Les découvertes de l’ombre #19 clap de fin

Bonjour tout le monde !

Comme l’indique le titre, cet épisode des découvertes de l’ombre sera le dernier. Non seulement de l’année 2020 mais aussi de manière générale car ce format est beaucoup trop chronophage et ne me convient plus des masses. Je procrastine beaucoup avant de poster, je prends du retard, j’accumule les notes et ça me pèse. Comme le but premier de mon blog reste l’échange, le partage et la découverte, je compte réfléchir à une nouvelle formule ou à un autre moyen de mettre en avant les blogueurs et les blogueuses grâce à qui je découvre des titres intéressants. D’ici à ce que je trouve et fasse le tri parmi les pistes, je vous propose de rattraper les dernières tentations en retard et de sacrer le Grand Tentateur des Ombres. Ou la Grande Tentatrice, allez savoir !

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Blog : Le culte d’Apophis
Je découvre petit à petit le monde merveilleux de la science-fiction et la chronique récente d’Apophis sur Aurora me pousse à vouloir lire ce bouquin dans les plus bref délais vu les qualificatifs élogieux dont il fait l’objet. J’aime le Planet Opéra, j’aime les préoccupations écologiques et sociales, le concept de vaisseau-monde et surtout, être surprise par ma lecture. Je pense que ce roman réunit tous les ingrédients nécessaires à un bon moment littéraire.

Blog : Les brigades éclectiques
Stigmata est un roman publié chez Bookmark, une maison que j’évite parce que je ne suis pas son public cible. Pourtant, la manière dont Caporal Kungfu parle de ce roman me fait dire que je passe peut-être à côté de quelque chose. Ce qui me déplait dans la littérature dite « romantique » au sens contemporain du terme, c’est qu’elle a tendance à normaliser ce qui ne doit pas l’être et à idéaliser des situations qui sont, en réalité, horribles. Dans Stigmata, on parle d’un prostitué, de sa vie dans une maison close, d’un huit-clos de fantasy qualifié d’étouffant. Et ça m’attire, je ne vais pas le nier.
Quant à l’oiseau des morts, il s’agit d’un roman écrit par un auteur belge que je ne connaissais pas et que Caporal Kung Fu (encore elle !) rapproche de Kra. Je suis très intriguée par l’idée d’avoir un oiseau comme personnage principal et l’extrait donné au sein de la chronique m’a immédiatement mit l’eau à la bouche.

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Blog : Ma Lecturothèque
Je lis de plus en plus d’ouvrages graphiques, que ce soient des BD ou des comics, en complément des mangas. Je suis particulièrement intéressée par ce format pour des histoires tournées vers la psychologique, parce que quand c’est bien fait, le dessin offre une véritable plu value au texte et c’est ce qui semble être le cas pour Mes ruptures avec Laura Dean. On y évoque une relation toxique entre deux femmes, c’est donc une histoire de type tranche de vie contemporaine. J’ai vraiment eu très envie de la découvrir vu la manière dont Ma Lecturothèque la présente.

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Blog : Au pays des cave trolls
J’ai lu plusieurs chroniques de ce roman mais c’est celle de Célindanaé qui a provoqué le déclic et m’a poussée à acheter ce roman pas plus tard que la semaine dernière. Ce sont les thématiques qui m’ont surtout attirée ainsi que l’aspect inclusif puisqu’il y a des personnages non-binaires et dans l’ensemble atypiques. Je suis très curieuse de lire ce que ça donne, même si le roman semble souffrir de soucis de rythme. Nous verrons !

L’heure des comptes est venue… Nous sommes donc à une tentation pour Chut maman lit ainsi que les livres de roses, Lutin et songes d’une walkyrie. Nous arrivons à deux tentations pour miss Chatterton, FungiLumini, Anouchka, Célindanaé, les Brigades éclectiques et l’ours inculte. Trois tentations pour les Chroniques du Chroniqueur et My Dear Ema. On compte six tentations pour Ma Lecturothèque et voilà que le Culte d’Apophis rattrape l’Otaku en tête en s’offrant une huitième tentation… Et donc une place ex-eaquo ! Ainsi il y aura deux tentateurs couronnés, chacun dans un domaine particulier : le Grand Serpent est Grand Tentateur de l’Ombre catégorie roman là où l’ami Otaku est Grand Tentateur de l’Ombre, catégorie manga. Ouf, on a évité de peu le cataclysme divin…

Je voulais vous remercier pour avoir été fidèles à ce rendez-vous et m’avoir fait découvrir autant de chouettes romans / mangas / ouvrages graphiques. J’ai acheté la majorité d’entre eux et à quelques exceptions, je n’ai pas été déçue. C’est un vrai plaisir d’appartenir à cette communauté littéraire de passionné(e)s bienveillant(e)s (enfin dans les blogs que je suis en tout cas 😉 ) et j’espère trouver un autre moyen de vous rendre hommage comme vous le méritez.

À bientôt pour de nouvelles aventures de l’ombre !

#PLIB2020 : Les brumes de Cendrelune #1 le jardin des âmes – Georgia Caldera

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Le jardin des âmes
est le premier tome de la saga des brumes de Cendrelune écrite par l’autrice française Georgia Caldera. Publié chez J’ai Lu pour elle, vous trouverez ce roman au prix de 13.90 euros partout en librairie.
Je remercie les éditions J’ai Lu d’avoir offert l’epub dans le cadre du PLIB2020 !

Mon histoire avec Georgia Caldera est assez compliquée. J’avais commencé la lecture des Larmes Rouges dont tout le monde me vantait le contenu mais j’ai rapidement abandonné, agacée par l’héroïne. J’ai ensuite enchaîné avec Victorian Fantasy, un roman à l’univers superbe totalement gâché par une romance qui empêchait de l’exploiter correctement. L’autrice n’est pas dénuée de talent mais il est clair pour moi que je ne suis pas du tout son public cible. Quand son roman a été sélectionné parmi les finalistes du PLIB, j’ai grimacé, je dois l’admettre, pensant tenir un abandon potentiel. Pourtant, ça a au final été une agréable surprise malgré quelques défauts évidents.

De quoi ça parle ?
Céphise a 17 ans et rêve de se venger après la mort de ses parents, exécutés par l’Ombre – le bourreau d’Orion, l’Empereur-Dieu. Verlaine, lui, est le fils caché d’Orion et endosse un rôle lourd à porter pour ses épaules à demi-humaines. Ils vivent tous les deux à Cendrelune, royaume où les humains sont soumis aux Dieux et où leurs pensées sont épiées.

Un univers dystopique original.
Le roman prend place dans le royaume de Cendrelune, après une guerre qui a opposé les humains et menaçait de les détruire totalement, au point de mener à l’intervention des Dieux. Cette partie de l’histoire est encore assez floue, je le précise parce qu’on n’a pas de véritable certitude et je pense que cette genèse sera éclairée dans les tomes suivants. Ce royaume est dirigé par Orion, père des Dieux, une divinité capable (entre autre) de lire dans les esprits de ses sujets pour y trouver toute pensée séditieuse si bien qu’il produit chaque semaine une liste de ceux à exécuter afin de préserver la paix. L’autrice installe ainsi un climat de terreur efficace, d’autant que le roman s’ouvre sur l’arrestation des parents de Céphise et l’engagement forcé de son petit frère dans l’armée impériale.

Les dieux n’ont aucune réelle considération pour les humains et éprouvent le plus souvent du mépris pour eux. Ceux-ci travaillent dans des métiers pénibles pour des salaires de misère. La pauvreté règne mais tout crime commis peut valoir au criminel le statut de Rapiécié. Comme son nom le laisse sous-entendre, le criminel est condamné à perdre un membre ou plus (en fonction de la gravité de son acte), membre remplacé par un autre en métal, métal qui intensifie le contact mental avec Orion et permet une surveillance plus accrue. Comme vous vous en doutez, les Rapiéciés subissent rejet et discrimination pour leur condition.

Au sein de ce monde dystopique, la nature n’existe plus et les habitants ignorent même ce qu’est un animal, de l’herbe ou une pomme. Tout est synthétique, métallique, artificiel, aussi glacial que la pression subie au quotidien par les humains. Ce cadre angoissant est bien dépeint par l’autrice, je n’ai eu aucun mal à rentrer dedans et à trouver l’univers crédible.

Je précise à ce stade que je lis assez peu de dystopie car je n’apprécie pas spécialement ce genre littéraire. Du coup, pour moi, selon mes connaissances et mes goûts, cet univers est original mais j’ai lu à quelques reprises que certains le trouvaient classiques donc je préfère le préciser.

Un mélange des narrations qui induit quelques redondances.
Le roman se focalise sur deux personnages principal : Céphise et Verlaine dont les parties sont rédigées à la première personne. Toutefois, on retrouve également quelques chapitres du point de vue de deux autres personnages dont on suppose une importance à venir dans l’histoire : Proserpine et Lorien. Leurs chapitres à eux sont écrits à la troisième personne, choix que je questionne. Peut-être une volonté de distancier le « couple principal » des autres protagonistes ? C’est quand même assez dommage d’autant que le style de Georgia Caldera ne change pas du tout en fonction du personnage à qui elle donne la parole. Quel intérêt, du coup, d’opter pour une narration de ce type ? Je peux comprendre un choix comme celui-là quand l’autrice s’adapte à la psychologie et au parlé de son protagoniste sauf que ce n’est pas le cas ici, ce que je déplore vu que Céphise est une fille du peuple sans réelle éducation hormis pour son art musical. Difficile de concevoir qu’elle s’exprime comme un demi-dieu… Idem pour Lorien, un gamin de dix ans à peine, qui parle comme un adulte cultivé.

Céphise est une jeune fille de dix-sept ans qui n’a pas été épargnée par la vie. Au début de son adolescence, elle a vu ses parents se faire exécuter et a perdu un bras ainsi qu’une jambe en punition de leurs pensées séditieuses. Elle suit des cours à l’Académie des Arts, les Arts ayant une grande importance aux yeux des Dieux et son talent lui sauvera la vie. C’est du coup une personne pleine de haine, de ressentiments, qui s’est jurée d’éliminer Orion. En théorie, pour des pensées comme celles-là, elle aurait du mourir sauf qu’elle reste impunie sans savoir pour quelle raison. Rassurez-vous, on l’apprend au fil du roman.

Verlaine est un demi-dieu, onzième fils d’Orion, progéniture cachée car contre-nature (pas question de se mélanger avec les humains !). Doté un immense pouvoir utile à son père, il est son exécuteur des basses œuvres et souffre énormément au quotidien sur un plan moral. Il se questionne sans arrêt, n’a aucune estime pour lui-même, subit le rejet de la part des autres enfants de son père… Bref c’est un personnage torturé mais assez crédible dans ses tourments, du moins jusqu’à ce qu’il rencontre Céphise. À partir de là, ça vire un peu nœud-nœud mais je vais y revenir.

Proserpine est une humaine, du moins on l’imagine même si elle est douée d’un pouvoir lui permettant de voir le futur ainsi que son évolution en fonction des actions de chacun. Elle est enfermée d’une façon assez odieuse par Orion qui, on l’apprend vers la fin quoi qu’on le devine si on a deux neurones connectés, se sert d’elle pour un dessein plus grand.

Enfin, Lorien est un enfant du peuple, orphelin abandonné qui se retrouve entrainé dans un début de révolte et sera puni pour cela. Les chapitres de son point de vue permettent de donner une dimension supplémentaire au texte qui est plutôt bienvenue ainsi que de garder un œil sur ce qui se fait en dehors du Palais à partir du moment où Céphise y est infiltrée.

Ces personnages sont parvenus à m’intéresser bien que Céphise et Lorien moins que les autres. J’ai tout de même apprécié les efforts de nuance de la part de l’autrice qui construit des protagonistes en souffrance assez crédibles (hormis pour Céphise encore une fois mais je crois que je n’accrocherais jamais aux héroïnes féminines de Georgia Caldera) Tout n’est pas blanc ni noir et il y a clairement un aspect malsain dans les relations, surtout dans celle entretenue par Céphise et Verlaine. Parce que, bien entendu, une relation se créé. Céphise le hait pour la mort de ses parents et lui la rencontre par le plus grand des hasards en découvrant que « quelque chose » les lie, quelque chose de surnaturel qui sent le deus ex machina au sens propre du terme. Vous me direz, dans un roman avec des Dieux, on peut à la rigueur l’excuser sauf que… À voir le développement dans les tomes suivants. Je ne sais pas trop quoi en penser. Pendant ma lecture, cela ne m’a pas dérangé toutefois en réfléchissant après coup, j’ai quand même grimacé. On ne peut d’ailleurs pas, selon moi, parler de romance à ce stade et je me demande même pour quelle raison il est classé dans la collection « J’ai lu pour elle ».

Je dois aussi avouer avoir passé quelques pages parce que le roman souffre de répétitions à cause justement des choix narratifs de Georgia Caldera. À chaque fois que l’autrice change de point de vue, elle remonte un peu en arrière pour donner l’impression du personnage concerné sur les évènements qui viennent de se dérouler et ce de manière systématique. Du coup on a chaque fois quatre ou cinq pages (format epub) de redondances diverses et variées qui n’apportent rien en plus de prendre le lecteur par la main. Dommage !

Une intrigue classique mais intéressante.
Dans ce premier tome, Georgia Caldera s’inspire de la traditionnelle quête de vengeance d’une adolescente malmenée par la vie dans un univers dystopique maîtrisé. On sent venir certains rebondissements toutefois je ne me suis pas ennuyée un seul instant, curieuse de découvrir jusqu’où l’autrice irait avec son concept et ses protagonistes. Comme je l’ai dit, le jardin des âmes est un premier volume, il pose des bases qu’il sera nécessaire d’approfondir par la suite et se termine sur un gigantesque cliffhanger qui laisse le lecteur sur sa faim. Si vous pensez être le public cible et apprécier ce roman, je ne peux que vous conseiller d’acheter les deux premiers tomes d’un coup parce que couper à cet endroit-là… C’est cruel et vraiment limite parce que ça m’a personnellement donné l’impression d’avoir seulement la moitié d’un roman entre les mains. Je sais qu’il faut bien choisir un endroit où couper dans les sagas mais bon… Bref, c’est mon sentiment personnel.

La conclusion de l’ombre :
Le jardin des âmes est le premier tome d’une saga dystopique prometteuse où Georgia Caldera met en scène des personnages torturés par la vie sous l’égide de Dieux assez cruels. Malgré son classement dans une collection romance, je ne trouve pas que ce roman soit à mettre en premier lieu dans ce genre littéraire et cela peut induire des lecteurs en erreur -comme ça a été mon cas. Pour ma part ça a été une plutôt bonne surprise au final puisque je n’apprécie pas la romance mais cela rebutera peut-être justement les personnes en quête d’une histoire collant aux codes de ce genre littéraire. Malgré quelques redondances et défauts de style, j’ai passé un agréable moment en compagnie de Céphise et Verlaine et je suis contente d’avoir finalement lu ce roman pour le PLIB car je ne l’aurais jamais ouvert autrement.

D’autres avis : Light And SmellLivraisons LittérairesLes tribulations de Miss ChattertonYuyineLes livres de roseSometimes a bookMuffins and books – vous ?

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Délicieuses pourritures- Joyce Carol Oates

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Délicieuses pourritures
est un petit roman court sur le monde tranche de vie universitaire écrit par l’autrice américaine Joyce Carol Oates. Vous le trouverez chez J’ai Lu au prix de 4 euros.
Ce roman entre dans le challenge S4F3 organisé par Albédo.
Ce roman entre dans le Pumpkin Autumn Challenge menu « Automne Ensorcelant » catégorie « Balai Patte ! » pour son héroïne féminine mais aussi dans le menu « Automne Frissonnant » catégorie « Le cri de la banshee » pour son côté angoissant.

Délicieuses Pourritures, c’est l’histoire de Gillian. Cette étudiante suit les cours d’Andre Harrow, son professeur de littérature dont elle est éperdument amoureuse. Elle appartient même à son atelier de poésie. Atelier qui va se muer en tribune où ce professeur oblige ses élèves à tenir un journal intime qu’elles devront lire devant leur classe composée d’une dizaine d’étudiantes qui se battent pour attirer l’attention d’Andre. Plus on en dit et mieux c’est. Et pour attirer l’attention conjointe du professeur Harrow et de sa femme Dorcas, certaines vont très loin.

Il est difficile de parler de ce roman sans vous dévoiler les ficelles de l’intrigue. Nous assistons à un drame universitaire où un professeur abuse de son autorité envers ses étudiantes pour les charmer et vous imaginez la suite, le tout avec la complicité de sa femme. Devenir leur préférée semble être le but ultime de la majorité des filles de cette école, ce que j’ai un peu de mal à concevoir. Si vous cherchez un texte réaliste dans son traitement, passez votre chemin.

Par contre, si comme moi vous vouliez lire un texte extrême, angoissant, malsain et prenant, vous êtes au bon endroit. Sur 125 pages d’une narration à la première personne, nous suivons Gillian dans ses objectifs et dans leur réalisation. On sait pourtant que c’est mal tout ça mais on ne peut s’empêcher de se réjouir pour elle quand elle atteint ses buts. C’est un roman qui se lit avec une forme de fascination malsaine pour le propos. Un roman qui laisse perplexe, mal à l’aise, en partie à cause de son style décousu qui illustre à merveille la psyché du personnage principal. L’aspect psychologique du roman est d’ailleurs magistralement maîtrisé !

Difficile de résumer ce livre à « j’ai aimé » où non. Il sort des sentiers battus et ne laissera pas indifférent les lecteurs adeptes de ce type de littérature. À lire si vous souhaitez sortir de votre zone de confort.

Le dernier apprenti sorcier #1 les rivières de Londres – Ben Aaronovitch

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Le dernier apprenti sorcier est une saga qui compte pour l’instant 6 tomes (j’ignore si elle est terminée) publiés en français chez J’ai Lu. L’auteur, Ben Aaronovitch, est un londonien pur souche et ça se sent ! Vous pouvez vous procurer le premier tome en format poche au prix de 7.60 euros.

Spontanément, cette saga se classe dans la veine urban fantasy typiquement britannique. Nous suivons Peter, un jeune policier qui va être rapidement confronté à des manifestations surnaturelles pendant une patrouille. En rencontrant l’inspecteur Nightingale, il va être intégré à une brigade de police un peu particulière et signer pour devenir l’apprenti sorcier. Le dernier, donc, comme nous l’indique le titre. Dans ce tome plus précisément, deux grandes affaires vont occuper notre héros: des meurtres particulièrement violents et inexplicables dans Londres et un conflit entre Mama Tamise et Père Tamise.

La mythologie construite par l’auteur m’a surprise. Elle est inspirée et ne ressemble à rien de ce que j’ai lu jusqu’ici. Elle contient, évidemment, des créatures connues (on évoque un couple de vampire à un moment du récit) mais elles n’ont rien de commun avec les codes habituels du genre. Dans ce tome, l’auteur se concentre sur les fantômes et sur les esprits des rivières, démontrant une grande originalité dans le traitement de son sujet. C’est, selon moi, le principal attrait de cette saga, en plus de son personnage principal, Peter. Il est très agréable, pour moi qui aime lire des romans teintés d’humour britannique, de retrouver cette touche « british » à chaque page. Les réflexions du héros sont souvent drôles, le flegme anglais est omniprésent. C’est dépaysant mais plaisant, rafraichissant !

D’ailleurs, si on doutait encore de la nationalité de l’auteur, impossible de ne pas comprendre qu’il est un londonien pur souche. La géographie, les rues, les quartiers, la société londonienne dans son ensemble, sont très détaillés et peut-être même un peu trop, par moment. J’ai trouvé que ça avait tendance à alourdir un peu le texte, bien que ça ne manque pas d’intérêt en soi. Je pense que c’est un point à l’appréciation de chacun. Autre petit détail gênant: la longueur des chapitres. Ils font parfois une cinquantaine de pages, ce qui est dérangeant quand on doit lire en plusieurs petits bouts…

Malgré ces détails « négatifs », j’ai passé un bon moment avec ce premier tome. Je lui trouve énormément de qualités et j’ai été bluffée par le traitement de la magie proposé par Ben Aaronovitch. L’auteur incorpore énormément de références, non seulement à la culture populaire mais également à la littérature scientifique. Le personnage de Peter permet d’aborder la magie sous un nouvel angle et on ressent tout le soin qu’a mis Ben Aaronovitch à créer son univers. Il nous propose, en prime, une intrigue prenante qui s’appuie sur la littérature anglaise plus classique tout en mélangeant des éléments très modernes.

Autre avantage: ce tome peut très bien se conclure sur lui-même. Certes, Peter commence tout juste sa formation mais l’intrigue se résout à la fin du livre. On dispose de tous les éléments de réponse et on peut passer à autre chose si on le souhaite. Pour une série qui compte déjà six tomes, c’est un atout non négligeable !

En bref, je vous recommande cette saga si vous appréciez l’humour britannique et si vous avez envie de découvrir un univers magique inspiré, original, qui sort du lot. J’ai trouvé la qualité de la traduction plutôt bonne et le personnage principal attachant. Le dernier apprenti magicien a un sacré potentiel et mérite qu’on lui laisse sa chance !

American Gods – Neil Gaiman

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American Gods est un roman fantastique écrit par le talentueux Neil Gaiman, un auteur qu’on n’a plus besoin de présenter. Disposant depuis peu de son adaptation télévisée grâce à Amazon Prime Video, le roman est quant à lui disponible chez J’ai Lu au prix de 8.90 euros. Je n’ai pas encore regardé la série donc je ne vais pas la conseiller, mais je me réjouis de m’y mettre si elle est à la hauteur du roman !

J’ai entendu parler de ce livre pour la première fois au moment où Amazon a annoncé l’adaptation télévisuelle, via les gens qui réagissaient à ce propos. Intriguée, je me suis un peu renseignée et ça m’a immédiatement donné envie de regarder. Sauf que je préfère toujours lire le livre en premier… Me voilà donc partie chez mon libraire pour le commander ! Le concept en lui-même me parlait beaucoup et comme j’avais déjà lu un autre roman de l’auteur (De Bons Présages qu’il a écrit avec Terry Pratchett et que je vous recommande très chaudement) qui compte parmi mes livres préférés, je ne craignais pas trop de me lancer dans l’aventure.

Est-ce que je m’attendais au contenu de ce livre? Pas vraiment, et je vous avoue que la surprise a été excellente. J’ai péché par habitude, je pensais lire un roman sous tension, bourré d’action, de combats épiques, avec des dieux ultra-badass, bref de l’urban fantasy contemporaine à la sauce Hollywood. Au lieu de ça, Neil Gaiman nous offre un roman profond, d’une rare intelligence, extrêmement bien construit, qui nous oblige à nous questionner sur la notion de foi, de dieu(x), de croyance, tout simplement, et sur notre société, sur nos habitudes personnelles, le tout sans en avoir l’air.

Nous suivons principalement Ombre, un ex-détenu tout juste sorti de prison. Parti pour rejoindre sa femme, il apprend sa mort et rencontre dans la foulée un mystérieux personnage, Voyageur, qui lui propose un travail. Ombre l’accepte finalement et se retrouve embarqué aux côtés de cet être fantasque, à travers toute l’Amérique, pour rencontrer des dieux tirés de cultures variées. L’idée de Voyageur, c’est de rassembler les anciens dieux pour lutter contre la menace représentée par les nouveaux, afin d’assurer leur survie. Mais ce n’est pas de tout repos… Et très vite, on se rend compte que la situation est bien plus compliquée qu’elle n’y paraît.

J’en profite pour glisser quelques mots au sujet du personnage d’Ombre, qui est assez interpellant. Au départ, je l’ai trouvé très lisse, très détaché, comme si rien ne le touchait vraiment. Il subit un peu les évènements: sa femme meurt, il ne pleure pas (enfin pas tout de suite), il rencontre un inconnu bourru et excentrique, il accepte finalement son offre d’emploi après avoir refusé, sans qu’on sache vraiment ce qui provoque le déclic en lui. Il côtoie des dieux, mais ne panique pas au moment où il comprend que ce n’est pas une blague. Comme si rien ne pouvait le surprendre, comme s’il était blasé de tout. C’est très déconcertant car il n’agit pas comme un héros standard, comme on s’attend à ce qu’il soit, mais plus on avance dans le roman et plus on comprend Ombre, on s’attache à lui. Il va vous déconcerter, au départ, mais croyez-moi, il vous réserve de chouettes surprises.

American Gods est un road-novel (comme un road-movie, mais version papier) fantastique. On voyage d’un bout à l’autre du territoire américain, on découvre tout un tas de lieux très typiques, très pittoresques, au fin fond des États-Unis. Et on a l’impression d’y être ! On apprend des bouts d’Histoire, on découvre des créatures dont on ignorait jusqu’à l’existence, on révise nos mythologies, on les étend aussi, sur six cent pages qui passent à la fois vite et lentement. Vite, parce que les évènements s’enchaînent, l’action est très dense, mais paraît pourtant lente. Sur quelques pages, on a lu énormément mais on n’a pas beaucoup avancé sur le nombre de pages en lui-même, ce qui est assez perturbant mais contribue pourtant au rythme bizarre, différent, de ce roman. J’ai eu l’impression que tout, jusque dans le format de l’objet-livre, a été pensé pour contribuer à la sensation de décalage qu’on ressent au fil de la lecture. Depuis quatre jours, moi aussi, j’ai eu l’impression que l’orage grondait non loin…

American Gods est, en lui-même, difficile à classer. Pas un ovni littéraire, mais le genre de roman qu’on ne lit pas souvent, qu’on ne nous propose pas assez dans les rayons des librairies. Il est d’une rare intelligence (comment ça je radote?) et plutôt bien écrit. J’ignore si ça vient de la traduction ou si c’est la façon dont Gaiman s’exprime véritablement, mais il va droit au but, enchaîne les paragraphes avec une certaine brusquerie, pour interpeller et perdre le lecteur à la fois. Par moment, j’ai dû relire la phrase d’avant pour m’y retrouver mais finalement, dans la diégèse du roman, ça ne choquait pas tant que ça. Les indices qu’il sème tout au long du récit trouvent sens dans la résolution finale que, personnellement, je n’avais pas du tout vu venir. Je suis restée sidérée et j’adore quand un roman me donne cette sensation.

En bref, je recommande chaudement American Gods. C’est une perle rare, un must-read de la littérature fantastique qui enrichira votre culture, votre philosophie, peut-être même votre âme. Vous ne regretterez pas l’aventure, foncez !