Les abandons de l’Ombre : Les tribulations d’Esther Parmentier, La fureur des siècles, Nos destins sombres.

Souvenez-vous… J’ai commencé l’année 2023 avec une série d’abandons (pas moins de sept à la suite !) qui a certes drastiquement réduit ma PàL mais aussi mené à bien des réflexions chez moi. J’écris ce billet début février même si vous devriez le lire à la fin du mois de mars pour cause de planification. J’ai décidé de vous parler de certains titres qui rencontrent un succès quasiment unanime chez tout le monde… Sauf moi. Erf.


Les tribulations d’Esther Parmentier est une série à succès dite jeunesse et d’urban fantasy, écrite par l’autrice française Maelle Dessard et publiée chez Rageot. On y suit donc, comme le titre l’indique, Esther Parmentier qui est une jeune femme disons… casse-pied, pour rester polie, et qui se retrouve embarquée dans une enquête pour meurtre aux côtés d’un vampire détective.

Je ne peux pas en dire beaucoup plus parce que j’ai assez rapidement abandonné cette lecture. Dés les premières lignes, j’ai trouvé l’héroïne pénible à se plaindre sans arrêt. Elle a provoqué chez moi un sentiment immédiat de rejet mais je serais bien en peine d’en expliquer consciemment la raison avec davantage de détails. Ce sont des choses qui arrivent d’autant que parfois, dans la vie, on rencontre quelqu’un qu’on déteste tout de suite sans s’expliquer pourquoi. Pour ne rien arranger, la narration est à la première personne et dans ces cas-là, quand on n’accroche pas au personnage principal, ça devient difficile d’être indulgent avec la façon dont elle s’exprime. Par extension, le style d’écriture qui m’a crispé.

Je suis tout de même allée suffisamment loin pour trouver la mise en place de l’enquête et de la rencontre avec le vampire tirée par les cheveux et leur première interaction plus qu’agaçante. J’ai tellement roulé des yeux que j’en ai eu mal à la tête. Je pense que ce roman, je l’aurais probablement mieux aimé il y a cinq ou dix ans, quand j’étais encore dans un trip urban fantasy / bit-lit mais ce n’est plus le cas et je me rends compte que je suis de plus en plus dure avec les livres de ce genre-là, sans doute d’une façon injuste pour les textes concernés. Je vous invite donc à découvrir les avis plus enthousiastes des blogpotes, référencés ci-dessous.

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J’ai lu énormément de romans de cet auteur et si j’ai commencé par une trilogie qui a été un énorme coup de cœur, je n’ai plus vraiment réussi à m’emballer autant pour un de ses romans par la suite. J’espérais que celui-ci changerait la donne puisqu’il prend place dans une époque qui me plait mais ce ne fut malheureusement pas le cas.

L’histoire se déroule en 1515, en Europe. Léonard de Vinci a inventé une machine capable de détraquer l’espace et le temps à certains endroits, ce qui permet au roi François Ier de régner en maître sur l’Europe. Alors que le monarque français est sur le point d’attaquer la couronne des Habsbourg, le condottiere Sforza intervient, désireux de se venger de la prise du milanais qui a eu lieu des années plus tôt…

Tout commençait bien. J’ai accroché tout de suite au ton très verbeux du récit, dans l’ambiance des chroniques qu’on pouvait lire jadis. Puis les points de vue ont commencé à s’alterner entre la compagnie de mercenaires qui travaille pour Sforza et Léonard de Vinci (quoi que toujours d’une façon rapportée par le narrateur qui l’aurait par chance rencontré plus tard) mais la partie sur le grand génie était clairement très en dessous question intérêt. Puis finalement, arrivée à la moitié, j’ai senti mon intérêt décliner et j’ai un jour refermé le livre sans avoir envie de le rouvrir, ni de savoir ce qui arriverait aux protagonistes.

Cela s’explique aussi par deux éléments dont je n’ai pas encore parlé : d’abord le personnage de Reginus, qui est aussi le narrateur, est très pénible dans sa naïveté et sa candeur, très manichéen aussi au départ. J’ai eu envie de lui coller des claques plus d’une fois et je n’étais pas trop d’humeur. Ensuite, je ne suis pas parvenue à suspendre ma crédibilité pour tout ce qui concerne la Furia. Il m’a manqué des explications claires et cohérentes autour de ce phénomène, les lois qui le régissent, etc. Peut-être qu’elles arrivaient plus loin dans le roman mais je n’en ai pas vu trace à la moitié et ça m’a lassée parce que je ne parvenais pas à croire, du coup, aux évènements racontés. Enfin, vous le savez, j’ai beaucoup de mal avec la thématique de « voyage dans le temps » ou d’époques qui se croisent et ont une incidence l’une sur l’autre. J’ai pensé que Johan Heliot réussirait à me faire passer outre cette réticence, mais non. Dommage, à nouveau…

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Je savais très bien en achetant ce roman que ce serait quitte ou double mais j’avais d’une part adoré la nouvelle de l’auteur dans l’anthologie 9 et, d’autre part, c’était son premier roman alors j’ai voulu le soutenir, tout simplement. Sans compter que le concept m’intéressait.

Orphée se réveille au royaume des morts et y retrouve sa conscience presque un an après son décès. La banshee Cassidy doit l’aider à passer de l’autre côté mais Orphée ne l’entend pas de cette oreille parce qu’il a laissé derrière lui son petit ami Isidore, qui souffre de sa mort et a des pensées suicidaires. L’histoire se déroule à la Nouvelle-Orléans, on touche au culte de la Santa Muerte et à un certain mystère qui plane autour de la mort d’Orphée, dont ce dernier ne se rappelle pas.

Honnêtement, ça partait bien mais j’ai d’abord tiqué sur la narration. Aiden Martin a choisi de l’alterner, chaque fois à la première personne mais du point de vue d’Orphée puis de celui d’Isidore. Au sein de cette narration, les deux personnages s’adressent directement au lecteur avec des parenthèses et des plaisanteries, ce qui m’a sorti de l’histoire. C’est un procédé narratif que j’appréciais avant et que j’ai même utilisé parfois dans ma propre duologie d’urban fantasy mais la sauce n’a pas pris ici.

Ensuite, je dois avouer qu’Orphée est agaçant. Évidemment, sa situation n’est pas très agréable et je ne réagirais pas mieux à sa place mais je ne suis pas parvenue à éprouver de l’empathie pour lui, au contraire d’Isidore. S’il n’y avait eu que sa narration à lui, je pense que j’aurais lu le roman en entier mais une fois à la moitié, j’ai passé des pages pour simplement aller directement à la fin, curieuse de savoir s’il réussirait à passer à autre chose et si ma théorie était juste. Je dois avouer qu’après avoir lu la fin en question… J’ai été déçue tellement c’est attendu, déçue d’avoir tout simplement raison. J’ai gagné le pari avec moi-même et j’aurais préféré le contraire. Je dois vraiment arrêter d’acheter ce type de roman, je ne les apprécie plus à leur juste valeur.

Dernière chose et non des moindres, la mise en page. Le roman est très épais, trop pour que le Chat Noir puisse conserver sa mise en page habituelle sans sortir une trop grosse brique qui poserait des soucis d’envois postaux. Au lieu de couper le roman en deux (et c’est vrai que je ne vois pas où ils auraient pu le faire) ils ont décidé de réduire la taille de la police d’écriture au sein du livre. Le problème, c’est que c’est beaucoup trop petit pour mes yeux et je n’ai pas de soucis de vue donc je n’ose pas imaginer pour d’autres dont ce serait le cas. Même si je comprends ce choix, je ne le trouve pas optimal pour le confort de lecture et si je m’en étais rendue compte avant de l’acheter, je l’aurais probablement pris d’abord en numérique.

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Quelles conclusions en tirer ? 
Elle est double et rejoint en partie celle de mon précédent billet sur les abandons. Déjà, mes goûts évoluent et j’apprécie plus difficilement l’urban fantasy, peu importe son cadre, car j’en ai trop lu et ses codes me sortent par les yeux. Je dois donc arrêter de me laisser avoir par ce genre littéraire et accepter qu’il ne me convient plus.

Ensuite, je dois éviter d’acheter un roman juste parce que j’ai eu une bonne expérience avec son auteur (sauf si c’est Ada Palmer ->). J’ai déjà eu ce sentiment plus tôt cette année après ma lecture de Thomas le Rimeur d’Ellen Kushner et ça se vérifie ici avec Johan Heliot, avec qui je n’en suis pourtant pas à ma première désillusion. Oui, il y a des auteur·ices que j’adore ou que j’ai adoré lire une fois, mais cela ne signifie pas qu’ils proposeront à chaque fois des livres faits pour moi. Autre exemple l’année dernière : j’ai lu Widjigo d’Estelle Faye chez Albin Michel Imaginaire et je n’ai pas du tout accroché à son livre. Si ça n’avait pas été son roman, je ne l’aurais même pas acheté de base… Alors au lieu du nom d’un·e auteur·ice, je dois plutôt me baser sur le contenu car au fond, c’est ce qui importe vraiment.

Et vous, est-ce que vous avez abandonné un livre récemment ?

Les abandons de l’Ombre : Les oubliés de l’Amas, Sombre Tilly et les Errantes.

L’année 2023 n’a pas commencé sous les meilleures auspices car elle compte déjà trois abandons même si, heureusement, il y a aussi eu de belles lectures. C’était donc l’heure de réécrire un nouvel article sur mes abandons afin de vous expliquer ce que je n’ai pas aimé dans ces livres et ce qui, potentiellement, pourrait vous plaire à vous.


J’ai reçu ce roman dans le cadre de la masse critique Babelio. Je l’avais demandé parce qu’il venait de recevoir le prix des Utopiales et que je m’y rendais (enfin que je devais encore m’y rendre, à ce moment-là), j’étais donc curieuse de retenter l’aventure avec cette autrice que tout le monde encense puisque je n’avais lu que Rouille et que ça ne m’avait pas plu. Ce n’est donc pas la première fois que je lis un roman de Floriane Soulas et même si je le regrette, je pense que je ne suis tout simplement pas son public. Son style et sa maturité ont clairement évolué depuis Rouille mais cela ne me suffit pas, encore moins dans un roman de science-fiction où je commence déjà à avoir lu un certain nombre de pépites et d’auteur·ices costaud·es.

D’emblée, j’ai trouvé la mise en place bien trop longue pour ce qu’il y avait à raconter. Si j’avais lu ce roman il y a quelques années, avant d’en découvrir d’autres de hard sf ou plus ambitieux, sans doute l’aurais-je apprécié mais ici ce n’est pas le cas. Quand je vois à quel point les auteurices actuel·les sont doués pour faire briller la SF en format court, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de s’étaler sur autant de pages pour « ne rien dire ». C’est longuet sans raison et le personnage de Kat n’a pas su me toucher, aucun des personnages présentés jusqu’au moment où je me suis arrêtée, d’ailleurs. Je suis restée extérieure au récit, ce qui est dommage.

L’univers proposé n’est pas dénué d’intérêt ni de mystère, notamment pour ce qui concerne Jupiter. Là où je me suis arrêtée, l’action se déroulait toujours sur l’Amas, près de la planète Jupiter, et l’ambiance résolument sombre, sale, assez désespérée à la limite de la dystopie a achevé de me perdre. C’est tout personnel mais ce n’est plus du tout quelque chose que j’ai envie de lire et cet aspect ne se ressentait pas trop dans le résumé. D’ailleurs, en parlant de résumé, celui présent sur le site de l’éditeur ne correspond pas à celui dans le dos du roman, qui est bien plus complet, ce qui est quand même surprenant car ça ne renvoie pas du tout la même ambiance. Dommage !

Bref, j’ai pour principe de ne pas me forcer à lire un roman quand il m’ennuie et malheureusement, c’est le sentiment qui domine la première centaine de pages. Je suis dans un état de fatigue qui fait que je me sens de toute façon incapable de m’« obliger » à finir donc je déclare forfait -d’ailleurs on ne devrait jamais être contraint de finir un livre, SP ou pas. Peut-être que cela devient meilleur après et je rate sûrement quelque chose vu que tout le monde semble avoir adoré ce livre mais tant pis pour moi. Je vais en faire don à la bibliothèque du village afin de lui offrir une nouvelle vie et que ce service presse ne soit perdu ni pour l’éditeur, ni pour l’autrice à qui je souhaite une bonne continuation dans son aventure littéraire.

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J’ai acheté ce roman aux début octobre 2022 et je voulais le lire pour Halloween mais il est finalement resté dans ma Pàl quelques mois de plus. On y suit Matilda, une sorcière qui n’a rien de gentille et qui utilise sa magie pour faire souffrir les gens qu’elle n’apprécie pas. Dans cet univers, chaque fois qu’on se sert la magie pour faire le mal, on récolte une marque sur la peau du visage mais Matilda connait un sortilège pour invisibiliser ces marques même si elles restent à vif et lui causent de la souffrance. On rencontre donc un personnage plutôt désagréable envers qui on a du mal à ressentir de l’empathie. J’apprécie pourtant de suivre ce genre d’anti-héros car cela permet d’offrir un point de vue différent de ce dont on a l’habitude et peut apporter une certaine richesse au sein d’un récit. Ç’aurait pu être intéressant et original.

Mais…

J’ai arrêté ce livre au bout d’une centaine de pages car j’ai assez vite compris où l’autrice nous emmenait et j’ai senti venir le twist final de très loin. Par acquis de conscience, j’ai été lire la fin et il s’avère que j’avais entièrement raison. En général je suis le genre de lectrice qu’on arrive à manipuler facilement donc imaginez ma surprise quand toutes mes hypothèses se sont avérées vraies… De plus, l’ambiance tourne assez rapidement à la teenage romance mièvre. Comme par hasard, Matilda rencontre un garçon qui, comme par hasard, pratique également la magie et a comme par hasard deviné qu’elle était une sorcière, et lui, vous comprenez, il aimerait bien qu’on lui apprenne quelques trucs aussi parce qu’il ne descend pas d’une lignée… Bref, je dois manquer de foi en l’être humain mais je l’ai trouvé trop louche parce que trop gentil et compréhensif dés le départ.

J’aurais sans doute bien plus apprécié ce titre si je n’en avais pas déjà lu cinquante du même genre. Je n’ai rien à redire sur le concept ou sur la manière d’écrire de l’autrice, ce n’est simplement pas un roman qui est fait pour moi.

D’autres avis : pas chez les blogpotes.


Encore un roman fantastique mais cette fois, avec une histoire de fantômes ! On suit le quotidien de trois filles : Suzanne, Anne-Lise et Saskia qui vivent toutes dans le même immeuble et vont commencer à voir / entendre / rêver des choses vraiment bizarres. Le début du roman est consacré à présenter chacune des jeunes femmes au sortir de l’adolescence et d’expliquer leurs petits problèmes : Suzanne est une gameuse qui rêve de devenir une influenceuse célèbre mais son père ne la soutient pas du tout. Elle est toujours en deuil de sa mère et finit par quitter le domicile familial pour habiter dans l’immeuble qui appartient à la famille d’Anne-Lise car elle connait son petit frère, qui est un de ses fans. Anne-Lise est une jeune femme très religieuse qui a perdu la foi en l’institution de l’église après avoir constaté de près l’inaction de ses parents et proches contre un prêtre de leurs amis, accusé de pédophilie. Elle est donc en pleine crise existentielle. Enfin, Saskia est une artiste venue d’Estonie pour terminer son master en art à Paris et elle vient d’être rejetée par un grand galeriste, ce qu’elle vit très mal.

Des trois, c’est Saskia que j’ai préféré car c’est la seule que j’ai trouvée crédible et intéressante. Les deux autres filles me paraissaient excessives et lassantes… Quand les interventions surnaturelles commencent à se produire, c’est celle de Saskia qui est finalement la plus inquiétante et la mieux maîtrisée. J’ai arrêté le roman à la moitié en me rendant compte que je ne ressentais aucune envie de connaître la fin. Je me fichais totalement de ce qui allait arriver à ces personnages… Sans compter que les délires mystico-religieux, j’ai eu ma dose et même s’il y a de bonnes idées, elles n’ont tout simplement pas fonctionnées sur moi. Dommage !

D’autres avis : pas chez les blogpotes.

Quelles conclusions en tirer ?
Hormis que trouver des récits satisfaisants devient de plus en plus difficile, je ne sais pas trop…

Plus sérieusement, je pense que je suis en train de vivre le deuil d’une « ancienne moi » qui adorait ce genre d’histoire, qui en écrivait même et qui aurait aimé retrouver ce plaisir d’en lire. Le souci c’est que je ne suis plus cette personne et que je dois l’accepter. Mes centres d’intérêt évoluent, j’ai lu beaucoup trop de récits de ce type pour encore y trouver une surprise ou de l’intérêt (même si ça peut arriver comme avec Une rivière furieuse) et je décroche donc facilement.

Je dois aussi arrêter d’acheter des pavés (sauf si c’est Ada Palmer qui les écrit) parce que les livres trop épais me découragent, me demandent une énergie mentale que je n’ai pas pour le moment. Cela aussi, je dois apprendre à l’accepter.

Et vous, est-ce que vous avez abandonné un livre récemment ?

Les abandons de l’Ombre : Summerland, Unity et Ymir.

Voilà un moment que j’hésitais à lancer ce format d’article, surtout que les abandons s’enchaînent cette année. Je n’ai pas toujours envie d’évoquer tous les textes que j’abandonne et ce pour diverses raisons mais les cas présentés ici sont particuliers. Déjà, il s’agit de service presse alors si on prend le temps de me les envoyer -sous divers formats- je peux bien prendre le temps d’écrire un mot à leur sujet. Surtout quand, objectivement, ce sont de bons livres dont le seul tord est de ne pas correspondre à mes goûts de lecture.

Je me propose donc d’aborder chaque texte séparément puis de tirer un constat général. Après chaque court retour, je vous référencerais d’autres chroniques qui offre un regard différent du mien sur ces romans, afin de vous permettre d’accéder à davantage d’avis.


L’histoire se déroule en 1938 au sein d’une uchronie où le point de divergence se situe après la Première Guerre Mondiale, notamment dans les vainqueurs qui redessinent le paysage politique. On a d’un côté la Grande-Bretagne et de l’autre la Russie qui, comme de juste, continuent de se méfier l’un de l’autre. Ce n’est pas la seule chose qui a changé car côté anglais, on a découvert Summerland à savoir l’endroit où on se rend après la mort. Il est donc possible désormais de discuter avec des gens décédés et toute la société s’est construite autour d’un système de ticket à avoir au moment de son décès pour ne pas se perdre. Le concept est très pointu et intéressant. Hélas, passé la découverte initiale, ça devient vite ennuyeux à mon goût.

C’est la chronique d’Apophis qui avait attiré mon attention sur ce roman et donné envie d’essayer, ce qui est assez paradoxal puisque les éléments qui m’ont finalement poussé à abandonner ont tous été détaillés dans son retour très complet. Ce qui, pour lui, étaient des qualités ont, pour moi, été source d’ennui ce qui rappelle aussi qu’il peut être intéressant et même important de parler d’une lecture décevante puisque cela pourrait donner envie à d’autres personnes de lire le livre en question. Ce qui nous déplait peut séduire d’autres lecteurs et vice versa.

Histoire d’être un peu plus claire : je suis intellectuellement capable de reconnaître la qualité de l’univers qui a été construit ainsi que son ambition mais je ne suis pas parvenue à m’intéresser aux personnages qui ont plus une fonction qu’une âme, ce qui est un gros handicap pour moi qui ne peut pas me contenter d’une bonne idée, surtout pas sur un format long. De plus, l’intrigue type espionnage dans les années 30 n’est pas ce que je préfère, même au sein d’une uchronie, sans que je puisse vraiment donner une raison recevable à ça autre que : les goûts et les couleurs. La mise en scène du sexisme propre à l’époque sert à le dénoncer mais ça ne suffit pas pour relever mon intérêt.

Il paraît que le livre s’épanouit dans son dernier tiers sauf que je suis assez lassée de devoir me taper deux tiers d’un livre ennuyeux pour enfin arriver à quelque chose d’excitant. Ce n’est pas le type de construction narrative qui me convient, j’ai donc décidé de ne pas poursuivre la découverte.

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Unity est un roman cyber-punk / thriller / post-apo / sûrement d’autres genres que j’oublie. L’humanité vit en partie sous l’océan, dans des cités bulles qui sont sous le contrôle d’une puissance totalitaire. Pourquoi vivre sous l’eau ? Parce que sur la terre, c’est bien foireux et il ne reste pas grand chose hormis du désert -ce qui n’empêche pas les gens d’essayer d’y survivre. Dans ce contexte, on rencontre Danaë, une femme pas comme les autres qui s’avère rapidement être plus qu’une humaine : elle porte en elle une sorte de conscience collective dont on ne savait pas grand chose au moment où j’ai arrêté ma lecture.

Encore un roman repéré chez Apophis (décidément on n’est plus sur la même longueur d’onde en ce moment) que j’ai reçu un peu par hasard en demandant les sorties de la rentrée littéraire chez AMI (j’entendais par là Marguerite Imbert et Émilie Querbalec). Comme il a été envoyé avec les autres fichiers, j’y ai quand même jeté un œil et ce qui m’a perdue ici, c’est l’absence de contexte clair. Il y a bien trop d’informations, données trop vites et trop mélangées. J’ai eu le sentiment que l’autrice avait une check-list de thèmes et de concepts qu’elle voulait absolument aborder et qu’elle avait peur d’en oublier si elle ne s’y mettait pas directement. On se retrouve balancé au milieu de l’intrigue sans avoir les bases de l’univers ce qui implique un vocabulaire spécifique qui ne renvoie à rien pour la lectrice novice en SF que je suis, ce que j’ai un temps mis de côté pour essayer de me plonger dans l’intrigue sauf que celle-ci prend la forme d’une sorte de course poursuite. Quelqu’un veut tuer le personnage principal, qui elle veut s’enfuir d’une cité sous-marine pour ne pas mourir, c’est un trope qui m’ennuie au plus haut point parce que c’est rare de croiser un·e auteur·ice qui maîtrise la tension narrative.

Pour ne rien arranger, je n’ai pas accroché au personnage de Danaë, je trouvais Alexeï plus intéressant mais cela n’a pas suffit pour me donner envie de continuer à tourner les pages. Enfin, l’ambiance « régime totalitaire et complot global » me hérisse depuis quelques mois, je ne le gère plus bien du tout. Sans doute l’écho avec notre réalité, notre quotidien. J’ai envie d’un autre genre de lecture.

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Yorick est un mercenaire qui a quitté Ymir, sa planète natale, bien des années plus tôt en jurant de ne plus jamais y remettre les pieds. Le problème, c’est que son employeur se moque pas mal de ses états d’âme et le détourne durant sa stase pour l’envoyer chasser le grendel -un genre de monstre cybernétique. À cette traque va se mêler des échos du passé de Yorick et notamment le retour de son frère, qui lui a arraché la mâchoire bien des années plus tôt.

J’ai déjà parlé plus d’une fois de Rich Larson sur le blog, que ce soit pour l’excellent recueil La fabrique des lendemains ou pour ses nouvelles parues dans le Bifrost. De mémoire, je n’avais pas encore été déçue par l’auteur et il fallait bien que ça arrive un jour. C’est juste dommage que ce soit avec son premier roman…

J’ai décidé d’arrêter ma lecture à la moitié pour plusieurs choses : déjà, à nouveau, l’ambiance. On est sur une planète inhospitalière, on évolue dans des bas-fonds crasseux, il y a une méga entreprise hyper totalitaire, c’est très sombre, oppressant, ça ne correspond pas du tout à ce que j’ai envie / besoin de lire pour le moment.

Pourtant, j’ai persévéré parce que je connaissais déjà le travail de l’auteur et que j’avais confiance. Je me disais qu’il méritait bien que je m’accroche un peu, que je lui laisse le bénéfice du doute. Hélas, j’ai rapidement eu l’impression que l’histoire racontée aurait pu aisément tenir dans une novella et que le roman souffrait de longueurs, de digressions, sans parler des flashbacks nébuleux mélangés à des trips de drogue qui n’aident pas à s’accrocher malgré la brièveté de ses chapitres parfois longs de deux ou trois pages seulement. Ce dernier point a été relevé comme négatif par d’autres mais c’est quelque chose que j’ai apprécié et qui m’a d’ailleurs poussé à aller aussi loin dans ma lecture.

Autre élément en faveur du roman : le personnage de Yorick et la mise en scène de ses pulsions autodestructrices. C’est quelque chose qui m’accroche bien en général sauf qu’ici, ça manquait d’âme par moment, de sentiments, de densité, comme si l’auteur n’arrivait pas bien à jongler entre son univers, son intrigue et son protagoniste au point de me perdre en route car mon intérêt pour Yorick n’a pas suffit à éclipser mon malaise face à l’univers. Même s’il a des qualités indéniables, ce ne sont pas celles qui m’attirent dans un roman, encore moins en ce moment. Je tournais les pages sans réelle envie d’en savoir plus, ce qui a conduit à mon abandon un peu après la moitié du livre.

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Quelles conclusions en tirer ?
Depuis quelques mois, il semble évident que je ne suis plus du tout attirée par les romans étouffants, crasseux, qui mettent en scène des régimes tyranniques et la misère humaine. Peut-être (sans doute) que ça a un rapport avec l’actualité, peut-être que mes goûts évoluent simplement, mais je recherche tout autre chose dans mes lectures. Le souci, c’est que je ne sais pas quoi précisément donc je navigue en aveugle, au petit bonheur la chance.

Je suis aussi de plus en plus attirée par le format court. Ces romans ne sont pourtant pas très épais, ils font entre 350 et 450 pages ce qui est dans la norme et même dans la norme basse mais j’ai remarqué que j’éprouvais davantage d’indulgence envers une nouvelle ou une novella qui m’ennuie qu’un roman. J’ai besoin d’un certain type de construction narrative pour m’accrocher sur le long terme et surtout, de m’intéresser aux personnages. J’ai besoin qu’ils aient une âme, pas juste qu’ils servent une intrigue ou jouent les pantins dans un monde-super-bien-construit-pour-nous-en-mettre-plein-la-vue.

Je ne suis pourtant pas mécontente d’avoir essayé de les lire car même si j’ai abandonné en cours de route, l’expérience m’a appris des choses sur moi-même et permis d’affiner davantage mes critères de sélection d’un livre. Une chance que ça ait chaque fois été avec des services presses numériques (à l’exception d’Ymir qui, avec l’accord du Bélial, sera offert à la bibliothèque de mon village afin d’en faire profiter le plus grand nombre), si bien que ça n’a rien coûté à personne hormis un mail et un peu de temps.

Et vous, est-ce que vous avez abandonné un livre récemment ?