Délius, une chanson d’été est un one-shot doublé d’une nouveauté littéraire de la rentrée écrit par l’autrice française Sabrina Calvo. Publié chez Mnémos, vous trouverez ce roman au prix de 19 euros.
Je remercie Nathalie et les Éditions Mnémos pour ce service presse.
Ceci est ma seizième lecture dans le cadre du challenge S4F3s5 organisé par l’ami Lutin !
Durant un bien étrange 19e siècle, une série de meurtres est commise par le criminel connu sous le sobriquet de Fleuriste. Quoi de plus naturel pour un botaniste de mener l’enquête? Lacejambe et son fidèle Fenby se lancent donc à la poursuite de cet homme, à cheval sur la France, l’Angleterre, l’Amérique mais aussi la Féérie…
Quand on commence la lecture de Délius, on se demande sur quoi on vient de tomber. Tout se met en place assez lentement, les chapitres courts s’enchaînent en multipliant les points de vue et sans que les liens ne sautent aux yeux. Sans parler de l’aspect limite absurde de certaines phrases / scènes. On reste perplexe pour tenter de garder une vue d’ensemble mais c’est brouillon et probablement voulu par l’autrice pour renforcer le côté onirique. Après coup, je trouve ce choix pertinent, hélas sur le moment ça m’a assez déboussolée pour me faire presque abandonner le roman. Heureusement, c’était un service presse sans quoi je serai passée à côté d’une pépite donc n’hésitez pas à vous accrocher, ça vaut vraiment le coup.
Le rêve a une place prépondérante au sein de ce récit. Déjà, rien que sur la forme. L’écriture de Sabrina Calvo est d’une grande qualité et dotée d’une vraie personnalité littéraire. Elle déborde de poésie et a un petit côté absurde qui n’est pas pour me déplaire une fois passée la première surprise. Il lui arrive aussi souvent d’utiliser des verbes métaphoriques dans leur sens premier, ce qui en fait une jongleuse des mots très douée. L’autrice aime jouer avec la langue française autant qu’avec l’imagination et on le ressent.
À mon sens, ce roman de fantasy française s’inscrit également dans la veine surréaliste. Déjà en exploitant la figure du rêve mais aussi de la force de l’inconscient. Pour ne rien gâcher, il s’offre une métaphore sur la Nature et son conflit avec la Rationalité, l’une perdant du terrain face à l’autre. C’est très beau, très mélancolique aussi. Avec une grande justesse, l’autrice exploite le bestiaire féérique en baladant son lecteur à la frontière entre deux mondes et les scènes en Féérie renforce ce côté amer, cet accablement face à la fin d’une ère.
En prime, Sabrina Calvo propose une galerie de personnages insolites et attachants par leur excentricité et leur spontanéité. Lacejambe ne manque pas de piquant et rappelle Sherlock Holmes par certains côtés (ce qui est voulu si j’en crois les références dans le texte) en beaucoup plus excentrique. En fait je devrais plutôt dire qu’il rappelle notre conception moderne de Sherlock Holmes. Fenby est un Watson à l’ancienne au destin plutôt comique (j’ai beaucoup apprécié l’aspect ironique de la chose mais je n’en dis pas trop pour éviter de gâcher la surprise). Le garçon triste (je ne cite pas son prénom pour des raisons identiques) est fascinant et que dire de Délius, si touchant ? Puis Josh, avec son innocence et sa spontanéité enfantine à la limite du malsain. Si je me sentais perdue et déconcertée par tous ces changements de point de vue au début du roman, j’ai finalement trouvé que l’autrice proposait un rythme narratif maîtrisé et cohérent au sein de son histoire.
Pour résumer, Délius, une chanson d’été est une vraie réussite sur tous les plans. Sabrina Calvo écrit avec maîtrise et personnalité une fantasy francophone teintée de surréalisme. C’est un roman savoureux, autant sur la forme travaillée avec un vrai talent littéraire que sur le fond, qui marquera sa génération. Pour ne rien gâcher, sa galerie de personnages riches et excentriques sauront séduire les lecteurs avides de changement. À découvrir absolument !
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Oh tu me donnes très envie. Le côté « on ne comprend pas tout tout de suite », j’adore. Pareil le côté enquête policière un peu bizarre j’adhère souvent quand c’est fouillé et bien construit.
Peut-être que je me le prendrai aux Utos !
Ah bah si tu aimes ça franchement il n’y a pas à hésiter une seconde 😊
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Je l’ai acheté…ce que tu dis sur le côté surréaliste me fait un peu peur j’avoue…on verra bien ^^
Arf, désolée
C’est vrai que si tu n’apprécies pas, tu risques de ne pas accrocher à ce roman mais qui sait !
Ta chronique me donne envie! En plus, il pourrait rentrer dans le Pumpkin…Comme ça si je me le procure dans les prochaines semaines, il pourrait ne pas trainer dans ma PAL!..
Haha en effet il pourrait 🙂 c’est un très bon roman, je ne peux que t’encourager à céder !
Voilà, dans la wish-list ! 😀
Il m’en a pas fallu plus que cette superbe couverture, ton avis hyper enthousiasmant et mon amour pour cette maison d’édition – je suis FAIIIBLE !
Hahaha merci beaucoup et désolée de participer à ta faiblesse 😁
Je crois que dès qu’il arrivera, je ne vais pas pouvoir résister longtemps !
Tu m’étonnes ! :3
Je l’ai lu il y a très longtemps, j’ignorais qu’il ressortait – la couverture est magnifique, ça ne gâche rien ^.^
Oui je suis un peu déboussolée car apparemment avant il était signé David Calvo (si j’en crois les couvertures plus anciennes), ici Sabrina, donc j’ignore si l’auteur / l’autrice est transgenre, si c’était mari et femme, si le texte a été modifié entre temps etc. beaucoup de mystère. Ça mériterait que je me renseigne 🙂
Je me posais justement la question, car j’ai remarqué tout de suite que le prénom différait. D’après wikipédia, l’autrice est transgenre. Par contre, j’ignore s’il y a eu des modifications du texte entre temps au gré de cette ressortie. 🙂
Ah ceci explique cela ! Il n’y a aucune mention de « seconde édition » ou quoi que ce soit dans ce sens donc ça doit être le même. La première version date quand même de 1997 !
Très bonne chronique !
Concernant les différences avec l’ancienne édition, il y a eu quelques corrections entre les deux, voilà tout ^^!
C’est bon à savoir, merci 🙂
Il est au programme, mais merci de prévenir pour le début déboussolant, je serai prêt 🙂
Avec plaisir ! J’espère que tu apprécieras ce texte toi aussi 🙂
Je ne suis pas fan des enquêtes à la base, mais tout me tente dans ce que tu dis, je vais donc d’office craquer pour ce roman 😀
Haha je pense que tu apprécieras ce titre donc c’est une bonne chose 🙂