Emmurées est un one-shot young-adult horrifique écrit par l’autrice anglaise Alex Bell. Publié chez Milan, vous trouverez ce texte au prix de 15.90 euros.
Je vous ai déjà parlé de cette autrice en 2019 lors de la publication du roman Waterwitch aux éditions du Chat Noir. Envoutée par ce texte, j’ai demandé à l’éditrice s’ils comptaient publier d’autres romans de l’autrice et, à ce moment là, c’était en projet. J’espère toujours que ça se concrétisera ! Il me semble toutefois qu’Alex Bell est maman depuis peu et a donc pris une pause bien méritée dans son métier.
Cécile Guillot m’a entre temps conseillé de lire Emmurées qui, selon elle, ne pouvait que me plaire. J’aurais mis le temps et ça aurait encore trainé si je ne l’avais pas par hasard trouvé à la bibliothèque. Comme souvent, le conseil de Cécile s’est révélé très sûr et j’ai dévoré ce roman d’une seule traite !
De quoi ça parle ?
Après la mort de son meilleur ami, Sophie se rend dans sa famille en Écosse pour essayer de passer à autre chose. Elle y retrouve ses cousins : Cameron, un garçon taciturne. Piper, une adolescente un peu trop parfaite. Lilia, une enfant troublée qui a la phobie des os. Et Rebecca, qui est morte sept ans plus tôt… et dont la chambre renferme d’angoissantes poupées.
Un roman young adult horrifique de haute volée.
Voilà comment résumer Emmurées en une phrase. Paradoxalement, on y retrouve pourtant tous les ingrédients convenus du genre : une famille à problèmes, une mort tragique qui revient sur le devant de la scène des années plus tard, des fantômes, des poupées maléfiques, une vieille bâtisse hantée, un décor écossais brumeux et tempétueux. Sur le papier, Emmurées n’a rien d’original si ce n’est le talent de son autrice.
Parce qu’à l’instar de Waterwitch, la magie d’Alex Bell a encore opéré ici alors même qu’il s’agit, sauf erreur de ma part, de son ou d’un de ses premiers romans. Tous les éléments s’imbriquent parfaitement, accompagnant le style efficace de l’autrice qui privilégie des phrases courtes, percutantes, dans une narration à la première personne maîtrisée.
Les malheurs de Sophie :
Sophie est la narratrice d’Emmurées, à l’exception du prologue et de l’épilogue. On la rencontre dans un café avec son meilleur ami Jay qui vient de télécharger une application pour utiliser une planche de Ouija sur son téléphone. Sophie n’y croit pas trop mais pense à sa cousine Rebecca, décédée plusieurs années auparavant, et tous les deux essaient de l’appeler. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et c’est le début de la descente aux Enfers pour la jeune fille…
Je l’ai dit, la narration à la première personne est maîtrisée et ce n’est pas quelque chose d’aisé, je trouve. Le personnage de Sophie est crédible, subtile, et le fait de se focaliser sur elle n’empêche pas de développer d’autres protagonistes intéressants au sujet desquels on nourrit des doutes à mesure que la lecture avance. Qui est dérangé et qui ne l’est pas ? Qu’est-ce que la folie, au fond ? Peut-on tout mettre sur le dos des poupées ? Et d’où vient cette terrifiante comptine dont un morceau précède chaque chapitre ? La psychologie de Sophie est si bien développée, son cheminement si bien pensé, qu’on vit littéralement avec elle ces évènements terrifiants qui ont, parfois, un petit air de Shinning.
Tout fonctionne si bien qu’on se retrouve à lire un véritable page-turner impossible à reposer. Je n’ai pas vu passer ces 320 pages, je les tournais une après l’autre avec avidité, emprisonnée dans cette histoire comme les poupées emmurées dans les murs de cette ancienne école. L’ambiance, glaçante et très graphique, ne peut qu’inspirer des images claires et effrayantes dans l’esprit du lecteur. J’ai lu Emmurées par une matinée pluvieuse et j’aurais presque préféré le faire de nuit, pour le plaisir de sentir davantage ce nœud d’angoisse s’épanouir dans ma poitrine. Il est rare qu’un roman parvienne à me saisir à ce point.
La conclusion de l’ombre :
On a tendance à croire que le young adult ne se marie pas bien avec le genre horrifique mais Alex Bell démontrera efficacement le contraire à tous.tes les sceptiques. J’ai eu un coup de cœur pour ce livre ! Mon seul regret, c’est de ne pas le retrouver dans la même collection que Waterwitch car il a parfaitement sa place aux éditions du Chat Noir.
D’autres avis : Il y en a beaucoup sur Babelio mais aucun – sauf erreur de ma part – parmi les blogs que je suis.

#S4F3s7 : 22e lecture