Apocalypsis (intégrale 1) – Eli Esseriam

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Apocalypsis
est une saga fantastique de cinq romans écrit par l’autrice française Eli Esseriam. Elle a été rééditée dans la collection RE:Lynks en février 2018, en deux intégrales. La partie 1 (celle concernée par cette chronique) contient les trois premiers romans à savoir : Cavalier Blanc, Alice / Cavalier Rouge, Edo / Cavalier Noir, Maximillian. Vous retrouverez cette intégrale chez Lynks au prix de 14.90 euros.
Je remercie Bleuenn de chez Lynks Éditions pour l’envoi de ce service presse !

Avant de vous parler du contenu, quelques remarques sur l’objet en tant que tel. Puisqu’il contient trois romans, il est assez volumineux ce qui n’est pas toujours très agréable pour la lecture, surtout au début et à la fin. Évidemment, c’est une remarque purement personnelle. Le livre est soigné, chaque partie a droit à une illustration d’entrée et le travail de Miésis est, comme toujours, très bon. J’ai pu comparer avec les anciennes couvertures et je préfère de loin la sobriété très évocatrice des nouvelles.

Apocalypsis comprend donc trois romans. Chacun est écrit du point de vue du personnage qu’il concerne et sert d’introduction au personnage en question ainsi qu’aux bases de l’univers. On apprend à connaître leur vie, leur passé mais aussi la façon dont ils vont s’approprier leurs pouvoirs, dont ils vont réagir en apprenant qu’ils sont des Cavaliers. Dans un premier temps, aucun ne connait les autres mais le lecteur attentif décèlera certains indices qui marqueront une relation préalable entre Alice, Edo et Maximillian.

Si le thème principale reste bien l’apocalypse, qui transparait partout, on évoque quand même surtout des tranches de vie étudiantes. Il suffit de lire la quatrième de couverture pour savoir que Quatre Cavaliers vont entamer la fin du monde et que seules 144.000 âmes (sur presque 6.5 milliards d’humain…) pourront être sauvées. Évidemment, si la majorité des gens ne remarquent rien, il existe des opposants à cette apocalypse qui vont se dresser face aux Cavaliers, les guetter et les traquer. Maintenant que je vous ai parlé du concept général, je vais m’attarder sur chacune des trois parties.

Cavalier blanc, Alice.
À peine ma lecture entamée, j’ai succombé au charme d’Alice. C’est pourtant un personnage très froid, cynique et parfaitement asocial. Difficile, à première vue, d’apprécier une héroïne comme elle et pourtant j’adore ce type de protagoniste. Pas très surprenant, n’est-ce pas? On la découvre en premier lieu dans son quotidien scolaire. Son cerveau est une véritable encyclopédie, elle possède d’office tous les savoirs du monde, devinez à qui elle le doit. Pourtant, les connaissances encyclopédiques ne font pas tout, comme elle l’apprendra à ses dépends. Alice n’est pas une personne mauvaise mais on ne peut pas dire qu’elle soit une sainte pour autant. Elle considère la plupart de ses congénères avec mépris, ses actes ont des conséquences parfois terribles qui ne l’émeuvent pas toujours. Rarement, même. Lorsqu’elle prend connaissance de ses pouvoirs, elle entre dans une phase d’expérimentation pragmatique, scientifique et cela va parfois très loin. Forcément, elle finira par en souffrir dans une métaphore très biblique de l’apprentissage par la douleur. Là se trouve la subtilité. Alice n’est pas dénuée de sentiments ou d’émotions, ce n’est pas une sociopathe. Non seulement elle m’a touchée mais en plus, elle m’a beaucoup fait rire. C’est rare, que j’accroche autant avec un personnage féminin.

Cavalier rouge, Edo.
J’ai tout de suite accroché à Edo. Un personnage brut de décoffrage, bestial, violent à la moralité plus que douteuse. On s’attendrait à des élus un minimum vertueux, mais non. Tout ce qui compte aux yeux d’Edo, c’est son petit frère, Anel. Il est le centre de son monde, sa lumière dans cette réalité pas franchement glorieuse. Émigré serbe avec ses parents, il vit dans une maison de chantier étroite avec un père alcoolique et une mère absente, très détachée, qui doit parfois se prostituer pour leur permettre de manger. Il gagne un petit supplément d’argent en se battant au vélodrome, des combats à mort qui lui procurent un certain soulagement. Son seul but dans la vie, c’est de se tirer, se payer un appartement et emmener son petit frère avec lui. Edo vit littéralement pour Anel. Il fait de son mieux pour préserver son innocence. Sauf que forcément, rien n’est facile. Edo est à deux doigts d’être renvoyé de l’école pour son absentéisme, ce que sa mère refuse (pour les allocations, elle le dit vraiment cash, comme ça). Il va donc devoir remonter ses notes en étant aidé par les bons élèves, être présent aux cours et voir le psy (ologue, pas iatre 😉 ) de l’école une fois par semaine. Tout cela va commencer à avoir un impact positif sur Edo mais quand on est le Cavalier Rouge, avoir une vie normale n’est pas conseillé. Le ton de ce tome est assez sombre, désabusé mais pas larmoyant. Edo n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort. Il prend ce que la vie a à donner et avance. Il n’est ni trop fermé, trop bad boy, ni trop gentil et niais. Ce fut vraiment un pur bonheur à lire du début à la fin.

Cavalier noir, Maximillian.
J’ai eu beaucoup de mal avec le personnage de Maximillian pendant une bonne partie du roman. Pour vous dresser le tableau, Max est le fils d’une famille incroyablement riche avec une dose de sang bleu dans les veines. Tellement riche que ça en devient indécent. Il est beau, il le sait. Il est égocentrique, blasé, a tout essayé, est arrogant et globalement irrespectueux, doté d’un humour plus que douteux… Il m’a directement tapé sur le système. Mais plus l’histoire avance, plus on comprend d’une part son comportement et plus il évolue, surtout. Je trouve qu’il est celui doté du pouvoir le plus cruel et la prise de conscience qui y est liée aurait de quoi bouleverser n’importe qui. L’histoire de Max est tragique, peut-être un peu trop par moment. L’enchaînement de certains évènements parait parfois gros et le twist final me laisse un peu perplexe. J’ai été moins convaincue par ce personnage et par ce tome même si ça n’a pas cassé mon envie de découvrir les deux derniers.

J’ai parlé d’évènements qui paraissent parfois gros et tombés de nulle part. Dans la diégèse d’Apocalypsis, cela n’a rien de surprenant quand on y pense deux secondes. Le livre assume pleinement l’existence et l’intervention de Dieu non seulement dans la vie des Cavaliers mais aussi dans le déroulement de l’intrigue. C’est Dieu qui les a créé, façonné comme Il le voulait, qui a décidé de leurs épreuves. En somme, c’est assez terrifiant côté libre arbitre… Dieu a des dialogues directs avec Alice (j’ai trouvé ça assez couillu en vrai ne me demandez pas pourquoi, ça a fait mouche !), communique avec Edo d’une certaine manière et se manifeste également à Max de façon détournée. Chaque partie est précédée d’un extrait prophétique concernant l’Apocalypse. J’ai aimé le choix ambitieux de l’autrice, d’en faire un vrai personnage avec un orgueil qui transparait et une toute-puissance assumée.

Au niveau de la plume de l’autrice, elle est vraiment immersive. Chaque personnage voit sa personnalité retransmise avec brio à travers les mots d’Eli Essariam. Elle a par contre parfois tendance à la digression, ce qui est un brin frustrant.

En bref, que retenir de cette (longue) chronique? Lynks propose la réédition d’une œuvre ambitieuse à prix très réduit (14.90 euros pour trois romans, je vous défie de trouver mieux). Apocalypsis aborde des thèmes bibliques qu’on pourrait croire vus et revus avec un souffle pourtant nouveau. L’autrice prend le temps de poser chacun de ses personnages principaux dans un roman qui tourne uniquement autour d’elle / de lui et permet au lecteur de s’attacher à Alice, Edo et Maximillian. J’ai été ravie de découvrir la première partie d’Apocalypsis, je la recommande plus que chaudement car Alice et surtout Edo ont été de gros coups de cœur. J’ai hâte de lire le final de cette saga !

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7 réflexions sur “Apocalypsis (intégrale 1) – Eli Esseriam

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  4. Je vais dire à ma soeur de le commencer TOUT DE SUITE!^^ C’est amusant parce que juste avant de lire la tienne, j’ai lu une chronique où la personne n’avait pas du tout accroché aux persos (surtout à Alice)! Après vu ce que tu en dis, clairement, ils n’ont pas l’air très « moral » et je comprends que cela ne puisse pas plaire! Maaais…ce sont les cavaliers de l’apocalypse quand même.. et tu m’as donné envie de les découvrir! 🙂

    • Ce sont des anti héros plus qu’autre chose et des personnages assez atypiques. Je comprends que des lecteurs puissent ne pas accrocher, ça dépend un peu de ce qu’on recherche dans un roman après tout. Moi c’est totalement ma came et j’aime qu’on me bouscule ^-^ J’espère que ta sœur aimera autant que moi ! Et toi aussi quand tu le liras 😉

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