jamais vraiment acquis.

Une molly en équilibre précaire.
Molly Southbourne, qu’on appelle ici Molly Prime (l’originelle donc) se suicide à la fin du premier volume après avoir raconté toute son histoire à une molly, un hémoclone supposé prendre sa place. C’est cette molly que nous suivons, qui va donc devenir Molly avec une majuscule, une sorte de nouvelle Prime, plus ancienne que les autres. Son statut particulier entraine des conséquences psychologiques assez bien exploitées. Elle terminera même en hôpital psychiatrique. Est-elle devenue Molly puisqu’elle possède ses souvenirs, ses automatismes, sa vie ? Est-elle une autre ? Le lecteur assiste à une quête d’émancipation et de recherche de soi engluée dans des litres d’hémoglobine. C’est intéressant mais pas au point d’égaler les Meurtres.

Une narration alternée.
À l’instar des Meurtres, Tade Thompson conserve une narration à la première personne afin de se plonger dans l’esprit de Molly. Toutefois, entre ses chapitres s’intercalent des transcriptions brèves tirées de vidéos tournées par le docteur James Down qui a été l’amant de Molly Prime (la Molly d’origine donc, pas celle de ce tome) dans le premier volume. N’ayant plus bien le contenu des Meurtres en tête, j’ai mis un moment à me remémorer le pourquoi de son état et comprendre l’intérêt de ces transcriptions. Je recommande donc bien aux futurs lecteurs de, si possible, lire les deux novellas à la suite ou avec peu d’intervalle entre les deux. Notez également que même si ce n’est pas mentionné directement sur la première de couverture (en petit sur la quatrième quand même) la Survie est une suite directe des Meurtres, il n’est donc pas question de la lire sans avoir au préalable découvert les Meurtres.

Pourquoi ce n’est pas un coup de coeur (mais que c’est bien quand même) ?
Tout simplement parce que la surprise n’est plus là. Ce que j’ai trouvé brillant dans les Meurtres, c’est le choix narratif et le twist final qui donnait au texte toute une dimension psychologique solide. En novice de la collection et n’ayant jamais lu quelque chose de semblable, ça m’avait laissée « sur le cul » avec un sourire béat aux lèvres. Ici, à mon goût, la Survie se dote d’une construction plus classique et fait office de transition vers un troisième tome plus qu’autre chose. Tade Thompson choisit de se concentrer sur l’action, sur le rythme et cela fonctionne : le lecteur ne s’ennuie pas, les pages se tournent toutes seules mais j’ai quand même eu un goût de trop peu. Je pense avoir placé trop haut la barre de mes attentes, ce qui ne m’empêchera pas de lire la suite !

La conclusion de l’ombre :
Contrairement aux Meurtres de Molly Southbourne, la Survie de Molly Southbourne est -selon moi- un texte moins psychologique et davantage orienté sur l’action, le présent et la fuite pour la survie comme l’indique son titre. Tade Thompson développe efficacement son world-building en mettant en doute tout ce que le lecteur pensait savoir jusqu’ici. Si la surprise et l’effet « wahou » du premier opus n’a pas été au rendez-vous, j’ai tout de même passé un très bon moment avec cette novella donc je lirai évidemment la suite.

D’autres avis : Le culte d’Apophis, JustAWord, Le syndrome Quickson, Les chroniques du chroniqueur, Au pays des Cave Trolls, La bibliothèque d’Aelinel, Les lectures du Maki, Boudicca, L’épaule d’Orion, Nevertwhere, Xapur, vous ?

 

16 réflexions sur “La survie de Molly Southbourne – Tade Thompson

  1. Pingback: L’Héritage de Molly Southbourne – Tade Thompson | OmbreBones

  2. Pingback: La survie de Molly Southbourne – Tade Thompson[#UHL 24 ; Molly Southbourne #2] – Navigatrice de l'imaginaire

  3. Pingback: La survie de Molly Southbourne | Molly revient et elle est différente – Le dragon galactique

  4. Pingback: La survie de Molly Southbourne, de Tade Thompson - Lorhkan et les mauvais genresLorhkan et les mauvais genres

  5. Pingback: Molly Southbourne T2 : La survie de Molly Southbourne, Tade Thompson | L'Imaginaerum de Symphonie

  6. Pingback: S4F3 : les résultats, le classement général – Albédo

  7. Pingback: La Survie de Molly Southbourne – Tade Thompson – Les Notes d'Anouchka

  8. Pingback: BML #25 – juillet 2020 | OmbreBones

  9. Pingback: La Survie de Molly Southbourne – Tade Thompson – Les Lectures de Xapur

  10. Pingback: La Survie de Molly Southbourne – Tade Thompson – L'épaule d'Orion

  11. J’ai beaucoup aimé ce 2e tome (comme le 1). Je le trouve plus psychologique que le 1er avec un rythme plus lent. Suivre les pas de molly dans cette nouvelle vie est assez captivant je trouve mais c’est vrai que l’on perd complètement l’effet de surprise présent dans le 1.

    • Ah moi je l’ai trouvé moins psychologique justement que le premier, comme quoi ! Après je ne dis pas que je ne l’ai pas aimé, juste que comme le premier a été une grosse claque je crois que j’attendais beaucoup trop de celui-ci ^^’

    • Non j’ai vu une ou deux chroniques qui ont pensé pareil mais j’avoue qu’en le refermant je me sentais un peu seule aussi devant l’engouement général ^^’ Je crois que je suis totalement passée à côté…

  12. Pingback: La Survie de Molly Southbourne, de Tade Thompson – Les Chroniques du Chroniqueur

  13. Pingback: The survival of Molly Southbourne – Tade Thompson | Le culte d'Apophis

Laisser un commentaire