La fille qui tressait les nuages est un thriller psychologique / tranche de vie surréaliste écrit par l’autrice française Céline Chevet. Publié aux Éditions du Chat Noir dans la collection Neko, vous trouverez ce roman au prix de 19.90 euros.
Ce roman fait partie des 21 sélectionnés pour le #PLIB2019.
Ce roman se déroule dans un Japon à la fois contemporain et surréaliste (j’y reviens plus bas). Nous y rencontrons Julian, un métis (anglais / japonais) et lycéen ordinaire qui souffre toujours du deuil de la fille dont il était amoureux: la petite sœur de son meilleur ami Souichiro. Il ne parvient pas à tourner la page, d’autant que sa mémoire occulte une grande partie de ce qui est arrivé ce jour-là. Au fil de l’histoire, Julian ne va plus pouvoir se voiler la face et aidé par Akiko, il s’emploiera à dénouer les fils du mystère.
Le résumé que je viens de fournir ne rend pas justice au roman et peut paraître aussi pauvre que niais, si pas ennuyeux. Détrompez-vous ! Il est simplement assez difficile de parler d’un roman surréaliste sans vous gâcher le plaisir de la découverte. Quand je dis surréaliste, ce n’est pas tant dans le mode d’écriture (après, je ne sais pas comment l’autrice s’y est prise :p) que dans son expression littéraire au sein de cette diégèse. Pour les novices, le surréalisme selon André Breton est un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. » Dans ce Japon contemporain, la pensée se manifeste de manière physique. Céline Chevet propose ainsi un univers fort avec un absurde poétique tout nippon. Le plus beau, c’est que pour les personnages, tout cela est normal et personne n’essaie de l’expliquer. Ça existe, c’est tout. C’est comme ça. J’ai trouvé ce parti pris rafraichissant.
On peut considérer la fille qui tressait les nuages comme un thriller psychologique et onirique à la fois, sur fond de tourments adolescents. L’enjeu du roman, c’est de découvrir la vérité quant au décès de la petite sœur de Souichiro. Ainsi, l’autrice joue avec une alternance de point de vue et de temps. Julian, par exemple, le protagoniste principal, a des chapitres rédigés à la première personne du singulier. On a parfois l’impression qu’il raconte certains des autres chapitres comme un narrateur omniscient mais cette certitude se brouille à d’autres moments en proposant presque un jeu de piste narratif quand ce sont d’autres personnages, comme Souichiro ou Akiko, qui reprennent la main dans une narration, cette fois à la troisième personne. À un moment du récit, l’apparition d’un journal intime romancé (je n’en révèle pas plus pour ne pas spoiler) permet d’en apprendre davantage sur le passé de la famille et sur le mal dont souffrait la petite sœur (je tais volontairement son prénom depuis le début sinon je vous gâche tout 🙂 ). Ce journal contient une sacrée dose de macabre et les amoureux des chats en auront l’estomac retourné. Vous êtes prévenus !
On se rend rapidement compte que des histoires assez sombres et malsaines hantent le passé de la famille Sakai. Si j’ai deviné certains éléments de l’intrigue, d’autres ont réussi à me prendre totalement au dépourvu ! Une chose est sûre, ce titre est très addictif même s’il ne déborde pas d’une action haletante comme ce qu’on imagine souvent en parlant de thriller. Il prend aux tripes, donne envie de le scruter sous tous les angles et d’avancer jusqu’au grand final. D’ailleurs, je l’ai lu sur une journée, emportée par la plume sûre et poétique de Céline Chevet dont c’est, je pense, le premier roman bien qu’elle ait publié deux ou trois nouvelles dans des anthologies (dont celle du Bal Masqué au Chat Noir).
Pour résumer, la fille qui tressait les nuages est une vraie réussite et un premier roman excellent pour la nouvelle collection Neko des Éditions du Chat Noir. Céline Chevet nous emmène dans un Japon contemporain et surréaliste pour détisser la trame d’un drame familial. Avec des personnages à la personnalité marquée et des psychologies touchantes, elle embarque son lecteur qui aura du mal à poser son roman avant d’en avoir tourné la dernière page. Je recommande très chaudement ce titre qui fera sans hésitation partie de ma sélection pour les cinq finalistes du PLIB !
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J’ai voté pour celui-ci pour le Plib même si je ne l’ai pas encore lu ^^
J’espère que tu l’aimeras quand tu le liras 😊
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j’avoue que je sais pas. Ce n’est pas ta description qui au passage n’en donne pas un reflet niais qui m’interpelle, c’est le côté surréaliste. Ce n’est pas ce que je recherche dans mes lectures….
Ah c’est particulier ! Et osé, surtout dans la littérature actuelle. Mais c’est bien géré et ça colle parfaitement avec le côté nippon. Un beau mélange.
Un livre magnifique ❤ !
Il semble faire l’unanimité, ça me fait plaisir ♥
Yess, un très bon titre qui aura aussi un de mes votes pour la sélection finale du PLIB !
Kin
Aaah génial ! J’espère vraiment qu’il passera 🙂
Jolie chronique, ce livre me tentait déjà beaucoup (la couverture est vraiment magnifique *_*), mais plus pour mon travail ceci-dit, est-ce qu’il est adapté pour les adolescents (vu que tu parles de macabre) ?
Oui je pense ! Les héros sont des adolescents et on y évoque des thématiques adolescentes réelles, y’a pas de philtre. Moi, ça m’a touchée et j’aurai adoré lire un roman comme celui là quand j’étais ado.
Quand je dis macabre, c’est parce qu’il s’y passe des choses pas forcément jolies mais bon vu tout ce que les jeunes voient à la télé…C’était bien amené, pas gratuit, très beau, j’y ai été vraiment sensible. Après, le mieux, c’est que tu juges par toi-même. Il faut voir aussi ce que tu souhaites en faire dans le cadre de ton travail, ce que tu veux voir via ce livre, etc.