Les Chroniques Homérides (trilogie) – Alison Germain

Connaissez-vous les Chroniques Homérides ? Il s’agit d’une trilogie d’urban fantasy inspirée par la mythologie grecque et écrite par l’autrice française Alison Germain. Son nom ne vous dit peut-être rien comme ça mais il est plus probable que vous la connaissiez sous son pseudo de booktubeuse : Lili Bouquine.

Le premier tome de sa série est sorti en octobre 2017 et je me rappelle très bien de son avant première aux Halliennales où elle a du en dédicacer une bonne centaine sur sa journée. Si vous suivez un peu, vous savez qu’Alison est aussi une amie et lui voir une telle réussite m’a vraiment fait plaisir. Surtout que ce premier tome était également son tout premier roman ! Que de pression.

J’avais chroniqué un peu plus dans le détail le tome 1 intitulé le Souffle de Midas ainsi que le suivant, l’Ultime Oracle. Mon achat et ma lecture du troisième volume, la Marque de Cronos, est l’occasion pour moi de vous présenter la série dans son ensemble mais aussi de vous partager une petite réflexion sur la manière dont les auteur·ices peuvent évoluer au fil d’une saga.

Les chroniques Homérides, en quelques mots :
Louise est anglaise et étudiante en lettres. En rentrant chez elle un soir, elle entend une femme hurler dans un parc et décide de lui porter secours. Elle assiste à ses derniers instants et va hériter de son don : celui de transformer ce qu’elle touche en or (le fameux souffle de Midas du titre). Sa vie va alors totalement basculer. Louise va découvrir qu’il existe toute une société de gens appelés Homérides qui possèdent des fragments de pouvoirs divins, cachés en eux par les dieux de l’Olympe au moment où la foi des hommes a commencé à faiblir. Une société qui, évidemment, court un danger.

Un pitch on ne peut plus classique, toutefois on ne rappellera jamais assez que classique ne signifie pas mauvais ou ennuyeux. Il est clair que cette trilogie respecte les codes de l’urban fantasy mais parvient à se démarquer sur deux points. D’une part, son univers et d’autre part, ses personnages. Personnellement, quand je lis de l’urban fantasy, je cherche surtout des protagonistes intéressants à suivre et avec lesquels je vais avoir envie de vivre des aventures, pour lesquels je vais m’inquiéter, trembler, dont je vais me soucier. Je veux m’investir émotionnellement dans ma lecture et c’est ce qui est arrivé ici.

Une exploitation réussie de la mythologie grecque :
Hormis Percy Jackson (uniquement vu en film), je n’ai pas en mémoire de saga littéraire d’urban fantasy récente qui s’inspire de la mythologie grecque. Je dois cependant avouer que je ne suis pas spécialiste du genre et que j’ai pu en louper…. Bref ! On sent que l’autrice aime la Grèce (elle y a voyagé), sa culture et sa mythologie, qu’elle réutilise plutôt habilement pour offrir un univers original qui s’étoffe à mesure de l’avancée des tomes. Pour moi qui ai fait des études dites de culture classique durant mes secondaires (le lycée pour les français), c’était un vrai régal de pouvoir chercher toutes les références, de croiser certaines divinités, de comparer les légendes originelles à ce que l’autrice en a fait… Clairement, la lecture des Chroniques Homérides avait un côté ludique pour moi qui devrait plaire à toutes les personnes qui s’y connaissent un peu en la matière, sans pour autant laisser les autres sur le bord de la route.

Des personnages attachants :
Louise est sans conteste le personnage principal et une jeune femme très agréable à suivre. Je me suis sentie proche d’elle, déjà par ses références culturelles mais aussi par son caractère. Elle sonne vrai et n’a rien d’une super-héroïne qui gère tout, toute seule. Ses émotions sont sa force (quoi qu’en disent certains) et son bon cœur ne la rend pas stupide pour autant ni inconséquente, comme cela arrive souvent. Sauf peut-être au tout début quand elle se dit que c’est une bonne idée d’aller toute seule dans un parc la nuit après avoir entendu une femme hurler en espérant lui porter secours, mais bon. Il fallait bien un déclencheur à l’histoire !

Pour ne rien gâcher, l’autrice ajoute à partir du second tome des chapitres d’autres points de vue, également à la première personne, ce qui permet d’enrichir l’intrigue et de densifier les évènements qui s’enchainent de plus en plus vite -sans pour autant que ça soit trop rapide. Je me suis rapidement attachée aux protagonistes de cette histoire, ce qui est quand même fondamental dans ce type de récit. Au rang des autres personnages principaux, on retrouve Ellie, la dernière Pythie d’Apollon, une jeune fille attachante qui porte un lourd fardeau. Dans le tome 3, c’est Marshall, le frère de Louise, qui partage la narration et devient un personnage central après avoir été handicapé par Néoclès dans le tome précédent. Jeune homme dans la fleur de l’âge, se retrouver aveugle du jour au lendemain est un coup dur pour lui et la manière dont Alison traite ce protagoniste ainsi que ses émotions m’a plu.

Une évolution de style à saluer :
Alison Germain a commencé à écrire cette histoire il y a neuf ans et elle la publiait sur Wattpad. J’ai donc connu Louise à ses débuts et je me réjouissais déjà de l’accompagnement éditorial des éditions du Chat Noir sur le premier tome, comme je l’avais mentionné dans son billet car on sentait déjà une grosse évolution littéraire. Il restait des maladresses, des à-coups, des transitions mal exécutées mais on en trouve généralement dans tous les premiers romans -les miens en tête. Entre 2012 et aujourd’hui, presque dix années se sont écoulées et c’est un laps de temps extrêmement long pour un·e auteur·ice. Personnellement, j’observe déjà des changements radicaux chez moi dans mes goûts et ma façon d’écrire sur six mois alors on aurait pu craindre le pire pour les Chroniques Homérides… Comme, par exemple, que l’autrice s’en lasse et ne parvienne pas à achever sa trilogie ou qu’elle la bâcle pour dire d’y mettre un point final (comment ça tout le monde n’est pas comme moi ? Mais !).

Ce n’est pas le cas, je vous rassure. Si je trouvais le premier tome un peu trop orienté sur la romance naissante avec Angus et la mise en place parfois maladroite, les défauts relevés avaient déjà été gommés dans le suivant qui offrait un développement narratif plus sombre, avec davantage d’enjeux. L’autrice continue sur cette voie avec ce dernier volume qui parvient à se concentrer sur ce qui importe vraiment dans l’histoire, sans laisser d’éventuels hormones tout gâcher et ça, c’est beau ! Parce que cette fin de saga, honnêtement, me satisfait et c’est assez rare pour être soulignée.

Pourquoi je vous parle de tout ça ? Parce que ce changement implique que tout qui se lancera dans la lecture des Chroniques Homérides sentira cette différence de qualité et devra passer par un premier tome porteur des défauts qu’on s’imagine voir dans un premier roman pour découvrir deux suites beaucoup plus enthousiasmantes. J’ai trouvé l’exercice intéressant car il m’a permis de constater de manière claire l’évolution d’une autrice au fil du temps, ce sur quoi on ne s’arrête pas toujours. Ainsi, si vous avez lu le premier volume sans aller plus loin, je vous encourage à jeter un œil à la suite car vous risqueriez d’avoir une bonne surprise.

À qui recommander cette série ?
-Aux personnes qui aiment la mythologie grecque.
-Aux personnes qui aiment l’urban fantasy.
-Aux personnes qui n’ont pas forcément besoin d’une romance omniprésente pour aimer une histoire.
-Aux personnes qui souhaitent découvrir une autrice française prometteuse et soutenir une petite structure éditoriale.

La conclusion de l’ombre :
Je ne pense pas que j’aurais lu cette série si Alison n’avait pas été une amie mais, en toute honnêteté, je ne regrette pas un instant de l’avoir fait car c’est un chouette divertissement qu’on aimerait d’ailleurs voir adapté en série télévisée. Ça aurait de la gueule ! Voilà une belle première aventure éditoriale qui s’achève.

D’autres avis : pas dans mon cercle de blogo mais manifestez-vous si je vous ai loupé.

Informations éditoriales :
Les Chroniques Homérides (3 tomes) par Alison Germain. Éditeur : Le Chat Noir. Couverture : Miesis. Prix à l’unité : 19.90 euros.

Les chroniques homérides #1 le Souffle de Midas – Alison Germain

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Le Souffle de Midas est le premier tome des chroniques homérides, premier roman écrit par Alison Germain et publié aux Éditions du Chat Noir dans la collection Féline. Il s’agit d’urban fantasy inspirée de mythologie grecque. Le roman est disponible au prix de 19.90 euros au format papier. J’en profite pour saluer l’excellent travail de Miesis sur la couverture qui est tout simplement sublime.

Le Souffle de Midas, c’est avant tout l’histoire de Louise. Une étudiante en lettres qui, en rentrant un soir après son travail à la boutique de gemmes, entend des hurlements dans un parc près de chez elle. Hésitant entre passer son chemin et secourir la victime, elle opte pour la seconde solution et assiste aux derniers instants d’une jeune femme atrocement mutilée et baignant dans son propre sang. Après avoir embrassé Louise, notre héroïne perd connaissance et se réveille à l’hôpital. Là-bas, nulle trace d’une quelconque inconnue gravement mutilée et au bord de la mort. Persuadée d’avoir eu des hallucinations, Louise va petit à petit comprendre que non, elle n’a pas rêvé. Et le mystérieux détective Angus Fitzgerald va l’y aider. D’autant que, pour ne rien arranger, il s’avère que désormais, Louise est capable de transformer les objets qu’elle touche en or ! Un don convoité qui lui marquera une cible de choix sur le front.

Le premier élément à relever sur ce roman, c’est le style narratif. Nous sommes dans un récit à la première personne, ce qui nous permet de ressentir énormément d’empathie pour le personnage de Louise. Personnellement, je l’ai adorée et elle m’a rappelée de bons souvenirs qui datent de l’époque où j’ai rencontré l’auteure, sur un forum RPG. Si je relève le style d’écriture, c’est aussi pour souligner à quel point il a mûri, à quel point Alison a effectué un travail sérieux dessus. Ses phrases sonnent juste, à l’instar de ses dialogues et de son personnage principal (les personnages secondaires aussi, notez, même si c’est Louise qui marque le plus). Il y a juste assez de descriptions pour qu’on ne soit pas perdus mais pas trop pour alourdir le texte et rendre la narration à la première personne non-pertinente. J’avais lu les premiers chapitres du roman sur Wattpad et cette version finale a grandement évolué. On peut saluer le travail éditorial mais aussi l’investissement d’Alison.

Le second élément qu’on retiendra, c’est l’originalité de l’univers. Si l’histoire en elle-même a un déroulement plutôt classique qui respecte les codes tacites de l’urban fantasy, l’univers est vraiment immersif et sort des sentiers battus. Finalement, peu d’auteurs dans cette veine ont exploité la mythologie grecque de cette manière. Alison ne se contente pas de nous balancer le bestiaire habituel du genre vampire, loup-garou, ou autre, non. Ils sont totalement absents ici et ça fait du bien ! Elle a travaillé à plus de subtilité, elle a réécrit des mythes avec justesse et nous propose ainsi une ambiance vraiment hors du commun avec un bestiaire bien à elle.

Ce sont, à mon sens, les deux points forts du roman qui est un vrai page-turner. Je l’ai lu en peu de temps, il est absolument passionnant. Les chapitres couts permettent de mettre l’accent sur le dynamisme de l’histoire, qui ne souffre d’aucune longueur superflue. Le rythme est bon, accrocheur, et va crescendo. J’ai particulièrement adoré la fin, l’introduction de ces deux nouveaux personnages m’a intriguée (même si je devine qui est le griffon !) et je suis frustrée à l’idée de devoir attendre un an pour en apprendre plus sur O’Flammel. Je ne sais pas pourquoi, je sens que je vais l’aimer… Bon, j’admets, je l’aime déjà. Je crois qu’on peut m’enfermer !

En bref, Alison Germain propose le premier tome d’une trilogie d’urban fantasy certes classique mais qui brille par son univers et son héroïne imparfaite, ce qui la rend justement très attachante. C’est une saga que je conseille aux fans du genre sans une once d’hésitation car il se pourrait bien que ce soit la prochaine « Geste des Exilés » ! Qu’on se le dise et qu’on dévore ce tome de toute urgence.