Les fiancés de l’hiver est le premier tome de la saga bien connue de la Passe-miroir écrite par l’autrice française Christelle Dabos. Composée en tout de quatre tomes, trois sont déjà sortis à ce jour. Publiée chez Gallimard Jeunesse, vous pouvez retrouver ce tome en poche au prix de 8.65 euros.
Ceci est ma quatrième lecture dans le cadre du Printemps de l’Imaginaire francophone.
J’entends parler avec beaucoup d’enthousiasme de cette saga et ce, depuis longtemps. En général, c’est quelque chose qui m’effraie puisque mes goûts ont tendance à différer de ceux du grand public (quand je la relis, cette phrase est terriblement condescendante mais ce n’est pas le but du tout, je veux juste dire que je suis vraiment une emmerdeuse tatillonne :D). En plus, c’est une saga classée en jeunesse (même si après lecture, le terme « tout public » serait bien plus adapté pour la qualifier) donc j’ai mis du temps à me la procurer et encore plus à la sortir de ma PàL. Sans le PIF, je pense que le livre y serait encore.
Et quel dommage ! Parce que, vraiment, il y a du bon et même du très bon.
Nous suivons l’histoire d’Ophélie, une animiste promise du jour au lendemain à un homme du nord sans qu’elle sache trop pour quelle raison. On va l’arracher à sa famille pour la précipiter sur une autre Arche où tout est très différent de son monde originel. Ophélie va devoir apprendre à composer avec leurs mœurs mais aussi parvenir à démêler les fils des mystères et des complots entourant son arrivée là-bas. Entre un fiancé qui la met en garde sans trop lui en dire et une tante qui a une notion bien à elle de la protection, la pauvre n’est pas sortie de l’auberge.
Deux choses sont particulièrement remarquables dans ce roman:
La première, c’est l’univers ou le world-building pour utiliser un terme que je vois souvent passer. Christelle Dabos a une imagination débordante et très originale. Je ne me rappelle pas avoir un jour lu quelque chose de semblable (depuis Harry Potter, entendons-nous) et sans conteste, l’univers de la Passe-miroir a une identité très forte.
La seconde, c’est le personnage d’Ophélie.
Comprenez moi bien. Chaque personnage de cette saga a une identité propre, une profondeur. Ils sortent du lot et sont complexes, inutile d’espérer se fier à la première impression. Tous sont parvenus à provoquer une émotion plus ou moins forte en moi et je me suis laissée perdre, à l’instar de l’héroïne. Là-dessus, une fois de plus, le travail de Christelle Davos est saisissant. Mais Ophélie est une protagoniste principale comme j’aimerai en voir plus souvent. Ni trop forte, ni trop faible avec beaucoup de résilience. Elle ne s’apitoie pas sur son sort et essaie de trouver du positif dans sa situation. Son indépendance est importante pour elle mais ça ne la rend pas stupide ou trop intrépide pour autant. Je l’ai adorée et c’est principalement pour cette raison que je poursuivrai la lecture de cette saga.
Parce que malheureusement, tout n’est pas rose ni parfait dans ce premier tome qui aurait mérité un meilleur travail de la part de son éditeur. Il reste des tournures lourdes, des répétitions et surtout, il est lent. Vraiment lent. Pourtant, quand j’y repense, il se passe plein de choses mais à la lecture ça me paraissait beaucoup trop long. D’ailleurs je l’ai trainé plusieurs jours alors qu’en soi, j’aimais l’histoire comme l’héroïne. Il souffre, finalement, des défauts d’un premier roman MAIS pour un premier roman, il a aussi des qualités particulièrement remarquables et je comprends qu’il ait remporté le concours Gallimard à l’époque.
En bref et pour résumer, les fiancés de l’hiver est un premier tome qui souffre des défauts d’un premier roman (et d’un premier tome notez) sans pour autant perdre son intérêt. L’univers imaginé par l’autrice est saisissant et son héroïne marquera longtemps ma mémoire. Je ne le recommande pas aux lecteurs les plus exigeants ou les plus aguerris en la matière mais je pense que c’est une saga qui peut facilement donner le goût de la (bonne) lecture aux adolescents. Je comprends pourquoi elle a un tel succès et je suis curieuse de lire le second tome pour voir si l’autrice s’améliore sur un plan formel. Une agréable lecture !
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C’est aussi principalement l’univers et les personnages qui m’avaient séduite: Ophélie en tête mais comme tu le dis très bien, tous sont surprenants et aucune de mes premières impressions ne s’est révélée exacte ! L’intrigue en elle-même est vraiment chouette aussi mais ce n’est pas ce que je retiens le plus! Contrairement à toi, je n’ai pas ressenti de longueurs mais j’apprécie quand les tomes 1 sont un peu lents! De ce fait, ça passe tout seul avec moi! 🙂
Vu le bashing qu’on a fait sur ce livre, j’ai eu peur de tenter l’aventure (peur d’être déçu), alors qu’il est dans ma wishlist (la logique de mon cerveau, parfois,…voilà quoi…). Mais quand tu dis que c’est lent, baahh moi j’ai du mal quand c’est lent
et j’ai l’impression qu’on est beaucoup plus axé sur des complots retords dans un contexte unique mais que l’action n’est pas super au rdv. Fin tu me diras si c’est qqchose qui peut me plaire ou non mais perso je suis sceptique.
Merci pour ce retour de lecture d’un classique.
Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un classique hein 🙂 Le livre date de 2015, c’est un succès commercial, voilà tout. Sinon je ne pense pas que ce soit ton genre de lecture effectivement. À mon avis tu n’y trouveras pas ton compte, je ne te le recommande pas. Pas pour un lecteur comme toi du moins.
bah quand tu reçoit presque 3000 notes sur Babelio, c’est un peu un Must Have dans son domaine, même s’il est arrivé il n’y a pas si longtemps (quand je dis classique c’est dans le sens livre à succès mais en effet le terme est peut-être mal choisi). Bon ben merci pour le tuyaux !
Au fait, t’as gagné qqchose à Masse critique ?
Nope absolument rien ! Je ne sais pas trop comment ils sélectionnent mais c’est pas comme si je manquais de livres à lire xD J’ai des trucs sur des masses critiques où personne ne veut rien faut croire :’) ou sur les masses critiques mangas.
Ah mince désolé pour toi
moi j’ai été sélectionné pour un livre qui m’intriguait beaucoup sans pour autant le vouloir à tout prix, c’est « Lyon des Cendres » de H. Laymore. On verra ce que ça donnera. Une prochaine fois pour toi j’espère !
Ah j’en ai entendu du bien 🙂 bah c’est pas grave c’est le jeu 😊 félicitations !
Thanks !
Mon ressenti était assez similaire au tien à l’issue de la lecture de ce premier tome ; néanmoins, le tome 2 est – à mon sens – une petite bombe, et le 3 prend une tournure particulièrement intéressante.
Le personnage d’Ophélie reste tout au long de la saga la force des romans, elle dégage une telle force sous son air fragile, et comme tu le dis, nous n’avons pas l’impression d’être face à quelqu’un qui est doté de qualités/traits absolument irréalistes.
J’espère que la suite te plaira !
Je suis contente de ton analyse ! En effet, on ne peut pas se fier aux premières impressions, et c’est une caractéristique qui perdure à travers la trilogie. Il y a une vraie inventivité qui ne s’embarrasse pas de longues phases d’explications mais qui reste cohérente tout au long du récit. En plus, la suite s’améliore vraiment, au niveau formel, justement. J’ai trouvé moins de lourdeurs, moins de répétitions ou de formulations un peu louches. ^^ Au niveau du rythme, on sent que l’autrice s’installe dans un schéma au fil de la série. Ça prouve qu’elle construit, mais aussi qu’elle comprend consciemment les rouages de la narration, et pas de manière instinctive comme dans un premier roman. 🙂 Bref, je suis sûre que tu aimeras la suite ! 😀
J’attends d’avoir accès à ta biblio du coup 😛 Tout ce que tu dis me conforte dans ma curiosité.
Je comprends tout à fait ta phrase non-condescendante : quand j’entends beaucoup d’échos très positifs, j’ai tendance à avoir de grandes attentes et arrive frustrée à la fin du livre. Souvent, j’attends « d’oublier » le livre pendant plusieurs années. Ou alors, de m’y attaquer dès les premiers avis si je songe que la série puisse me plaire (c’était le cas des Fiancés de l’Hiver).
Tout comme toi, j’ai été fascinée par la construction de l’univers ; identité forte, beaucoup d’originalité. Et j’avoue m’être attachée facilement aussi à Ophélie. J’ai trouvé que cette lenteur appuyait les sensations de la protagoniste ; cela renforçait cette impression de ne pas être à sa place… et que personne ne lui demandait son avis. Et si l’évasion a été réussie pour ma part, je conviens qu’on puisse être passé.e à côté de cette histoire.
Je comprends totalement ton analyse et c’est peut être voulu par l’autrice dans un souci d’appuyer son propos sur le plan de la forme en plus du fond. Mais dans mon cas ça m’a vraiment pesé par moment
après ça m’a fait éprouver pas mal d’émotions aussi donc au final l’un dans l’autre… 🙂 je comprends l’enthousiasme autour de ce texte ! D’ailleurs je pense au moins lire le tome 2 pour me faire une idée.
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Je crois que j’aime les livres lents (genre de ceux où il y a une long chapitre introductif sur les hobbits ^^). Donc forcément, j’ai aimé celui-ci.
Il change de ce que j’ai pu lire, il correspond pour moi à une catégorie difficile à placer sur le marché. La preuve, on le classe en jeunesse, puis on fait une version pour adulte quand on comprend qu’il est apprécié par tous les publics. Oui, comme tu dis, tous les publics. Sauf que dans la tête de beaucoup de gens, ça signifie que ce n’est pas abouti, que c’est trop à cheval sur plusieurs catégories, et donc qu’au final, ça ne convient à personne. Ce n’est pas assez sombre pour être adulte (parce que pour adulte, ça doit forcément être « dark » ou « compliqué » ^^), l’héroïne n’est pas assez jeune pour faire jeunesse (dire que quand j’étais petite, on ne lisait que des livres avec des héros adultes), ce n’est pas assez romance pour du YA (parce que quand on a les hormones qui démangent, on ne pense qu’à ça ^^). Bref, c’est le genre de livre que j’apprécie, parce qu’il ne s’oblige pas à rentrer dans une case. 🙂
Par contre, je suis comme toi, je rechigne un peu à me lancer dans une lecture quand tout le monde l’encense (genre Chevauche-Brumes en ce moment). Ce n’est pas de la condescendance, c’est seulement qu’on a davantage de risque d’être déçu car nos attentes sont plus hautes. 😉
Tout pareil que Eleyna. Je comprends pourquoi certaines choses te déplaisent bien que, de mon côté, j’ai aimé ^^
Pareil^^ (c’était le commentaire utile du jour \o/)
Ah mais globalement j’ai aimé aussi hein soyons clairs 🙂 je tenais juste à nuancer.
Bien sûr, ne pas aimé certains aspects d’un livre n’empêche pas d’aimer le livre – ça m’arrive bien souvent d’ailleurs x)
Oui c’est malheureux ces cases éditoriales finalement, ce sont ces livres qui sortent du lot et qu’on a du mal à placer qui me parlent le plus !
Je suis contente d’avoir lu chev
Chevauche-Brumes* avant qu’il soit aussi encensé. J’ai missclic sur mon appli WordPress 😅
Ne t’inquiète pas, je pense que globalement, on sent bien que tu as apprécié même si ce n’est pas parfait. 😉
Oui, c’est dommage car dans certaines bibliothèques ou librairies, l’imaginaire est trop facilement rattaché aux codes de la jeunesse, ce qui conforte certains dans l’idée que c’est de la « sous-littérature » (sauf éventuellement la SF qui est dite « plus mature »)… Enfin bref, on ne change pas les mentalités comme ça…
Je pense que je lirai Chevauche-Brumes plus tard, quand on en parlera moins (bon, je fonctionne assez souvent comme ça, faut dire…).