La Crécerelle est un one-shot fantasy écrit par l’auteur français Patrick Moran. Publié chez Mnémos, vous trouverez ce roman au prix de 19 euros.
Je remercie Nathalie et les éditions Mnémos pour ce service presse.
Ce roman est ma septième lecture dans le cadre du Printemps de l’Imaginaire francophone.
Qui est la Crécerelle? Une femme, une magicienne, une tueuse. Mais qui est-elle vraiment? C’est ce que ce roman nous propose de découvrir à travers le récit au présent d’un narrateur externe qui affirme raconter une histoire inédite au sujet de cette figure détestée au sein de cette diégèse. La Crécerelle voyage et sème la mort sur son passage, contrainte par une entité maléfique avec qui elle a passé un pacte. En tentant de s’en débarrasser, la Crécerelle déclenche une série d’évènements qui risquent d’entrainer la fin du monde.
Le premier élément remarquable de ce roman est sans conteste son style littéraire. Patrick Moran utilise un vocabulaire soutenu à travers une narration à la troisième personne qui reste braquée sur le point de vue de la Crécerelle. Le récit est découpé en cinq spires et un épilogue, chacun précédé d’un tirage de tarot très mystérieux tout comme chaque en-tête de chapitre s’accompagne d’une réflexion philosophique parfois assez poussée. Si j’ai adoré cet aspect, il ne conviendra clairement pas à tout le monde et explique probablement l’avalanche de critiques mitigées sur ce titre. Notez qu’il n’y a pas que le vocabulaire qui puisse paraître difficilement accessible, il y a également l’univers. Patrick Moran a créé un lore d’une grande richesse dont il distille les détails à travers des scènes contemplatives qui pourraient tenir, par moment, de la digression. Et on va se l’avouer, tous les détails donnés par l’auteur ne servent pas forcément le récit, pas directement. Pourtant, ces passages sont prétextes à des développements métaphysiques qui, personnellement, m’ont ravie ! J’ai rarement été confrontée, en littérature fantasy, à un auteur qui réfléchit aussi loin dans le détail.
Si la Crécerelle se révèle un titre particulier, c’est également à cause de son anti-héroïne. Uniquement nommée par son surnom, elle tue pour servir l’entité dans une optique de moindre mal. De son point de vue, sa vie vaut davantage que celle des autres. Son cynisme et sa franchise m’ont tout de suite séduite. Enfin une héroïne féminine qui assume son humanité, sa dose d’égoïsme, qui sonne tellement vrai ! Elle n’a besoin de personne et prend son destin en main même si elle enchaîne les mauvais choix. C’est d’ailleurs l’un des seuls personnages de ce roman qui porte son nom. On retrouvera également l’entité maléfique présentée le plus souvent sous forme d’un œil ainsi qu’une femme, la Tétragyne, qui subira le contrecoup d’une erreur de la Crécerelle et se décidera à l’accompagner dans son voyage. La relation qui unit la Crécerelle à ces deux protagonistes est assez malsaine et le plus surprenant, c’est que la pire n’est même pas celle avec son bourreau. J’ai trouvé le développement psychologique proposé par Patrick Moran vraiment intéressant et immersif, assez fin dans ses choix.
À cause de son ton globalement pessimiste et de la grande violence de son univers, notamment à travers le côté monstrueux de certaines créatures et les descriptions assez crues des moments horrifiques, la Crécerelle se classe sans difficulté en dark fantasy et même en dark fantasy de qualité, ce qui n’est pas forcément facile à obtenir surtout dans le paysage francophone. Patrick Moran réalise donc un coup de génie qui ravira principalement un public de connaisseur mais qui vaut franchement le détour.
Pour résumer, la Crécelle est un texte fort et soigné qui pousse loin les réflexions philosophiques autant que métaphysiques. Son anti-héroïne bouscule les habitudes du lecteur qui aura peut-être du mal à rentrer dans ce roman différent mais d’une grande qualité littéraire. Son niveau en terme de langage et de contenu rebutera probablement les lecteurs à la recherche de la seule détente mais il séduira sans difficultés ceux avides d’un peu plus que cela. Je recommande très chaudement ce texte que j’ai adoré !
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Pourquoi ça ne m’étonne pas que tu ais accroché directe au personnage principal ?
Bon, du coup, oui le côté philo et métaphysique, je suis vraiment pas pour (j’suis limité dans mes réflexions à ce niveau-là lol), après le côté cruel et horrifique, I say yes ! Mais voilà, si je le chope une fois en promo numérique, why not après tout ?
Belle chronique !
Je ne sais pas vraiment si ça va t’accrocher autant que moi mais une chose est sûre, j’ai trouvé énormément de qualités à ce roman 🙂
Merci !
Bon effectivement les réflexions philosophiques et métaphysiques pourraient me rebuter…(ça dépend toujours de comment elles sont tournées mais clairement, c’est moins mon truc). Après tu le vends bien quand même^^ 😀
Je ne pense pas que ce soit un roman qui convienne à ton style de littérature 🙂 Ce n’est pas un titre que je te recommanderai à toi en tout cas ! Mais qui sait ? Parfois on a des surprises.
Je l’ai repéré, notamment avec la belle couverture!
Aurais-je le temps de le lire, c’est une autre question!
Je l’espère en tout cas ! Je pense que c’est un roman qui a tout pour te séduire 🙂
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Je ne peux qu’être d’accord avec toi, et clairement lire ta chronique me rappelle de bons souvenirs de lecture !
Merci, ça me fait plaisir 😊
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Je ne peux être que d’accord avec toi. ^^
J’aime qu’on m’approuve :3 J’ai lu ta chronique dans la foulée du coup !
Ah merci. Il me semble qu’on perçoit que je me sentais un peu seule sur le moment (en mode « oui bon, c’est vrai, c’est peut-être pas facile à lire pour tout le monde » ^^). Mais c’était une vraie bonne surprise pour moi, surtout qu’on me l’avait offert. 🙂
Oui ça se sentait en fait je n’ai lu que deux chroniques enthousiastes en plus de la mienne tout le reste est mitigé ce que je trouve dommage parce que franchement quel livre quoi. Je suis contente d’avoir attendu un peu pour le lire ! Que la vague soit passée.