Coucou tout le monde !
Le 2 octobre 2021, je me suis rendue au salon des Halliennales près de Lille, dans le nord de la France. Premier gros salon pour moi depuis la foire du livre de Bruxelles en 2020, qui s’est déroulée une semaine avant le fameux lockdown… Ça valait bien un petit compte-rendu, non ?
Je ne vous parle quasiment jamais des salons auxquels j’assiste parce que je m’y rends d’abord avec ma casquette d’autrice pour dédicacer mes romans et que je fais en sorte de dissocier le blog de cette activité, pour diverses raisons dont j’ai déjà pu parler. Pourtant, cette double casquette fait partie de moi et en lisant récemment un autre compte-rendu de salon, je me suis dit que ça pouvait peut-être se révéler intéressant de vous parler de ma façon de vivre ce genre d’évènement.
L’ombre en mode autrice.
Le plus délicat pour moi consiste à gérer mon temps de loisir et de travail. Je viens avant tout pour présenter mes romans et donc être présente sur le stand Livr’S, peu importe la fréquentation du stand ou du salon. Une question de respect vis à vis de mon éditrice. C’est probablement le plus difficile quand on doit se contenter d’attendre un peu d’attention d’un.e lecteur.ice de passage pendant parfois une heure ou deux. Plus le temps passe et plus j’ai du mal à laisser mes fesses collées à ma chaise quand le battement est trop long. Je travaille dessus mais on ne va pas se mentir, ça ne fonctionne pas toujours.
Nous avons évidemment droit à des pauses mais il faut les gérer pour que chaque auteur.ice puisse avoir la sienne et donc ne pas abuser question disparition. J’avoue que je suis une spécialiste du « je reviens dans cinq minutes » qui se transforme en quinze. C’est devenu un running gag avec mon éditrice, qui est quand même la femme la plus patiente du monde (non, elle ne m’a pas contrainte à écrire ça !).
Lorsque je suis derrière mes romans, mon plus grand plaisir est de discuter avec des lecteur.ices. Pas forcément les mien.nes, juste des personnes qui s’arrêtent pour poser des questions (sur ce salon on m’a demandé deux fois des conseils éditoriaux par exemple), lire des quatrièmes de couverture, recevoir un conseil en fonction de leurs goûts. C’est ce que je préfère mais je me suis rendue compte que je m’épanouis davantage à vendre et conseiller les romans de mes collègues que les miens. Au point que je passe une partie de mes pauses sur le stand du Chat Noir (le plus souvent) à recommander tel ou tel titre. Tout le monde sait très bien que si je ne suis pas sagement assise, c’est le lieu où on a le plus de chance de me trouver. Cette constatation me fait me demander si je ne devrais pas plutôt participer à ces évènements en tant que « libraire » en soutien aux éditeur.ices et c’est une réflexion très sérieuse sur laquelle je me penche en ce moment.
L’ombre en mode… un peu des deux.
Quand je sors de derrière le stand, je redeviens (juste) Manon / OmbreBones, la lectrice et blogueuse. Pourtant, mes rapports avec les auteur.ices ont une dimension supplémentaire puisque je suis également vue comme une collègue par la plupart. On peut donc discuter de davantage de sujets internes au milieu puisque je possède les connaissances nécessaires pour cela. Avec Estelle Faye, on a par exemple parlé de Gilles Dumay et du très bon travail réalisé par AMI sur son roman. Comme elle en sortait un autre chez Rageot presque en même temps, on a pu échanger sur la manière dont chaque éditeur travaille et j’ai trouvé ça plutôt riche puisque ça m’a permis de comparer avec ma propre expérience.
Être une collègue, même d’une autre maison, permet également de se confier plus honnêtement sur les projets en cours et les sorties à venir, puisqu’on a conscience du devoir de réserve que cela implique tant que rien n’est officiellement annoncé. C’est un de mes plus grands plaisirs (coupables), de savoir ce qui va sortir plus ou moins quand l’année prochaine et de qui. Et non, je ne dirais rien !
Mais surtout, pour moi, un salon du livre, c’est en premier lieu une occasion de revoir des copains et des copines auteur.ices. Le milieu reste petit, on finit tous.tes par se connaître, s’appeler par nos prénoms, avoir des petites blagues entre nous (tellement attristée par l’absence de Monsieur Nyx aux Halliennales, franchement tout se perd !). Évidemment, on n’apprécie pas tout le monde de la même manière mais depuis mon premier salon en 2015 (ça commence à dater…) je reste dans l’ensemble ravie des rencontres et des relations tissées au sein du milieu littéraire. Je me rends compte que ces personnes m’ont manqué durant le confinement, que ce microcosme a laissé un vrai vide qui a été comblé samedi dernier. C’est mon statut d’autrice qui m’a permis d’avoir tout cela et pourtant, aujourd’hui, je ne me sens plus vraiment comme telle et c’est quelque chose qui m’a perturbé durant tout le salon. Je crois que je vis en ce moment une transition d’un statut à un autre (mais lequel ? Mystère…) et que je me cherche encore.
L’ombre en mode 100% lectrice.
Cela étant, j’ai évidemment acheté des romans. Six en tout, ce qui est très raisonnable quand on pense que j’avais pour habitude de repartir avec au moins le double, auparavant.
–Eliott et la bibliothèque fabuleuse de Pascaline Nolot chez Rageot.
–Les héritiers de Brisaine, tome 1 de David Bry chez Nathan.
–À l’ombre du manoir, tome 1 de Lizzie Felton aux éditions du Chat Noir.
–Lullaby de Cécile Guillot aux éditions du Chat Noir.
–Widjigo d’Estelle Faye chez Albin Michel Imaginaire.
–L’arpenteuse de rêves d’Estelle Faye chez Rageot.
Trois jeunesses et trois romans adultes, quatre formats courts et deux romans de taille normale. Vu que j’ai du mal à me motiver à lire, je me suis dit que ce serait une bonne idée de me concentrer sur des textes plus accessibles et qui demandent un moins gros investissement en terme de temps mais aussi sur des auteur.ices qui ont fait leur preuve pour moi et dont j’ai quasi systématiquement aimé les textes. On verra si j’ai eu raison !
D’ailleurs, cela me permet de vous parler d’une autre de mes habitudes de salon. Je ne lis jamais les dédicaces tout de suite. J’attends d’être rentrée chez moi, d’être posée dans ma chambre et juste avant de dormir, j’ouvre chaque livre en prenant le temps de me rappeler la discussion échangée avec l’auteur.ice, puis je lis le mot laissé dans le roman. Certains sont plutôt classiques (c’est très difficile d’être original dans une dédicace !) mais d’autres sont plus personnels, en fonction du degré d’amitié que je partage avec l’auteur.ice concerné.e et ça me fait toujours chaud au cœur.
Par exemple, le premier livre acheté aux Halliennales a été celui de Lizzie Felton parce que je savais que beaucoup de monde allait se ruer dessus et que je ne peux pas me permettre de faire la file pour une dédicace, j’ai donc « triché » en y allant avant l’ouverture officielle. Ce que tout le monde fait, en réalité… C’était sa toute première dédicace dans son nouveau roman, elle ne l’avait même pas encore vu ! Et elle s’est déroulée dans la pénombre vu que les lumières n’étaient pas encore allumées de notre côté de la salle… Toute une aventure ! Lizzie dédicace avec une équerre pour écrire bien droit et faire ça proprement (il y a une histoire assez drôle derrière cette habitude mais si vous la connaissez un peu, elle ne sera pas difficile à deviner :P). Un joli mot touchant avec des cœurs et une mention spéciale comme quoi je possède bien le tout premier Manoir dédicacé. Cela satisfait beaucoup mon côté collectionneuse.
Le mot de la fin… ou presque.
Des anecdotes, il y en a plein et si j’ai évoqué plus particulièrement celles-là, c’est parce que ce sont les plus intéressantes. J’aurais aussi pu (et même du) parler de la gentillesse de Pascaline, du sabotage de Mathieu (qui dresse son terminal à refuser ma carte mais pas de bol, j’ai de la ressource ! #niark), de l’honnêteté de David Bry (vis à vis de son roman jeunesse qui n’était probablement pas fait pour moi MAIS que j’ai quand même acheté parce que cet auteur est trop bien, lisez le !), insister sur l’énergie d’Estelle Faye, glisser un mot sur le succès du talentueux Ariel qui ne pourra décidément jamais aller manger à l’heure sur un salon (mais ce n’est rien à côté de la courageuse Georgia Caldera qui avait toujours une file d’au moins 20 personne pour l’attendre, elle doit avoir le poignet foulé o.o) et qui pourtant prend toujours le temps de discuter et de plaisanter, de l’adorable Céline avec qui on peut parler de tout, d’Estelle (Vagner) la déléguée commerciale officielle des télescopes (ne cherchez pas) mais aussi de Sonia qui a nourri tout le salon à elle toute seule grâce aux dons de ses admirateur.ices, de la jeune Aline qui a (enfin !) connu son premier vrai gros salon, de mon voisin Bertrand avec qui on rigole toujours pour un millier de raisons… et j’en oublierais encore parce qu’on ne peut pas se rappeler de tout.
Merci à chaque personne qui a contribué à cette belle journée et merci à l’organisation d’avoir permis au salon de se tenir dans de bonnes conditions.
Et voilà, on arrive à la fin de ce billet un peu décousu. Je ne sais pas trop ce que je cherche à raconter au milieu de toutes ces réflexions. Je crois que je souhaite surtout partager avec vous un petit pan de ma vie autrice / lectrice. J’espère que cela vous plaira et s’il y a des choses que vous souhaitez savoir en plus, n’hésitez pas à me poser la question !