L’apprenti est le premier tome de la saga Magic Charly écrit par l’autrice française Audrey Alwett. Publié chez Gallimard Jeunesse, vous trouverez ce roman au prix de 16.5 euros dans toutes les librairies.
Charly a quatorze ans, possède un chat susceptible appelé Mandrin et est le fils de la directrice de son école. Il est aussi le petit-fils de Dame Mélisse, célèbre dans la société des magiciers pour sa puissance et ses pâtisseries. Sa grand-mère réapparait subitement dans sa vie au bout de cinq ans, amnésique, physiquement diminuée, les affres de la vieillesses lui dit-on… Ou peut-être pas. À l’aide d’un message dans un miroir, Charly apprend que la magie existe et que pour sauver sa grand-mère, il va devoir devenir apprenti magicier.
J’ai lu deux chroniques élogieuses au sujet de Magic Charly et elles m’ont donné envie de me le procurer immédiatement. J’avais déjà les Poisons de Katharz (de la même autrice) dans ma PàL mais sans l’avoir lu à ce moment-là. Pas grave, je sentais que ce livre allait me plaire et… J’avais raison. Mille fois raisons ! Pourtant, hormis le talent de l’autrice, ils n’ont pas grand chose en commun.
L’intrigue commence sur les chapeaux de roue. En moins de trois chapitres l’action s’installe et le lecteur suit Charly dans sa découverte de l’univers des magiciers. Comme à son habitude, l’autrice ne manque pas d’idées ni d’originalité et si certains relèveront une double inspiration (Rowling – Pratchett) je trouve plutôt qu’Audrey Alwett imprime une french touch délicieuse sur l’ensemble de son œuvre, afin de lui donner une vraie personnalité. Mention spéciale à Pépouze la serpillère, d’ailleurs. Au menu: des balais volants qui se transforment en buissons, des grimoires mystérieux, des dragons pétrifiés, des allégories, des pâtisseries magiques… Surtout des pâtisseries. Franchement, lire ce roman m’a ouvert l’appétit et j’espère qu’on aura droit à des recettes plus précises tirées de Gourmandise ! Juste pour le plaisir de cuisiner de bonnes tartes (et si y’a un truc pour que la partie magique de la recette fonctionne, je suis preneuse).
Charly est un personnage attachant que j’ai adoré suivre. Pour ses quatorze ans, il est plutôt grand et imposant physiquement mais ça ne reflète pas son caractère doux et pacifique. On sent que c’est un adolescent qui a un bon fond même s’il est aisément victime de préjugés. Depuis un accident survenu cinq ans plus tôt dont il ne garde pas de souvenir conscient, il a tendance à contrôler ses émotions, peut-être plus qu’il ne le devrait. C’est un garçon aimable, souriant, très résilient et empathique. Je l’ai trouvé profondément humain, c’est une belle réussite et les autres protagonistes ne sont pas en reste. June est une vraie tempête qui enchaîne les bêtises en espérant décevoir ses parents. Sapotille parait d’abord comme un stéréotype avant de gagner en profondeur. Maître Lin n’est pas vraiment le mentor de l’année (j’ai adoré son obsession pour ses cheveux) quant la mère de Charly, elle a un caractère excentrique très amusant. La galerie des protagonistes, riche et variée, m’a ravie. Je ne parle volontairement pas de Dame Mélisse pour ne rien vous gâcher.
Côté univers, cette société des magiciers n’a rien d’idéale. La milice abuse de ses pouvoirs et favorise très clairement la jeunesse de Thadam au mépris des gens comme Charly. À savoir que si on perd les trois étoiles de son sablier qui rationne la magie, on est envoyé à Saint-Fouettard ! Un nom qui suffit à terroriser tous les personnages du livre et qui pose du coup beaucoup de questions (réponses à venir dans le tome suivant j’imagine). La lutte entamée par la grand-mère de Charly prend petit à petit tout son sens, Audrey Alwett en profite pour passer de beaux messages de justice et de tolérance. En lisant un article sur son blog consacré à ce roman, j’ai appris qu’elle en avait eu l’idée en voyant des personnes proches perdre petit à petit leurs souvenirs, suite à une maladie. En y réfléchissant, Magic Charly est aussi (et surtout) un roman familial basé sur l’idée de transmission de l’héritage. Et de transmission tout court, d’ailleurs. Pour avoir eu une grand-mère dans un cas semblable (même si j’étais plus jeune que Charly à l’époque) ça m’a durablement marquée et j’ai donc été particulièrement touchée par ce roman d’Audrey Alwett.
Les pages se tournent toutes seules. Quatre cents feuillets de pur bonheur au terme desquels on n’a qu’une envie: réclamer la suite de toute urgence ! Elle travaille déjà dessus, je croise donc les doigts pour ne pas attendre trop longtemps même si, finalement, Magic Charly est sorti seulement en juin 2019. En parlant de l’objet-livre, d’ailleurs… Je le trouve particulièrement soigné et magnifique à hauteur du contenu. Le titre en relief, les différents éléments graphiques représentatifs de l’univers… Regardez cette couverture attentivement avant puis après votre lecture, c’est bluffant de voir un artiste respecter à ce point le travail de l’autrice. Quant à l’intérieur, chaque chapitre se surmonte d’un petit dessin lié aux évènements à venir, de façon propre et soignée. Le tout sur un papier de bonne qualité. Chapeau à l’éditeur !
Vous l’aurez compris, j’ai eu un coup de cœur pour Magic Charly qui n’est pas uniquement destiné à un public adolescent. Il marche dignement sur les traces de Harry Potter (tout en affichant une personnalité bien à lui) en proposant un univers crédible, riche et excentrique avec de bonnes idées (vive les apocachips et les serpillères !). La touche de noirceur et de danger apporte un bel équilibre au sein d’une intrigue qui promet d’encore s’assombrir vu les dernières pages. Pour ne rien gâcher, le roman dispose de plusieurs niveaux de lecture et conviendra à un large public. Le lecteur s’accroche immédiatement au personnage de Charly et ne rêve que d’une publication rapide pour un tome deux. Je n’ai donc plus que quatre mots à dire : Bien vite la suite ! ♥