Les Flots sombres est un roman de fantasy à poudre écrit par l’auteur français Thibaud Latil-Nicolas. Publié par Mnémos, vous trouverez ce roman au prix de 21 euros.
Je remercie Nathalie, Estelle et les éditions Mnémos pour ce service presse !
Souvenez-vous, je vous ai déjà évoqué cet auteur et cet univers avec son premier roman, Chevauche-Brumes, pépite de l’imaginaire 2019 qui méritait bien son titre.
De quoi ça parle ?
Les créatures maléfiques retenues par la Brume ont été libérées et sèment la panique dans les villages du Bleu-Royaume. La Neuvième Compagnie du Roy, que le lecteur suivait dans le premier volume et qui se fait appeler Chevauche-Brumes, ont juré de les combattre jusqu’à la mort. Pendant ce temps, les tensions entre pouvoir et culte d’Enoch s’exacerbent à la capitale et pour ne rien arranger, un terrible monstre fout la pagaille sur les voies maritimes entre le continent et les Îles Jumelles. En bref, c’est le bordel.
Un faux one-shot ?
Chevauche-Brumes a été présenté au public comme un one-shot mais les Flots sombres se déroule dans le même univers avec une partie de personnages en mettant en scène les conséquences directes des évènements relatés auparavant. Mensonge ! Manipulation ! Scandale ! Je vous entends déjà hurler mais calmez vos ardeurs car non, l’éditeur n’a pas menti. Thibaud Latil-Nicholas propose une aventure à part qui certes découle des évènements de Chevauche-Brumes mais peut se lire de manière indépendante en grande partie grâce au résumé présent au début du tome ! En voilà une idée qu’elle est bonne et dont je vous parlais dans une réflexion de l’ombre. Je suis ravie de cette initiative qui non seulement permet au roman de toucher un public plus large mais aussi aux blogueurs distraits de se rafraichir la mémoire. Ces courtes pages ont été plus que bénéfiques pour moi en me permettant de me replonger directement dans l’univers créé par ce jeune auteur talentueux.
Vous pensez qu’il s’arrête là? Que nenni ! En plus du résumé, le lecteur a aussi droit à un lexique des personnages à la fin du roman, des fois qu’il s’embrouille. C’est vrai qu’il y a tout un petit monde qui grouille entre les pages et ce n’est pas plus mal d’éclaircir un peu tout ça.
Une narration plurielle et riche.
J’ai retrouvé dans les Flots sombres tout ce que j’ai aimé dans Chevauche-Brumes et même davantage car le texte gagne en profondeur avec le développement de son univers sur un plan plus politique. Les chapitres s’articulent autour de quatre grands axes que je m’en vais développer.
Le premier est celui du jeune roi Téobane, un enfant qui a du mal à gérer son rôle. Il est chapeauté par Poltrick de l’Escois, le Régent, qui fait de son mieux pour jongler avec toutes ses obligations.
Le second est celui de Juxs, membre haut placé de l’église d’Enoch qu’il juge trop laxiste face au pouvoir en place. Il va intriguer pour se rapprocher du jeune roi en espérant éclairer son esprit.
Le troisième est celui d’Ophélie, une jeune femme qui survit à l’attaque du monstre marin dont il est question dans le résumé, au contraire du reste de son équipage. Elle est sauvée par Léandres, un modeste pêcheur somme toute sympathique qui va se retrouvé embarquer malgré lui dans des intrigues qui le(s) dépassent largement. Ophélie va tenter de prévenir les Îles Jumelles de la présence de ce monstre et se verra confier par le pouvoir en place un navire afin d’enquêter à ce sujet. Si, au départ, on y croit moyen, elle va prendre de plus en plus d’importance et son axe narratif va rejoindre celui des Chevauche-Brumes.
La compagnie (enfin, ceux qui ont choisi d’embrasser la cause des Chevauche-Brumes) constitue donc bien le quatrième groupe d’importance même s’ils se trouvent moins au centre de l’intrigue que dans le premier roman. On replonge avec eux dans l’ambiance camp militaire, familiale et fraternelle. On y retrouve les doryactes qui n’ont pas cessé de les accompagner et vont prendre une place qui gagne en importance. On pourrait croire (et espérer) qu’ils soient reçus en héros pour leur bravoure mais le pouvoir militaire les considère plutôt comme des déserteurs (ingratitude bonjour !), ce qui leur complique la tâche mais ne les empêche pas de soutenir Ophélie dans son combat contre le monstre marin.
Un monde qui gagne en profondeur.
Si le premier volume prenant place dans cet univers se concentrait surtout sur la Compagnie, celui-ci, comme je l’ai montré dans le paragraphe précédent, développe plusieurs pans en y amenant des intrigues religieuses et politiques qui ne sont pas sans rappeler certains évènements historiques. À ce niveau, on ne peut pas dire que Thibaud Latil-Nicolas réinvente le genre mais d’un autre côté, ce n’est pas ce qu’on lui demande. Il place ses pions sans être (trop) prévisible. Si on voit venir certains dénouements, on reste sur le cul face à d’autres au point de se demander s’il ne nous a pas jeté un peu de poudres aux yeux pour détourner notre attention. Bref, on sent que l’auteur gagne en maîtrise et en expérience au fil de ses textes, comme je le pressentais à la lecture de son premier roman.
Baston !
Thibaud Latil-Nicolas écrit de la fantasy militaire. On peut chipoter pour se demander dans quel genre la classer spécifiquement (à poudre ? à voile ? (bah oui, y’a l’aspect océan)) mais ces deux qualificatifs restent pertinents entre tous. L’auteur s’améliore d’ailleurs au fil des romans. Si je trouvais ses combats au sol plutôt bien maîtrisés dans Chevauche-Brumes, je n’avais encore aucune idée de son talent pour les combats en mer ! Immergée (sans mauvais jeu de mots) dans le récit, je n’ai eu aucun mal à me représenter les affrontements habilement décrit par l’auteur. C’est, à mon sens, l’un des grands points fort du roman et ce que je recherche avant tout quand je le lis.
Encore une chose… Aidez à remettre ce roman à flot !
Promis j’arrête avec les jeux de mots pourris. Vous le savez peut-être mais comme je l’ai déjà expliqué dans un autre article, les éditeurs indépendants ont souffert de cette crise COVID-19 à l’instar d’autres milieux. Thibaud Latil Nicolas, tout comme son collègue Raphaël Bardas (auteur du très bon les Chevaliers du Tintamarre) ont eu la malchance d’atterrir sur le planning éditorial au tout début de cette crise si bien que leurs romans n’ont pas eu le rayonnement mérité. Je vous encourage donc à les soutenir si le cœur vous en dit, il y a pour cela plusieurs options : achetez directement leurs textes sur le site de Mnémos, parlez en autour de vous, repartagez vos chroniques, photographiez les si vous les croisez en librairie, même si vous ne l’achetez pas. Bref, mettez les en avant pour que ces deux pépites puissent jouir d’une longue et belle vie littéraire.
La conclusion de l’ombre :
Avec les Flots sombres, Thibaud Latil-Nicolas continue sur une lancée prometteuse en proposant une fantasy militaire de qualité. L’intrigue se complexifie, les personnages se multiplient et jouissent d’une psychologie bien exploitée. Si les tropes du genre restent classiques (conflit religieux, héros injustement rejetés, révolution pour un changement de régime) l’auteur les rend intéressant dans ce page-turner de qualité. Je ne peux que vous en recommander d’urgence la découverte !