Les brumes du crépuscule est le second tome de la trilogie les Damnés de Dana écrit par l’autrice française Ambre Dubois et publié aux Éditions du Chat Noir dans la collection Griffe Sombre. Quasiment épuisé, il reste toutefois quelques exemplaires papiers à 19.9 euros. Vous pouvez également profiter de la promotion numérique jusque début mai au prix de 1.99 euros.
Pour vous rafraichir la mémoire, je vous invite à lire mon retour sur le premier tome : la dame sombre.
De quoi ça parle ?
Le printemps arrive au nord du mur d’Hadrien, ce qui signifie que Rome risque d’y envoyer ses armées pour reprendre la conquête de ce territoire. Une perspective qui inquiète beaucoup Mévéa. Elle doit en plus subir le rejet de certaines femmes du village -jalouses de son succès avec Galen, soigner ce dernier mordu par un serpent et remettre la main sur le Père des druides pour palier au déclin de la foi en les dieux anciens. Un opus où elle n’aura pas le temps de souffler.
Une suite à la hauteur du premier tome… mais pas au-delà.
Ce second tome a le mérite de rester dans une continuité par rapport au premier. On y retrouve des qualités identiques : son univers riche et celtique maîtrisé autant que renouvelé, son héroïne intéressante, un dynamisme qui participe à l’aspect divertissant avec des actions qui s’enchaînent sans nous laisser le temps de souffler. J’adore ! Mais les défauts relevés dans la dame sombre n’ont hélas pas disparu. Des défauts qui, je le rappelle, sont totalement subjectifs car en réalité il s’agit plutôt de coller aux codes du genre littéraire auquel les Damnés de Dana se rattache. Je vous en ai d’ailleurs parlé dans ma chronique du tome 1, je vais donc éviter de paraphraser. Toutefois, si vous aimez les ambiances estampillés bit-lit, vous apprécierez cette saga.
Des vampires qui se révèlent… et des mâles qui s’effondrent.
Si l’autrice restait assez mystérieuse dans le premier opus, elle nous donne ici un certain nombre d’informations au sujet des suceurs de sang. On apprend par exemple qu’il existe une Reine au nord, Sabd, qui apparaît dans ce roman en tant que personnage actif et qui a des visions politiques assez différentes de celles de Derek. Ce n’est pas plus mal vu à quel point ce personnage est profondément agaçant. Derek, c’est le prince vampire du coin qui règne en maître sur la région, déteste les humains (évidemment) et est au passage le père de Prasus. Ce personnage est un parfait archétype du chef vampire ancien, cruel, détestable, inutilement borné, qui n’arrête pas de menacer tout le monde parce que vous comprenez, il est si fort et si puissant. Je le trouve ultra pénible, il manque de profondeur autant que de subtilité.
Et c’est finalement le cas de la majorité des personnages masculins, quand j’y réfléchis, car ils rentrent tous dans des cases aux bords bien nets, à l’exception de Brannos et Prasus. L’autrice s’en sort beaucoup mieux pour proposer des femmes à la psyché et au statut nuancé. La reine vampire m’a inspiré autant de curiosité que de sympathie. On sent qu’il reste des mystères à découvrir et que la gent féminine risque d’avoir le beau rôle dans la résolution de toute cette affaire. Enfin.. J’espère. La lecture du tome 3 nous en dira plus à ce sujet.
Les ravages du christianisme.
Ambre Dubois évoque, dans ce tome, une relation de nature homosexuelle. C’est l’occasion pour elle de donner dans la représentation active mais aussi de proposer une réflexion intéressante. Dans les religions qualifiées aujourd’hui de « païennes » la discrimination par rapport aux préférences sexuelles ne semblait pas exister. N’étant pas spécialiste de la question en profondeur, je prends des gants pour en parler et je m’appuie sur ce que l’autrice évoque dans son texte. On avait le droit de coucher avec des personnes du même sexe. Mévéa s’étonne d’ailleurs que les romains acceptent avec autant de ferveur une foi aussi restrictive quant à leurs pulsions. Deux personnages prennent des risques pour répondre à un amour naissant, non seulement parce qu’ils n’appartiennent pas au même camps mais aussi parce que la religion de l’un entrainera un aller simple sur le bucher si ça s’apprend. L’autrice aborde la thématique avec une certaine subtilité. Mévéa ne tombe pas dans le débat long et appuyé, cette partie ne prend pas une place démesurée. J’ai vraiment été enthousiaste face à cette idée qui rejoint les thèmes évoqués dans le premier volume : la défense de sa culture et de ses valeurs. face à ceux qui veulent imposer la leur.
Un bon divertissement.
Il est certain que les Damnés de Dana ne sera pas une saga coup de cœur et qu’elle ne révolutionnera pas son genre littéraire. On ne lui en demande pas tant. L’autrice gère bien l’aspect divertissant de sa trilogie, du moins jusqu’ici. Les actions s’enchaînent avec efficacité et clarté pendant que les intrigues se complexifient. Le lecteur obtient des réponses à certaines questions et d’autres mystères éclosent dans la foulée, maintenant son intérêt en alerte et provoquant un certain nombre de surprises inattendues (pas à chaque fois, notez). En lisant ce roman, je ressens la même émotion que devant une série télévisée dont on regarde la moitié de la saison en une soirée sans trop avoir compris comment on en arrivait à accrocher comme ça. Cette saga m’est agréable et provoque un effet un peu « couverture en pilou » (une métaphore qui, j’en conviens, fonctionne mieux en plein hiver) au point d’occulter ses défauts propres à son classement littéraire. Les scènes intimes superflues se passent aisément en sautant une page ou deux. La chance veut que l’autrice ne ressente pas le besoin de tout décrire en détail sur trois chapitres.
La conclusion de l’ombre :
Les brumes du crépuscule est une suite à la hauteur de son premier tome. L’opus ne se renouvèle pas et reste dans la continuité de ce que l’autrice a mis en place dans la dame sombre. Le lecteur sait donc dans quoi il s’engage : un bon divertissement à base de vampire et de mythologie celtique sur fond de conquête romaine au-delà du mur d’Hadrien. Si c’est votre tasse de thé, n’hésitez pas à vous lancer car c’est un bon cru !
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