L’Évangile selon Myriam – Ketty Steward

Ketty Steward est une autrice française originaire de Martinique. Autrice (de nouvelles, de poèmes, de romans) et chanteuse, elle a plus d’une corde à son arc et la richesse de son parcours se ressent dans le roman dont il est question ici.

Lors de sa sortie, ce roman a peu tourné sur la blogosphère et je ne savais pas trop quoi en penser. En reprenant les services presses de manière plus active avec, notamment, Mnémos, je me suis dit que c’était l’occasion de me lancer pour me faire mon propre avis sur ce texte qualifié de singulier et je remercie au passage Nathalie pour l’envoi.

L’Évangile selon Myriam est un ouvrage assez surprenant déjà par sa construction. Il prend place dans un monde qui parait post-apocalyptique, au sein d’une communauté où la majorité des gens ont oublié comment lire ou même écrire -sauf Myriam et son père avant elle. Myriam s’occupe du devoir de mémoire, elle consigne par écrit les mythes fondateurs de l’humanité afin de pouvoir les transmettre aux gens de sa communauté.

Et la majorité du texte est justement consacré à ces mythes qui sont une réécriture de ceux que l’on connait. Il y a des histoires bibliques (Lucifer, Samson, Caïn et Abel, etc.) des mythes (comme Œdipe), des contes (Cendrillon, le Petit Poucet) qu’on découvre dans des chapitres courts qui s’alternent avec des passages encore plus bref rédigés ou par Myriam ou par un membre de sa communauté car on comprend rapidement que Myriam a connu un destin funeste.

De prime abord, ce roman peut sembler brouillon et mes explications confuses. Pourtant, il porte en lui une grande richesse et une réflexion brillante sur l’influence que peuvent avoir les histoires / l’Histoire sur notre société, sur nos croyances. C’est certes déconcertant de découvrir davantage ces réécritures que l’histoire de Myriam en elle-même mais son style transparaît pourtant de manière claire dans la façon dont ces récits sont présentés, avec une touche de modernité manifeste accompagnée par des réflexions piquantes et parfois irrévérencieuses.

L’ensemble est délicieux et une véritable réussite. Les références sont nombreuses et ne se limitent pas à la réinterprétation d’histoires : il y a des chansons (beaucoup de Michael Jackson) mais aussi des citations d’autres auteur·ices au début de chaque chapitre. C’est le genre de roman à relire pour en saisir toute la richesse, le genre de texte sur lequel s’arrêter plus longtemps que ne le nécessite sa simple lecture, afin de mener les réflexions auxquelles il invite. Je ne suis pas surprise de voir un roman de ce niveau chez Mnémos et je suis ravie d’avoir découvert la plume de Ketty Steward. Je vais me pencher sur le reste de sa bibliographie !

La conclusion de l’ombre :
L’Évangile selon Myriam est un roman à la croisée des genres ultra référencé sur un plan culturel et d’une redoutable intelligence. En un peu plus de 200 pages, Ketty Steward propose de réfléchir sur la façon dont les histoires du passé influencent la construction de notre société, en réécrivant nos propres mythes et légendes fondateur·ices. Un bijou que je recommande !

D’autres avis : Le nocher des livresLes Chroniques du ChroniqueurLe syndrome QuicksonYuyine – vous ?

S4F3 : 4e lecture.
Informations éditoriales :
L’Évangile selon Myriam par Ketty Steward. Éditeur : Mnémos. Illustration de couverture : non renseigné Langue originale : français. Prix : 18 euros au format papier.