L’autre facette de l’ombre : mon week-end en tant qu’invitée à Trolls et Légendes.

Bonjour à tous·tes !
Le week-end du 16 et 17 avril 2022, j’ai eu le plaisir de participer au festival Trolls et Légendes. Ce n’est pas la première fois que je m’y rendais en tant qu’autrice ou visiteuse. Par contre, c’était la première fois que le salon m’invitait (oui, il y a une différence) et j’avais envie de revenir sur cette expérience.

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Être ou ne pas être invité·e.

Vous le savez peut-être (et si oui vous pouvez sauter cette partie) mais il y a deux types de participation pour les auteur·ices et les maisons d’édition à un salon du livre. D’un côté, les auteur·ices sur le stand librairie (quand il y en a un) qui sont donc invité·es par l’organisation (ou le libraire directement) et de l’autre, les structures éditoriales qui paient une certaine somme (variable en fonction de l’évènement, parfois gratuitement mais c’est rare) pour y louer un stand sur lequel présenter et vendre leurs livres. Ce dernier point est également possible pour les auto-édité·es.

Quand le salon invite, soit l’éditeur soit le salon et plus souvent les deux conjointement, défraient l’auteur·ice en payant un hôtel et les repas au minimum. Parfois, il y a une rémunération pour la présence en dédicace mais c’est encore assez rare et c’est d’ailleurs l’un des combats sociaux à mener pour revaloriser le milieu.

Dans les structures sérieuses, c’est également le cas sur les stands éditeurs comme Livr’S, par exemple, qui loge toujours ses auteur·ices et paie une partie des repas.

Pour ma part, en règle générale, j’accompagne donc Livr’S en tant qu’autrice. Sur les salons, je suis en dédicace mais également un peu librairie. Je présente le catalogue que je connais très bien, j’oriente les personnes intéressées vers le livre qui me parait le mieux correspondre à leurs attentes, j’encaisse les paiements, je note les ventes pour le stock, bref je n’arrête pas une seconde et j’ai souvent besoin de deux jours pour m’en remettre parce qu’entre l’évènement en lui-même et les trajets, c’est épuisant.

Du coup, quand mon éditrice m’a informée que j’étais invitée par le salon Trolls et Légendes… Au départ, j’ai eu du mal à y croire et je lui ai demandé de vérifier si ce n’était pas une erreur. On invite des personnes comme Estelle Faye, Christelle Dabos, Audrey Alwett, Robin Hobb, bref l’élite. Mais moi ? Je ne suis personne, je ne leur arrive pas à la cheville ! C’est ce que je me disais et ce n’est pas un souci de confiance en moi, simplement une réalité claire dans mon esprit. Pourtant, l’organisation était très sérieuse et c’est comme ça que je me suis retrouvée à vivre ma première expérience d’autrice invitée.

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Assise toute la journée ?
Je vous ai expliqué juste au-dessus comment je passais en général mes salons. Là, je n’avais rien à faire hormis poser mes fesses sur une chaise (très confortable au demeurant et différente de celles d’habitude fournies en salon aux exposants !) et attendre que les lecteur·ices viennent à moi. En arrivant, j’ai eu l’excellente surprise de constater que j’étais assise entre Estelle Faye et Audrey Alwett soit deux de mes autrices francophones favorites ! Je l’espérais secrètement et ma prière semble avoir été entendue (ou le libraire m’espionnait peut-être sur Twitter ?). Je connaissais déjà bien Estelle avec qui j’ai souvent échangé et eu des discussions passionnantes. Par contre, je n’avais jamais rencontré Audrey Alwett « en vrai » et nous n’avions parlé que par échange de commentaires sur les réseaux sociaux. Rencontrer un·e auteur·ice qu’on aime, c’est toujours stressant parce qu’on ignore comment iel se comporte dans la vie et si la magie ne va pas se dissiper. Heureusement, ça n’a pas été le cas, au contraire !

Mais cet excellent voisinage ne changeait rien à mon angoisse première : et si personne ne venait me voir ? Et si je passais la journée à attendre sans rien pouvoir faire d’autre que de prendre une pause de 13h à 14h pour manger ? Et si je finissais cachée par les files de mes voisines ? Et si, et si, et si… Des angoisses légitimes, surtout quand on n’a jamais vécu cette expérience. J’ai déjà vu en salon des auteur·ices sur stand librairie se tourner les pouces pendant un week-end entier parce que noyés dans la masse… Et s’il y a quelque chose que je gère mal, c’est bien l’ennui.

Une chance pour moi, ça n’a pas été le cas. Beaucoup de lecteur·ices semblent consulter le site Internet du salon pour repérer les invités intéressants (je semble être la seule à y aller en mode « yolo ») et plusieurs m’ont confié avoir cliqué sur mon nom par curiosité, parce qu’iels ne me connaissaient pas. J’ai donc revu d’ancien·nes lecteur·ices mais aussi des nouveaux / nouvelles qui arrivaient à intervalles réguliers. Finalement, entre les discussions et les dédicaces, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer ni de sentir le temps passer. J’ai même eu du mal à trouver un moment pour alimenter Twitter (le perso et le Livr’S) pendant la journée du samedi…

J’ai même vécu ma toute première rupture de stock en salon pour Clément Coudpel ! C’est assez dingue comme expérience même si elle est surtout symbolique car évidemment, il reste des tirages chez mon éditrice. Ç’avait presque été le cas à la Made In Asia le week-end d’avant mais que ça arrive justement la première fois où je suis invitée sur un salon, qui plus est le salon où j’ai commencé ma carrière en 2015… La boucle est bouclée.

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L’emplacement vide de Clément Coudpel après ma rupture de stock !

Alors, l’invitation, une vraie différence ?
Je ne pense pas qu’on puisse tirer une conclusion empirique sur base d’une seule expérience mais selon mes premières observations, être invitée par le salon permet de toucher un public plus large et curieux qui semble davantage accorder sa confiance au stand librairie et à ses invités. Il y a pourtant une liste des autres structures présentes sur le pôle littérature mais les gens semblent s’arrêter aux têtes d’affiche. Comme si le fait d’y être, sur ce stand libraire, apportait une valeur ajoutée à l’auteur·ice, ce que je trouve un peu dommage parce qu’il y a plein d’indés vraiment talentueux·ses à découvrir et à mettre également en avant. Il y a une idée profondément ancrée dans les esprits comme quoi la qualité d’un·e auteur·ice est intrinsèquement liée au prestige de sa maison d’édition mais ça ne se vérifie pas systématiquement, loin de là. J’ignore comment sensibiliser sur le sujet mais cela me semble important de le souligner.

En fait, je dirais que les deux expériences ne sont pas comparables. D’un côté, partager un stand avec une équipe que j’aime profondément dans une ambiance familiale et amicale est toujours un plaisir. De l’autre, être invitée est valorisant pour mon ego (on ne va pas se mentir), permet de passer plus de temps avec des personnes que j’admire et apporte un nouveau rapport au public que je n’avais pas encore pu expérimenter. J’ai aimé les deux mais je pense que l’équipe me manquerait trop si je finissais pas systématiquement être invitée partout. Comme il y a peu de chance que ça arrive, tout va bien 😉

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L’équipe Livr’S au resto samedi soir !

Et autrement, ce salon, c’était bien ?
Alors… Probablement ? Je dois avouer que je n’ai pas pu faire de tour. J’ai salué les copains de chez Mnémos, ActuSF et du Chat Noir, j’ai parlé cinq minutes à tout péter avec eux… Et la seule rencontre que j’ai faite, ça a été avec les éditions 1115 dont j’ai appris la venue à la dernière minute. J’ai déjà lu plusieurs titres de leur catalogue et j’étais curieuse de rencontrer les personnes derrière cette structure, c’est désormais chose faite ! On a pu parler un bon moment pendant ma pause et une seconde fois le dimanche en fin de journée, quand ça se vidait pour les derniers concerts. Ils m’ont renvoyé une impression très positive de vrais passionnés à la défense du format court et je me réjouis de les revoir aux Imaginales pour renforcer ce lien naissant. D’ailleurs si vous ne les connaissez pas, je vous encourage vivement à aller les découvrir via leur site Internet 🙂

Je vais conclure en remerciant chaleureusement Bérangère, cheffe en chef ainsi que toute l’équipe de Trolls et Légendes (bénévole ou non) sans parler de la Librairie des Quatre Chemins pour leur accueil et leur gentillesse. Tout le monde a été aux petits soins et ça a participé à la magie du week-end. MERCI ♥

Et voilà, c’est tout pour ce petit billet en partage d’expérience ! J’espère que ça vous a plu, n’hésitez pas à me dire comment vous préparez vos visites en salon (si vous le faites) 😉

28 réflexions sur “L’autre facette de l’ombre : mon week-end en tant qu’invitée à Trolls et Légendes.

  1. Pingback: À l’ombre de 2022 – mon bilan annuel | OmbreBones

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  3. C’est cool tout ça !
    En salon je suis toujours en vadrouille pour aller discuter alors les rares fois où j’ai été invitée, c’était dur de rester sur ma chaise. ^^
    En tout cas, je suis contente que tu aies passé un bon week-end, et félicitations à Clément. 😉

    • Merci beaucoup 🙂 J’avoue que quand je suis avec Livr’S c’est super difficile parfois de ne pas aller me balader… L’avantage des salons où c’est la folie c’est que t’as pas le temps de ne fut-ce que songer à prendre une pause xD mais dés qu’il y a un creux tu me perds…

  4. « j’étais assise entre Estelle Faye et Audrey Alwett soit deux de mes autrices francophones favorites ! » -> You won a trophy for this 👌

    Bravo pour tout ça, bien contente pour toi que ce se soit passé aussi bien 🙂

  5. Je n’ai pas grand chose à dire si ce n’est que c’est toujours très intéressant les articles de ce genre, ça permet de voir un peu les « coulisses ». Par exemple j’ignorais qu’il y avait différentes façons de participer, et j’ignorais même qu’un éditeur pouvait payer pour avoir un stand sur le salon (oui, je suis dans l’ignorance sur beaucoup de choses…).

    Et je suis ravi pour toi que ça ait été un succès !

    • En réalité sur tout salon si la maison d’édition a un stand, elle l’a payé. Les prix varient en fonction de la manifestation mais ça chiffre très vite.. Dans 99% des cas du moins et sauf système particulier mais je n’ai connu la gratuité des stands que sur de tout petits salons, organisés par de petites communes (et où on vend parfois mieux que sur des gros, y’a pas d’absolu) Souvent c’est un libraire qui gère les gros auteurs, qu’il paie, et il paie aussi souvent pour être là, le libraire. En fait y’a jamais rien de gratuit dans ce milieu 😅

      Je te remercie 😊

  6. Clément a ensorcelé les organisateurs de Troll & Légendes et ce n’est pas pour rien. Félicitations !
    Perso, je suis plutôt du genre à aller à contre courant dans les salons. Je m’arrête aux petits, j’évite les grands. 😅

    • Merci 🤩
      Moi aussi mais seulement depuis que je suis dans le milieu et que j’ai revu ma façon de penser, avant ça j’avais plutôt confiance dans les grands aussi parce que je n’étais pas au courant qu’on pouvait faire de la qualité autrement.

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