Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai décidé d’acheter ce manga. Est-ce la chronique de l’Apprenti Otaku ? Est-ce ma libraire qui m’a dit que ouais, c’était bien (notez la puissance de son argumentation :D) ? Est-ce tout simplement le résumé qui a provoqué un écho en moi ? Un peu de tout ça ? Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de passer outre ma mauvaise expérience avec Fire Punch pour laisser une chance au mangaka et j’ai bien fait.
Petite remarque personnelle avant d’aller plus loin : je ne comprends pas trop l’intérêt de l’autocollant rond et moche qui clame « par l’auteur de Chainsaw Man » car sauf erreur de ma part, Look Back n’a rien en commun que ce soit au niveau thématique ou de style avec le titre précité. Du coup, cela pourrait induire les acheteurs en erreur (ils s’attendraient à quelque chose de semblable et seraient déçus) ou au contraire, les repousser (ils s’attendraient à un titre d’un tel type alors que pas du tout et passeraient donc à côté). Honnêtement, si je n’avais rien lu sur le manga avant, je ne l’aurais pas acheté rien qu’à cause de ça. Les gens vraiment fans de l’auteur n’auront pas besoin de cette précision pour savoir que c’est la même personne… Le but est peut-être de vendre un maximum en profitant du succès commercial de la série précitée vu qu’il s’agit d’un one-shot toutefois je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure démarche pour promouvoir ce titre car il risque d’y avoir une avalanche de retours négatifs de la part des personnes dont ce n’est tout simplement pas le style de manga. Enfin, c’est mon avis.
De quoi ça parle ?
Look Back c’est tout simplement l’histoire de deux adolescentes qui vont nouer une amitié autour de leur passion pour le dessin. D’un côté, il y a Fujino, une jeune fille qui écrit des mangas en quatre cases dans le journal de son école primaire et que tout le monde dit talentueuse, autant en dessin qu’en sport ou à l’école. De l’autre, il y a Kyômoto, qui suit une scolarité à domicile car elle serait malade. Elle aussi aime dessiner et va aussi publier dans le journal de l’école. Sauf que Kyômoto a un talent fou pour les décors et qu’à côté de ses dessins, ceux de Fujino paraissent tout juste moyens…
Fujino va alors passer par différentes phases : elle va vouloir battre Kyômoto en se donnant à fond pour progresser, puis abandonner quand elle n’y parviendra pas. Si son professeur n’avait pas insisté pour qu’elle aille déposer son diplôme à Kyômoto, l’histoire se serait arrêtée là…
Une amitié artistique.
Ce manga est donc le récit d’une amitié entre deux adolescentes qui vont travailler pour réaliser leur rêve. Et puis… du drame ordinaire qui va tout remettre en perspective.
C’est une histoire qui résonne particulièrement en moi car moi aussi, avant, j’avais une amitié un peu comme celle-là qui s’est terminée (mais pas de façon aussi définitive ni sanglante que la leur, heureusement) et qui m’a beaucoup marqué au point que je ne sois plus capable de me remettre à créer sans elle. Pour cette raison, ce titre a su directement me toucher et il est donc possible que mon avis soit totalement biaisé. D’un autre côté, tout avis est forcément subjectif…
Un manga qui parle de manga.
Look Back travaille finement les émotions des protagonistes et joue avec son support de manga qui parle de manga. Après qu’un malade à la hache ait tué son amie, Fujino réécrit dans son esprit la scène du moment où Kyômoto se fait assassiner par hasard en venant la sauver et en modifiant l’histoire de leur amitié car elle se sent responsable de sa mort. Elle considère en effet que si elles n’étaient pas devenues amies, Kyômoto ne serait pas sortie de chez elle, dans ce monde si dangereux… De plus, au début du manga, l’auteur adapte son style pour dessiner d’un côté comme Fujino, de l’autre comme Kyômoto, en plus de sa propre patte graphique. C’est un peu comme un auteur qui écrit sur un personnage écrivain qui a lui-même un texte dans la diégèse du roman. J’ai beaucoup apprécié le procédé.
D’autant qu’il est maîtrisé et que même si je ne suis pas sensible au type de dessin de Tatsuki Fujimoto, on ne peut pas lui retirer sa maîtrise sur la représentation des émotions. On sent le poids de la douleur, de la culpabilité illogique et pourtant bien réelle. On sent la perte. Pourtant, le dessin reste sobre et c’est là tout le talent de Tatsuki Fujimoto qui parvient à exprimer tellement d’émotions sans tomber dans l’excès sur l’expressivité de ses personnages. C’est presque pudique, à l’image de la façon qu’ont les japonais d’exprimer leur souffrance. Bizarrement, alors que je suis totalement passée à côté de My Broken Mariko que je trouvais terriblement superficiel -je compare car le sujet s’en rapproche un peu avec l’aspect manga en moins, j’ai été très touchée par cette histoire plus que les mots ne me permettent de le dire.
La conclusion de l’ombre :
Je ne peux décemment pas qualifier Look Back de coup de cœur, je vais plutôt parler de coup au cœur en partie à cause de mon histoire personnelle mais également des qualités du mangaka, des qualités que je n’avais pas perçues lors de mon expérience avec Fire Punch. Je suis ravie d’avoir découvert ce titre qui a en plus le bon goût d’être un one-shot !
D’autres avis : L’Apprenti Otaku – Songe d’une nuit d’été – La pomme qui rougit – vous ?