Zoomancie est le dernier roman en date de l’auteur français Adrien Tomas qui quitte la fantasy pour s’aventurer dans la dystopie young adult. Publié chez Lynks Éditions, vous trouverez ce texte au prix de 15.90 euros à partir du 22 août en librairie.
Je remercie Bleuenn et les éditions Lynks pour ce service presse.
Ceci est ma dixième lecture dans le cadre du challenge S4F3s5 organisé par l’ami Lutin !
Dans un monde dévasté par la guerre et les catastrophes naturelles, la population mondiale s’est drastiquement réduite. Faustine travaille au refuge de Montvermeil, en plein Paris, où elle dirige les équipes de soigneurs animaliers. Elle survit et tente de ne pas succomber à la colère qui dévore la population quand une baleine s’échoue au cœur de la capitale. La jeune fille comprend qu’un lien existe entre elles, un lien qui va changer sa vie. Quelque part à Kuala Lampur, le death boker Spider a tissé une toile numérique inviolable. Quand la Num se rapproche de lui, il est déjà loin ou du moins, il le pense. Ses talents lui permettent de survivre sans problème… Jusqu’à ce qu’un autre hacker lui transmette un document crypté qui contient d’horribles secrets et va lui tracer une cible dans le dos. Quant à Kamili, il est gardien dans la réserve de Mwanga en Afrique, réserve qui subit une attaque terrible des Légion de Cendres. Accompagné par Ushingi, une des dernières femelles okapis du monde, il tente de rejoindre Paris afin de préserver cette espèce en danger.
Je vais d’abord évoquer le contexte de Zoomancie qui se place vers le milieu d’un 21e siècle aux allures terriblement prophétiques. Il y a eu toute une série de conflits entre plusieurs pays qui ont mené à la disparition de certains, à la refonte d’autres qui portent de nouveaux noms mais restent reconnaissables. Ce qui m’a marqué, c’est le renversement opéré avec ce qu’on connait aujourd’hui : l’Europe devient le tiers-monde avec un niveau de vie drastiquement bas et les pays en voie de développement saisissent leur chance sur le marché mondial. Adrien Tomas imagine un monde profondément transformé par la guerre, la crise énergétique et les catastrophes climatiques, le tout dans un futur pas si lointain qui ne manquera pas de provoquer un malaise dans la veine « coup de poing ». On a presque l’impression de lire une prophétie tant ça paraît crédible. On a droit au détail de certains évènements grâce aux documents confiés à Spider et franchement… Ça fait peur. Parce que ça pourrait arriver et parce qu’il se base sur des évènements en cours pour justifier certains choix dans la construction de son background. Le tout est, hélas pour nous, d’une crédibilité à toute épreuve. Je pense que ce genre de roman est très important à placer sur le paysage littéraire et j’espère qu’il sera lu par un grand nombre de personnes. Je salue déjà ici la performance de l’auteur sur ce point.
Au sein de cet univers évoluent plusieurs personnages. Adrien Tomas nous propose d’en suivre d’abord trois puis une quatrième qui arrive vers la moitié du roman en croisant la route d’un des premiers protagonistes. Chaque fois, la narration est à la première personne mais on ne s’y perd pas trop. Déjà parce que chaque chapitre a pour en-tête le nom du personnage concerné (et une citation musicale) mais aussi parce que chaque personnage possède sa propre personnalité bien marquée sans tomber dans le stéréotype. Chacun est bien travaillé mais j’ai regretté qu’il n’y ait pas des différences de langage plus marquées. D’autant que je sais l’auteur très capable sur ce point depuis que j’ai lu l’excellent Notre Dame des Loups.
Tous ont en commun le désir de protéger les animaux et la nature de manière générale. Pour Faustine, c’est une évidence depuis sa lecture, enfant, d’un manuel de zoologie. Pour Kamili, il n’a pas hésité à se mettre tout son village à dos pour travailler dans la réserve. Pour Spider, c’est un peu moins évident mais ça arrive avec le temps, surtout quand son existence se voit menacée. Quant à Nour, la quatrième protagoniste, dès qu’elle découvre Ushingi elle n’hésite pas à aider Kamili à atteindre son but. Toutefois, même si j’ai apprécié les qualités de chaque personnage, j’ai eu un peu de mal à m’attacher à eux. J’étais davantage intéressée par l’intrigue et l’univers, par son message, plutôt que par ses protagonistes.
L’histoire, d’ailleurs, est plutôt bien menée malgré peut-être une touche de facilité sur le dénouement final (même si je m’en doutais un peu puis on ne va pas mentir, c’était stylé) et surtout, dynamique. Je tournais les pages sans m’en rendre compte, portée par ce que je lisais. Comme toujours chez cet auteur, je souligne son sens du rythme. Toutefois, ce qu’on retient surtout de cette histoire, c’est son engagement. De nombreuses menaces pèsent sur la faune et la flore, entre les gens qui n’acceptent pas qu’on rogne des terres cultivables pour sauver des animaux, ceux qui appartiennent à des légions vengeresses meurtrières et ceux qui sont liés à une mystérieuse organisation d’hommes en bleu, les héros ne manquent ni d’ennemis ni d’obstacles à surmonter. Ce texte coup de poing s’inspire même d’éléments réels, comme on l’apprend dans les remerciements (mais je ne vous en dis pas plus pour que vous puissiez le découvrir par vous même) ce qui permet au lecteur de prendre conscience de certaines réalités. Finalement, c’est ce que je vais retenir de ce roman : son engagement, son importance idéologique. Et son message d’espoir.
Globalement, ce texte est une réussite. Sur un plan personnel, je regrette la présence de quelques amourettes (en fond toutefois donc ça ne prend pas trop de place, je vous rassure) et le fait que je n’ai pas réussi à m’attacher vraiment aux personnages. Je me prends un gros coup de vieux en disant ça mais il faut croire qu’à vingt-six ans, je suis déjà trop vieille pour le young-adult. Ou que je n’ai pas de cœur. Ou que la narration à la première personne offre un sentiment de sécurité trop important (quoi que je me rappelle un certain Notre Dame des Loups…(oui je radote)).
Pour résumer, Zoomancie prouve (si besoin en était) qu’Adrien Tomas est un auteur talentueux mais surtout qu’il est très possible de combiner un bon divertissement avec un engagement sérieux pour des thématiques actuelles sans tomber dans la niaiserie. Ce roman est une ode à la préservation de notre écosystème et dépeint un futur malheureusement (pour l’humanité) trop crédible. Avec ses héros, ce texte conviendra à des lecteurs dès le début de l’adolescence et j’ajoute même qu’il constitue un matériel pédagogique plus qu’appréciable. Je recommande donc chaudement ce roman qui vaut le détour, encore une belle réussite pour Lynks Éditions !
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Si toi tu es trop vieille pour le young adult, qu’est-ce que je dois dire moi xD
C’est vrai que le point sur le langage m’a un peu chiffonnée aussi maintenant que tu le dis, parce qu’il fait une grosse différence avec Spider (qui parle mal français et encore, pas si mal quand on voit son vocabulaire :p), mais pas avec les autres.
J’ai par contre comme toi beaucoup apprécié le fait que l’univers qu’il présentait pourrait devenir notre futur si on continue à négliger la planète et que ça donne un effet « coup de poing » au lecteur!
Bah ça dépend de chaque personne haha 😛 Y’a des gens de 40 ans qui adorent le YA, je veux juste dire que je suis vieille dans ma tête -> (autotaunt bonjour). Si tu lis notre dame des loups tu verras que l’auteur est capable de faire beaucoup mieux là-dessus ^_^ mais ça reste un bon texte coup de poing à mettre dans les mains d’un maximum de monde.
Merci de la découverte ! Sans toi je n’aurais jamais connu son existence, je pense.
Avec plaisir je suis là pour ça :3
On a pensé la même chose je vois. Belle chronique!
Merci 🙂 les grands esprits se rencontrent encore !
Bon ben, non, je ne pense pas le lire malgré ta très bonne chronique! 😉 La thématique ne me tente pas trop XD ; je ne sais pas pourquoi mais c’est le genre de thématique que je n’aime pas forcément retrouvé dans un roman. [En fait, si, je sais en partie pourquoi mais c’est un peu complexe à expliquer par écrit! ;-)] Par contre, je ne sais vraiment pas pourquoi mais autant j’adore les animaux en vrai autant dans les films (Le Roi Lion) ou les romans, ce n’est pas ma tasse de thé (sauf exception => Belle et Sébastien ❤ ou La guerre des clans)! Bien que j'ai déjà été agréablement surprise d'adorer un personnage animal alors que je m'attendais à ne pas du tout accrocher à celui-ci…comme quoi….Bref, je ne pense quand même pas lire Zoomancie !
C’est dommage mais je comprends ! Les goûts et les couleurs tu sais… Moi c’est la seconde guerre mondiale que je n’aime pas retrouver dans les romans donc tu vois on a tous nos préférences o/ c’est pas toujours évident de s’attacher à des personnages animaux, moi j’ai grandi avec Disney donc les animaux ça va de pairs :p mais si on n’aime pas trop ou quoi… Lis plutôt la fantasy d’Adrien Tomas 😁
ça, je compte bien le faire XD
J’ai aussi pas mal regardé de Disney quand j’étais enfant et c’est peut-être là que ça a commencé parce que je n’aimais pas plus que c’est les Rox et Rocky (? pas sûre de l’orthographe des noms), même si ça me faisait pleurer à tous les coups, les Aristochat, La belle et le clochard, Dumbo, Le Roi Lion etc^^ C’est peut-être la faute à Disney en fait! XD
Hahaha portons plainte ! Non mais après il y a des dessins animés avec des animaux clairement traumatisants genre Rox et Roucky (pas sure non plus de l’ortho ->) ou le pire, Dumbo…
Je suis d’accord, surtout Dumbo!! :-O Pinocchio m’avait aussi un peu traumatisée ^^
J’ai extrêmement envie de découvrir ce roman ! ^^
Je pense que tu apprécieras les thématiques ! Si tu le lis je me réjouis de découvrir ton décortiquage 😉 (#néologisme)
C’est typiquement les thématiques qui m’intéressent et que j’aime décortiquer ^^ !
ton résumé donne envie de découvrir ce livre … J’aime bien le thème et le genre, alors pourquoi pas 😉 merci pour ce partage
Avec plaisir ! N’hésites pas à te lancer, il vaut la peine 🙂