Rouge Toxic – Morgane Caussarieu

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Rouge Toxic est le dernier roman en date d’une de mes auteures favorites, Morgane Caussarieu. Il est publié chez Naos au prix de 14.90 euros. Il s’agit d’un excellent roman vampirique dans la veine Young Adult.

Rouge Toxic, c’est l’histoire de Barbie et Faruk. Barbie (diminutif de Barbara) est une lycéenne américaine qui a perdu son père, attaqué par un chien enragé (hin hin), et qui surmonte le deuil dans un nouveau lycée à San Francisco, sous la garde attentive de son parrain, Abe. Faruk est un vampire, un vryk, transformé il y a plusieurs siècles par un personnage qui ne sera pas inconnu à ceux qui ont déjà lu Dans les Veines, et qui vit sa petite vie dans le Tenderloin (bas quartier de San Francisco), jusqu’au jour où on lui propose un drôle de marché: veiller sur Barbie et la protéger.

Expliqué comme ça, je sais, le roman ressemble à un pitch de romance à deux balles qui surfe sur la vague vampire. C’est là que le talent de Morgane Caussarieu intervient: non seulement elle reste fidèle à sa mythologie (créée dans ses autres écrits) mais en prime, elle propose un livre hyper référencé qui plaira forcément à tous les fans du genre. Si elle abandonne le côté dépravation sexuelle qu’on retrouvait (avec délices) dans ses romans pour adultes, elle ne laisse pas pour autant la violence et offre une histoire dure, glauque, qui se dévore en quelques heures.

Pour autant, ce livre aurait juste été une agréable lecture sans la présence de personnages exploités dans ses autres titres et de cet univers que j’apprécie tout particulièrement. Quel bonheur de retrouver mon petit chouchou J-F (Dans les veines), de croiser le Baron Samedi (Black Mambo), d’avoir, en quelque sorte, une suite informelle à Dans les Veines. Non pas que les protagonistes soient ratés, simplement je ne me suis pas vraiment attachée à Barbie (je crois que j’ai définitivement un problème avec les filles) et si Faruk me plaisait vachement, il m’a un peu déçue sur la fin. Vous comprendrez pourquoi en lisant l’épilogue. Pourtant, j’y ai cru à un moment (ceux qui ont lu verront lequel, sûrement une de mes scènes favorites)… Bref, ma politique anti-spoil m’empêche d’aller plus loin dans ma frustration de lectrice.

Rouge Toxic s’inscrit merveilleusement dans l’œuvre de Morgane Caussarieu. Il peut se lire indépendamment de ses autres titres mais vous manquerez certaines références et clins d’œil habilement dissimulés au fil des pages. On ressent la patte de l’auteure, même s’il y manquait un petit quelque chose (à mon goût, j’insiste là-dessus, mais c’est parce que j’aime justement ce côté trash et sans limite chez l’auteure), justifié par les personnages adolescents. Elle réussit tout de même à proposer un roman young adult de qualité qui se dévore et exploite le mythe du vampire avec brio sans tomber dans la romance bas de gamme. Qu’est-ce que ça fait du bien ! Pourtant, un vampire au lycée, c’est vu et revu et re-revu… Mais la manière dont elle présente son sujet est telle qu’on n’a pas ce sentiment d’une énième redite. Sa force se situe, je pense, dans l’alternance des points de vue et dans le soin apporté à chacune de ses phrases. Le roman est écrit à la première personne avec des chapitres courts, dynamiques, dans la tête de Barbie puis de Faruk. Par ce biais, elle peut non seulement nous donner le point de vue de l’humaine mais aussi celui du vampire, ses problèmes quotidiens, on sent qu’elle a réfléchi à tous les aspects de son histoire.

Comme toujours, l’auteure maîtrise son sujet, que ce soit pour le vampire ou pour le vaudou, comme elle nous l’a déjà prouvé dans Black Mambo. Avec Rouge Toxic, Morgane Caussarieu réaffirme et défend sa place de reine du vrai roman vampirique en France. À mes yeux, ses livres sont des must-reads qui ne vous laisseront pas indifférent. Si vous ne connaissez pas, FONCEZ !

Je terminerai en disant que j’espère très fort que son prochain livre se concentre sur J-F. ♥ Mes espoirs sont-ils vains? En attendant, il me reste encore Je suis ton ombre mais j’ai peur de le lire parce qu’il ne me restera plus rien de l’auteure après x.x Ne cherchez pas la logique, je suis accro.

Les mémoires de Vanitas – Jun Mochizuki

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Les mémoires de Vanitas est un manga fantastico-steampunk écrit et dessiné par Jun Mochizuki, également auteure du fameux Pandora Hearts. Elle a su s’illustrer dans la fantasy gothique, ce qui me fait placer de grands espoirs dans cette série. Le manga est publié chez Ki-oon dans la collection shonen et coûte 7.90 euros.

Les mémoires de Vanitas nous raconte l’histoire de Noé, un vampire partit en voyage pour Paris dans le but de retrouver un livre maudit pour les siens… Je vous le donne dans le mile, les fameuses mémoires de Vanitas. Au début de son périple, il rencontre Vanitas (un simple humain, qui porte le nom du légendaire vampire) et qui a le grimoire en sa possession. Il s’en sert pour guérir les vampires atteints d’un mal qui les fait dégénérer et les empêche de contrôler leur soif. Ce détail est le premier point intéressant que j’ai relevé dans ce manga. Ici, on ne parle pas d’une guerre entre deux espèces. Le héros n’est pas en quête de vengeance, au contraire, il souhaite aider les vampires à survivre, vampires qui sont de moins en moins nombreux depuis la fin de la grande guerre qui les opposa jadis aux humains. Et qui n’ont plus le droit d’attaquer les humains pour se nourrir…

L’originalité va plus loin. Le personnage de Vanitas est mystérieux, pourtant il est ouvert, parle sans arrêt, n’est pas avare d’informations, mais on a beaucoup de mal à le cerner. Il se comporte de manière imprévisible, parfois un peu ridicule. Il en sait énormément, on le sent, mais il donne l’impression de porter plusieurs personnalités distinctes. Avec Noé, il forme un duo explosif. Noé paraît aux premiers abords plus classiques mais il cache lui aussi certains secrets. Qui est son maître? Pourquoi l’a-t-il envoyé sur les traces des mémoires? Et surtout, est-il aussi gauche qu’il y parait? Vanitas est bien décidé à faire de Noé son assistant, mais le vampire ne l’apprécie pas et ne se prive pas pour le lui dire. C’est assez incongru et souvent, cela prête à sourire. L’humour est présent mais bien dosé, pour ne jamais devenir trop lourd.

Ce premier tome tient ses promesses, il pose les bases d’un univers intéressant avec une intrigue axée sur l’action et le rebondissement. Les scènes de combat sont très bien dessinées, on pose une galerie de personnages intrigants (je pense à Jeanne, sur qui j’ai hâte d’en apprendre plus !) dans un Paris steampunk du 19e siècle. Le tout accompagné du dessin magnifique de Jun Mochizuki, qui a un chara-design somptueux et un souci du détail qui confine à la maniaquerie. J’ai particulièrement apprécié « la baleine » le vaisseau volant avec lequel Noé arrive à Paris. On sent le travail et l’énorme investissement de la mangaka, qui n’a pas fini de nous enchanter de ses histoires.

En résumé, je suis très emballée par cette lecture et je compte bien suivre cette série. Je vous la conseille si vous aimez les histoires de vampires mais surtout, si vous avez envie de personnages qui sortent du lot. J’ai hâte de découvrir le tome 2, dont la sortie est prévue pour début septembre 2017 ! Encore une perle de chez Ki-oon.

Dans les veines – Morgane Caussarieu

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Dans les veines de Morgane Caussarieu est un roman subversif fantastique disponible en poche chez Mnémos au prix de 10.90 euros. Il date de 2012 et est publié dans la collection Dédale. Je tiens à souligner le travail de l’artiste sur la couverture, que je trouve absolument magnifique, magnétique et totalement adaptée au roman. Chapeau !

Depuis que j’ai fait mes premiers pas dans le milieu littéraire, j’ai souvent entendu « ah tu fais du dark? Tu dois absolument lire Morgane Caussarieu, c’est une référence. » sauf que j’ai toujours tendance à faire exactement l’inverse de ce qu’on me conseille, je crois que c’est encore un coup de mon esprit de contradiction bien pourrave. N’empêche, quand ce roman s’est retrouvé en promotion numérique pour une vente flash le week-end dernier chez les Indés de l’Imaginaire… J’y ai vu un signe et j’ai choisi de sauter enfin le pas pour plonger dans cet univers différent et inconnu.

Enfin, pas si inconnu que ça… Ma première réflexion au bout d’une cinquantaine de pages a été de me dire que l’univers et le style d’écriture de Morgane Caussarieu ressemble fort à Poppy Z. Brite. Je dis bien ressemble, parce que ce n’est pas un bête copier / coller (comme j’ai pu le lire sur certaines critiques) et je sais de quoi je parle puisque Poppy est une de mes auteures favorites. On sent que Morgane est une fan, elle aussi, grâce aux références qu’elle glisse au long du roman et à sa vision très crade des vampires. C’est un élément que j’ai particulièrement apprécié dans ma lecture, ce côté outrageux, sale, dépravé, sans aucune limite. Une ode au macabre atrocement réaliste, jouée par des personnages affreux et attachants à la fois. Je ne sais pas qui je préfère entre J.F., Gabriel ou Fleur (avouons le, cette petite mamie dépote !) mais ils sont extraordinaires. Ils arrivent à me dégoûter tout en me fascinant, un tour de force assez impressionnant. Sérieusement, Gabriel… J’ai encore des frissons.

Replonger dans ce type d’univers m’a fait du bien, je n’avais pas conscience que ça me manquait jusqu’ici et ça m’a donné envie de relire le Corps Exquis et Âmes Perdues. D’ailleurs, je vous recommande chaudement la lecture de ces deux ouvrages.

Pour revenir à Dans les Veines, chaque élément de l’histoire provoque le malaise et la fascination malsaine qu’on s’attend à ressentir dans ce type de roman subversif. L’auteure choisit bien ses mots et son style s’adapte à merveille à chaque personnage qu’elle incarne, au point que ça devient une expérience profondément perturbante, de lire les chapitres du point de vue de Gabriel et de J.F. Ce sont surtout eux qui m’ont marqués mais ce ne sont évidemment pas les seuls, ça dépend des sensibilités. Ses personnages, d’ailleurs, n’ont rien de héros sexy et parfaits physiquement qui provoquent instantanément des fantasmes à vous faire mouiller votre petite culotte. Ils sont vicieux, dépravés, en réalité ils sont plus humains (dans le sens péjoratif du terme) que la majorité des figures littéraires modernes. Ironique, pour des vampires…

On plonge dans leur psyché sans philtre, sans fard, sans possibilité de faire demi-tour. Les thèmes abordés vont déranger et ce roman n’est clairement pas à destination d’un public trop sensible, ni à mettre entre toutes les mains. On a du viol, de l’ultra violence, de la torture physique et psychologique, de la drogue, une ambiance très nihiliste et punk dans l’underground bordelais. Musique alternative, fantasmes inassumés (et inassumable)… Même moi, j’ai été gênée par certaines scènes (et c’est ça qu’on veut), principalement l’inceste à la limite de la pédophilie entre Lily et son père. Ce qui me permet de souligner un élément qui m’a un peu fait rouler des yeux dans le roman, mais c’est surtout parce que ça rejoint une réflexion générale que je me suis faite à plusieurs reprises et ça me permet de la glisser ici:

Lily, l’un des personnages principaux du roman, est l’archétype de la fille qui a tous les malheurs du monde. Et ces malheurs me donnent l’impression d’exister uniquement pour justifier sa fascination pour la mort et son désir de fréquenter Damian, envers et contre tout, passant outre le fait que ce soit un tueur en série. Sauf que ce type de justification démystifie un peu l’univers et le message du roman, dans le sens où j’aurais préféré que l’auteure assume jusqu’au bout avec son personnage, sans chercher à rationaliser ses réactions ou ses désirs. Toutefois, je précise que le choix n’est pas incohérent dans la diégèse de l’histoire et ça apporte un peu d’humanité (assez paradoxalement vu le sujet) à ce récit d’une profonde noirceur. Sauf que personnellement, vous le savez, je suis adepte de la noirceur ordinaire, c’est-à-dire du mal qui ne se cherche aucune excuse. Je précise toutefois que cette réflexion vaut pour le personnage de Lily, mais que ceux de J.F., Seiko et Gabriel compensent largement. C’est juste que j’aurai préféré que l’humaine de l’histoire n’ait pas besoin de justifications dans ce genre pour normaliser sa fascination morbide. Mais bon, c’est un détail et ça ne gâche pas du tout le récit.

Pour résumer, Dans tes Veines est un roman que j’ai beaucoup aimé découvrir, porteur d’une forte inspiration de Poppy Z. Brite, une auteure que je vous conseille. Bon, soyons honnêtes, j’ai carrément pris mon pied à replonger dans ce genre d’univers. Morgane Caussarieu écrit dans la même veine avec un talent indéniable, des personnages bien à elle, revisitant le mythe du vampire pour le ramener à son essence première: celle du monstre. Je vous recommande Dans tes Veines mais attention, âmes sensibles s’abstenir, parce qu’il faut avoir le cœur bien accroché et l’esprit très ouvert pour prendre du plaisir à cette lecture !

Blood Lad (série complète) – Yûki Kodama

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Blood Lad est un manga de type seinen publié chez Kurokawa. Il s’agit d’une série fantastique terminée en 17 volumes. En Belgique, chaque tome coûte 8.60 euros (merci la tabelle) mais en France, il est 1 euro moins cher. Un anime existe également depuis 2013, il compte 10 épisodes et semble être en cours. Pour info, je n’ai pas pu le regarder parce qu’il est licencié, donc je ne sais pas ce qu’il vaut. Mais s’il est à la hauteur du manga, ça peut valoir le détour !

Ce qui m’a en premier lieu attirée chez Blood Lad, c’est la couverture. Le style de dessin m’a tapé dans l’œil mais surtout les couleurs, assez atypiques sur une couverture. C’est très flashy sur le fond, avec l’effet crayonné sur les personnages. Forcément, j’ai craqué immédiatement sur le sale genre de Staz (le héros) et je me suis offerte le premier tome. Pour info, j’ai été acheter les quatre suivants le lendemain…. Même si, au départ, je m’étais demandée un peu où j’étais tombée !

Blood Lad ressemble à une parodie de shonen. On rencontre Fuyumi, une jeune fille qui se retrouve dans le monde des démons et est mangée par la plante carnivore d’un vampire. Oui, déjà là… J’avoue que j’étais pliée. Devenue fantôme, Staz, le vampire en question, se promet de l’aider à ressusciter. Sauf que pour ça, il a besoin de l’aide de son frère, Blaz, avec qui il n’entretient pas d’excellentes relations, pour diverses raisons. De fil en aiguille, l’histoire se tisse, des embûches tombent sur le chemin de ces improbables héros qui vont finalement devoir sauver le monde des démons d’une menace particulière.

Je sais, l’histoire a l’air cliché et, d’une certaine manière, elle l’est. Pourtant, on sent que l’auteur est un vrai fan de manga doublé d’un otaku. Les références aux œuvres de ses collègues sont nombreuses, il respecte les codes du shonen (alors qu’on est dans un seinen, je le rappelle) et s’amuse parfois à les tourner en ridicule ou à forcer le trait, avec une certaine maîtrise. En plus de cela, il amène une forme de maturité dans le traitement des relations entre les personnages, dans le sens où l’amour n’est pas du tout un tabou. Enfin, je ne développe pas ce point pour ne pas risquer de vous spoiler des choses, mais c’est un élément que j’ai apprécié.

Évidemment, ce manga n’est pas parfait. Certains tomes font, à mon sens, office de remplissage pour tirer encore un peu profit d’une saga qui connait du succès. Le côté ecchi un peu fan service ne me dérange pas personnellement (au contraire, j’avoue !) mais peut déplaire à certains. L’humour est bien présent tout du long, parfois un peu lourd mais il touche quand même souvent juste. Si les tomes sont inégaux et parfois un peu brouillon parce que beaucoup de nouveaux personnages (pas forcément utiles je trouve) apparaissent, l’ensemble reste cohérent, intéressant et de qualité.

En gros, Blood Lad est une saga à lire, une bien belle découverte qui plaira aux fans du genre et qui en surprendra plus d’un. Pour ma part, je viens de terminer à l’instant le tome 17 et je ne m’attendais pas du tout à ce dénouement. J’ai été surprise. C’était bien amené, touchant, ça a achevé de me convaincre. J’espère que ce mangaka va sortir autre chose dans cet univers, même si la fin est bien en soi. Blood Lad n’est pas un coup de cœur absolu (pas comme j’ai pu en avoir pour Tokyo Ghoul, Psycho Pass ou Black Butler) mais c’est un bon divertissement qui vaut le détour.