Olangar #2 bans et barricades – Clément Bouhélier

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Olangar
est un diptyque de fantasy écrit par l’auteur français Clément Bouhélier. Publié chez Critic, vous trouverez ce second tome au prix de 22 euros, à l’instar du premier.

Souvenez-vous, je vous ai déjà parlé du premier tome au mois de mai, un peu avant les Imaginales. Il frôlait le coup de cœur, j’attendais de lire la suite pour me prononcer définitivement… Femme de peu de foi que je suis. Attention toutefois, cette chronique contient quelques spoils qui sont dissimulés par une écriture blanche. Pour les lire, il suffit de surligner le texte.

Je ne vais pas répéter ce que j’ai déjà dit au sujet du premier volume. L’univers reste très inspiré et fidèle à lui-même. J’adore l’idée de placer des créatures classiques de la fantasy dans un monde en pleine révolution industrielle et politique. Cela permet de jouer avec certains clichés et surtout, de traiter de thématiques actuelles. Et dans ce second tome, il y en a à la pelle…

Evyna cherche toujours des réponses au sujet de la mort de son frère. Elle se résout donc à se rendre à Frontenac, une ville à flanc de montagne où on entend perpétuellement le vrombissement de la cascade. Un véritable enfer où on bat la monnaie. Si j’insiste, c’est parce que tout ce passage m’a bluffé et représente bien de quelle manière Clément Bouhélier parvient à rendre vivant son univers. Je ressentais ce grondement, ce bruit assourdissant, cette chaleur étouffante. Une belle réussite. D’autant que ça permet au personnage d’évoluer en prenant conscience d’où vient son argent qu’elle utilise au quotidien. Des questions qu’on se pose rarement et qu’on devrait creuser.

Quant à l’intrigue, si elle souffre de quelques facilités par moment, elle ne manque pas de puissance et force le lecteur à réfléchir, à s’interroger. Finalement, « le liquide noir » qui a engendré toute cette sombre histoire n’est pas sans rappeler notre pétrole et les extrémités auxquelles son exploitation peut conduire. Un roman qui s’inscrit sans problème dans les thématiques fortes de la nouvelle vague fantasy. L’histoire en elle-même remplit donc son rôle mais j’ai regretté certains aspects comme le fait que Torgend survive sans arrêt à des blessures gravissimes ou qu’ils se retrouvent tous comme par hasard dans le désert juste au bon endroit pour apercevoir la base cachée, source de tous leurs problèmes. Ils réfléchissent par moment un peu trop bien et un peu trop vite toutefois je peux aisément pardonner cela face à la qualité du texte.

Pour ne rien gâcher, les personnages évoluent de manière crédible. Baldek a perdu Tomine durant l’assaut sur les barricades et il en est profondément affecté. Evyna laisse sa vengeance la grignoter de plus en plus jusqu’à sombrer dans un début de folie. Le destin semble désirer que Torgend survive envers et contre tout alors que lui-même est fatigué de vivre. D’ailleurs, on apprend les détails de son histoire et j’ai ressenti énormément d’empathie pour lui. On découvre aussi un nouveau protagoniste important avec l’orc Ergan qui permet d’en apprendre plus sur ce peuple dont on ne nous peint pas une bonne image depuis le début du roman. Grâce à lui, Clément Bouhélier dit définitivement non au manichéisme en développant une culture orc axée sur la guerre mais aussi davantage développée sur un plan technologique que les humains ! En effet, les orcs maîtrisent depuis longtemps la combustion du liquide noir, c’est ce qui a permis aux révolutionnaires, dix-sept ans plus tôt, de s’enfuir par la mer. J’ai apprécié ce bouleversement dans les codes raciaux même si certains traits restent caractéristiques.

Au final, Olangar est une saga que je vais retenir en premier lieu pour son concept original car à ma connaissance, Clément Bouhélier est le premier à user du bestiaire fantasy classique en plein dans un univers de révolution industrielle. Je le recommande aussi pour sa critique sociale virulente(dans le bon sens du terme) qui permet de réfléchir sur le sujet car finalement, nous vivons des situations semblables au quotidien. Enfin, je l’adore pour ses personnages auxquels je me suis très attachée très rapidement. Mention spéciale également au choix des fins pour les différents protagonistes. J’ai adoré cette absence de happy end, ce sentiment de vain, de vide, cette souffrance et cet égoïsme, cette humanité finalement qui donne au tout une belle crédibilité. D’ailleurs, l’auteur se laisse des pistes pour une suite qui, selon ce que j’ai pu comprendre, paraîtra en 2020. Impatiente je suis !

Pour conclure, j’ai adoré Olangar et je ne regrette pas d’avoir cédé à la tentation de découvrir ce diptyque en deux pavés qu’on dévore avec plaisir. Clément Bouhélier est un auteur talentueux qui écrit avec une plume immersive et maîtrisée. Il dépeint le quotidien d’une galerie de personnages très attachants qu’il humanise et nuance avec brio. Si l’intrigue souffre peut-être de certaines facilités (tout dépendra de vos goûts en la matière) je n’ai eu aucune problème à me passionner pour ce roman que je vous recommande plus que chaudement.

11 réflexions sur “Olangar #2 bans et barricades – Clément Bouhélier

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  5. Ce n’est pas le premier à mêler bestiaire fantastique classique et Révolution (industrielle ou politique), les anglo-saxons l’ont fait avant, mais sa déclinaison de la chose reste très intéressante. Surtout à la fin de ce tome 2 (que j’ai d’ailleurs largement préféré au 1). Belle critique, en tout cas 😉

    • C’était la première fois que j’en lisais pour ma part ! Mais je me doute en effet que ce n’est pas neuf neuf, juste pas courant. Disons que c’est le premier français à l’avoir fait alors ? Et j’ai également préféré ce second tome, surtout pour la fin des protagonistes. J’ai le happy end facile en horreur, là il restait fidèle à son idéologie.
      Et merci pour le compliment 🙂

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