À l’ombre du Japon #57 { retour sur ma découverte d’Adabana }

Adabana est un manga en trois tome dessiné et scénarisé par NON. Selon le site manga-news, il s’agit d’une femme d’une trentaine d’année d’origine japonaise mais on en sait assez peu à son sujet, si ce n’est qu’elle s’est occupée d’Adabana et a en série en cours dont le titre est Hare-Kon, un manga seinen érotique qui compte pour le moment vingt tomes au Japon et n’a pas (encore ?) été traduit chez nous. C’est donc a priori une mangaka qui est au début de sa carrière et qui aime aborder des thèmes assez sombres et controversés puisque Hare-Kon parle d’emprise psychologique, de jalousie, etc. au sein d’une relation dite polyamoureuse. Je n’en sais pas plus et n’y voyez pas une critique de ma part sur le concept de polyamour. J’ai pour habitude de dire que tant que tout le monde est consentant, l’intimité des gens ne regarde personne d’autre qu’eux-mêmes !

Bref, Adabana raconte comment Mizuki Aikawa aurait tué sa meilleure amie, Mako Igarashi, dont le corps est retrouvé démembré près d’un lac. Très vite, on se rend compte qu’il y a anguille sous roche malgré les affirmations de Mizuki et on découvre l’histoire par une série de flashbacks.

Après ma lecture du premier tome, j’ai décidé d’attendre la sortie des deux suivants pour tout lire d’une traite et j’ai bien fait car si le premier volume posait des bases prometteuses, la série a un impact bien plus grand quand on peut la découvrir en une fois, comme un one-shot. Ce thriller psychologique qui met en scène deux adolescentes aborde des thématiques vraiment difficiles. On y évoque les relations toxiques sur un plan parental et amoureux, on y aborde la question du revenge porn, des abus sexuels sur une mineure, de la perception de soi au milieu de tout ce carnage. De plus, Adabana est aussi l’occasion d’aborder la question de la justice et des défaillances du système, notamment pour protéger les victimes de harcèlement et d’abus psychologiques car comme le dit très bien l’avocate de Mizuki à la fin : « une société dans laquelle les enfants ne peuvent pas compter sur les adultes (…) c’est vraiment une société de merde. »

Toutes ces scènes difficiles sont explicites pour la plupart mais sans jamais que ça ne tombe dans le voyeurisme. Tout le manga dénonce justement les abus et ces scènes sont là pour créer un malaise palpable, une révolte et un dégoût chez le lectorat -ce qui a très bien fonctionné sur moi. Elles servent à renforcer le propos et malheureusement, ce n’est pas si courant sur ce type médium.

Outre cet aspect très sombre, Adabana est aussi et avant tout une histoire d’amitié. La relation qui existe entre Mizuki et Mako a su me toucher droit au cœur. Les deux adolescentes se débrouillent comme elles peuvent dans un monde où elles ne peuvent compter que l’une sur l’autre pour se protéger. L’aspect coup de poing est bien présent et j’ai trouvé en cela les choix narratifs sur la fin particulièrement assumés et convaincants.

Si on veut éventuellement lui trouver un défaut, on pourrait dire que Mizuki a un sacré sang froid et une maturité qui sonne peut-être faux chez une adolescente de son âge mais ce n’est pas quelque chose qui a été problématique pour moi, au contraire. Ça servait l’histoire puis les épreuves de la vie font souvent grandir bien trop vite…

La conclusion de l’ombre :
En conclusion de ce court billet, je ne peux que vous recommander la lecture de cette trilogie que je vais qualifier de nécessaire. Elle est très réussie dans son propos comme dans son graphisme, elle explore brillamment la psychologie des différents protagonistes et ouvre une fenêtre sur la noirceur humaine qu’on a ensuite du mal à refermer.

D’autres avis : Les blablas de Tachan – L’Apprenti Otaku (le tome 1les tomes 2 et 3) vous ?

Informations éditoriales :
Adabana, scénario et dessin par NON. Traduction : Sophie Lucas. Éditeur : Kana. Prix par volume : 12,90 euros.