Les chroniques de l’Après-Monde – Geoffrey Claustriaux

après monde

Les Chroniques de l’Après-Monde est un one-shot post-apocalyptique écrit par l’auteur belge Geoffrey Claustriaux et publié chez Terres de Brume en 2014. Il est disponible à la vente au prix de 18 euros.

Je connais l’auteur depuis un long moment maintenant, à force de nous croiser en salon. Humainement, c’est quelqu’un de très aimable, dynamique et drôle, c’est toujours un plaisir de discuter avec lui. Pourtant, je ne m’étais encore jamais vraiment arrêtée sur ses romans, parce que les thématiques ne m’inspiraient pas. Jusqu’à ce que ma complice L-A Braun m’offre les Chroniques de l’Après-Monde, en m’assurant que j’allais forcément adorer. De moi-même, je ne me serais pas tournée vers ce livre, parce que je n’aime pas du tout les romans post-apocalyptiques. Comme quoi, il faut parfois aller voir un peu plus loin, au-delà de la première impression ou d’un genre qu’on n’apprécie pas. Il y a des perles dissimulées où on s’y attend le moins !

Dans les Chroniques de l’Après-Monde, nous suivons Casca tout au long de sa vie. Le récit est présenté sous forme d’une confession, écrite par la jeune fille une fois plus âgée (et même vieille dame), ce qui nous offre une narration à la première personne et en flashback, depuis le début de sa vie dans un abri / colonie jusqu’à l’épidémie qui l’a ravagé et la nécessité, ensuite, d’en sortir pour survivre. En sa compagnie, à travers ses yeux, nous découvrons ce monde ravagé… Ou pas tant que ça, en fait. Casca a vécu à l’écart de toute civilisation, les systèmes de communication étant coupés, et si elle se croit d’abord seule humaine rescapée, elle se rend compte que c’est loin d’être le cas. Que des gens sont déjà sortis de leurs abris respectifs, qu’ils ont fondé des villes depuis parfois deux ou trois siècles, que les retombées atomiques ne sont plus que de l’histoire ancienne, l’air étant de nouveau respirable. Elle entreprend alors de voyager, de rencontrer ces peuplades, de découvrir son monde, et elle n’en sortira pas indemne.

Si, au début, nous suivons une jeune fille naïve, elle est rapidement obligée de grandir et est influencée par le monde où elle évolue. Ce roman me fait penser à un road-movie couplé à une ambiance plutôt Doomsday, dans une version plus subtile quoi que tout aussi dure. L’auteur, à travers sa plume travaillée et efficace, nous raconte un périple passionnant sans jamais tomber dans les excès de grandiloquence, les leçons de morale pénibles ou les situations improbables. Certes, il y a des moments où on se demande comment Casca peut s’en sortir, mais les solutions apportées ne sont jamais illogiques et l’héroïne admet elle-même qu’elle a eu beaucoup de chance.

Plus qu’un roman, les Chroniques de l’Après-Monde est une critique de notre société et de nos mœurs. Si tout s’est effondré, c’est à cause d’Internet, des abus de pouvoir, de l’hyper protectionnisme des états, des egos surdimensionnés de quelques puissants. Et si elle rencontre effectivement des peuples dégénérés (selon nos critères sociaux), des barbares, des cannibales, des bandits ou des arnaqueurs, elle croise aussi des personnes au grand cœur qui n’hésitent pas à l’aider. Rien n’est manichéen, dans ce périple. Et cela nous force à réfléchir sur notre actualité, sur nos actes, sur notre vision parfois trop pessimiste de l’être humain. Les messages forts sont présents tout au long du récit, à travers les anecdotes de l’héroïsme, sans toutefois nous écraser. Casca n’a rien d’une moralisatrice. Elle est terriblement humaine, dans chacun de ses actes, depuis sa naïveté à son cynisme, puis à sa reprise d’espoir.

Pour moi, ce roman est clairement une réussite sur tous les points. Il est addictif (je l’ai lu en deux jours seulement !), bien écrit, engagé sans être lourd, et nous permet de suivre une héroïne à laquelle il est facile de s’identifier. Comme je lis très peu de post-apocalyptique (jamais en fait) je ne sais pas s’il contient des clichés ou des maladresses liés au genre littéraire concerné. Ce dont je suis sûre, en revanche, c’est que nous devrions tous prendre la peine de lire les Chroniques de l’Après-Monde et de réfléchir aux thématiques qu’aborde le roman, qui me paraissent plus importantes que jamais dans notre monde actuel.

J’ai été ravie de découvrir Goeffrey Claustriaux, qui n’a pas volé son succès en salon! Je suis impatiente de lire d’autres romans de sa plume, en espérant qu’ils soient aussi bon. Je vous recommande très chaudement les Chroniques de l’Après-Monde, une lecture dont vous ne sortirez pas indemne.

Verlaine avoue Rimbaud – Vincent Vallée

Le nouveau roman de Vincent Vallée, publié aux Editions du Rapois

Verlaine avoue Rimbaud est un roman type historique et confession, écrit par Vincent Vallée (un auteur belge !) et publié aux éditions du Rapois. Je découvre à la fois la maison d’édition et l’auteur, que je ne connaissais pas jusqu’ici. Ce livre coûte 14.90 euros, un prix très correct vu la qualité du papier, les illustrations dans l’ouvrage et sa taille.

C’est au salon du livre d’Ouffet que j’ai rencontré Vincent Vallée, par l’intermédiaire de Laure-Anne, qui est revenue avec son roman. J’ai immédiatement été attirée par la thématique. J’aime ce couple mythique de poètes maudits, j’aime la personnalité de Rimbaud (et son génie), il est l’un des rares, avec Baudelaire, dont j’apprécie la poésie… Du coup, j’étais très curieuse de découvrir de quelle manière ce morceau d’histoire nous était narré. Nous nous sommes donc improvisées une petite soirée lecture où j’ai dévoré ce chef-d’œuvre en un peu plus de deux heures.

Oui, Verlaine avoue Rimbaud est un chef-d’œuvre, il n’y a pas à tortiller. Pas tant par sa thématique que par son traitement. Nous retrouvons Verlaine en prison après avoir tiré sur Rimbaud et il confesse à un prêtre tout ce qu’il a sur le cœur. Il sait qu’il a mal agi, il se repend pour ses actes et nous offre un portrait brossé, sans fard, de leur relation et de leurs deux personnalités hautes en couleur. Verlaine est terriblement humain, Rimbaud aussi, à sa manière. Le récit est parcouru par des poèmes que Verlaine déclame aux moments clés pour appuyer son histoire, ainsi que par des lettres échangées entre lui et son amant pendant toute la durée de leur relation.

Le travail de recherche effectué par l’auteur est très bon et très poussé. Il a lu les deux poètes à fond (comme en témoigne la bibliographie détaillée à la fin) et il a compris ce qu’il lisait. Il a étudié leurs biographies et il a construit ce roman sur de solides bases historiques, bien qu’il se permette quelques inventions. J’ai été immédiatement happée par son écriture, sa plume qui sonne juste et sincère. J’ai tourné les pages sans m’en rendre compte pour finalement arriver à la fin et verser des larmes sincères. Ce n’est pas -plus- si courant que ça et je compte bien remercier l’auteur en personne aujourd’hui pour m’avoir fait ressentir autant d’émotions.

Je vous recommande chaudement Verlaine avoue Rimbaud. Ce n’est pas un roman lié à la littérature de l’imaginaire, c’est un récit de vie, une confession sur l’amour et ses ravages, sur le droit de s’aimer, sur la passion et ses douleurs, sur la folie des artistes et le mal du siècle. C’est excellent et c’est à découvrir absolument.