Diabolus in musica – Celine Rosenheim

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(c) Mina M.

Diabolus in musica est un roman fantastique horrifique écrit par Céline Rosenheim et publié aux éditions du Chat Noir dans la collection Griffe Sombre. En format papier, il coûte 14.90 euros et il est actuellement en promotion numérique à 1.99 euros sur toutes les plateformes. Personnellement, j’ai profité de cette occasion pour le découvrir ! Il me faisait de l’œil depuis un moment mais allez savoir pourquoi je n’avais jamais sauté le pas.

Nous rencontrons Yann, un jeune homme qui termine sa thèse en littérature allemande, plutôt introverti et surtout, fan de black metal. Il joue dans un groupe (Totentaz) et a des projets musicaux plus personnels (Sjel). Il ne se sent pas à sa place dans son époque, il souffre très clairement d’un profond mal du siècle qui se ressent dans tout le récit, écrit à la première personne du singulier. A travers lui, nous plongeons tête la première dans la scène black metal underground française et c’est un élément que j’ai particulièrement apprécié parce que c’est très rare dans les romans. Cette ambiance est bien maîtrisée, réaliste, on sent que l’auteure y appartient probablement elle-même.

Le mode de narration n’est pas perturbant en soi parce que je n’ai rien contre les récits à la première personne, mais il risque de déplaire à ceux qui sont habitués à ce type de narration dans la littérature urban fantasy. Yann est un personnage mélancolique, acerbe, parfois hautain, il me rappelle ces héros romantiques allemands que j’ai tant aimé. On sent l’influence de cette littérature sur le récit de Céline, mais également des thèmes récurrents dans le black metal: le mal, la mort, les ténèbres, mais aussi les légendes anciennes issues des croyances païennes presque oubliées. Pour preuve, je n’avais jamais entendu parler des Empfand avant de lire ce roman et j’ai trouvé l’interprétation réellement intéressante.

Yann nous raconte un morceau de sa vie, après que les évènements en quoi se soient déroulés. En effet, un drame est en train de se jouer dans cet univers particulier et relativement fermé qu’est celui du black metal. Un musicien se suicide, une autre se fait agresser et tout cela n’a rien de très naturel, ses pouvoirs lui permettent de le ressentir. Il compte bien utiliser son don pour chasser l’aura maléfique qui plane au-dessus de ses amis, par crainte d’être le prochain sur la liste. Le fantastique est bien présent dans ce récit mais « à l’ancienne ». On ne croise pas des créatures surnaturelles à tous les coins de rue, Yann pense en être une mais même s’il se qualifie lui-même d’Empfand, rien n’est certain pendant plus de la moitié de l’histoire.

Dans ce roman, j’ai tout particulièrement apprécié l’univers. On sent que l’auteure est non seulement fan de cette musique mais qu’elle s’y connait en la matière. Je ne serais pas surprise d’apprendre qu’elle joue elle-même d’un instrument, si pas dans un groupe. Elle ne nous engloutit pas sous des termes techniques mais on ressent sa passion et son engagement à travers le personnage de Yann, des groupes qu’elle cite, des interrogations qu’elle propose sur les sujets, des thématiques qui ont l’air de lui tenir à cœur. C’est quelque chose qui me parle car même si je n’écoute plus beaucoup de black metal à l’heure actuelle (je suis dans ma période metal asiatique et allemand (ne cherchez pas une logique entre les deux, il n’y en a pas !)) j’ai souvent apprécié des musiques peu connues, peu commerciales, qui récoltent souvent des regards crispés ou de l’incompréhension quand on essaie d’en parler avec quelqu’un. J’appartiens à un milieu que la société juge et juge mal, du coup je n’ai eu aucun problème à m’identifier aux divers thèmes abordés par l’auteure. J’ai particulièrement aimé la discussion dans les catacombes (je ne précise pas davantage pour ne pas spoiler ceux qui n’ont pas lu) qui était, à mon sens, un élément clé et un débat intelligent toujours d’actualité aujourd’hui.

Une lecture agréable, donc, mais qui n’est pas un coup de cœur pour autant. Si Céline a un véritable talent pour l’écriture, qu’elle dispose d’une plume travaillée et d’un background très cohérent, je n’ai pas vraiment accroché au personnage principal, ce qui est problématique pour un roman à la première personne. Certaines de ses réflexions ne me plaisaient pas et même si je comprends sa manière d’être, si elle se justifie parfaitement dans le cadre du récit et du personnage, si elle est cohérente avec l’ensemble à mesure que le récit avance, sur un plan personnel, je n’ai pas accroché du tout. Hormis à la toute fin, pendant et après les catacombes justement. Ici aussi, je m’abstiens de développer pour ne pas risquer de vous spoiler l’intrigue. Mais tout ce qui se passe à partir de ce moment-là se rapprochait déjà davantage de ce que j’aime lire plus généralement. Surtout la fin, d’une poésie remarquable.

Pour résumer, je conseille ce roman aux fans de musique, de black metal mais aussi de tous les genres underground majoritairement incompris. Je le conseille également à ceux qui aiment le fantastique dans sa définition puriste, ce qui est moins mon cas pour le moment. Il est bien présent ici mais ça manque un peu trop de créatures à mon goût, d’un bestiaire plus vaste, d’enjeux plus importants. Ce n’est en rien la faute de l’auteur, parce que ce roman est, je trouve, vraiment bon, poétique, mélancolique, dans une tradition des romantiques allemands bien respectée, mais je pense que j’aurais peut-être du le lire en dehors de ma phase fantasy pour l’apprécier à sa juste valeur. En tout cas, Céline est une auteure que je vais suivre car je sens un talent chez elle et un univers qui est proche de ce que j’aime. Je vous le recommande chaudement, surtout si vous aimez les récits un peu plus intimistes que ce qui est à la mode pour le moment.

Une réflexion sur “Diabolus in musica – Celine Rosenheim

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